L’Almanach international
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15 décembre : la Journée des langues turques
Voilà une toute nouvelle journée mondiale, créée par l’UNESCO. Son objet est de promouvoir le turc et ses langues cousines, ainsi que la culture commune aux États turcophones. Un événement qui répond au projet géopolitique du président turc Recep Tayyip Erdogan…
Voilà une toute nouvelle journée mondiale, créée par l’UNESCO novembre 2025 : la « Journée mondiale de la famille des langues turciques » (ou turques) dont l’objet est de promouvoir le turc et ses langues cousines, ainsi que les cultures et le patrimoine communs aux États turcophones. La décision a été prise lors de la 43e Conférence générale, la première organisée hors de Paris, qui s’est tenue du 30 octobre au 13 novembre 2025, à Samarcande en Ouzbékistan.
La décision de l’UNESCO répondait à un projet géopolitique cher au président turc Recep Tayyip Erdogan qui portait le projet de résolution. La Turquie, depuis la chute de l’Empire ottoman, ayant perdu son autorité sur le monde arabo-musulman, ambitionne aujourd’hui d’étendre son influence sur un espace qui lui est culturellement proche mais qui, jusqu’à récemment, vivait sous la coupe Moscou. Il reste des peuples turcs à l’intérieur de la fédération de Russie comme les Tatars, les Tchouvaches, les Bachkirs, les Sakhas… Mais des républiques comme l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Kirghizistan et l’Ouzbékistan ont profité de la chute de l’URSS pour prendre leur distance même si le cordon n’est pas coupé, loin de là entre Moscou et certaines républiques d’Asie centrale. Ce sont ces six États (avec la Turquie), qui ont initié la conférence de Samarcande et cette nouvelle journée internationale fêtée chaque 15 décembre.
Les langues turques sont parlées par quelque 200 à 250 millions de personnes sur un très vaste territoire qui va des Balkans à la Chine. Un vaste espace qui espère pouvoir un jour peser sur la scène internationale comme la Ligue arabe, l’Union africaine, l’AEAN ou l’Union européenne.
La date choisie, le 15 décembre, est l’anniversaire du déchiffrement des inscriptions de l'Orkhon par le linguiste danois Vilhelm Thomsen en 1893. Ces inscriptions sont des stèles commémoratives turques du VIIIe siècle, découvertes en Mongolie, qui relatent les origines légendaires des Turcs et les exploits du Second Khaganat turc. Elles sont écrites en deux langues, le chinois moyen et le vieux turc, utilisant l’alphabet runique vieux turc. Elles avaient été découvertes en 1889 par Nikolaï Yadrintsev. Le linguiste Wilhelm Radlov, fondateur de la turcologie, n’était pas parvenu à les déchiffrer mais les avait publiées ce qui permit à Vilhelm Thomsen de travailler dessus.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 décembre 2025
23 octobre : la Macédoine du Nord commémore un siècle de lutte pour l’indépendance
En 1893, le 23 octobre, se formait une première organisation de lutte pour l’autonomie de la Macédoine au sein de l’Empire ottoman. En 1991, le 8 septembre, la Macédoine devenait indépendante à la faveur de l’éclatement de la Yougoslavie. Ce sont les premières décennies de combat pour l’indépendance qui sont célébrées chaque 23 octobre en Macédoine du Nord.
En 1893 se formait une première organisation de lutte pour l’autonomie de la Macédoine au sein de l’Empire ottoman. En 1991, le 8 septembre, la Macédoine devenait indépendante à la faveur de l’éclatement de la Yougoslavie.
Ce sont les premières décennies de combat pour l’indépendance qui sont célébrées chaque 23 octobre en Macédoine du Nord. En 2007, le parlement de Macédoine du Nord instituait un nouveau jour férié : la Journée de la lutte révolutionnaire macédonienne (Ден на македонската револуционерна борба). Depuis 2018, cette journée fériée est aussi un jour chômé, c’est dire l’importance du symbole de cette date.
Le 23 octobre 1893, dans la maison d'Ivan Hadji Nikolov à Thessalonique, Hristo Tatarchev, Dame Gruev, Petar Pop Arsov, Anton Dimitrov et Hristo Botanjiev, formaient le Comité révolutionnaire macédonien, à partir duquel émergera plus tard l'Organisation révolutionnaire interne macédonienne (ORIM ou VMRO en macédonien) (Внатрешна Македонска Револуционерна Организација). Son objectif initial était d'obtenir l'autonomie de la Macédoine au sein de l'Empire ottoman, mais un projet d’indépendance, encore très flou, a vite été élaboré.
La tactique de la guérilla, adoptée par l’ORIM, permettra à certaines régions d’échapper au pouvoir ottoman. La « république ” d’Ilinden en 1903 est l’épisode le plus mémorable de cette guerre de libération. Face à la violence de la répression ottomane (massacres, destruction de villages entiers) l’ORIM va orienter sa lutte vers le terrorisme et appuyer l’armée bulgare quand elle entrera en guerre contre les Turcs. Dans l’entre-deux-guerres, une activité terroriste se poursuit, notamment avec l’assassinat de diverses personnalités. Si, des membres de l’ORIM ont accueilli favorablement, en 1941, l’occupation de la Macédoine par l’armée bulgare, alliée de l »Allemagne nazie, d’autres, en revanche, à partir du 11 octobre 1941, participent à la libération de la Yougoslavie et à l’avènement de la Yougoslavie communiste. Laquelle a fait disparaître l’ORIM Aujourd’hui, des partis nationalistes nord-macédoniens et bulgares se réclament de sa mémoire, sans qu’il n’y ait, toutefois, une véritable filiation.
Le 23 octobre symbolise donc la continuité de la lutte macédonienne pour l'indépendance. Le Jour de la lutte révolutionnaire macédonienne est une fête nationale instituée pour rendre hommage à tous les héros connus et inconnus qui se sont battus pour l'indépendance de la Macédoine du Nord. La principale cérémonie se déroule à l’Opéra de Skopje. Elle est marquée par des discours officiels, des cérémonies solennelles et d'autres événements et activités appropriés organisés dans tout le pays.
À Bitola, des gerbes de fleurs sont déposées devant le monument de la NOAVM et celui du peuple d'Ilinden. Le soir du 22 octobre, les étudiants organisent un événement appelé « Soirée du comité étudiant » où des pièces de théâtre sont jouées et un cocktail commun est préparé.
En raison de l'importance de l'événement historique du 23 octobre, le gouvernement de Macédoine du Nord a créé un prix « 23 octobre » en l'honneur de cette fête. Il est décerné comme la plus haute reconnaissance pour les réalisations à long terme dans le domaine de la science, de la culture, de l'éducation, de la protection et de la promotion des intérêts de l'État, des valeurs et du patrimoine culturel et historique de la Macédoine. Sur une année, le prix peut être décerné à cinq personnes maximum. Le montant monétaire de la récompense est de 10 salaires moyens payés au cours des trois derniers mois de l'année en cours. Les premiers lauréats du prix ont été l'ethnologue Tanas Vrazinovski, le pédagogueTahir Zayazi, le poète et critique littéraire Gane Todorovski. Le prix est décerné dans la salle de cérémonie de l'Assemblée de la République de Macédoine .
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 octobre 2023
Dépôt de fleurs devant le monument Gotse Delchev