1er novembre : hommage aux héros de la renaissance bulgare

 

Le soir du 31 octobre, dans la plupart des villes de Bulgarie, des processions aux flambeaux vont rassembler des lycéens et des étudiants, parfois de simples écoliers, en hommage aux grandes personnalités qui ont accompagné le réveil national de la Bulgarie. L’usage veut que l’on transporte les portraits des grands hommes (il y a peu de figures féminines) comme le font les Russes lors des défilés patriotiques. De la musique, des spectacles sont également prévus. Les élèves n’ont pas classe le 1er novembre, c’est la Journée de l’éveil du peuple (Ден на възрожденците).

Absorbée par l’Empire ottoman, la Bulgarie a disparu en 1396. L’histoire de cette domination a été ponctuée de révoltes de chrétiens contre les Turcs, réprimées violemment le plus souvent. Ce n’est qu’au milieu du XVIIIe siècle que commence à émerger un sentiment national bulgare, qui s’est accentué au XIXe siècle, encouragé par la lutte des Grecs pour l’indépendance. L’aboutissement de ce long combat sera proclamation de l'autonomie de la Bulgarie le 3 mars 1878, dont l’anniversaire est aujourd’hui la fête nationale, puis de l’indépendance du pays, le 22 septembre 1908. Ce très long siècle de lutte et de prise de conscience nationale est appelé la Renaissance bulgare (Българско възраждане).

Dès le milieu du XIXe siècle, une journée d’hommage avait été instituée afin de rendre hommage à des générations de résistants et de promoteurs de la culture bulgare. La date choisie est celle de la fête de saint Jean de Rila (Ivan Rilski), le saint patron et protecteur du peuple bulgare, que l’Église bulgare célèbrait chaque 19 octobre, selon l’ancien calendrier. Or en 1916, l’État bulgare a officiellement adopté le calendrier grégorien, ce qui a fait glisser cette célébration nationale au 1er novembre. La fête patriotique s’est ainsi dissociée de la vénération du saint puisque l’Église orthodoxe locale a conservé le calendrier julien jusqu’en 1968.

Plus tard, en 1923, la célébration a été officialisée par un décret du tsar Boris III faisant du 1er novembre  « la fête des revivalistes bulgares, un jour pour rendre hommage à la mémoire des grands Bulgares, bâtisseurs de loin et de près. de la Bulgarie moderne ». Ce jour férié sera célébré jusqu’en 1944. Aboli par les autorités communistes, il est réinstauré en 1992, à la demande de l’écrivain Petar Konstantinov (1928-2011), sous le nom de Jour de réveil du peuple, une fête nationale qui, aujourd’hui, n’est chômée que pour les écoliers, lycéens et étudiants. La veille de ce jour de congés scolaire, sont organisé des processions aux flambeaux aux accents nationalistes. Le matin du 1er novembre, une cérémonie de lever du drapeau national a lieu devant la présidence de la République.

Les autorités communistes, toutefois, avaient fini, sans enthousiasme, par créer un lieu de célébration : le Panthéon des héros de la renaissance bulgare, construit à Roussé et inauguré en mars 1978, pour le centenaire de l’autonomie du pays. Le bâtiment d’abord purement laïc, a été en 2000, surmonté d’une croix et complété par une chapelle. On trouve dans le Panthéon les membres des unités volontaires de l'armée bulgare qui ont pris part à la guerre russo-turque de 1877-1878) : Lyuben Karavelov (1834 -1879), Zahari Stoyanov (1850 -1889), Toma Kardzhiev (1850-1887), Atanas Uzunov (1857-1887), Olimpi Panov (1852-1887), qui ont combattu pour la libération. de la Bulgarie de la domination ottomane. Il abrite également les restes des premiers éducateurs de la ville de Roussé – le professeur Gragni, le professeur Toni, Nil Izvorov, Tsani Ginchev, Dragan Tsankov, qui ont travaillé au nom de la science et de l'éducation aux XVIIIe et XIXe siècles. Le monument immortalise également les noms des membres du détachement de volontaires Chervenovodska qui ont pris part à la guerre serbo-turque de 1876. Le Panthéon rend également hommage à Baba Tonka (« Grand-mère Tonka ») et à la famille Obretenov, des combattants pour la libération de la Bulgarie qui vivait dans la ville de Roussé (Ruse) au XIXe siècle.

Cette Journée de l'éveil du peuple, où les écoliers et étudiants sont mis en avant, l'Union des scientifiques de Bulgarie la célèbre aussi la comme la Journée de la science bulgare (Ден на българската наука). 

Quant à l'Union des journalistes bulgares, elle a fait du 1er novembre la Journée du journalisme bulgare (Ден на българската журналистика). C’est ce jour-là, cahque année que les prix de l'Union des journalistes bulgares sont remis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 octobre 2023

 

Le portait du poète Hristo Botev, un héros national bulgare, figure dans la plupart des défilés du soir du 31 octobre

Le Panthéon de Roussé

Jean de Rila (Иван Рилски) vénéré le 1er novembre (depuis 1968) par l’Église orthodoxe bulgare. Saint protecteur du peuple bulgare, il est le fondateur du plus grande et du plus fameux monastère du pays.

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