11 septembre : le Nouvel An copte
Pour les coptes, les chrétiens d’Égypte, le 11 septembre, c’est Naurouz (ou Nayrouz), un mot emprunté à l’égyptien ancien qui signifie « eau vivifiante » ou « crue vivifiante », en signe des bienfaits apportés par le Nil à l’époque où il débordait chaque année au mois de septembre. En persan nayrouz (Norouz) signifie « le début de l'année».
Le calendrier copte est hérité de celui de l’Égypte ancienne. C’est l’un des plus anciens de l’Histoire. La nouvelle année des anciens Égyptiens coïncidait avec de l’arrivée des eaux du Nil à leur maximum. Après les fortes pluies de l’été sur les hauts plateaux éthiopiens, la crue du Nil atteignait son niveau le plus haut à la mi-septembre. Symboliquement la fête a été placée au 11 septembre. Jadis, on organisait de grandes festivités à l’échelle nationale qui ont été, plus tard, interdites par les Mamelouk.
Cette fête est toujours célébrée par la minorité copte d’Égypte, même si aujourd’hui les crues du Nil ont disparu. Ce fleuve qui a fait l’Égypte ayant été dompté par la construction du haut barrage d’Assouan, inauguré en 1971.
Les calendriers éthiopien et copte comptent 13 mois, dont 12 de 30 jours et à la fin de l’année, un mois intercalaire de 5 ou 6 jours selon qu’il s’agit ou non d’une année bissextile. Le nouvel an copte a été fixé le 29 août du calendrier julien, en retard de 13 jours sur le calendrier grégorien. Ce qui fait que l’année commence le 11 septembre du calendrier grégorien, ou le 12 septembre, les années bissextiles (grégoriennes). Le calendrier égyptien débute en 4240 av. J.-C. Mais les coptes décidèrent de le réformer et de le faire commencer au début du règne de Dioclétien, soit en l’an 284, en souvenir des millions de martyrs coptes. En 2021, on entre donc dans l’année 1738 de l’ère des martyrs.
La tradition veut qu’en ce jour, le 11 septembre, l’on mange des dattes et des goyaves. Des dattes parce que la couleur rouge foncé de leur peau rappelle le sang des martyrs et leur noyau dur leur conviction ferme et profonde. Des goyaves dont le cœur blanc est semblable au cœur des martyrs et les nombreuses graines comme le symbole du nombre élevé de martyrs.
Le calendrier copte commence par le règne de l’empereur romain Dioclétien qui débute en 284 ap. J.-C., année qu’ils appellent Anno Martyri (ère des martyrs), en raison des violentes persécutions durant cette période. De 292 à 295, les représailles sont terribles contre les Égyptiens qui se soulèvent et réclament leur indépendance. Puis, en 303, c’est l’édit de persécution contre les chrétiens qui donne lieu à de nouvelles vagues de morts violentes. Ce calendrier est resté en usage jusqu’en 1875, remplacé alors par le calendrier grégorien. Aujourd’hui, il n’est plus en usage que pour les fêtes religieuses coptes.
Ces dernières années, ce Nouvel An qui est aussi le Jour des martyrs a aussi été l’occasion de rendre hommage aux coreligionnaires tués par Daesh en Libye.
Pascal Mallen-Barret, extrait du livre Les 11 septembre, 2021
Crue du Nil jusqu’aux abords des pyramides, fin XIXe siècle (photo B. Livadas & Cousticos)