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1967, Yémen, indépendance, 30 novembre Bruno Teissier 1967, Yémen, indépendance, 30 novembre Bruno Teissier

30 novembre : le sud du Yémen fête son indépendance

À Aden et dans le sud du Yémen, on célèbre le 58e anniversaire l’indépendance obtenue des Anglais en 1967.

 

Certes, il n’y a plus officiellement de Yémen du Sud et de Yémen du Nord puisque les deux États se sont réunis en 1990, mais la célébration du 30 novembre a tout de même été maintenue dans la liste des jours fériés. Aujourd’hui, le pays est complètement éclaté. Dans le Nord, largement dominé par les rebelles houthis, la célébration n’aura pas lieu, il serait même mal venu de la mentionner. Au contraire, dans le Sud, en particulier à Aden, c’est un jour férié et chômé. Des cérémonies publiques ont lieu pour célébrer le 58ᵉ anniversaire de l’indépendance, avec des discours d’autorités locales rappelant l’histoire coloniale et l’importance symbolique du jour.

Aden et le sud du Yémen ont été occupés par les Anglais pendant plus d’un siècle. Deux fronts de libération ont bataillé plusieurs années contre les Britanniques, l’un nationaliste arabe (le FOYS), l’autre marxiste-léniniste (le FLN). Leurs action conjuguées et l’aide de l’Égypte, ont fini par faire céder Londres. Le 30 novembre 1967, était proclamée l'indépendance de la République populaire du Yémen issue de la fusion de la colonie d’Aden et des zones tribales sous protectorat britannique, avec à sa tête le FLN. C’est cet anniversaire qui est célébré aujourd’hui. Très vite, le Yémen du Sud est devenu un pays communiste, le seul du monde arabe, totalement aligné sur Moscou. Alors que le Yémen du Nord demeurait dans l’orbite de l’Occident. Pour le deuxième anniversaire, le 30 novembre 1970, une constitution totalement laïque mais non démocratique, sera proclamée. Elle sera toutefois amendée quelques années plus tard pour y introduire la « préservation de l’héritage arabique et islamique ». Ce régime disparaîtra avec la chute du mur de Berlin. À Aden, une certaine élite bureaucratique reste quelque peu nostalgique de cette époque de paix. Le 30-Novembre est le jour pour l’exprimer. Plus récemment, le Yémen réunifié n’a fait qu’enchaîner les guerres civiles qui ruinent le pays.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 novembre 2025

 
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1963, Yémen, Guerre d'indépendance Bruno Teissier 1963, Yémen, Guerre d'indépendance Bruno Teissier

14 octobre :  le Jour de la libération du Sud Yémen

Au Yémen, le Jour de la libération ou Révolution du 14 octobre, rappelle le début du soulèvement contre le colonisateur britannique, en 1963.

 

Selon le calendrier officiel des fêtes nationales, c’est aujourd’hui le Jour de la libération ou Révolution du 14 octobre (ثورة 14 أكتوبر - ويكيبيديا). Ce jour férié fait référence au début du soulèvement du mont Radfan contre le colonisateur britannique, le 14 octobre 1963. Ce jour-là, le Front de libération nationale et le Front de libération du Yémen du Sud occupé avaient lancé la lutte armée contre la mainmise britannique sur la région depuis 129 ans. L'insurrection a duré quatre ans et a abouti à l’indépendance de la République populaire du Yémen du Sud, le 30 novembre 1967.

Lorsque, le 22 mai 1990, le Yémen du Nord et le Yémen du Sud furent unifiés et formèrent un seul État, la République du Yémen, le 14 octobre fut déclaré jour férié.

Dix ans de guerre civile ont fractionné le pays en plusieurs fiefs. Malgré tout, le 14-Octobre est toujours célébré en particulier à Aden, l’ancienne capitale du Sud, aujourd’hui contrôlé par un Conseil de transition du Sud qui affirme représenter la continuité gouvernementale face aux divers groupes rebelles, en particulier les houthis qui contrôle le nord du pays et la capitale de Yémen réunifié. Cette Journée de la libération, ainsi appelée révolution contre le colonialisme britannique dans la partie sud du pays (الثورة على الاستعمار البريطاني في الجزء الجنوبي من الوطن), est l’occasion chaque année de défilés militaires et de discours patriotiques.

La Révolution d'octobre 1963 était le prolongement de la Révolution du 26 septembre 1962 dans le nord du pays contre le régime de l'imamat. Il faudra toutefois attendre 1990 pour que les deux Yémens s’unissent avant de se rediviser à nouveau sur fond de guerre civile (et internationale).

La révolution du Nord fut non seulement une source d'inspiration, mais offrit également une base arrière solide aux révolutionnaires du Sud, où de nombreuses cellules de résistance furent créées et entraînées à Ta'izz et Sanaa. Le soutien du président égyptien Gamal Abdel Nasser à la révolution du Nord s’étendit également à celle du Sud, fournissant une couverture régionale et un soutien logistique et politique qui se révéla crucial dans les premiers temps.

Le 14 octobre 1963, Rajeh bin Ghaleb Labouza, commandant du Front de libération dans la région de Radfan, annonça le début d'une lutte armée contre les forces britanniques. La célèbre bataille d'Al-Dharba fut la première opération militaire au cours de laquelle les révolutionnaires affrontèrent courageusement les forces britanniques. Les opérations des fedayins s'étendirent rapidement à Aden et à d'autres régions. La Grande-Bretagne, consciente du danger de cette rébellion, déploya d'importantes forces et imposa la loi martiale. Labouza, chef de la révolution de Radfan, fut surnommé « Le Vert », devenant ainsi un symbole de la résistance.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 octobre 2025

 
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