L’Almanach international

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2005, Pologne, catholiques, 2 avril Bruno Teissier 2005, Pologne, catholiques, 2 avril Bruno Teissier

2 avril : l’hommage des Polonais à leur pape

Ce soir, 2 avril, à 21h37 précise, de très nombreux Polonais vont observer une minute de silence à la mémoire du pape Jean Paul II, décédé le 2 avril 2005, au Vatican. Toutefois, le culte de Jean Paul II n’est plus aussi intense en Pologne qu’il ne le fut, en particulier auprès de la jeunesse qui reproche à l’Église catholique d’avoir soutenu des gouvernements particulièrement réactionnaires et anti-démocratiques.

 

Ce soir, 2 avril,  à 21h37 précise, de très nombreux Polonais vont observer une minute de silence à la mémoire du pape Jean Paul II, décédé le 2 avril 2005, au Vatican. Aujourd’hui, des messes sont dites dans toutes les villes de Pologne, des marches et processions sont organisées un peu partout ; ce soir, des veillée de prière sont prévues… Comme chaque année, des centaines de fidèles se rassemblent devant l’archevêché de Cracovie en bas de la «fenêtre papale», de laquelle Jean Paul II avait l’habitude de dialoguer avec la foule lors de ses huit visites en Pologne.

Il a été béatifié en 2011 par son successeur, puis canonisé en 2014 par le pape François, soit moins de dix ans après son décès. Un record. Karol Józef Wojtyła est un saint dont les reliques sont sorties chaque 2 avril en procession et s’il est un pays où il est toujours particulièrement vénéré, c’est la Pologne où il est né le 18 mai 1920. L’élection de l’archevêque Wojtyla à la papauté en 1978 avait donné à la population majoritairement catholique de la Pologne le courage de s’opposer ouvertement au régime communiste. Les Polonais lui en sont très reconnaissants. À l’échelle mondiale, il a donné un élan à son Église a pourtant été critiqué de son vivant pour son conservatisme et son indulgence à l’égard des dictatures d’extrême droite, pourvu qu’elles soient catholiques. Son bilan, pour l’avenir de l’église est aujourd’hui très discuté.

Mais, depuis quelque temps c’est en Pologne même que l’on critique celui qui fut l’archevêque de Cracovie. En 2023, la télévision polonaise révèle que Monseigneur Wojtyla savait que des prêtres sous son autorité agressaient sexuellement des enfants et qu’il a tout fait pour que l’on n’en sache rien. Le futur pape les a déplacés de paroisse en paroisse dans les années 1970. L’un d’eux a même été envoyé en Autriche, après qu’ils aient été accusés d’avoir agressé des mineurs.  Le 2 avril 2023, en réaction, une statue de Jean Paul II a été vandalisée, ses mains ont été couvertes de peinture rouge et le socle marqué d'une inscription "Maxima culpa" ("La plus grande faute »), qui est le titre du livre d’Ekke Overbeek à l’origine des révélations.

Même avant cette affaire, le culte de Jean Paul II n’était plus aussi intense en Pologne qu’il ne le fut, en particulier auprès de la jeunesse qui ne l’a pas connu. Ces révélations ont causé une grande émotion en Pologne, pays où une partie de la population a pris ses distances avec l’église accusée d’avoir soutenu pendant des années un gouvernements particulièrement réactionnaire et anti-démocratique. Ce dernier a perdu les élections de novembre 2023 et son principal soutien, le PiS (Droit et Justice) est aujourd’hui dans l’opposition.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er avril 2024

Marche dans Varsovie à l’occasion du 18e anniversaire de la mort de Jean-Paul II

 
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2005, Liban, assassinat, 14 février Bruno Teissier 2005, Liban, assassinat, 14 février Bruno Teissier

14 février : le souvenir lointain de Rafic Hariri

Le 14 février est un jour férié au Liban. Mais qui se souvient de Rafic Hariri, symbole du renouveau économique du pays, alors que le Liban est aujourd’hui ruiné et plus divisé que jamais ? Son assassinat spectaculaire, opéré par des forces pro-syriennes, avait pourtant choqué le monde entier. Pour ce 19e anniversaire son fils est de retour à Beyrouth, parviendra-t-il à sortir le Liban de sa dérive mortifère ?

 

L’annonce de son assassinat spectaculaire, le 14 février 2005, dans une attaque terroriste (environ 1 800 kilogrammes de TNT explosant alors que son cortège traversait Beyrouth) avait provoqué un sursaut démocratique, une « révolution du cèdre » annonciatrice d’un nouveau Pacte national qui scellerait — enfin — la vraie réconciliation nationale après quinze ans de guerre civile… Cet élan appartient à l’histoire ancienne.

Le 14 février est un jour férié au Liban. Mais qui se souvient de Rafic Hariri, symbole du renouveau économique du pays, alors que le Liban est aujourd’hui ruiné, et plus divisé que jamais ? Même dans son fief de Saïda la commémoration de la mort d’Hariri se fait chaque année un peu plus discrète. Le pays n’a plus de président depuis octobre, il est menacé d’une guerre avec son voisin. Le courant politique que représentait Rafic Hariri est aujourd’hui marginalisé, son fils Saad Hariri, a quitté la vie politique en 2021, mais ce dernier est de retour à Beyrouth pour ce 14 février 2024 à l’occasion du 19e anniversaire de la mort de son père.… Certains se prennent à rêver à un retour au pouvoir du Courant du futur, pro Hariri. Pour l’heure, ce sont les milieux pro-syriens, et profondément anti-israéliens, ceux-là mêmes qui ont fomenté l’assassinat d’Hariri, qui se sont imposés à la tête d’un pays à la dérive.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 février 2024

Le mémorial de la place des Martyrs

 
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Tunisie, 2005 Bruno Teissier Tunisie, 2005 Bruno Teissier

13 mars : la Tunisie célèbre la liberté de la Toile

Il y a 14 ans décédait d’une crise cardiaque à l’âge de 36 ans, Zouhair Yahyaoui, le plus célèbre des cyber-dissidents au régime du président Ben Ali…

 

Il y a 14 ans décédait d’une crise cardiaque, à l’âge de 36 ans, Zouhair Yahyaoui, le plus célèbre des cyber-dissidents au régime du président Ben Ali. Fondateur du journal en ligne Tunezine, il a sans relâche dénoncé la corruption et la répression du pouvoir tunisien de l’époque, jusqu’au jour de son arrestation par des hommes en civil dans un cyber café de la capitale. C’était en 2002, après un procès expéditif, il est condamné pour « propagation de fausses nouvelles ». Emprisonné pendant un an et demi, il est régulièrement torturé. Sa famille tout entière est persécutée et son journal fermé peu après sa mort. Usé par sa détention, il est mort le 13 mars 2005.

En 2012, sept ans après son décès, un an après la chute du dictateur, le président Moncef Marzouki, accompagne ses proches sur sa tombe. Zouhair Yahyaoui est décoré à titre posthume par l’État tunisien et le jour anniversaire de sa mort est décrété Journée nationale de la cyber-liberté. Au niveau international, une Journée mondiale contre la cyber-censure a été marquée hier, 12 mars. Elle a été créée en 2008 à l’initiative d’Amnesty International et de Reporters sans frontières. Elle vise plus particulièrement l'Arabie saoudite, la Birmanie, la Chine, la Corée du Nord, Cuba, l'Égypte, l'Iran, l'Ouzbékistan, la Syrie, la Turquie, le Turkménistan, le Vietnam. 

Le 13 mars 3017, la poste tunisienne a émis un timbre à l’effigie de Zouhair Yahyaoui.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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