L’Almanach international
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22 mai : la Martinique commémore l'abolition de l'esclavage
La Fête de l'abolition de l'esclavage commémore la journée d’émeute populaire du 22 mai 1848 qui a contraint le gouverneur de la Martinique à anticiper le processus.
Spectacles, concerts, marche aux flambeaux, conférences... de nombreux temps forts rythme ce 176e anniversaire de l’abolition de l’esclavage à la Martinique.
En 1848, le gouvernement provisoire qui succède à la Monarchie de Juillet, renversée par les journées révolutionnaires de février, élabore le 27 avril 1848, des décrets abolissant l’esclavage dans toutes les colonies françaises. Ces décrets devaient mettre quelques semaines pour parvenir dans les différentes colonies et s’appliquer véritablement. De fait, ils n’arriveront à la Martinique que le 4 juin 1848. De plus, ces textes prévoyaient l’abolition dans un délai de deux mois après leur promulgation dans la colonie… La ferveur populaire en décidera autrement.
À la Martinique, la nouvelle de l’instauration de la République, fin mars 1848, fait naître un véritable espoir car celle-ci proclame aussitôt que « nulle terre française ne peut plus porter d’esclaves ». L’enthousiasme des quelque 60 000 esclaves se transforme, le 22 mai, en véritable émeute populaire. Ce qui contraint le gouverneur de la colonie à proclamer l’abolition immédiate, le 23 mai, sans attendre l’arrivée des décrets du 27 avril. C’est ce premier jour de liberté qui est commémoré chaque année à la Martinique (à la Guadeloupe, c’est le 27 mai) par un jour férié et des festivités.
En 2020, les festivités prévues dans le cadre du 22-Mai avaient été annulées pour cause de crise sanitaire, mais la journée avait été marquée par la destruction de deux statues de Victor Schoelcher. L’une devant l’Espace Camille Darsières à Fort-de-France, l’autre à l’entrée du bourg de Schoelcher. Ces actes de vandalisme n’avait pas été revendiqués mais toutefois, approuvés par certains militants. Certes, Victor Schœlcher avait permis que soit signé les décrets abolissant l’esclavage et la traite négrière dans les colonies. Mais, il lui est reproché d’avoir prévu l’indemnisation, non des victimes de l’esclavage (qui ne l’ont jamais été) mais les 10 000 propriétaires d’esclaves lesquels ont reçu, à partir de 1849, des indemnités d’un montant total de 126 millions de francs or. Certaines grandes fortunes françaises ont leur origine dans cette indemnisation scandaleuse. La statue de Joséphine, l’épouse de Napoléon Bonaparte (qui a rétabli l’eclavage) a aussi été détruite.
Depuis une vingtaine d’année, un combat a été engagé pour obtenir des réparations. Le Mouvement international pour les Réparations (MIR) a lancé le 13 mai son « 24yèm Konvwa ba réparasyon », qui se termine comme chaque année le 21 mai . Le thème de cette année : « Réparasyon pou palantjé matjoukann péyi-a ».
D’autres, au contraire, veulent faire de cette journée du 22 mai (le 22-Mé), une fête consensuelle, une fête nationale de la Martinique. Dans cette nuit du 21 au 22 mai, chacun peut faire mémoire des combats menés pour la liberté, en allumant un flambeau ou une bougie, une lumière symbolique, en écoutant « Rhapsodie Martinique IV/La marche de la Liberté » de Manuel Césaire.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 mai 2024
Le mémorial Cap 110 de Laurent Valère, situé Anse Caffard, en Martinique, édifié en 1998, à l’occasion du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage.
Dans une rue de Fort-de-France en 2021
Ce qui reste du socle de la statue de Joséphine, Fort-de-France, place de la Savane
8 décembre : les Caraïbes anglophones célèbrent 50 ans de collaboration avec Cuba
Voilà 50 ans jour pour jour, quatre petits États des Caraïbes bravaient Washington et nouaient des relations avec Cuba. De cet élan naîtra le Caricom qui regroupe 15 pays, dont les dirigeants sont aujourd’hui réunis à la Barbade autour du président cubain.
C’est une tradition, chaque 8 décembre depuis vingt ans, 15 États non hispanophones des Caraïbes se réunissent avec les représentants de Cuba pour un Journée Caricom-Cuba. La première fois, c’était à La Havane, le 8 décembre 2002. Cette année-là, on célébrait le trentième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques, le 8 décembre 1972, entre La Havane et quatre pays nouvellement indépendants du Royaume-Uni : la Barbade, le Guyana, la Jamaïque et Trinité-et-Tobago. La décision était courageuse car elle a été prise en dépit des pressions concertées de l'Organisation des États américains (OEA) et du gouvernement des États-Unis pour imposer une politique d'isolement, à l'échelle du continent, au Cuba révolutionnaire.
L’anniversaire est d’autant plus important que cet élan de solidarité avec Cuba, vécu comme un défi à l’égard des États-Unis, ne s’est pas arrêté là. Les quatre petits États en ont entraîné d’autres de la région. Et, l’année suivante, en juillet 1973, ils étaient quatorze à participer à la fondation de la Communauté des Caraïbes (Caricom) en juillet 1973, un mécanisme d'intégration auquel appartiennent également Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, le Belize, la Dominique, la Grenade, Haïti, Monserrat, Sainte-Lucie, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint Saint-Vincent-et-les-Grenadines et Surinam. La Caribbean Community a aujourd’hui son siège à Georgetown au Guyana. Aux Quinze membres, s’ajoutent des membres associés : Anguilla, les Bermudes, les Îles Caïmans, les Îles Vierges britanniques, les Îles Turques-et-Caïques (tous des territoires britanniques). Le tout représente près de 20 millions d’habitants. Hormis au Guyana et en Haïti, tous sont anglophones.
La CARICOM a maintenu une politique et des relations dignes de bon voisinage avec Cuba. Et Fidel Castro a toujours été prompt à envoyer son aide matérielle et humaine (notamment ses brigades de médecins) pour faire face à des événements qui touchaient un pays de la région. Aujourd’hui, plus de deux mille médecins, infirmières, entraîneurs sportifs, ingénieurs et enseignants cubains travaillent dans les pays qui composent la Communauté caribéenne. Il y a actuellement 851 étudiants caribéens à Cuba et plus de 6 000 diplômés caribéens des universités cubaines depuis l'arrivée des premiers étudiants.
Un hommage particulier est rendu aujourd’hui aux dirigeants de la Jamaïque (Michael Manley), de Trinité-et-Tobago (Eric Williams), de la Guyane (Forbes Burnham), et la Barbade (Errol Barrow) qui sont à l’origine de la décision historique dont on fête aujourd’hui le 50e anniversaire à la Barbade, en présence du président cubain, Miguel Díaz-Canel.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 décembre 2022
13 décembre : fête des lumières à Sainte-Lucie dans les Caraïbes
C’est la fête nationale de Sainte-Lucie, petit État insulaire des Caraïbes. Quoi de surprenant puisque le 13 décembre est la Sainte-Lucie, fête des lumières en Suède est ailleurs. L’île a été « découverte » un 13 décembre par des navigateurs français…
C’est la fête nationale de Sainte-Lucie (Saint Lucia Day), petit État insulaire des Caraïbes. Quoi de surprenant puisque le 13 décembre est la Sainte-Lucie, fête des lumières en Suède est ailleurs. Lux, Lucis, la lumière en latin.
L’île a été « découverte » un 13 décembre par des navigateurs espagnols, on n’est pas allé bien loin pour lui chercher un nom. Longtemps, l’île a célébré sa « découverte », le terme n’étant plus très politiquement correct eu égards aux autochtones caraïbes, rapidement décimés par la colonisation française puis anglaise et remplacés par des esclaves africains. Le 13 décembre est à la fois le National Day et une fête des lumières comme il se doit. Les villes et villages sont illuminés et joliment décorés à l'approche de la fête. Celle-ci débute le soir du 12 décembre avec le défilé des lanternes dans les rues de Castries, la capitale, accompagné d'un spectacle de Noël et de l'illumination des lumières de la place Derek Walcott dans le centre de Castries, et enfin un feu d’artifice. La fête nationale tombant cette année un dimanche, le lundi sera férié comme il est de tradition dans le monde anglo-saxon de ne pas perdre les jours chômés. Cette année, les autorité recommandent de respecter les protocoles anti-covid mais la fête aura bien lieu comme chaque année. La devise de l’île est The Land, the People, the Light (« La Terre, le Peuple, la Lumière »).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 décembre 2020