L’Almanach international

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1945, Birmanie, Armée Bruno Teissier 1945, Birmanie, Armée Bruno Teissier

27 mars : le jour de l’armée birmane, putschiste et oppressive

Le jour est férié en Birmanie en souvenir du soulèvement général des Birmans contre l’occupation japonaise (1945), occasion de démonstrations de force de la part de l’armée, laquelle détient la totalité du pouvoir depuis le putsch de février 2021, tout au moins dans la portion du pays qu’elle contrôle.

 

Le jour est férié en Birmanie en souvenir du soulèvement général des Birmans contre l’occupation japonaise en 1945. Le 27 mars est le jour où civils et militaires se sont retournés contre le régime fasciste japonais et l’ont chassé du pays. La Journée de la résistance antifasciste (ဖက်ဆစ်တော်လှန်ရေး နေ) a été rebaptisée Jour de l’armée (တပ်မတော်နေ့),  en 1955 par le dictateur, le général Ne Win.

La population se sent peu concernée par cette journée est très controversée qui rappelle l’ancien régime militaire (1962-2016). Elle s'illustre par un grand défilé militaire organisé dans la capitale, Naypyidaw, qui pour l’occasion est coupée du monde. Depuis le coup d’État du 21 février 2021, l’armée détient à nouveau la totalité du pouvoir, tout au moins dans portions du territoire qu’elle contrôle. Le pays vitrants un état de quasi guerre civile, outre les nombreuses guérillas des peuples périphériques, toujours très actives, le gouvernement militaire doit aussi affronter l’insurrection armée lancée par l’administration clandestine du gouvernement d’union nationale qui s’oppose à la junte au pouvoir dans la capitale.

Cette journée est une occasion pour l’armée, appelée Tatmadaw (တပ်မတော်), de montrer qu’elle détient toujours la réalité du pouvoir. Depuis 1989, certains prisonniers sont graciés ce jour-là. Elle est pourtant très loin de contrôler tout le pays : des dizaines de groupes de défense du peuple (People's Defence Forces, PDF) se sont formés en réaction au putsch. Ils ont surpris l'armée par leur efficacité.

En janvier 2024, la junte a prolongé de six mois, reportant une nouvelle fois les élections promises qui n’ont pas lieu tant que le pays est secoué par un sanglant conflit civil qui s’est enlisé.

Sous prétexte d’une "lutte contre les terroristes", les militaires pourchassent les partisans d'un retour à la démocratie dans différentes régions de Birmanie, avec des méthodes violentes qui valent à la Birmanie une mise au ban de la communauté internationale.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 mars 2024

 
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Le général putschiste Min Aung Hlaing, commandant en chef des forces de défense de l'armée, lors du défilé militaire de la Journée de l'armée.

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1948, Birmanie, indépendance, 3 janvier Bruno Teissier 1948, Birmanie, indépendance, 3 janvier Bruno Teissier

4 janvier : la Birmanie célèbre le 75e anniversaire de son indépendance

Le Jour de l’indépendance (obtenue le 4 janvier 1948) est célébré cette année dans une ambiance hautement sécuritaire. La Birmanie est dirigée depuis près de deux ans par une junte qui a étouffé toute tentative de démocratisation. Aung San Suu Kyi, la propre fille du père l’indépendance, égérie des démocrates, a été condamnée à 33 ans de prison. Triste anniversaire de l’Union birmane, rebaptisée Myanmar par les militaires.

 

Le Jour de l’indépendance (လွတ်လပ်ရေးနေ့) est célébré chaque année par un jour férié depuis que le 4 janvier 1948, l’Union de Birmanie devenait un État indépendant après six décennies d’occupation du pays par les Britanniques, excepté de 1942 à 1945, époque où ils ont été remplacés par les Japonais. C’est, d’ailleurs, cette époque d’occupation japonaise qui a permis aux indépendantistes birmans de s’affirmer et de s’organiser. Leur leader, Aung San nationaliste, révolutionnaire et fondateur de l'Armée de l'Indépendance de la Birmanie, a entamé des négociations avec les Britanniques. En 1947, il est devenu vice-président du Conseil exécutif de Birmanie mais il ne verra pas l’indépendance du pays car il a été assassiné le 19 juillet 1947. Aung San reste dans les mémoires comme le père de l’indépendance, mais les autorités actuelles se gardent bien de le mettre en avant. Au contraire, le chef de la junte birmane Min Aung Hlaing rend hommage, ce 4 janvier, au premier dictateur post-indépendance, le général Ne Win et à ses successeurs, le général Sein Lwin et le général en chef Saw Maung. Cette année, il remet à Daw Khin Sandar Win, la fille de Ne Win, les décorations de son père. Ne Win avait pris le pouvoir lors du coup d'État du 2 mars 1962 et provoqué la descente du pays dans la liste des pays les moins avancés du monde, rebaptisé Myanmar par la junte.

Depuis le coup d’État militaire de février 2021, la Birmanie est dirigée par une junte qui s’est acharnée contre celle qui lui apparaissait comme la principale opposante à la dictature militaire :  Aung San Suu Kyi, la propre fille de de Aung San. Celle-ci, âgée de 77 ans, croupit actuellement dans une prison de Naypyidaw, le plus souvent à l'isolement. Accusée de multiples crimes imaginaires, elle cumulait plus de 26 ans de condamnation. La semaine dernière, 7 années supplémentaires viennent de lui être rajoutées dans le cadre d’un procès à hui clos totalement inique.

La commémoration du 4 janvier se déroule cette année dans une ambiance hautement sécuritaire, la junte militaire craignant des manifestations de militants pro démocratie. En 2022, des installations militaires de Rangoon, la principale métropole et Naypyidaw, la capitale, avaient été visées par les opposants. Les cérémonies se tiennent cette année pour l’essentiel dans le Palais présidentiel, il s’agit notamment de remises de médaille aux collaborateurs les plus fidèle du régime. En 2022, Min Aung Hlaing avait remis 1 290 titres et médailles le jour de l'indépendance.

Traditionnellement, les grandes villes sont pavoisées aux couleurs nationales (au moins dans la partie birmane du pays), la journée est marquée par des festivités, des foires et des événements sportifs , notamment des jeux et compétitions dans toutes les écoles du pays.

Le 4 janvier 1948, c’est un pays totalement ravagé par la Seconde Guerre mondiale qui devenait indépendant, sans toutefois devenir membre du Commonwealth. Les Anglais qui n’imaginaient pas devoir quitter le pays, n’avaient préparé aucune transition. La Chine était en pleine guerre civile, à la fin de 1949, les communistes allaient s'emparer de Pékin et déclarer la République populaire. Les restes des nationalistes chinois vaincus se sont repliés dans les États Shan (au nord de la Birmanie), déclenchant une nouvelle série de conflits violents. Soutenus pendant des années par les Américains, ils espéraient attaquer le Yunnan communiste depuis la Birmanie. Plusieurs minorités ethniques, hostiles à la domination des Birmans (ou Barmen), ont profité du chaos pour entrer en rébellion le sont restées. Les hautes terres de Birmanie n'ont pas connu de véritable paix depuis. De violents affrontements ont encore eu lieu samedi dernier, en lisière de l’État Karen, dans le canton de Kyainseiggyi. L’armée birmane a perdu deux de ses bases, prises par l’Armée de libération nationale karen (KNLA). Mais quelque 3 000 habitants des villages de la région qui ont fui les combats vers la forêt, souffrent aujourd’hui de pénuries alimentaires. Plus d’un million de personnes ont ainsi été déplacées depuis le dernier coup d’État militaire… Ainsi vit la Birmanie indépendante depuis trois quarts de siècle.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Le visage officiel de la Birmanie : sur 75 ans d’indépendance, la Birmanie a vécu 57 ans sous dictature militaire.

Le Jour de l’Indépendance est l’occasion de jeux et de compétitions dans toutes les écoles du pays.

Le gouverneur britannique Hubert Rance et Sao Shwe Thaik, le premier président de l’union, lors de la cérémonie de lever du drapeau le 4 janvier 1948 à Stone Pillar. Celle-ci a été organisée à 4h20, heure considéré de bonne augure par les astrologues.

La banque centrale du Myanmar a émis des pièces d'or commémoratives pour marquer le 75e anniversaire du jour de l'indépendance

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