27-30 décembre : Trêve des confiseurs, Twixmas ou Paix de Noël

 

Les Anglais ont inventé un mot : Twixmas pour parler de cette période « d’entre-deux fêtes » où le temps est un peu suspendu. Il tire son origine d’un mot de vieil-anglais betwixt, qui signifie « entre » et de mas, un abrégé de Noël. Aux États-Unis, on parle de Dead Week.

En France, la trêve des confiseurs est cette période de suspension de la vie politique entre Noël et le Jour de l’An et même, jusqu’aux premiers jours vraiment travaillés de la nouvelle année. Le 5 janvier, cette année.

L’expression a été lancée par la presse satirique en décembre 1874, alors que la France était administrée selon un régime provisoire. Les républicains étaient pressés d’instaurer une république alors que les royalistes espéraient rétablir une monarchie. Le 24 décembre 1874, les républicains exigeaient qu'on reprenne les travaux parlementaires au plus vite, dès le 28 décembre. Les monarchistes, eux, proposaient d’attendre le 11 janvier afin d’avoir le temps de s’organiser. Finalement, c’est le 5 janvier qui sera retenu pour la reprise des débats. L’inquiétudes des  républicains était justifiée : le régime républicain sera instauré fin janvier sur un amendement adopté par 353 voix contre 352. Depuis cette date, tous les ans, députés et sénateurs français ne siègent pas durant cette période.

Dans d’autres pays on parle trêve de Noël : "Tregua navideña" en Espagne, "Tregua natalizia" en Italie, "Trégua de Natal" au Portugal, "Trégua natalina" au Brésil… pour évoquer la même suspension de la vie politique durant les fêtes.

Les Allemands ont une expression plus guerrière : Weihnachtsfrieden qui se réfère à la trêve que le Pape Benoît XV avait tenté de négocier en décembre 1914 pour faire taire les armes le temps des fêtes. L’accalmie ne fut pas totale mais elle donna tout de même lieu à des cas de fraternisation entre belligérants. Cela ne semblait pas être une nouveauté puisque pendant la guerre de Crimée, on avait partagé provisions et tabac entre forces ennemies ; pendant la guerre de Sécession, des belligérants avaient pêché dans la même rivière et cueilli des baies ensemble. On a même le souvenir d’un match de football entre soldats boers et anglais pendant de la Seconde Guerre des Boers, qui nous rappelle celui qui a été disputé le 25 décembre 1914 près d’Ypres entre soldats allemands et britanniques. Les Anglais parlaient alors d’une Christmas truce. On a érigé plusieurs monument commémorant cette trève de Noël de 1914, notamment un à Frelinghien, en France. Lors des Noël suivants l’ambiance n’était plus la même.

En Allemagne, le terme de Weihnachtsfrieden s’applique aussi aux services publics. La plus connue est celle décrétée par les services fiscaux des Länder. D’autres langues germaniques font référence à une pause ou un armistice de Noël : Kerstbestand (néerlandais), Juluppehåll (suédois), Julevaabenstilstand (danois), Julefred (norvégien) au cours de la période de Noël.

Les Russes font eux aussi référence à la Grande Guerre mais sur le front de l’Est où l’initiative d’une trêve de Noël (Рождественское перемирие) vint de commandants austro-hongrois. Les Russes répondirent favorablement et les soldats finirent par se rencontrer dans le no man’s land. C’était, il y a plus d’un siècle… Le Pape Léon XIV a déploré dernièrement que sa demande de trêve de Noël en Ukraine n’ai pas eu d’échos favorable à Moscou. Il ne demandait pourtant que 24 heures…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 décembre 2025

L’Assiette au beurre, 1907

 
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