10 avril : il y a dix ans, le crash qui décimait la classe politique polonaise

 

Journée douloureuse pour la Pologne où l’on commémore le crash du 10 avril 2010, survenu près de Smolensk, qui a fait disparaître son président, ainsi que 91 personnalités politiques éminentes (chefs d’état-major, ministres, cardinaux, etc.). Journée de propagande exacerbée pour le gouvernement d'extrême droite qui exploite ad nauseam la catastrophe de Smolensk pour abolir progressivement la démocratie.

L’accident s’est produit non loin de la forêt de Katyń, où, soixante-dix ans plus tôt, le NKVD a exécuté près de 22 000 officiers polonais, capturés dans la foulée de l’invasion de la Pologne par l’Armée rouge en 1939. L’accident se produit seulement trois jours après que Vladimir Poutine a invité les dirigeants de la Pologne à commémorer à ses côtés le massacre de Katyń, réalisant ainsi la promesse de Mikhail Gorbatchev de rompre avec un demi-siècle de déni de la part du régime soviétique.

Le drame de Smolensk a profondément divisé les Polonais et il a rebattu les cartes politiques, offrant une nouvelle chance aux ultra-conservateurs de PiS de fédérer les mécontentements sociaux. Cet accident, dû en réalité aux conditions météorologiques et à l’impatience du président Lech Kaczynski, fut immédiatement interprété par une partie de la population comme le résultat d’un attentat provoqué par Poutine. Jouant sur la fibre nationaliste, le parti Droit et Justice au pouvoir (PiS), dont le chef, Jaroslaw Kaczynski, est le frère jumeau du président disparu à Smolensk, a profité de la catastrophe pour s’imposer durablement au pouvoir. Aujourd’hui, dans un contexte de pandémie, le gouvernement tente un passage en force électoral au mois de mai prochain, visant à se maintenir au pouvoir.

D’ordinaire, des messes à l’intention des victimes du crash sont célébrées dans toute la Pologne ainsi qu’à l’étranger. Les sites de mémoire dédiés à tous ceux qui sont morts dans la catastrophe du 10 avril 2010 ont été décorés de fleurs et de flambeaux. Chaque année, à Cracovie, le Président participe à la prière sur la tombe Lech et Maria Kaczyński dans la crypte de la cathédrale au Wawel.  Un appel de la mémoire a eu lieu devant le Palais présidentiel – les noms de toutes les victimes de la catastrophe y ont été prononcés, une prière a été dite à leur intention. Dans la soirée les représentants des plus hautes autorités de l’État participent à une messe à l’intention des victimes de la catastrophe, concélébrée par le cardinal-métropolite de Varsovie. Une célébration a eu lieu aussi au cimetière militaire de Powązki où reposent 28 des victimes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 avril 2020

 
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