Bruno Teissier Bruno Teissier

La mort d’Alfred Grosser, un immigré allemand devenu français

 

Historien, journaliste, politologue, Alfred Grosser est mort à Paris, ce 7 février 2024, à l’âge de 99 ans. Il avait 8 ans et demi quand lui et sa famille se sont réfugiés en France, en décembre 1933, fuyant le nazisme.

Son père, Paul, était professeur de pédiatrie et directeur de l’hôpital pour enfants de Francfort-sur-Main. Mais du fait de ses origines juives, il a été démis de ses fonctions. Le jeune Alfred se faisait brutaliser à l’école. Avec son épouse Lily, née Rosenthal, Paul décide de quitter l’Allemagne pour la France, un pays qu’ils ont visité l’été précédent. Le voyage se fait en train via la Suisse. H

À Saint-Germain-en-Laye, il fonde un établissement pour enfants, mais hélas, le diplôme de Paul n’est pas reconnu en France, il ne peut exercer et décédera l’année suivante. En 1937, Lily et ses deux enfants seront naturalisés français, mais devront se cacher dans le sud de la France pendant la guerre, notamment dans la zone d’occupation italienne, moins dangereuse pour les juifs. Les autres membres de la famille Grosser, restés en Allemagne, ont disparu dans les camps.

Engagé dans la résistance, Alfred Grosser a combattu les nazis mais a été un des premiers promoteurs, non de la « réconciliation » franco-allemande et œuvrera toute sa vie au rapprochement des deux pays.

Lire : Ces Allemands qui font la France par Christine Ramel et Bruno Teissier

 
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New York Bruno Teissier New York Bruno Teissier

"New York, portrait d'une ville arabe" par Marc Terrisse

 

Les Arabes ne sont pas très nombreux aux États-Unis, mais leur vote pourrait avoir une influence déterminante lors de la prochaine élection présidentielle… Dans cet ouvrage, Marc Terrisse vous raconte leur arrivée et vous propose d’aller à leur rencontre au cœur de la Grosse Pomme.

https://www.bibliomonde.fr/new-york-portrait-dune-ville...

 
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Bruno Teissier Bruno Teissier

La deuxième édition de la “Géopolitique de l’Arménie” de Tigrane Yégavian

La première édition datait de janvier 2022 et était épuisée. Une réédition actualisée et corrigée de cet ouvrage de référence s’imposait. Il est disponible en librairie depuis quelques jours !

 

Pris d’assaut cette semaine par l’armée azerbaïdjanaise, le Haut-Karabagh arménien risque fort de disparaître de la carte. Quel va être le sort de la population arménienne de cette enclave, jusque-là autonome, trahie par son « protecteur » russe et ignorée par le reste du monde ? Comment en est-on arrivée là ?

Pour comprendre cette tragédie : la "Géopolitique de l’Arménie" de Tigrane Yégavian, rééditée en juillet 2023

 
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Allemands Bruno Teissier Allemands Bruno Teissier

3 siècles d'immigration allemande en France, c'est bien plus que 60 ans d'amitié !

 

La France et l’Allemagne qui célèbrent aujourd’hui 60 ans d’amitiés (tumultueuses) ont depuis bien plus longtemps mêlé leurs populations. Cet anniversaire est l’occasion de lire « Ces Allemands qui font la France, Trois siècles d’immigration allemande en France », par Christine Ramel et Bruno Teissier, éditions BiblioMonde.

La première grande vague d'immigration vers la France il y a deux siècles, on l'a oublié, est venue massivement d'Allemagne. En quête de travail ou du droit de s'exprimer, les Allemands ont été des centaines de milliers à sauter le pas. Hessel, Oberkampf, Haussmann, Hermès, Ophuls, Servan-Schreiber, Lagerfeld, Grosser sont devenus des noms incontestablement français... À travers l'histoire familiale de célébrités et des rencontres avec des personnalités originaires d'outre-Rhin ayant choisi la France comme pays d'adoption, les auteurs du livre multiplient les éclairages sur des parcours de migration représentatifs de ceux de milliers d'autres et racontent les liens étroits qui, d'hier à aujourd'hui, ont toujours existé avec nos cousins germains.

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Israël et... Bruno Teissier Israël et... Bruno Teissier

L'anniversaire du rétablissement des relations entre le Maroc et Israël

 

L’accord tripartite de rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, signé sous le parrainage des États-Unis dans la foulée des Accords d’Abraham, fête son deuxième anniversaire le 22 décembre 2022.

Pour en mesurer tous les enjeux, nous vous invitons à lire « Maroc, Israël et les Juifs marocains », l’ouvrage de Jamal Amiar, sorti en librairie fin novembre, qui raconte les six décennies qui ont permis cette première étape et analyse toutes les perspectives qui s’ouvrent dans un avenir proche, en matières économiques, sécuritaires, politiques, culturelles…

 
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Arménie Bruno Teissier Arménie Bruno Teissier

Face à l’Azerbaïdjan, l’Arménie ne peut plus compter sur Moscou

 

Le 23 novembre 2022, l’Arménie accueillait Vladimir Poutine  dans le cadre d’une réunion au sommet de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) – une alliance qui comprend, outre la Russie et l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. Poutine espérait montrer qu’il n’était pas si isolé sur la scène internationale. Mais, en venant rencontrer des représentants des six États qu’il considère comme ses obligés, il ne s’attendait pas à de telle critique sur sa guerre en Ukraine.

Les plus amers étaient les hôtes arméniens. En conflit avec l’Azerbaïdjan depuis l’automne 2020, l’Arménie avait demandé formellement à l’OTSC de lui porter assistance, comme prévu dans l’article 4 de son traité, équivalent de l’article 5 du traité de l’OTAN. Moscou n’a pas bougé, se contentant d’envoyer une simple mission d’observation. L’agression de Bakou a repris ces derniers mois et cette fois, Bakou s’attaque directement au territoire de l’Arménie et non plus au seul Haut-Karabagh. Selon Erevan, les soldats azerbaïdjanais occupent désormais plus de 50 kilomètres carrés de territoire arménien. La passivité de Moscou dans ce conflit nourri aujourd’hui un grand ressentiment dans la population arménienne demeurée jusque-là majoritairement pro russe.  L’OTSC, alliance militaire formée en 1994, pourrait disparaître très prochainement, provoquant une montée des périls dans la région.

Lire la Géopolitique de l’Arménie, de Tigrane Yégavian

 
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géopolitique du football Bruno Teissier géopolitique du football Bruno Teissier

« Il ne faut pas politiser le sport » affirme Macron. Mais, le football l’a pourtant toujours été.

 

« Il ne faut pas politiser le sport » affirme le président Emmanuel Macron à propos de l’évènement qui va se dérouler au Qatar. Le football l’a, pourtant, toujours été ! Dès l’origine, ce sport populaire a été enrôlé dans des affrontements internationaux et a été l’objet de rivalités politiques. Il suffit de lire le livre de Frédéric Legat, « Géopolitique du football, 1900-1939 » pour en être convaincu.

« Le mérite du livre de Frédérik Legat est de montrer que ces liens très forts entre football et géopolitique sont en réalité anciens et existaient déjà lors des premiers Jeux olympiques modernes et des premières coupes du monde. Il montre par ailleurs que le football à cette époque atteignait un degré de violence qui ne serait plus acceptable ni accepté aujourd’hui, reflet d’une époque où le recours à la force était admis et légitime dans les relations internationales. Les tempêtes politiques en Europe entre les deux guerres mondiales ont eu un impact direct sur le football, et l’organisation des compétitions. Ces dernières ont d’ailleurs constitué des prolongements des rivalités géopolitiques. Dans cet ouvrage, Frédérik Legat éclaire non seulement de façon détaillée et lumineuse ce fond d’écran sportif peu connu des événements tragiques de l’époque, mais il résume également brillamment les grandes étapes historiques. », extrait de la préface de Pascal Boniface

Lire Géopolitique du football, 1900-1939 de Frederick Legat

 
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Allemands Bruno Teissier Allemands Bruno Teissier

Marcel Proust, décédé il y a 100 ans, un écrivain français d’origine allemande

 

Nous célébrons le 18 novembre le centenaire de la mort de Marcel Proust. Cet écrivain français, dont les racines familiales paternelles se situent à Illiers-Combray, près de Chartres, en Eure-et-Loir, était pour moitié d'origine allemande.

Parmi ses ancêtres, c’est l’ensemble de sa lignée maternelle qui est d’origine allemande et juive. La France ayant été le premier pays au monde, en 1791, à accorder la pleine citoyenneté aux juifs, elle a attiré beaucoup de candidats à l’émigration, lesquels se sont ajoutés à la masse des migrants économiques allemands qui ont formé au début du XIXe siècle, la première vague d’immigration de type moderne, vers la France.

Fils d’un commerçant de Trèves, Nathaniel Berncastel arrive à Paris en 1813, il ouvre une quincaillerie dans le quartier du Temple et, en 1820, il épouse Rose Silny, la fille d’un fabricant de broderie de Metz, dont la mère était allemande, née à Mayence. En 1815, la Sarre est redevenue prussienne et Nathaniel se retrouve allemand. Il doit demander sa naturalisation et l’obtiendra en 1827. Sa fille Adèle est la grand-mère de Marcel Proust.

Nathé Weil, l’époux d’Adèle, le grand-père du romancier, est lui aussi le fils d’un Allemand, devenu français en 1790. Ses ancêtres vivaient à Isenburg, une principauté située au sud de Francfort, mais des conditions économiques difficiles les ont poussés vers l’Alsace. C’est là que Lazare Weyl, fils de rabbin, a découvert le métier de la faïencerie : à Nidernai, petite ville jadis détruite pendant la guerre de Trente Ans, qui accueillaient les juifs interdits de séjour à Strasbourg. Lazare s’établira ensuite à Fontainebleau où son fils Baruch Weil fera fortune. Nathé Weil, son petit-fils, sera agent de change et intégrera la bourgeoisie parisienne. Jeanne Weil, la fille de ce dernier est la mère de Marcel Proust.

On l’a dit, la mère de Marcel Proust avait un grand-père maternel, Nathaniel Berncastel, qui habitait Trèves avant d’émigrer à Paris en 1813. Elle avait aussi une grand-mère paternelle originaire de cette ville.Trèves est la ville natale de Karl Marx. Sa famille y était implantée depuis plusieurs générations. Marcel Proust et Karl Marx ne se sont pas connus, mais ils étaient cousins.

Quant à Rose Silny, l’arrière-grand-mère de Marcel Proust, elle est la fille d’un prospère fabricant de broderie de la ville de Metz. Sa famille est liée à une lignée de Mayence, les Kanstadt, mais aussi aux Cahen, aux Halphen... Parmi les plus lointains ancêtres de l’écrivain, on rencontre un Daniel Auchenbourg, né en 1590 à Ausbourg, en Bavière ainsi qu’un Joseph Askhenazi, né vers 1550 à Francfort... Tous deux sont arrivés à Metz au début du XVIIe siècle.

Pour en savoir plus sur l’immigration allemande en France, lire : Ces allemands qui font la France de Bruno Teissier et Christine Ramel

 
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Maroc, Israël et... Bruno Teissier Maroc, Israël et... Bruno Teissier

Quel avenir pour les relations israélo-marocaines ?

 

Quel est l’avenir des relations israélo-marocaine, alors que le paysage politique israélien vire franchement à droite après les élections législatives du 1er novembre et que la Ligue arabe, réunie à Alger ce 2 novembre réaffirme "la centralité de la cause palestinienne" et le "soutien absolu" au droit des Palestiniens à avoir un "État indépendant et souverain", avec Jérusalem-Est comme capitale, sur les territoires occupés par Israël en 1967 ?

Benjamin Netanyahu est en bonne position de revenir au pouvoir en Israël, en s’appuyant sur l’extrême droite. La dernière fois qu’il a formé un gouvernement, en mai 2020, pas moins de dix " Marocains “, des juifs d’origine marocaine, figuraient dans son gouvernement parmi les 34 ministres de son équipe. Qu’en sera-t-il cette fois ?

L’ouvrage de Jamal Amiar, Le Maroc, Israël est les Juifs marocains, à paraître dans quelques jours, envisage toutes les hypothèses sur l’avenir d’une relation, plus ou moins avouée mais qui dure depuis plus de 60 ans.

 
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Tanger Bruno Teissier Tanger Bruno Teissier

Le cinéma "Alcazar" de Tanger rouvre ses portes 

 

Situé dans le quartier de Marshane de l’ancienne médina, le cinéma Alcazar avait été inauguré en 1919. À ses débuts, on y jouait des pièces de théâtres, avant qu’il ne devienne une salle de cinéma à part entière. L’Alcazar a aussi été une des premières écoles du Septième Art du Maroc, avec le Vox et le Capitole. 

Fermé en 1993, il était tombé totalement en ruine faute d’entretien. Finalement il a pu être réhabilité grâce à l’Association « Tanger films » qui est chargée de la gestion de la salle. Il rouvre enfin ses portes en mars 2022. C’est aussi un bâtiment à l’architecture typique du début du XXe siècle qui vient d’être sauvé.

Pour vous plonger dans la mémoire de la ville du détroit, lire :  Tanger, une histoire-monde du Maroc de Farid Bahri

 

avant restauration

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Maroc Bruno Teissier Maroc Bruno Teissier

Le Maroc absent du vote à l’ONU condamnant l'agression de l'Ukraine par la Russie

 

L’adoption d’une résolution de l’ONU, le 2 mars 2022, condamnant l’agression de l’Ukraine par la Russie a été massive : 141 membres sur 193. En Afrique, le continent a été partagé entre ceux qui ont voté pour, comme la Tunisie, et ceux qui se sont abstenus, comme l’Algérie. Le Maroc a été un des rares pays à ne pas prendre part au vote.

Au premier abord cette absence a surpris de la part d’un pays dont on connaît les positions généralement pro-occidentales et qui s’applique, le plus souvent, à ne pas voter comme l’Algérie, alliée historique de la Russie.

Mais là, il s’agit d’un cas de conscience. On sait que la diplomatie marocaine est très largement conditionnée par la question du Sahara occidental. Or chaque fois que la question de ce territoire est posée au Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie s’abstient de voter contre les positions marocaines. Alors que les pays occidentaux plus soucieux de l’application du droit international, que Moscou ignore superbement, votent en sens inverse. 

Les dirigeants des deux pays sont frustrés d’un territoire qu’ils considèrent comme historiquement leur appartenant et que le droit international leur refuse. Certes, les situations ne sont pas comparables, le Maroc a occupé le Sahara occidental sans faire de victime et le pays n’en était pas vraiment un, au sens du droit international. La Russie, au contraire, est en train de détruire le pays convoité et d’assassiner sa population. 

N’empêche que dans ses déclarations alambiquées sur la guerre en Ukraine, Rabat a fait part de son «soutien à l’intégrité territoriale des États membres des Nations unies» et son «attachement» au principe de «non-recours à la force pour le règlement de différends entre États», mais n’a jamais désigné nommément la Russie comme l’agresseur. D’où une déception des Européens.

Outre le souci de ne pas se couper d’un allié au Conseil de sécurité de l’ONU où la question du Sahara occidental sera à nouveau sur la table en avril prochain, Rabat semble également résolu à faire savoir à l’Union européenne sa mauvaise humeur du fait de récentes prises de position de Bruxelles concernant, comme toujours, ce qu’elle considère comme ses provinces sahariennes.

BT

Sur la politique étrangère marocaine, lire la Géopolitique du Maroc par Kader A. Abderrrahim

 
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Roumains Bruno Teissier Roumains Bruno Teissier

La Roumanie célèbre enfin Constantin Brancusi, artiste national devenu français

 

Constantin Brâncuși (1876-1957) est un artiste majeur du début du XXe siècle, l’initiateur de la sculpture moderne. Il est à la sculpture ce que Picasso a été pour la peinture. S’il a fait ses débuts en Roumanie, son pays natal, c’est en France où il a émigré en 1904, qu’il est devenu l’artiste que l’on connaît.

Sa reconnaissance a été tardive en Roumanie. C’est en 2015 seulement que le Parlement a décrété une Journée Brâncuși (Ziua Brâncușilo), célébrée chaque 19 février, jour de son anniversaire. En 2016, le gouvernement roumain a lancé une souscription pour l’acquisition d’une œuvre de Brancusi dont le portrait figure désormais sur les billets de banques roumains. C’est un échec, en dépit d’une active communication avec pour slogan « Brâncuși est à toi ». L’œuvre, titrée La sagesse de la terre, sera tout de même achetée par l’État roumain qui, jusque-là, n’en possédait aucune.

Constantin Brancusi est peu retourné en Roumanie mais n’a jamais oublié son pays natal. En 1951, l’artiste prévoit de lui léguer l’ensemble de ses œuvres encore en sa possession. Refus des autorités communistes de Bucarest : « l’œuvre de Brancusi n’aide en rien la construction du socialisme en Roumanie » ! L’État communiste roumain le déchoit même de sa nationalité, Brancusi devient donc français en 1952, cinq ans avant sa mort à l’âge de 81 ans. Le contenu de son atelier de l’impasse Ronsin est légué au Musée national d’art moderne qui lui rendra un formidable hommage. Aujourd’hui, en effet, son atelier est visible, totalement reconstitué, sur le parvis du Centre Pompidou, à Paris. En 1955, Brancusi avait demandé à être enterré dans le cimetière de son village natal de Hobita, en Olténie. Nouveau refus des autorités roumaines… Brancusi repose au cimetière du Montparnasse à Paris.

Constantin Brâncuși a été élevé récemment au rang d’artiste national. Mais, l’hommage de la Roumanie a ses limites. En 2018, sa maison natale à Hobita s’est effondrée. L’État avait refusé de la prendre en charge…


Pour en savoir plus sur les Roumains devenus français, lire :  Ces Roumains qui font la France, deux siècles d’immigration en provenance de Roumanie et de Moldavie, éditions BiblioMonde

 

photo d’Edward Steichen, 1922

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Arménie Bruno Teissier Arménie Bruno Teissier

Début d'un dialogue arméno-turc : interview de Tigrane Yégavian sur Télésud

 

Des émissaires de la Turquie et de l'Arménie ont pris part, le 14 janvier 2022 à Moscou, à un premier cycle de pourparlers destinés à normaliser leurs liens. Une démarche qui pourrait conduire à l'établissement de relations diplomatiques et à la réouverture des frontières entre les deux pays.

Tigrane Yégavian, auteur de Géopolitique de l’Arménie, fait le point sur la situation de ce pays. Il est interviewé par Vincent Hervouët pour Télésud. À visionner en replay sur le site de la chaîne : https://www.telesud.com/programmes/le-nouveau-monde?v=x87d059

 
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Arménie Bruno Teissier Arménie Bruno Teissier

Parution de Géopolitique de l’Arménie, Tigrane Yégavian est interrogé par la revue Conflit

 

Le podcast de cet entretien est à écouter sur le site de la revue.

Un peuple, un territoire, un État, telle est la difficile équation de l’Arménie a travers sa longue histoire. Point de frictions de nombreux empires, relation particulière avec la diaspora, l’Arménie a toujours essayé d’accorder la terre et les hommes. Éléments d’analyse avec Tigrane Yégavian pour comprendre la géopolitique de l’Arménie à l’occasion de la parution de son livre.

 
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11-Septembre Bruno Teissier 11-Septembre Bruno Teissier

Le Chili va-t-il enfin tourner la page de son 11-Septembre ? On peut y croire.

 

Ce dimanche 18 décembre, au Chili, on vote pour élire un nouveau président. C’est le second tour : les électeurs ont le choix entre un candidat d'extrême droite José Antonio Kast et un ancien leader étudiant de gauche Gabriel Boric. 

Cette présidentielle, la plus polarisée depuis la fin de la dictature du général Pinochet en 1990, son régime avait débuté par le putsch du 11 septembre 1973. Pinochet a laissé en héritage, outre quelque 3200 morts et disparus (autant que le 11-Septembre américain !), une constitution que les Chiliens viennent juste d’être autorisés à remplacer. Il a fallu, en effet, un référendum obtenu de haute lutte, en novembre 2019, et remporté par les partisans de remplacer la constitution ; puis l’élection d’une assemblée constituante favorable à la réforme, en juin 2021, pour que l’on puisse espérer tourner la page du pinochétisme avant de commémorer le 50e anniversaire du coup d’État, en septembre 2023.

Tout ce processus aurait pu être remis en question ce dimanche si les électeurs avaient porté leur choix sur José Antonio Kast, un nostalgique due régime de Pinochet dont il a d’ailleurs choisi la petite-nièce comme directrice de campagne. Ce multimionnaire, père de neuf enfants, entend maintenir le modèle ultralibéral (en économie) mais se ultraconservateur (sur les questions de société) hérité de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990). On ne juge pas un homme sur sa famille, mais le fait que Kast soit le fils d’un officier nazi, membre de la SS, qui s’était réfugié au Chili en 1945, ne rassure pas ceux que hante encore le souvenir du 11-Septembre.

Face à lui, le jeune Gabriel Boric, âgé de 35 ans, soutenu par toute la gauche et qui fait des références à Salvador Allende, le président socialiste renversé par le général Pinochet, a finalement fait le poids. Parmi ses projets, il propose de créer un système de retraite public et un organisme d’assurance maladie que Pinochet avait confié au secteur privé. Il propose aussi d’introduire la semaine de travail à 40 heures, un impôt progressif, la gratuité de l’enseignement… ainsi que des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique. Tout cela, qui paraît très naturel en Europe, constituerait une véritable révolution au Chili. Son projet est celui d’un d’État providence, un changement d’ampleur dans le pays considéré comme le laboratoire du libéralisme.

À deux jour du scrutin, l’annonce du décès à 98 ans, d’Hiriart Rodriguez, la veuve de Pinochet, considérée comme l’inspiratrice du coup d’État et la femme forte du régime militaire, a été vu comme un signe ! Sa mort a été saluée par des mouvements de joie dans les rue de Santiago. Augusto Pinochet, lui, est mort en 2006 d’une crise cardiaque, à l’âge de 91 ans. Il aura réussi à échapper à la justice, qui le poursuivait pour des violations des droits de l’homme sous son régime et pour détournement de fonds publics.  

Finalement, c’est le candidat de la gauche, Gabriel Boric, remporte l’élection présidentielle avec 56% des voix. Un concert de klaxons a résonné dans les rues de la capitale Santiago aussitôt après que M. Kast a reconnu sa défaite. Gabriel Boric prendra ses fonctions le 11 mars 2022.

Pour en savoir plus sur l’évolution du 11-Septembre chilien selon les époques, lire les analyses d’Eduardo Olivares Palma et le témoignage de Maria Claudia Poblete dans Les 11-Septembre, celui des Américains, des Chiliens, des Catalans et tous les autres 

 
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Allemands Bruno Teissier Allemands Bruno Teissier

La mort du pédagogue Gabriel Cohn-Bendit, fils de réfugiés politiques allemands

 

Gabriel Cohn-Bendit est le fils de l’avocat Erich Cohn-Bendit et de Herta Judith David, un couple de juifs allemands, non pratiquants, connus à Berlin pour leur engagement à gauche. Dès la prise de pouvoir par Hitler, ses parents ont fui l’Allemagne pour se réfugier à Paris en mars 1933. Gabriel, dit Gaby, nait en 1936 à Montrouge.

En 1939, son père est interné comme ressortissant allemand, il s’évade. La famille se réfugie à Moissac, dans le Tarn-et-Garonne où elle passe la guerre sous une fausse identité de réfugiés belges. En 1945, nait à Montauban, son petit frère, Daniel, dit Dany. Après la guerre, l’avocat Erich Cohn-Bendit ne pouvant exercer en France va retourner en Allemagne et s’installera à Francfort. Gabriel, contrairement à son frère, ne rentrera pas en Allemagne. Il reste en France et deviendra français à 18 ans. Il habite à Paris chez ses grands-parents paternels, eux aussi réfugiés à Paris avant la guerre. 

Militant à toute sa vie à gauche, Gabriel s’intéresse à la pédagogie, dans la mouvance du mouvement Freinet. Devenu enseignant et syndicaliste, il participe au mouvement en lien avec la revue L'École émancipée. En 1981, suite à l'élection de François Mitterrand, il lance l'idée d'un lycée autogéré. Un premier est créé à Saint-Nazaire, où il sera professeur d’allemand, puis un second à Paris, le LAP. À la fin de sa vie, ce militant d’extrême gauche s’est inscrit dans le sillage de Europe Écologie-Les Verts, comme son frère Daniel. Il est mort à Toulouse le 17 décembre 2021.

Pour en savoir plus sur l’immigration allemande en France, lire : Ces Allemands qui font la France, par Bruno Teissier et Christine Ramel

 
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Maroc, Algérie Bruno Teissier Maroc, Algérie Bruno Teissier

La guerre entre l'Algérie et le Maroc ?

 

Hier Alger affirmait que trois Algériens ont été tués par des tirs de l’armée marocaine sur une route du Sahara occidental proche de la frontière mauritanienne. Le convoi de camions se trouvait à l’arrêt entre les localités d’Ain Ben Tili et de Bir Lahlou, un segment contrôlé par le Front Polisario. Venant de Tindouf, en Algérie, ils roulaient donc à l’est du « mur de sable » qui sépare la partie du Sahara occidental occupé par le Maroc de celle que contrôle le Front Polisario, une force militaire sahraouie, soutenue par l’Algérie.

La Maroc dément, la Mauritanie n’a rien vu et l’Algérie se déchaîne contre Rabat. L’affaire pourrait dégénérer. Les relations diplomatiques sont déjà rompues depuis le 24 août dernier. L’Algérie a coupé le contact avec son voisin après que l’ambassadeur du Maroc à l’ONU eut déclaré que “le vaillant peuple kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination”. La sortie était une réponse à l’activisme d’Alger en faveur du droit des Saharouis. Va-t-on s’en tenir à une guerre d’invectives ?

Depuis les indépendances, la tension n’est jamais descendue entre les deux capitales. Cas figure rarissime dans le monde : leur frontière commune est fermée depuis 1994. Algérie et Maroc se sont affrontés militairement en 1963, lors de la « guerre des sables ». C’est le contrôle du Sahara qui est la cause de cet éternel conflit qui ruine les deux pays. Le Maroc s’est senti lésé lors de l’indépendance de l’Algérie, la France ayant cédé à ce pays la totalité du Sahara qu’elle contrôlait. En contrepartie, le Maroc s’est dédommagé en occupant le Sahara espagnol (la Marche verte en 1975), avant même que Madrid ne se retire de ce territoire. Le droit international n’a pas été respecté et Alger n’a jamais accepté cette occupation. Depuis, l’Algérie arme une partie des populations sahraouie, réfugiée à Tindouf, pour qu’elle résiste aux forces marocaines. Le Mur de sable et la présence de casques bleus ont permis un cessez-le-feu en 1991. 

Depuis 30 ans, le conflit territorial est gelé et le Maroc occupe l’essentiel du territoire contesté et engrange des succès diplomatiques. Le dernier en date est le « deal » de Donald Trump scellé le 10 décembre 2020 entre le Maroc et les États-Unis, aux termes duquel Washington a reconnu la « marocanité » du Sahara occidental, en échange de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Aux yeux d’Alger, une ligne rouge avait été franchie. Depuis la tension a monté d’un cran… Les deux régimes autoritaires, politiquement contestés, pourraient bien s’offrir un conflit armé pour activer la fibre patriotique et faire taire toute contestation démocratique. 

BT

Pour un point sur les relations entre ces deux États, lire : Géopolitique de l’Algérie ainsi que Géopolitique du Maroc deux ouvrages de Kader Abderrahim

 
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La tour Eiffel porte un nom allemand !

 

La tour qui fait figure de symbole de la capitale française porte le nom d’une région allemande. Eiffel est en effet une région de collines située à l’est de la Belgique et du Luxembourg, dans le Lander de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Aujourd’hui, le nom de la région est orthographié Eifel. C’est de là que vient la famille Bönickhausen (avec un tréma à l’époque), celle de l'ingénieur qui a construit la tour.

La tour Eiffel aurait-elle pu s’appeler Bonickhaussen ? Probablement pas. À cette période l’hostilité des Français envers leurs voisins qui occupaient l’Alsace et la Moselle, était telle que les Parisiens auraient donné un autre nom à ce monument qui deviendra un symbole national. Bonickhaussen était pourtant le patronyme de naissance de l’ingénieur qui l’a construite. Eiffel était un nom d’usage, adopté par sa famille et qui permit à Gustave dit Eiffel de nommer sa société d’ingénierie : Eiffel & Cie, fondée en 1866. Il demanda ensuite à en faire son nom de famille, ce qui lui fut accordé en 1879, soit tout juste dix ans avant l’inauguration de la tour métallique. Le problème ne s’est donc pas posé.

Léo Heinrich Bönickhausen, le plus lointain ancêtre connu de Gustave Eiffel était en même temps maître d’école et sacristain. Il vivait dans la localité de Marmagen. C’est son fils aîné, Wilhelm Heinrich qui débarqué à Paris à une époque où l’immigration allemande vers la France était importante. Son fils s’établira comme tapissier rue Vieille-du-Temple et s’intégrera parmi les bourgeois de la capitale française. Mais, Bönickhausen est vraiment un nom vraiment difficile à prononcer pour la clientèle. La famille prendra l’habitude de se faire appeler du nom de sa région d’origine : Eiffel. Mais, sans toutefois avoir fait modifier son état civil.

Ainsi, quand Gustave naît en 1832, il est inscrit à l’état civil sous le nom de Bonickhausen, comme son aïeul, arrivé en France au siècle précédent. Et, à l’instar de ses ancêtres, il utilisera Eiffel comme nom d’usage. L’Allemagne, qui n’existe toujours pas en tant qu’État, n’était pas encore l’ennemi récurrent de la France. Elle le devient en 1870, avec la défaite de Sedan et la perte de l’Alsace-Lorraine. À partir de cette époque, un nom à consonance germanique est susceptible d’éveiller tous les soupçons. Vous vous fâchez avec quelqu’un et vous voilà qualifié de « boche ». En 1876, un employé licencié de la société Eiffel & Cie veut se venger de son patron. Il le dénonce comme un espion à la solde de Bismark qui se dissimulerait sous un faux nom. Un procès est engagé, il lave bien sûr Gustave Eiffel de tout soupçon, mais le persuade d’engager une procédure de changement de son patronyme. La « consonance allemande inspire des doutes sur ma nationalité française, et ce simple doute est de nature à me causer soit individuellement, soit commercialement, le plus grand préjudice », écrit-il pour justifier sa demande, laquelle aboutira en 1879 (décret du 1er avril 1879).

Cela dit, si on avait vraiment baptisé la tour du nom de son inventeur, il aurait fallu l’appeler tour Koechlin ! Un autre nom germanique, mais celui d’une famille suisse, originaire du canton de Schaffhouse et établie ensuite en Alsace. C’est en effet l’ingénieur Maurice Koechlin qui a inventé la structure de la fameuse tour. Gustave Eiffel lui a, par la suite, racheté le brevet.

Extrait de Ces Allemands qui font la France, par Bruno Teissier et Christine Ramel

 
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11-Septembre Bruno Teissier 11-Septembre Bruno Teissier

Le 11-Septembre sans fin du Chili : bientôt un mauvais souvenir ?

 

Comme chaque année le 11 septembre des rassemblements à la mémoire d’Allende sont organisés dans différentes villes du Chili . À Santiago, le traditionnel pèlerinage débutera à 10h30, Plaza Los Héroes et se dirigera vers le cimetière général de la Recoleta.

Cela fait presque un demi-siècle que l’on commémore le coup d’État d’extrême droite déclenché le 11 septembre 1973 pour renverser un gouvernement de gauche dirigé par Salvador Allende. La dictature du général Pinochet s’est achevée en 1990 mais le Chili a conservé sa constitution en héritage. La possibilité de modifier cette constitution qui impose un système ultralibéral d’inspiration nord-américaine, n’a été possible qu’à l’automne 2020, à l’issue d’un référendum acquis de haute lutte après des manifestations sociales qui ont secoué le pays. Une constituante a été élue en juin 2021, elle a commencé à travailler, mais dans des conditions difficiles tant le gouvernement actuel lui met des bâtons dans les roues. Faudra-t-il attendre le 50e anniversaire du putsch, en 2023, pour que ce triste épisode de l’histoire du Chili soit enfin renvoyé à l’histoire ?

Pour en savoir plus sur l’évolution du 11-Septembre chilien selon les époques, lire les analyses d’Eduardo Olivares Palma et le témoignage de Maria Claudia Poblete dans Les 11-Septembre, celui des Américains, des Chiliens, des Catalans et tous les autres 

 
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