14 décembre : la Journée de l’Alabama, la naissance peu glorieuse d’un État américain

 

La Journée de l'Alabama (Alabama Statehood Day) est l’anniversaire de l'admission de l'Alabama dans l'Union en tant que 22e État, le 14 décembre 1819. Cette fête créée en 1923 en est à sa 100e édition, elle n’est toutefois ni un jour férié ni un jour chômé en Alabama. Cette journée de commémoration se fait discrète sur les conditions de création de cet État qui élimina les Indiens pour permettre d’installer une société esclavagiste où la moitié noire de la population n’avait aucun droit.

L’Alabama est issu d’une division de l’État du Mississippi. La transition de ce territoire au statut d'État a commencé en juillet 1819 avec une convention constitutionnelle tenue à Huntsville, elle a abouti le 14 décembre 1819 et le gouverneur du territoire, William Wyatt Bibb, est devenue le premier gouverneur de l'Alabama. La première capitale du nouvel État a été établie dans la ville de Cahawba, dans le comté de Dallas, là où la rivière Cahaba se jette dans la rivière Alabama.

Dans les années 1820 et 1830, l’Alabama a été la nouvelle frontière face à un Ouest non exploré. Son sol fertile a attiré de nombreux planteurs de coton qui sont venus avec leurs esclaves. Ainsi s’est constitué une Black Belt, une région dont l’économie est basée sur l’esclavage, ce qui amènera en 1861, l’Alabama à faire sécession et à se ranger du côté des confédérés (les États qui refusaient l’abolition de la traite des Noirs). En 1860, sur un million d’habitants, 45% étaient des esclaves.

Pour faire de la place aux immigrés d’origine européenne, il a fallu chasser de ce nouvel État les populations autochtones. Lorsque l'Alabama est devenu un État en 1819, ses habitants blancs attendaient avec impatience l'éventuelle expulsion des Indiens. Alors que les populations blanches augmentaient dans le Sud dans les années 1820, ils commencèrent à affirmer que les Indiens étaient racialement inférieurs et incapables de gérer les terres parce qu'ils considéraient la propriété foncière très différemment des Américains d’origine européenne. Les dirigeants des États ont commencé à insister sur le fait que les nations indiennes n’étaient pas vraiment souveraines et qu'elles occupaient des terres appartenant légitimement aux États. 

Entre 1817 et 1828, les Cherokees prirent des mesures pour éviter leur expulsion. Ils ont établi une capitale nationale à New Echota, et un système de gouvernement doté de pouvoirs législatifs, judiciaires et exécutifs. Ils ont codifié leurs lois, rédigé une constitution calquée sur celle des États-Unis et élu John Ross comme chef principal… Mais, en 1828, Andrew Jackson fut élu président des États-Unis en déclarant que l’expulsion des Indiens était une priorité nationale. Deux ans plus tard, le Congrès et Jackson ont approuvé l’Indian Removal Act, qui a donné au président l’autorité et les fonds nécessaires pour négocier des traités de « renvoi volontaire ». S’appuyant sur le soutien de Jackson, les législateurs des États du Sud, dont l’Alabama, ont adopté des lois sévères restreignant les droits et libertés des Indiens. Leur expulsion vers l’ouest s’est faite dans des conditions dramatiques. Les Cherokees ont perdu environ un quart de leur population de maladie, du fait de la malnutrition et des difficultés lors de leur déportation en plein hiver dans les montagnes.

« Heart of Dixie » est le surnom revendiqué par l’Alabama. Dixieland désigne les anciens États esclavagistes du Sud. L’actuelle capitale de l'Alabama : Montgomery, fut le berceau de la Confédération, cette coalition d’États du Sud qui refusaient l’abolition de l’esclavage et déclenchèrent la guerre de Sécession en 1861. Un passé auquel l’Alabama reste attaché, un siècle et demi plus tard, l’État a conservé un drapeau inspiré de celui des Conférés. Au milieu du XXe siècle, Montgomery sera aussi la ville des luttes contre la ségrégation. C’est la ville de Rosa Parks et de la Marche de Selma. L’Alabama est le premier des États du Sud à avoir voté une résolution exprimant de « profonds regrets » à propos de l'esclavage et de ses impacts tardifs, résolution que ratifia en 2007, le gouverneur de l’État lors d’une cérémonie au Capitole de l’Alabama. Ce qui n’empêche pas que ségrégation et racisme soit toujours la norme en Alabama. On est aujourd’hui au cœur de l’Amérique de Trump.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 décembre 2023

 

Modèle de plaque d’immatriculation de véhicule en Alabama, avec le drapeau de l’État et son surnom

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