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1962, Yémen, coup d'État, 26 septembre Bruno Teissier 1962, Yémen, coup d'État, 26 septembre Bruno Teissier

26 septembre : le souvenir d’une révolution qui divise le Yémen

Le 26 septembre 1962, une monarchie archaïque et religieuse régnant sur le Yémen du Nord était renversé par une révolution nasérienne… Pas question pour les Houthis d’en cultiver la mémoire.

 

Dans le Yémen contrôlé par les Houthis, pas question de célébrer le 26-Septembre. Ceux qui se risqueraient de fêter le 63e anniversaire de la Révolution de 1962 seraient accusés d’être des « traîtres et agents étrangers » et emprisonnés. À Sanaa, le pouvoir a fait procéder au retrait de drapeaux et d’affiches associés à la révolution de 1962 qui a mis fin au régime de l’imamat au Yémen du Nord. Non que les Houthis soient si nostalgiques du régime monarchique et religieux qui prévalait avant le 26 septembre 1962, quoique…, mais surtout cette date est symbolique pour leurs adversaires. Elle fait l’objet de célébrations dans les zones tenues par le gouvernement que les rebelles houthis ont chassé de Sanaa en 2014.

Le 19 septembre 1962, le roi et imam, Ahmad ben Yahya mourut dans son sommeil. Son fils aîné, Muhammad al-Badr, fut proclamé imam et roi, mais une semaine plus tard, des rebelles bombardèrent sa résidence de Sanaa. Le 26 septembre, un coup d'État mené par un groupe d'officiers nationalistes destitua al-Badr, et la République arabe du Yémen (RAY) fut proclamée avec le soutien de l’Égypte de Nasser ainsi que de l’URSS. Il s’ensuit une guerre civile opposant les républicains et des monarchistes, implantés au nord et soutenus par l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 septembre 2025

 
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1973, Uruguay, coup d'État, 27 juin Bruno Teissier 1973, Uruguay, coup d'État, 27 juin Bruno Teissier

27 juin : la mémoire des victimes d’une dictature d’extrême droite en Uruguay

Il y a 50 ans, le coup d’État du 27 juin 1973 en Uruguay a été le point de départ d’une dictature de 12 ans. Actuellement en Uruguay, les nostalgiques de la dictature disposent d’appuis à tous les niveaux de l’État et participe à la coalition gouvernementale. La mémoire des victimes de la dictature est très peu prise en charge par les autorités, face à cela les syndicats ont organisé une grève générale ce 27 juin et dans la diaspora on se rassemble, notamment à Paris, place de l’Uruguay, aujourd’hui à 18h.

 

Face à un président de droite, Luis Lacalle Pou qui préfère tourner la page de la mémoire du coup d’État de 1973, les syndicats ont décrété une grève générale de quatre heures ce 27 juin 2023 pour marquer le 50e anniversaire du coup d'État en Uruguay. 

Le même jour, en 1973, le président Juan María Bordaberry avait décrété la dissolution de l'Assemblée, tandis que l'armée était déployée dans Montevideo, la capitale. Ce fut le point de départ d'une dictature civilo-militaire qui dura jusqu'en mars 1985. Aussitôt, les opposants sont arrêtés, torturés, les syndicats et les partis sont réduits au silence. L'Uruguay, comme l’Argentine et le Chili, fera partie du plan Condor, un programme commun d'extermination des opposants qui a fait des milliers de victimes, dont beaucoup de disparus dont on n’a toujours pas retrouvé la trace.

Après le retour de la démocratie en 1985, le Parlement a voté en 1986 la loi d’amnistie qui a scellé l'impunité de la dictature. Il faudra attendre 2005, sous le président de gauche Tabaré Vázquez (2005-2010), pour que l’on entreprenne la recherche des disparus. En 2010, le dictateur Bordaberry a finalement été condamné à 30 ans de prison,  sans pour autant être emprisonné car il est mort l’année suivante. En 2012, le président de gauche, José Mujica (2010-2015) a enfin reconnu la responsabilité de l'État pour les crimes commis par la dictature. Son successeur, Tabaré Vázquez (2015-2020) affronte l’armée qui refuse de sanctionner un un ancien officier mis en cause dans l’assassinat sordide d’un opposant pendant la dictature.

Depuis 2020, c’est une coalition de droite qui est au pouvoir et le Luis Lacalle Pou n’a organisé que de très modestes commémorations. À Paris, en revanche, où de nombreux opposants avaient trouvé refuge, un rassemblement a lieu à 18h, place de l’Uruguay (16e arrond.) avec la participation de plusieurs collectifs uruguayens, latino-américains et français qui partagent le refus  du terrorisme d'État et de l'impunité de ses crimes. En province, des événements sont également prévus notamment à Grenoble à 19h à la mairie, pour un hommage aux victimes de la dictature.

« Le coup d’État du 27 juin 1973 en Uruguay a été le point de départ d’une dictature de 12 ans. Dans ce petit pays, il y a eu plus de 10 000 prisonniers politiques, systématiquement torturés, 197 disparitions forcées, 122 assassinats politiques et 13 appropriations d’enfants, ainsi que dans les autres pays associés à l’époque par le Plan Condor (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili et Uruguay) sous l’égide des États-Unis. 380 000 Uruguayens ont été contraints à l’exil.

Après le retour de la démocratie et pendant des décennies d’impunité absolue de ces crimes, la ténacité des victimes et de leurs proches a maintenu vivante l’exigence de vérité et de justice. C’est maintenant une part très importante de la société uruguayenne qui a fait sienne la cause des disparus et dit la nécessité de “plus jamais de terrorisme d’État”. La justice avance, mais difficilement, et seulement une cinquantaine de criminels contre l’Humanité sont condamnés ou inculpés.

Actuellement en Uruguay, les nostalgiques de la dictature disposent d’appuis à tous les niveaux de l’État. Le parti d’extrême droite Cabildo Abierto créé par d’anciens militaires fait partie de la coalition conservatrice au pouvoir depuis 2020. Il revendique l’impunité et multiplie les initiatives en ce sens, cherchant à imposer une réécriture de l’Histoire récente et une victimisation des tortionnaires. Il bénéficie  de soutiens politiques dans tous les partis de la majorité actuelle. » Communiqué de l’association ¿Dónde Están? (Où sont-ils ?)

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 juin 2023

 
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