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2022, Mali, 14 janvier Bruno Teissier 2022, Mali, 14 janvier Bruno Teissier

14 janvier : l’illusion d’une souveraineté retrouvée au Mali

Le Mali célèbre la Journée nationale de la souveraineté retrouvée, instituée en 2023 par le gouvernement putschiste du président Assimi Goïta en souvenir de la grande mobilisation du 14 janvier 2022 contre les sanctions de la CEDEAO, imposée pour non respect de la démocratie au Mali. Mais le pays a-t-il pour autant recouvré la souveraineté célébrée ce 14 janvier, où n’est-ce qu’un leurre comme le dénoncent les opposants ?

 

Le Mali célèbre ce dimanche, la deuxième édition de la Journée nationale de la souveraineté retrouvée, ce nouveau jour férié déclaré « chômé et payé », institué en 2023 par les autorités de la transition en souvenir de la grande mobilisation du 14 janvier 2022 contre les sanctions de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), imposées pour non respect de la démocratie au Mali. Mais le pays a-t-il pour autant recouvré la souveraineté célébrée ce 14 janvier, où n’est-ce qu’un leurre comme le dénoncent les opposants ?

Le 1er janvier 2022, le gouvernement putschiste malien du président Assimi Goïta repoussait la tenue des élections générales prévues en février, dont le maintien était exigé par la CEDEAO, et annonce la prolongation pour cinq ans de la durée de la transition. En réaction, la CEDEAO imposait des sanctions qui depuis ont été levées, même si la dictature  du président Assimi Goïta est toujours en place. Celui-ci a voulu faire du 14 janvier une date symbole de la rupture avec la communauté internationale, la France en particulier, qui avait mis la place l’opération Barkhane.

Le jour férié à vocation patriotique a été maintenu mais les festivités sont réduites au minimum. La souveraineté retrouvée s’est avérée un leurre. Le gouvernement ne contrôle pas plus de 20% du territoire du Mali, le reste lui échappe totalement au profit de diverses forces et milices locales ou étrangères, russes en particulier. Bamako a rompu avec Paris pour se jeter dans les bras de Moscou, pas sûr que cela ait renforcé la souveraineté que l’on ait sensé célébrer ce 14 janvier.

Ismaël Sacko, président du Parti socialiste démocrate africain (PSDA), fait le bilan : « Notre pays a été obligé de traiter avec les mercenaires de Wagner. Quand la sécurité du pays est traitée par des mercenaires payés à coups de milliards [de francs CFA], on ne peut pas parler de souveraineté retrouvée, quand une partie de la population a faim – nous en sommes aujourd'hui à plus de cinq millions de Maliens qui n'arrivent pas à se nourrir –, on ne peut pas parler de souveraineté retrouvée ! Donc pour nous, c'est du leurre, c'est du bluff et, une fois de plus, de la propagande de la part de la junte militaire au pouvoir au Mali qui veut surfer sur un sentiment dit nationaliste pour pouvoir se maintenir au pouvoir. Parce qu'aujourd'hui encore, nous avons le sentiment qu'ils n'ont pas la volonté réelle de passer le témoin à la date convenue avec l'organisation régionale de la Cédéao. » (source : RFI, 14 janvier 2023). Malheureusement dans un pays où le patriotisme obligatoire a remplacé la liberté de l’exprimer, plus personne n’est en mesure aujourd’hui de faire publiquement un tel constat, excepté les opposants réfugiés à l’étranger.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 janvier 2024

Mise à jour janvier 2025 : Cette année, la Journée a pour thème, « la culture, facteur de renforcement de l'unité nationale et de l'esprit patriotique ». Dans son discours du 31 décembre 2024, le général Assimi Goïta avait annoncé vouloir placer l'année 2025 sous le signe de la culture.

 

Préparatifs de la journée du 14 janvier

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2022, Iran, femmes, 16 septembre Bruno Teissier 2022, Iran, femmes, 16 septembre Bruno Teissier

16 septembre : l’anniversaire de la mort de Mahsa Amini, le déclencheur d’une révolution souterraine en Iran ?

Le 16 septembre 2022, une jeune iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, mourait en détention après son arrestation par la police des mœurs pour avoir mal ajusté son foulard. Sa mort avait déclenché un mouvement de protestation sans précédent contre le conservatisme du régime, auquel pour la première fois, les hommes se sont associés, au cri de «Femme, Vie, Liberté».

 

Le 16 septembre 2022, une jeune iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, mourait en détention après son arrestation par la police des mœurs pour avoir mal ajusté son foulard. Sa mort avait déclenché un mouvement de protestation sans précédent contre le conservatisme du régime, auquel pour la première fois, les hommes se sont associés, au cri de «Femme, Vie, Liberté». Les manifestations ont été réprimées férocement par les autorités aux prix de plusieurs centaines de morts. Mais, la vague de contestation semble irrésistible, aujourd’hui de plus en plus de femmes, jeunes et moins jeunes, ose sortir dans la rue sans foulard et même sans l’imperméable qui forme la tenue réglementaire. C’est en Iran que le voilement des femmes s’est imposé en premier, à partir de la révolution de 1978, avant de déferler sur l’ensemble du monde arabo-musulman. En 1980, au Caire, par exemple, seules quelque 10% des femmes étaient voilées. Aujourd’hui, c’est approximativement la proportion de celles qui ne le sont pas. Peut-être que l’Histoire retiendra que c’est en Iran, que le mouvement inverse a débuté dans les jours qui ont suivi le 16 septembre 2022. C’est cette date que l’on commémore aujourd’hui partout dans le monde où l’on déplore l’effacement des femmes, leur statut minoré, leurs droits bafoués, le poids des traditions qui pèse sur elles.

Pour ce premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, les autorités iraniennes sont sur les dents, craignant des manifestations, des mouvements de foule. C’est ainsi que tout avait commencé en 1978 et avait abouti à la chute du Shah… Les révolutions surviennent généralement sans prévenir, à bas bruit.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 septembre 2023

Mise à jour septembre 2025 : Trois ans après l’assassinat de Mahsa Amani, la majorité de la population iranienne soutien le mouvement Femme Vie Liberté. Ce qui a entrainé le refus du président d’appliquer des lois restrictives votées par les éléments les plus conservateurs du Parlement. Aujourd’hui, c’est l’aile modéré du régime qui a le vent en poupe même si les bombardements israélien récent sur l’Iran ont produit un certain raidissement du régime.

 

"La disparition de la femme", une œuvre de la photographe yéménite Boushra Almutawakel

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