L’Almanach international

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1943, France, 27 mai Bruno Teissier 1943, France, 27 mai Bruno Teissier

27 mai : sur fond de montée de l’extrême droite, la France célèbre la Résistance et son héritage : le modèle social français

Depuis 2013, le 27 mai est la Journée nationale de la Résistance. Ce n’est pas un jour férié mais une célébration d’homme et de femmes qui, pour certains, ont donné leur vie pour vaincre le fascisme. C’est aussi l’occasion de célébrer les acquis de la Résistance.

 

Depuis 2013, le 27 mai est la Journée nationale de la Résistance. Ce n’est pas un jour férié mais une célébration d’hommes et de femmes qui, pour certains, ont donné leur vie pour vaincre le fascisme. C’est aussi l’occasion de célébrer les acquis sociaux de la Résistance.

Le 27 mai marque la date de la première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR), présidée par Jean Moulin, qui s'est déroulée le 27 mai 1943, rue du Four, à Paris.

Jean Moulin, préfet révoqué par le régime de Vichy, reçut du Général de Gaulle, au début de l'année 1942, la mission de rallier et d'unir les principaux mouvements de résistance afin de créer une véritable armée secrète œuvrant sur le territoire occupé par l'ennemi, sous une même autorité. C’est ainsi que furent réunis, dans un même lieu, au cœur de Paris occupé, les représentants des principaux mouvements de résistance français ainsi que des principaux partis politiques (radicaux, républicains, socialistes, communistes…) et syndicats (CFTC, CGT…)  existant avant la guerre. Ensemble, ils allaient œuvrer à coordonner l’action de la Résistance et, dans la perspective de la libération du territoire national, à préparer la refondation de la République.

Le 15 mars 1944, après plusieurs mois de négociations, a été adopté, à l'unanimité, le programme du CNR. Il appelle à l'intensification de la lutte contre l'occupant et ses collaborateurs français, organisant l'insurrection armée, mais il jette également les bases d'une République nouvelle, profondément démocratisée, s'appuyant sur "un ordre social plus juste". La France de 2021 vit encore sur les créations du CNR : en premier lieu le régime général de la Sécurité sociale, les comités d'entreprise qui protège les salariés, la généralisation de l’assurance vieillesse, le statut de la Fonction Publique, le rétablissement de la semaine de 40 heures (passé à 35 heures un demi-siècle plus tard), la suppression de l'abattement de 10 % sur les salaires des femmes (même si l’égalité salariale n’est toujours pas atteinte), 3 semaines de congés payés (passé ensuite à 4 puis à 5)… Rien de tout cela n’existe dans un pays aussi prospère que les États-Unis. Le modèle français n’est pas unique mais n’existe que dans une dizaine de pays dans le monde. Et il convient de le défendre, c’est sur lui que repose le lien social français. Le 27 mai est une journée pour le rappeler à tous les blasés du système et autres gilets jaunes ignorants de ce qu’ils doivent à la Résistance.

 
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1943, France, Seconde Guerre mondiale, résistance Bruno Teissier 1943, France, Seconde Guerre mondiale, résistance Bruno Teissier

27 mai : journée de la Résistance en France, mémoire du CNR et de son programme

À l'initiative de François Hollande, la France fête depuis 2013 la Journée nationale de la résistance. Le 27 mai est la date anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance, autour de Jean Moulin.

 

À l'initiative de François Hollande, la France fête depuis 2013 la Journée nationale de la résistance. Le 27 mai est la date anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance (CNR), autour de Jean Moulin. 

Créé en 1943, le CNR était l'organe qui dirigea et coordonna les différents mouvements de la Résistance intérieure française pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes tendances politiques comprises. 

Réuni pour la première fois le 27 mai 1943 au 48 rue du Four dans le 6e arrondissement de Paris, le Conseil national de la Résistance regroupe représentants des mouvements de Résistance (Libération-nord et sud, Combat, Franc-tireur, OCM, Front national, Ceux de la Libération et Ceux de la Résistance) des partis politiques (PCF, SFIO, Parti radical-socialiste, Parti démocrate Populaire, Fédération républicaine, Alliance démocratique) et des confédérations syndicales (CGT et CFTC). Présidé par Jean Moulin, il adopte, après débat,  une motion de soutien au général de Gaulle « qui fut l'âme de la Résistance aux jours les plus sombres et qui n'a cessé depuis le 18 juin 1940 de préparer en pleine lucidité et en pleine indépendance la renaissance de la Patrie détruite comme des libertés républicaines déchirées ».

Ces dernières années, il était de bon ton dans les milieux de la droite française de vouloir liquider l’héritage du CNR en matière de gestion du pays (sécurité sociale, régime de retraite, droit du travail…). À l’heure de la « guerre » contre la Covid-19, cette démarche semble pour le moins incongrue.

Le "modèle social français" est en effet issu d'un texte, présenté par le Conseil national de la Résistance (CNR), d'une douzaine de pages, vieux de plus de 75 ans, à la diffusion clandestine et au titre improbable, "Les jours heureux". Le CNR est à l'origine de la création de l'ENA (octobre 1945), des premières ordonnances sur la Sécurité Sociale (octobre 1945), de la nationalisation de la Banque de France et des grandes banques de crédit (décembre 1945), de la nationalisation du gaz et de l'électricité et des grandes compagnies d'assurances (avril 1946), de la loi sur les Comités d'entreprise, de la création des Charbonnages de France et nationalisation de toutes les Houillères (mai 1946), de la loi sur les prestations familiales (août 1946), sur les assurances vieillesse (septembre 1946), sur le statut de la Fonction Publique (octobre 1946). Le projet a lancé le rétablissement de la semaine de 40 heures, la suppression de l'abattement de 10% sur les salaires des femmes - mais le droit de vote et d'éligibilité des femmes, effectif pourtant en 1945, n'était pas prévu dans le programme du CNR -, une augmentation de 130% des retraites, 3 semaines de congés payés pour les jeunes travailleurs. Des syndicats indépendants sont reconstitués… Le patronat est mécontent mais, discrédité pour avoir largement collaboré pendant l'Occupation avec les Allemands, il n'a pas eu les moyens de s'y opposer. Depuis une trentaine d’années, les tentatives de le liquider se sont multipliées.

Denis Kessler, le vice-président du MEDEF, né en 1952, proposait en 2007, de liquider tous ces acquis. « La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! » Affirmait-il dans un éditorial publié dans Chalenges le 4 octobre 2007.

Sources : fondationresistance.org, L’Express, Médiapart…

 
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