L’Almanach international
Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde
12 janvier : Yennayer, le Nouvel an des Kabyles
En Algérie, chez les Kabyles, nous sommes le 1er jour de l’année 2973 du calendrier amazigh (berbère) qui débute en 950 av. J.-C., date de la victoire du roi berbère Chachnaq sur le pharaon Ramsès III. On appelle ce nouvel an Yennayer. Cette fête antérieure à l’arabisation et à l’islamisation du pays connaît aujourd’hui un net regain d’intérêt dans tout le Maghreb berbère comme dans la diaspora européenne.
Yennayer est fêté chaque année comme le nouvel an berbère. En Algérie, les Kabyles ont fini par obtenir un jour férié et chômé pour cette fête fixée le 12 janvier, même si certains mouvements chaoui, dans les Aurès préfèrent le fêter le 14 janvier. De leur côté, les Berbères marocains ont réclamé eux aussi un jour férié pour cette célébration, mais c’est la date du 13 janvier qui a été choisie, comme en Libye ou dans le Sud tunisien.
Là où il y a consensus, c’est que ce 12, 13 ou 14 janvier 2025, nous entrons dans l’année 2975 du calendrier amazing (berbère). Celui-ci est bien plus ancien que ceux des musulmans ou des chrétiens et il est également bien antérieur à l’arabisation du Maghreb. Ce calendrier débute en 950 av. J.-C., date de la victoire du roi berbère Chachnaq sur le pharaon Ramsès III. Chachnaq (sous le nom de Sheshonk 1er) est le fondateur de la 22e dynastie pharaonique d’Égypte.
Ce nouvel an berbère est appelé Yennayer (ⵢⴻⵏⴰⵢⴻⵔ), un mot dérivé de İanuarius (janvier en latin). Mais comme, en amazing, ⵢⴰⵏ (yen) est l’une des formes possibles du chiffre un, le terme s’est imposé comme appellation du Jour de l’an berbère.
Comme beaucoup de fêtes de fin ou de début d’année, Yennayer était en lien avec le solstice d’hiver et les phénomènes naturels qui marquent le renouveau. La date du Yennayer est basée sur le calendrier julien qui avait cours dans l’Antiquité. Avec le temps, un décalage s’est produit avec le calendrier grégorien qui a été adopté à l’international, sauf par quelques Églises, comme celle de Russie qui célèbre le nouvel an le 14 janvier.
La date du 12 janvier, retenue par les associations culturelles kabyles repose, en fait, sur une erreur de conversion qui n’a jamais été corrigée. Au XIXe siècle, le décalage des deux calendrier n’était que de 12 jours. Qu’importe, cette date fait aujourd’hui partie du patrimoine et de l’identité algérienne. En 2017, Yennayer a fini par être officiellement reconnu en Algérie comme « jour de fête nationale », chômée et payée. Un progrès, même s’il est encore interdit de manifester avec le drapeau berbère ! En Algérie, les autorités attachées à l’identité exclusivement arabo-musulmane du pays, ont longtemps ignoré et même rejeté, ces festivités. Cette fête du nouvel an, qui connaît aujourd’hui un net regain, est l’occasion pour une population qui se sent oubliée d’affirmer son amazighité, en Algérie, en France ou ailleurs. Chaque année, les islamistes lancent une campagne contre la célébration de Yennayer, déclarant cette fête illicite (haram) ce qui n’empêche pas cette fête de nouvel an d’être de plus en plus populaire.
« Qui célèbre yennayer éloigne le mauvais œil et les infortunes » dit un adage populaire. Aussi, ne manque-t-on pas de commencer les festivités en égorgeant un animal, généralement un coq fermier, histoire d’éloigner le malheur de la maison. Ce coq sera consommé la veille de Yennayer dans un plat unique lors d’un dîner (Imensi n’Yennayer) où la famille se retrouve au grand complet. On a pour habitude de laisser une ration et une cuillère pour l’absent quel qu’il soit, parent éloigné ou pauvre de passage. Le lendemain, on continuera à faire ripaille avec des plats traditionnels mais sans viande cette fois. S’ajoutent d’autres rites plus ou moins liés, eux aussi, à la fécondité ou à la prospérité, tel le fait de célébrer un mariage ce jour-là, de changer le mobilier de la maison pour accueillir d’heureuses nouvelles ou encore de planter des tiges de laurier-rose dans les champs de culture qui vont éloigner les parasites et garantir de bonnes récoltes.
Aseggas amimun, ameggaz, yeh’lan, ighudan, ifulkin…, Bonne année !
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 janvier 2025
Le drapeau berbère, toujours interdit d’usage en Algérie
11 janvier : la journée allemande de la pomme
Lancée en 2010 par l'Association fédérale des producteurs de fruits et légumes dans le cadre d'une campagne pour encourager les gens à soutenir les producteurs locaux, la Journée allemande de la pomme est célébrée par la distribution de centaines de milliers de pommes dans cinq grandes villes allemandes.
Lancée en 2010 par l'Association fédérale des producteurs de fruits et légumes (Bundesvereinigung der Erzeugerorganisationen Obst und Gemüse) dans le cadre d'une campagne pour encourager les gens à soutenir les producteurs locaux, la Journée allemande de la pomme (Tag des deutschen Apfels) est célébrée par la distribution de centaines de milliers de pommes dans cinq grandes villes allemandes.
En fait, le choix du 11 janvier n'a aucun lien temporel ou historique avec ce fruit : ce n'est pas une période de floraison, pas une période de récolte, c’est juste une date après les fêtes, où il est bon de revenir à la consommation des produits les plus simples. La pomme est de loin le fruit le plus populaire en Allemagne qui en consomme 25 kg par an et par habitant (16 kg en France). L’Allemagne qui en est le premier importateur mondial, veut aussi promouvoir sa production locale.
L’Allemagne n’est pas la seule à fêter les pommes. En Autriche, c’est le deuxième vendredi de novembre et au Royaume-uni, chaque 21 octobre. En France, un jour de la pomme avait été institué chaque 1er brumaire, premier jour du mois de brumaire du calendrier républicain ou révolutionnaire français, équivalant généralement à chaque 22 octobre du calendrier grégorien, mais qui n’est pas fêté, bien qu’il corresponde à la pleine saison des pommes.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 janvier 2024
10 janvier : les Malouines célèbrent Margaret Thatcher
Ce jour férié local ne fête pas l’anniversaire de la victoire des troupes anglaises sur les Argentins en 1982, mais celui de la visite de Margaret Thatcher aux Îles Malouines (Falkland Islands), le 10 janvier 1983, six mois après sa victoire.
Il ne s’agit pas de célébrer l’anniversaire de la victoire des troupes anglaises sur les Argentins en 1982, fêtée chaque 14 juin, mais la visite de Margaret Thatcher aux Îles Malouines (Falkland Islands), le 10 janvier 1983. L’événement était considérable au point que le gouvernement local a créé un jour férié le Margaret Thatcher Day pour en garder la mémoire.
Partout dans l’archipel, Mme Thatcher a été accueillie par des foules enthousiastes. Certains insulaires pleuraient et la qualifiaient de libératrice. Ils la comparent au grand commandant de la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill. Dans la ville de Stanley, un buste en bronze de Margaret Thatcher créé par le sculpteur et taxidermiste local Steve Massam, sur Thatcher Drive, à côté du mémorial de la libération de 1982.
Dévoilé pour Thatcher Day, le 10 janvier 2015, le buste commémore le rôle de la Premier ministre britannique dans la guerre des Malouines. La plaque de laiton en dessous porte ses paroles du 3 avril 1982 : « Ils sont peu nombreux, mais ils ont le droit de vivre en paix, de choisir leur propre mode de vie et leur allégeance ». En effet, hormis une petite minorité chilienne (et non argentine) et quelques familles d’ascendance française, les 3200 habitants de l’archipel sont presque tous d’origine britannique ou scandinave. Ils n’ont jamais souhaité voir leur archipel rattaché à l’Argentine en dépit de la proximité géographique.
Cette dernière a fait plusieurs tentatives pour « récupérer » un territoire qu’elle n’a en fait jamais vraiment occupé. En 1981, le dictateur Leopoldo Galtieri, pensait s’offrir la popularité qui lui faisait défaut avec une guerre victorieuse. Beaucoup de régimes autoritaires ont cette tentation. Ce général putschiste a décidé d’envoyer l’armée argentine envahir l’archipel mais celle si s’est heurtée à la très vive réaction de la Première ministre britannique Margaret Thatcher dont les troupes ont écrasé les Argentins et, par la même occasion, provoqué la chute de la dictature militaire argentine. Six mois après sa victoire, la Dame de fer rendait visite aux Malouins.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 janvier 2024
Trente ans après sa visite, les îles Malouines ont émis quatre timbres-poste à l’occasion du décès de Lady Margaret Thatcher. Le deuxième évoque la fameuse visite de 1983.
8 janvier : le jour où les Japonais deviennent adultes
Le passage symbolique des Japonais à l’âge adulte est une affaire qui concerne le pays tout entier puisque ce jour est férié au Japon. Les jeunes ayant 20 ans dans l’année sont invités par la mairie à une grande cérémonie… Depuis 2022, ils sont toutefois majeurs dès 18 ans, mais avec quelques restrictions…
Les Japonais sont parmi les derniers à devenir totalement adultes. Depuis 2022, la majorité leur est accordée à l’âge de 18 ans, contre 20 ans auparavant. Mais boire de l’alcool et de fumer leur reste interdit jusqu’à 20 ans, tout comme la possibilité à participer à des jeux d’argent et des paris légaux.
D’ailleurs, leur passage symbolique à l’âge adulte se fait toujours à l’âge de 20 ans. Depuis 1876, c’est une affaire qui concerne le pays tout entier puisque ce 8 janvier est férié au Japon, comme chaque premier lundi de l’’année.
Les jeunes ayant 20 ans dans l’année sont invités par la mairie à une grande cérémonie. Dans les grandes villes, ces rassemblements peuvent réunir plusieurs milliers de jeunes gens. Le stade est alors nécessaire, s’il est couvert car il peut faire très froid à cette saison, ou le palais des congrès. Pas de problème pour répondre présent, la journée est chômée. Elle commence par une visite au temple, avant un repas en famille ou entre copain(e)s. Le cérémonial de ce rite initiatique est inchangé depuis des décennies.
Les filles portent de magnifiques kimonos, loués pour l’occasion, le forfait comprend aussi la séance de maquillage et de coiffure. Les garçons, eux, sont presque toujours habillés d’un costume à l’occidentale, strict et sombre cela va de soi. À partir de 20 ans les jeunes Japonais peuvent boire de l’alcool... mais la sagesse reste de mise en cette journée très particulière appelée Seijin no Hi ( 成人の日 ).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 janvier 2024
7 janvier : l’Italie fête son drapeau tricolore
L’évènement est récent, la Fête du Tricolore a été célébrée pour la première fois en 1997 à Reggio Emilia à l’occasion du bicentenaire de son adoption. C’est en effet, le 7 janvier 1797 que la très éphémère république Cispadane, puis du futur royaume d’Italie.
L’évènement est récent, la Fête du Tricolore (Festa del Tricolore) a été célébrée pour la première fois en 1997 sous le nom de Jour du drapeau national (Giornata Nazionale della Bandiera) à Reggio Emilia à l’occasion du bicentenaire de son adoption. C’est en effet, le 7 janvier 1797 que la très éphémère république Cispadane, créée par Napoléon lors de sa conquête de la péninsule, a adopté le drapeau qui sera plus tard celui de l’Italie. Ce n’était pas sa toute première apparition, puis que ce drapeau calqué sur celui de la France révolutionnaire a été arboré dès 1789 par des soutiens italiens de ce qui se passait alors en France.
Le drapeau tricolore fut montré pour la première fois à l'étranger, en 1797, à Vienne par le représentant de la République cispadane, le comte Ferdinando Marescalchi, après le traité de Campo Formio. Considéré comme un symbole révolutionnaire, il fut critiqué et a même suscité des menaces d'attentats contre la résidence du diplomate. Il aurait pu disparaître avec la fin de la petite république, le 29 juillet 1797, si Carlo Alberto, roi de Sardaigne, n’avait compris que ce drapeau tricolore, avec les armoiries de Savoie, était le meilleur symbole de l’unité nationale pour lutter contre l’Autriche et faire naître l’Italie. C’est donc sous cette bannière que s’est fait le Risorgimento au milieu du XIXe.
Le drapeau actuel, dépouillé de toutes armoiries a été adopté par la république en juin 1946, il sera confirmée plus tard dans l'article 12 de la Constitution sans que sa couleur précise ne soit notée. Ce n’est qu’en 2006 qu’une commission parlementaire finit par établir le codage des couleurs avec les codes Pantone suivants : vert fougère (17-6153 TCX), blanc brillant (11-0601 TCX) et rouge écarlate (18-1662 TCX).
À Reggio Emilia, sur la place Pramolini, la cérémonie débute à 10h., en en présence du maire, Luca Vecchi, ainsi que des autorités civiles et militaires. Les honneurs militaires sont rendus aux autorités, avant la levée du drapeau et le chant de l'hymne national. Après le discours du maire (à 10h45), le soir un concert est donné dans la Salle du Tricolore, attenante du Musée du Tricolore.
Ce dimanche 7 janvier 2024, pour la Fête du Tricolore , la relève de la garde d'honneur sous forme "solennelle" se déroule à partir de 15h sur la Piazza del Quirinale, avec le déploiement et le défilé du Régiment de Cuirassiers et la Fanfare du IV Carabinieri.
Ce même jour, les associations de Combat et d'Armes de la Ville de Vittorio Veneto, à l'occasion de son 227e anniversaire, célèbrent elles aussi la Fête Tricolore. La cérémonie se déroule ce dimanche, à 11 heures au sanctuaire des Drapeaux, sur la Piazza Foro Boario. La levée solennelle du drapeau est suivie d'un discours à cette occasion.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 janvier 2024
Le Président de la République Sergio Mattarella lors de son entrée dans la Sala del Tricolore à l'occasion du 220e anniversaire de la naissance du Premier Tricolore, en 2017. (source : quirinale.it)
6 janvier : au Groenland, pour Mitaarfik, on s’effraie avec humour
La fête des Mitaartut, célébrée le 6 janvier, au Groenland, est un mélange de culture indigène inuit et d'influence danoise. C’est une sorte de carnaval nocturne qui fait penser à Halloween, il s’agit avant tout d’effrayer, mais avec humour, un sens de la moquerie qui manque à la fête américaine.
La fête des Mitaartut, célébrée le 6 janvier, au Groenland, est un mélange de culture indigène inuit et d'influence danoise. C’est une sorte de carnaval nocturne (à cette saison, c’est la nuit) qui fait penser à Halloween, il s’agit avant tout d’effrayer, mais avec humour, un sens de la moquerie dont la fête américaine est dénuée.
Le 6 janvier marque l’Épiphanie (Kunngit Pingasut Ulluat en groenlandais), une fête chrétienne qui rend hommage au baptême de Jésus. Au Groenland, c'est aussi le jour principal de Mitaarfik, qui commence généralement la veille au soir. Cette tradition vieille de plusieurs siècles est basée sur la culture inuite et scandinave et a été célébrée à travers de nombreuses générations pour marquer la nouvelle année. Mitaarfik implique des performances principalement silencieuses, dirigées par un groupe de personnages appelés mitaartut (mitaartoq au singulier) qui portent des masques et effrayent ou taquinent les passants. Mitaarfik a été influencé par le christianisme (introduit au Groenland en 1721), comme les performances muettes impliquées dans la représentation scandinave des Trois Saints Rois.
« Les Mitaartut sont des spectacles masqués silencieux qui rendent visite aux familles dans de nombreuses villes et colonies du Groenland peu après le Nouvel An, généralement à l'occasion de l'Épiphanie, le 6 janvier. Ces personnages mystérieux, appelés « mitaartoq » au singulier, frappent aux portes, entrent dans les maisons et communiquent sans paroles. Au lieu de cela, ils utilisent des gestes et des mouvements humoristiques qui correspondent à leurs déguisements. Les gens se moquent et se moquent souvent des choses amusantes que fait Mitaartut, mais ces acteurs discrets restent fidèles à leurs personnages.
À la fin de leur visite, les Mitaartut sont récompensés par des friandises telles que des gâteaux, des bonbons et des cigarettes. Mitaarneq , se traduit par « couper le visage », ce qui fait référence à la pratique consistant à étaler de la suie sur le visage et à le déformer avec des ficelles tendues d'une oreille à l'autre lorsque les masques ne sont pas utilisés. Les participants présentent également une variété de costumes et de masques imaginatifs, imitant parfois même des œuvres d'art célèbres comme Le Cri d'Edvard Munch. Les masques représentent un mélange d'esprits effrayants traditionnels et de thèmes contemporains, reflétant à la fois l'héritage culturel et les influences modernes. » Source l’Office du tourisme groenlandais.
Mitaarfik s’est implanté plus récemment à l’est du Groenland ou la fête a fait revivre certaines des anciennes coutumes comme Uaajeerneq, où les individus dansaient en représentation de diverses figures et animaux mythiques. L'Uaajeerneq est une ancienne tradition de danse du tambour et de spectacle dramatique où se mêlent l’humour et la peur.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 janvier 2025
#Kalaaliungaarama
5 janvier : en Serbie, c'est Tucindan, on tue le cochon
Selon le calendrier traditionnel serbe, c’est l’avant-veille de Noël, autrefois par tradition, on tuait le cochon.
La Serbie, à l’instar de la Russie, fait partie de ces pays où l’on fête encore Noël Elon l’ancien calendrier (celui de Jules César), par conséquent ce 5 janvier du calendrier grégorien, correspond pour les Serbes à l’avant-veille de Noël. Aujourd’hui, c’est Tucindan (Туциндан) qui signifie le « jour du massacre ».
La Serbie qui détient le record européen du nombre d’armes en circulation par habitant, souffre d’une violence endémique contre laquelle l’opposition politique se mobilise. D’ailleurs, la coalition d’opposition au régime du président Aleksandar Vucic s’appelle « Serbie contre la violence ». Elle s’est mobilisée notamment pour réagir à de récent massacre dans des écoles. Malheureusement, le trucage des élections du 17 décembre 2023 a permis une fois de plus au président d’extrême droite de rester au pouvoir.
Mais aujourd’hui, c’est fête, le massacre dont il est question est celui des cochons. D’ailleurs de violence, il ne sera pas du tout question aujourd’hui. Selon la tradition, on ne doit pas punir les enfants pour leur mauvaise conduite. On pense que la punition de Tucindan rendra les enfants méchants pendant une année entière.
Traditionnellement, dans les campagnes on tuait le cochon qui sera consommé le jour de Noël. La fête, comme tout ce qui entoure Noël, a d’évidentes racines païennes. Aujourd’hui, Serbes servent du cochon de lait ou de l'agneau fraîchement abattu comme plat principal lorsqu'ils servent une table de fête. Mais, ils peuvent aussi être remplacés par une oie au four ou de la dinde farcie.
Il existe des coutumes semblables en Croatie, Macédoine, au Monténégro, en Bulgarie… sous le nom de Straži dan , ou Zdraži dan (le jour de la veille) mais qui sont observées le 23 décembre (du calendrier grégorien).
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 janvier 2024
4 janvier : le petit peuple Ogoni face aux multinationales
Les Ogonis forment un petit peuple d’un million et demi de personnes tout au plus, qui a réussi à chasser les compagnies pétrolières ravageant son territoire, tout en bravant la répression du mouvement nigérian. L’Ogoniland est aujourd’hui libre de multinationale mais son territoire est, hélas, détérioré pour très longtemps.
Les Ogonis ne forment d’un petit peuple d’un million et demi de personnes tout au plus. Si ce peuple du sud du Nigéria est connu, dans un pays qui en compte des dizaines, c’est qu’ il a réussi à chasser les compagnies pétrolières ravageant son territoire, l’Ogoniland, à peine plus de 1000 km2. Ce fut perçu comme l’une des premières victoires d’un mouvement altermondialiste.
Royal Dutch Shell a commencé à produire du pétrole dans le delta du Niger en 1958. En 1970, les chefs Ogoni ont remis une pétition au gouverneur militaire local pour se plaindre de Shell et de BP qui exploitaient conjointement des puits de pétrole situés sur leur territoire. Selon la pétition, l’entreprise « menaçait sérieusement le bien-être, voire la vie même » des Ogoni. Cette année-là, une éruption majeure s’était produite au champ pétrolifère de Bomu. Cela a duré trois semaines, provoquant une pollution et une indignation généralisées. Protestation sans résultat pendant des années. Les Ogonis seront néanmoins imités par d’autres peuples de la région, notamment les Ikos qui eux aussi se plaignent de Schell.
Entre 1976 et 1991, il y a eu près de 3 000 marées noires totalisant plus de 2,1 millions de barils de pétrole déversé dans le pays Ogoni, ce qui a eu un effet catastrophique sur l'écologie de la région. Au début des années 1990, menés par l’écrivain Ken Saro-Wiwa, les Ogonis ont commencé à chercher des soutiens internationaux. En décembre 1992. Ils ont exigé le paiement de 10 milliards de dollars de compensation dans un délai d'un mois, menaçant de perturber les opérations des compagnies pétrolières si elles ne se conformaient pas. En réponse, le gouvernement du Nigéria a interdit les rassemblements publics. Bravant cette interdiction, le 4 janvier 1993, 300 000 Ogonis se sont tout de même rassemblés pour manifester. C’est l’anniversaire de cette Journée des Ogonis (Ogoni Day) qui est fêté aujourd’hui.
En effet, après cette énorme manifestation et sa répercussion internationale, Shell a suspendu définitivement ses activités pétrolières en territoire ogoni, pourtant situé dans l'une des trois régions les plus riches en pétrole d'Afrique. Cette perte sèche, à l'époque, de plus de 30 % de la production de brut nigérian provoque une très vive réaction du président du Nigéria, Sani Abache : quelque 3 000 Ogonis vont mourir des suites des violences policières et militaires.
Le 10 novembre 1995, l’écrivain et militant écologiste nigérian Ken Saro-Wiwa et huit compagnons d'infortune ont été exécutés par la junte du président Sani Abacha à l’issue d’un procès inique. Fondateur du Mouvement pour la survie du peuple ogoni (Mosop) au début des années 1990, Ken Saro-Wiwa avait alerté l’opinion mondiale sur les désastres écologiques liés à l’exploitation du pétrole dans le delta du Niger, fédérant autour de lui des dizaines de milliers de personnes notamment dans des communautés ogonis peu habituées jusque-là à manifester pour leurs droits.
Les multinationales pétrolières sont partis, il y a maintenant trois décennies mais les Ogonis subissent toujours les dommages collatéraux de l’exploitation énergétique : une pollution massive des nappes phréatiques, des champs agricoles et des zones de pêches, à laquelle s'ajoute un air vicié par les émanations de gaz. Résultat, en 2024, les conditions de vie sont toujours aussi difficiles dans cette partie du delta du Niger. Une campagne de dépollution a été officiellement relancée par Abuja en 2016, mais il faudra des décennies pour obtenir des résultats tangibles.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 janvier 2024
3 janvier : l’anniversaire de l’assassinat de Qassem Soleimani
À Bagdad et à Téhéran, on commémore l’assassinat de Qassem Soleimani, un général iranien considéré comme l’architecte de la politique expansionniste de l’Iran dans la région, qui fut éliminé sur ordre de Donald Trump.
Cet anniversaire est célébré en Irak et en Iran dans le contexte très particulier de la guerre de Gaza, alors que la veille un tir ciblé israélien a éliminé le numéro du bureau politique du Hamas, dans la banlieue de Beyrouth.
C’est dans la banlieue de Bagdad que Qassem Soleimani a été tué. Ce général iranien est l’architecte de la politique expansionniste de l’Iran dans la région et le Hamas est considéré comme l’un des pions de Téhéran. L’Irak a déjà organisé des cérémonies fin décembre, mais ce mardi des milliers de partisans de diverses factions armées irakiennes, sont appelées à manifester pour célébrer le leader disparu et dénoncer la présence américaine stationnée en Irak.
Le 3 janvier 2020, sur ordre de Donald Trump, un drone armé a pulvérisé le véhicule où se trouvaient Soleimani, architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient et Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro 2 du Hachd al-Chaabi, coalition de factions intégrées à l'État irakien. L’attaque a eu lieu de nuit sur une route de l'aéroport international de Bagdad,
À Téhéran, le guide suprême Ali Khamenei a reçu samedi la famille du général iranien tué, en présence du commandant des Gardiens de la Révolution et du chef de la force Qods, unité d'élite chargée des opérations extérieures, autrefois dirigée par Soleimani.
Il y a quelques jours, le porte-parole du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI), Ramazan Sharif déclarait que les massacres du 7 octobre étaient « une des représailles » pour l’assassinat de Soleimani. Il l’a fait dans une déclaration sur la mort d’un autre haut responsable, tué plus tôt cette semaine, lors d’une frappe aérienne que l’Iran a imputée à Israël. Il s’agit du général de brigade Razi Mousavi,chef du CGRI, « compagnon » de Soleimani, tué dans une frappe contre sa maison à Damas, le 25 décembre 2023.
Comme quoi l’élimination de cadre du Hamas pourrait se faire sans massacrer tout un peuple !
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 janvier 2024
Mise à jour 3 janvier : Cent trois personnes ont été tuées dans le sud de l’Iran par une double explosion, mercredi 3 janvier, près de la tombe du général Ghassem Soleimani, dont le pays célèbre le quatrième anniversaire de la mort, a rapporté la télévision d’Etat. (Le Monde.fr)
Le président Ebrahim Raisi s'exprimant lors de la première commémoration de la mort de Qasem Soleimani
2 janvier : la caravane de la liberté, pèlerinage castriste à Cuba
À Cuba, on fête le Jour de la Victoire, anniversaire du jour de 1959 où les forces de Fidel Castro ont pris Santiago de Cuba En hommage à cette génération qui a triomphé, des jeunes de tout le pays empruntent la même route chaque mois de janvier, jusqu’à Pinar del Río.
Hier, 1er janvier, le régime cubain a célébré le Triomphe de la Révolution (ou Jour de Libération), qui rappelle le jour où le dictateur Fulgensio Batista a fui le pays. Aujourd’hui, 2 janvier, on fête le Jour de la Victoire (Día de la Victoria), anniversaire du jour de 1959 où les forces de Fidel Castro ont pris Santiago de Cuba et les forces de Camilo Cienfuegos ainsi que de Che Guevara sont entrées dans La Havane. Ces deux jours sont fériés et chômés à Cuba. Ils sont marqués par des défilés militaires, des feux d'artifice.
Chaque 2 janvier, des jeunes cubains empruntent le même itinéraire. Les véhicules qui transportaient les hommes barbus ont commencé leur voyage à Santiago de Cuba le 2 janvier 1959, parcourant toutes les provinces du pays jusqu'à leur arrivée à Pinar del Río le 17 janvier. En hommage à cette génération qui a triomphé, des jeunes de tout le pays empruntent la même route chaque mois de janvier, la Route de la liberté (la Ruta de la liberta). L’itinéraire par l'ancienne caserne Moncada, aujourd'hui aujourd’hui transformée en école, Ciudad Escolar 26 de Julio. Elle fut la première forteresse militaire transformée en école par le gouvernement révolutionnaire.
L'itinéraire de plus de mille kilomètres suivi par l'Armée rebelle et dirigé par Fidel est réédité chaque mois de janvier, traverse Granma, Holguín, Camagüey, Ciego de Ávila, Villa Clara, Cienfuegos, Matanzas, pour atteindre La Havane le 8 janvier, où des festivités sont prévues. La Caravane de la Liberté poursuivra ensuite sa route jusqu’à Pinar del Río, la province la plus occidentale de l’île. Le régime cubain n’en finit pas de cultiver la mémoire de ses fondateurs.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er janvier 2024
1er janvier : la Rose Parade de Pasadena, le nouvel an à l’américaine
Cette année, c’est la la 135e édition de la Rose Parade (la parade des roses), également connue sous le nom de Tournament of Roses Parade (le tournoi des roses), un défilé annuel qui se déroule à Pasadena, une banlieue aisée de Los Angeles.
Cette année, c’est la la 135e édition de la Rose Parade (la parade des roses), également connue sous le nom de Tournament of Roses Parade (le tournoi des roses), un défilé annuel qui se déroule à Pasadena, une banlieue aisée de Los Angeles.
C’est le défilé le plus populaire des États-Unis. L’événement est retransmis par les chaînes de télévision nationales et internationales. Après le défilé, à 13h30 se joue le match de football universitaire appelé Rose Bowl dont c’est la 110e édition.
Cette parade a lieu chaque année le 1er janvier à 8h du matin, sauf lorsque le Nouvel An tombe un dimanche, elle a alors lieu le 2 janvier. Le défilé part du boulevard Orange Grove et parcourt 8 kilomètres jusqu'à atteindre Villa Street (à la hauteur du boulevard Sierra Madre). Il faut s'assurer d'un bon endroit pour voir les chars. Les gens réservent généralement leur place sur le trottoir la veille du défilé. Il est également possible de payer pour obtenir une place en tribune. Car le nombre de spectateurs peut atteindre le million, comme cela a été le cas en 2004. Avec fanfares, majorettes et célébrités, souvent de second rang, ce grand défilé costumé, n’échappe pas au mauvais goût, il reste un marqueur identitaire du folklore californien..
Chaque année un thème est défini, pour ce début 2024 c’est « Célébrer un monde de musique : le langage universel », et le carnaval se dote d’un maréchal, cette année, c’est l'actrice et chanteuse, Audra McDonald, l’une des stars de Broadway.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 31 décembre 2023
31 décembre : quelques réveillons d’exception pour la Saint-Sylvestre
La plage de Copacabana, Time Square, l’opéra de Sydney… sont autant de ceux emblématiques du Nouveau An selon le calendrier grégorien auquel presque tout le monde se plie, même l’Arabie saoudite pour la quatrième année consécutive.
Les premiers à quitter 2024 seront les Néo-Zélandais et les Australiens, précédés de peu par les archipels du Pacifique Sud. Pour l'occasion, Sydney organise un gigantesque feu d'artifice (plus de 80 000 fusées), tiré depuis le Harbour bridge. Ce spectacle est visible à 15 km à la ronde. Simultanément, des bateaux illuminés paradent dans le port. La fête se poursuit en plein air (on est dans l'hémisphère sud, donc en été) et dure toute la nuit.
Au Japon, dans la nuit du 31 décembre, des milliers de personnes visitent les sanctuaires shintô ou bouddhiste. Le premier service religieux de l’année commence à minuit. Au sanctuaire Yasaka, situé à Gion, on y vient pour prier pour la santé et le bonheur pour l'année à venir lors de la cérémonie un feu sacré est allumé. Les visiteurs ramèneront chez eux la flamme sacrée.
En Russie, l’usage veut que l’on allume la télévision pour écouter les vœux du dictateur du moment. La tradition très convenue remontant à l’époque de à Brejnev, mais elle réserve parfois des surprises : c’est dans son discours du Nouvel An le 31 décembre 1999 que Elstine annonça qu'il quittait la présidence, ouvrant ainsi la voie à l’indéboulonnable Poutine. À minuit, tout le monde écoute les 12 carillons de la tour Spasskaïa du Kremlin, retransmis à la télévision. C’est à ce moment-là que tout le monde trinque.
Même l’Arabie saoudite qui a longtemps méprisé le calendrier occidental, s’est mise, depuis 2019, à organiser des festivités de nouvel an qui se veulent spectaculaires. Cette année, promotion touristique oblige, c’est Diriyah qu’il convient d’assister à un feu d'artifice spectaculaire qui illuminera le ciel nocturne de la cité où la famille Saoud a ses racines. Mais Riyad et Jeddad ne sont pas en reste pour leur quatrième fête du Nouvel an selon le calendrier grégorien.
Le dernier jour de l'année, plus de deux millions de personnes se rassemblent sur la plage de Copacabana (à Rio de Janeiro) pour accueillir 2024. Beaucoup sont vêtues de blanc, selon les usages de l’umbanda. La fête commence à 20h. On vient assister à des concerts et à l’impressionnant feu d'artifice qui remplit le ciel de lumière et de couleurs.
À New York, le 31 décembre dès 17h, Times Square regorge déjà de monde attendant le grand moment. Un million de personnes du monde entier verront en direct comment tombe la boule géante recouverte de cristaux colorés. Le compte à rebours débute par la descente du Big Ball (Ball Drop), qui commence à descendre une minute avant minuit. Lorsqu'il atteint le fond, il explose avec des milliers de confettis et de feux d'artifice. La tradition veut que l’on s’embrasse tout le long du compte à rebours. Il est possible d'écrire un vœu sur l'un des confettis qui sont lancés à Times Square en l'inscrivant au préalable sur le « Wishing Wall ».
À Gaza et en Ukraine, c’est sous un tapis de bombes que se fera le passage à la nouvelle année…
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 30 décembre 2023
Ciel rouge sur la mer Rouge, vue d’Arabie saoudite
30 décembre : le nouvel An avec un jour d’avance pour les Madrilènes
La veille du jour de l’An, les horlogers de la ville de Madrid viennent vérifier le fonctionnement des carillons de la Puerta del Sol. L’habitude a été prise de venir assister à la répétition avec des amis et et de trinquer (avec des verres en carton), sans toutefois gober les 12 grains de raisin, mais prévoir des confettis !
Ce soir, à Madrid, la place de la Puerta del Sol sera noire de monde et il convient de venir avant 18h, avant que la police ne ferme l’accès à la place, car par prudence, il convient de ne pas dépasser 15 000 personnes. Ce qui est tout de même le double de l’an dernier, puisque la place est en rénovation. La veille du jour de l’An, les horlogers de la ville viennent vérifier le fonctionnement des carillons. Le mécanisme de l'horloge est activé 28 secondes avant minuit. À ce moment-là, une grosse boule de cuivre descend pour avertir que l'année est sur le point de se terminer. Si le test fonctionne bien, les douze carillons retentissent avec un intervalle de trois secondes, puisque l'horloge de la Puerta del Sol, située sur la façade de l'ancienne Poste et aujourd'hui siège de la Présidence du Gouvernement de la Communauté de Madrid, est synchronisé avec l'Observatoire Astronomique National. Cette horloge a été construite à Londres à la fin du XIXe siècle, mais par un horloger espagnol, José Rodríguez de Losada, qui en a fait don à la ville de Madrid.
L’habitude a été prise de venir assister à la répétition avec des amis et de trinquer (avec des verres en carton) mais sans gober les 12 grains de raisin comme il est d’usage en Espagne, au moment du changement d’année. Cela porterait malheur ! Un substitut comme des bonbons feront l’affaire. Prévoir aussi des confettis ! Chaque 30 décembre, une première répétition a eu lieu à midi, mais c’est celle du soir qui attire le plus de monde. Une autre répétition a aussi lieu à midi le 31 décembre. Ces répétitions sont appelées las preuvas de Nochevieja. Elles ont de plus en plus de succès. voir une vidéo.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 décembre 2023
photo : Jacinta Lluch Valero
29 décembre : les Irlandais célèbrent leur constitution
Les Irlandais commémorent l’entrée en vigueur, le 29 décembre 1937, de leur constitution. C’est la plus ancienne de l’Union européenne. Elle a été modifiée pour entrer dans le cadre de l’Accord du Vendredi saint, mais celui-ci a été fragilisé par le Brexit…
C’est Constitution Day en Irlande : chaque 29 décembre les Irlandais commémorent l’entrée en vigueur, le 29 décembre 1937, de leur constitution (Bunreacht na hÉireann). Ce jeune État est donc doté de la plus ancienne constitution de l’Union européenne. Elle remplaçait celle de l’État libre d’Irlande, 1922, mal perçue car découlant du traité anglo-irlandais qui n’a pas fait l’unanimité parmi les Irlandais. Cette nouvelle constitution non plus puisqu’elle n’a été approuvée par référendum que par 56% des votants, le 1er juillet 1937.
Ce texte a été rédigé en deux versions, irlandaise et anglaise, qui se contredisent à plusieurs reprises. C’est bien sûr la première qui prime. D’ailleurs, le pays doit constitutionnellement s’appeler Eire et non plus Ireland (Irlande), ce qui, en fait, est resté très théorique. L’article 8 prévoit que la langue anglaise est reconnue comme deuxième langue officielle, après l’irlandais, en principe. Toute la nomenclature politique est ainsi établie dans la principale langue officielle de l’île : un chef de gouvernement est appelé Taoiseach (article 28) et le parlement national nommé Oireachtas (article 15). Celui-ci a une chambre basse dominante directement élue connue sous le nom de Dáil Éireann (article 16) et une chambre haute Seanad Éireann (article 18). Les appellations des partis politiques sont également pour la plupart connue en irlandais.
Parmi les avancées de cette constitution, on peut noter le droit de vote accordé aux femmes. Mais il est contrebalancé par l’article 41.2, dénoncé par les féministes car il assimile la féminité à la maternité et précise, en outre, que la vie d’une femme est « au foyer » : « l’État reconnaît que, par sa vie au foyer, la femme apporte à l’État un soutien sans lequel le bien commun ne peut être atteint » et que, par conséquent, celui-ci « s’efforce de veiller à ce que les mères ne soient pas obligées par les nécessités économiques à travailler en négligeant les devoirs de leurs foyers ».
En vertu de l'article 40.6.1 de la Constitution, le blasphème était passible d'une amende de 25 000 euros. Mais cette disposition a été, heureusement, abrogée par référendum en 2018.
Tel qu'il a été promulgué à l'origine, en 1937, l'article 2 affirmait que « toute l'île d'Irlande, ses îles et les mers territoriales » formaient un seul « territoire national », tandis que l'article 3 affirmait que l'Oireachtas avait le droit « d'exercer sa juridiction sur l'ensemble de ce territoire ». Ces articles ont offensé des représentants d'Irlande du Nord, qui considéraient cela comme une revendication extraterritoriale illégale.
Aux termes de l’accord dit du Vendredi saint (1998), les articles 2 et 3 ont été modifiés pour supprimer toute référence à un « territoire national » et pour déclarer qu'une Irlande unie ne devrait être autorisée qu'avec le consentement des majorités dans les deux juridictions de l'île. Toutefois, les articles modifiés s’appliquent aussi à la population d'Irlande du Nord, lui reconnaissant le droit de faire « partie de la nation irlandaise » et d'avoir la citoyenneté irlandaise. Cependant, l'article 9.2 limite désormais cela aux personnes dont au moins un parent est citoyen irlandais. Le problème, c’est qu’avec le Brexit, l’Accord du Vendredi saint se retrouve fragilisé. Dès 2021, plusieurs organisations nord-irlandaises unionistes ont déclaré ne plus apporter leur soutien à cet accord.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 28 décembre 2023
28 décembre : le grand pèlerinage dédié à saint Gabriel en Éthiopie
Chaque année, le 28 décembre quelque 100 000 pèlerins affluent dans la petite ville de Kulubi pour participer à une procession en l'honneur de saint Gabriel. Celui-ci est vénéré partout en Éthiopie, la notoriété de Kulubi est, en fait, liée à la fameuse victoire d’Adoua sur les Italiens.
Chaque année, le 28 décembre quelque 100 000 pèlerins affluent dans la petite ville de Kulubi pour participer à une procession en l'honneur de saint Gabriel, appelée Kulubi Gabriel. La localité de Kulubi est située à l’extrême nord de l’Oromia, entre Dire Dawa et Harar (à 480 km d’Addis Abeba)
La plupart des pèlerins sont arrivés hier soir à Kulubi pour venir prier dans l’église Saint-Gabriel pour accomplir un vœu, remercier l'archange pour les prières entendues et des demandes exaucées. Il est de coutume de laisser en offrande des bougies et des parapluies aux couleurs vives. Après la fête, les objets collectés sont à nouveau vendus aux croyants et les bénéfices sont utilisés pour aider les pauvres. Au cours de la fête, environ un millier de bébés sont baptisés, parmi eux beaucoup de petits Gabriel.
L’archange Gabriel a toujours été un des saints plus vénérés en Éthiopie. Le 28 décembre une grande célébration se déroule dans chaque église Saint-Gabriel du pays. Que ce soit à Addis-Abeba, à Lalibela, ou lors d'une randonnée communautaire Tesfa dans un village où une église possède un sanctuaire dédié à Gabriel, il y aura des célébrations spéciales. La Saint-Gabriel est également une fête majeure dans la diaspora notamment aux États-Unis ou au Canada.
L’importance de Kulubi de date que d’un peu plus d’un siècle, en 1896, l’empereur Ménélik II, dit le Ras Mekonnen, en route vers le nord pour combattre les Italiens, s’y est arrêté pour prier et demander de l’aide. Quelques semaines plus tard les Éthiopiens battaient les Italiens à Adoua, le 2 mars, devenu depuis un jour de fête nationale. À son retour, il fait bâtir une grande église en l’honneur de Gabriel. Son fils, Hailé Selassié, a ensuite, en 1962, fait reconstruire l’église qui celle que l’on visite aujourd’hui.
La Saint-Gabriel (ቅዱስ ገብርኤል) est célébrée le 19 Koiak (Tahsas) dans le calendrier éthiopien, ce qui correspond au 28 décembre (ou 29 décembre dans les années bissextiles éthiopiennes) dans le calendrier grégorien. Gabriel est un archange des religions abrahamiques (judaïsme, christianisme et islam) dont le nom signifie « Dieu est ma force ». Selon la tradition chrétienne, Gabriel est apparu au prophète Daniel pour expliquer ses visions et prédire la naissance de Jean-Baptiste et de Jésus. En Éthiopie, Gabriel est aussi fêté le 26 juillet, ce qui donne lieu à un autre pèlerinage à Kulubi. Les catholiques fêtent modestement Gabriel le 29 septembre, en même temps que Michel et Raphaël.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 décembre 2023
Image : Service de presse éthiopien
L’église Saint-Gabriel de Kulubi
27 décembre : le souvenir de Benazir Bhutto
Des dizaines de milliers de partisans sont attendus comme chaque année à Garhi Khuda Bakhsh, petite localité du Sindh (province méridionale du Pakistan) où se trouve le fastueux mausolée de la famille Bhutto…
Des dizaines de milliers de partisans sont attendues, comme chaque année, à Garhi Khuda Bakhsh, petite localité du Sindh (province méridionale du Pakistan) où se trouve le fastueux mausolée de la famille Bhutto. Le bâtiment de marbre, aux allures de palais, témoigne de la puissance de cette lignée de féodaux qui a donné deux premiers ministres au pays : Zulficar Ali Bhutto, dans les années 1970, et sa fille Benazir dans les années 1980 et 1990. Le premier a été exécuté à la suite d’un coup d’État militaire, le 4 avril 1979. La seconde, première femme à avoir été élue démocratiquement dans un pays musulman, a été assassinée le 27 décembre 2007. L’ampleur des rassemblements tous les 27 décembre (et chaque 4 avril), montre également la puissance régionale du Parti du peuple Pakistanais, formation qui a vocation à diriger le pays. La tombe de Benazir Bhutto est recouverte de fleurs fraîches chaque jour, témoignant du culte quasi-religieux dont elle fait toujours l'objet dans le fief de la famille Bhutto au coeur du Sindh.
On a fait de Benazir Bhutto une icône féministe, un symbole de la modération en politique. Elle a été deux fois première ministre de la République islamique du Pakistan, de 1988 à 1990 et de 1993 à 1996. Toutefois, elle a aussi par deux fois démis de ses fonctions pour «corruption» et «mauvais usage» du pouvoir. Son époux, Asif Ali Zardari a aussi été poursuivi dans divers pays, notamment en France où il est accusé d'avoir proposé un accord de défense en échange de pots-de-vin. Mis en cause dans une affaire de corruption et de blanchiment d'argent, il a été arrêté en juin 2018 et est actuellement en prison et ne sera pas présent à la cérémonie du 27 décembre. Quant à l'ex-président Pervez Musharraf, qui a été inculpé en 2013 du meurtre de son ex-rivale en politique, a été déclaré fugitif et ses biens confisqués. Le 17 décembre 2019, il est condamné à mort pour haute trahison. Il est mort à Dubaï en 2023.
Le fils de Benazir et d’Asif Ali, Bilawal Bhutto Zardari a repris le flambeau, il dirige aujourd’hui le Parti du peuple pakistanais et a été député de 2018 à 2023 et même ministre des Affaires étrangères d’Avril 2022 à août 2023. Il est à présent dans l’opposition.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 26 décembre 2023
26 décembre : le jour où les Slovènes ont opté pour l’indépendance
Le 23 décembre 1990, dans une Yougoslavie en décomposition, la Slovénie organisait un référendum d’indépendance. Les résultats ont été officiellement proclamés trois jours plus tard, le 26 décembre. L'anniversaire de cette annonce a été déclaré jour férié.
Dans une Yougoslavie étant en décomposition, l'Assemblée slovène organisait un référendum sur l'indépendance, le 23 décembre 1990, mais les résultats n’ont été officiellement proclamés que trois jours plus tard, le 26 décembre. C’est l'anniversaire de cette annonce qui a été déclaré jour férié.
En effet, 88,5 % des électeurs (soit 94,8 % du corps électoral) ont soutenu l'indépendance de la Slovénie. Mais, celle-ci ne sera proclamée que 6 mois plus tard, le 25 juin 1991, donnant lieu à un autre jour férié. Puis, le 23 décembre 1991, jour anniversaire du référendum, la Slovénie s’est dotée d’une constitution.
En 1991, le 26 décembre a été proclamé le Jour de l'Indépendance. Mais, en septembre 2005, il a été rebaptisé Jour de l'Indépendance et de l'Unité (Dan samostojnosti in enotnosti), afin d’insister sur l’unification du pays.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 décembre 2023
25 décembre : c’est désormais Noël pour tous les Ukrainiens
Pour la première fois de son histoire, l’Ukraine fête Noël un 25 décembre. En juillet 2022, la Rada (le Parlement) a voté un texte reconnaissant officiellement cette date comme la fête de Noël, remplaçant celle du 7 janvier. Ce changement marque une rupture culturelle et politique de plus avec la Russie.
Pour la première fois de son histoire, l’Ukraine fête Noël un 25 décembre (exception faite des régions qui ont été jadis sous juridiction de la Pologne ou de la Hongrie). En juillet 2022, la Rada (le Parlement) a voté un texte reconnaissant officiellement cette date comme la fête de Noël, remplaçant celle du 7 janvier, basée sur le calendrier julien. Ce changement de calendrier est rupture très symbolique avec l’usage de l’église orthodoxe russe. En Europe, il n’y a plus guère que les Églises russe et serbe a ne pas avoir adopté le calendrier grégorien qui rythme le temps. Le calendrier julien a 13 jours de “retard” sur le calendrier grégorien, d’où la date du 7 janvier.
La rupture est antérieure l’agression russe du 24 février 2022. Lors de la révolution de Maïdan, en 2014, l’Église orthodoxe, rattachée au patriarcat de Kiev, ainsi que l'Église gréco-catholique s'étaient rapprochées des manifestants proeuropéens, tandis que l'Église orthodoxe, liée au patriarcat de Moscou, soutenait naturellement les idées de ses parrains russes. La rupture a été consommée quand, en 2019, l’Église orthodoxe ukrainienne a obtenu son autocéphalie (indépendance par rapport à l’Église de Moscou). En mai 2022, la branche l’Église ukrainienne restée fidèle à Moscou, a elle aussi pris ses distances en réaction au soutien à la guerre exprimé par le patriarche russe Kirill. La généralisation de la date du 25 décembre pour fêter Noël était la suite logique de cette rupture culturelle et politique avec la Russie, dont même la langue perd aujourd’hui du terrain en Ukraine.
En Ukraine, le 7 janvier qui était jusqu’à présent férié, continuera de l’être. Mais ceux qui veulent fêter Noël le 25 décembre, comme le font les catholiques, pourront donc le faire aussi, dans les mêmes conditions, compte tenu de la réforme du Code du travail.
Hier soir, les Ukrainiens ont réveillonné avec, selon la tradition, un repas de 12 plats sans viande, dont la koutia, un entremets composé de grains de blé bouillis, de miel, de raisins secs, de noix concassées et de graines de pavot.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 24 décembre 2023
Mise à jour 2024 : Moscou a fait vivre à Kiev un Noël d’enfer : le matin du 25 décembre, la Russie a lancé plus de 70 missiles et plus de 100 drones explosifs sur l'Ukraine en prenant son système énergétique pour cible.
Un défilé de Noël - photo : Alexandre Vodolasskiy, 2017
23 décembre : la nuit des radis à Oaxaca, au Mexique
La Nuit des radis (Noche de Los Rábanos) est une tradition que remonte à la colonisation espagnole, elle se déroule chaque nuit du 23 au 24 décembre.
Chaque année, la veille de Noël, à Oaxaca, ville du sud du Mexique, c’est la Nuit des radis (Noche de Los Rábanos), une tradition que remonte à la colonisation espagnole, le radis étant originaire d'Asie du Sud-Est.
On raconte que peu avant Noël, deux moines ayant arraché des radis oubliés de la récolte, ont découvert qu'ils étaient surdimensionnés et de forme étrange. Ils ont apporté ces radis à la fête de Noël locale qui se tenait le 23 décembre, et où les légumes difformes ont attiré beaucoup d'attention. Comme la sculpture sur bois était une activité et un passe-temps populaires à Oaxaca, les agriculteurs locaux ont commencé à sculpter ces radis en diverses figures afin d'attirer plus de clients au marché de Noël. Avec le temps, les figurines de radis sont devenues un incontournable du marché de Noël d’Oaxaca. Si bien qu’en 1897, le maire d'Oaxaca a lancé le concours officiel de sculpture sur radis qui a eu lieu chaque année le 23 décembre.
Comme les radis flétrissent peu de temps après la coupe, les œuvres ne peuvent être exposées que pendant quelques heures, ce qui entraîne de très longues files d'attente dans la soirée du 23 au 24 pour ceux qui souhaitent voir les œuvres. En parallèle sont organisées des expositions et des concours d'œuvres réalisées avec des enveloppes de maïs et des fleurs séchées, créées sur les mêmes thèmes que pour les radis.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 décembre 2022
30 décembre : faut-il commémorer la Shoah en même temps que la destruction du temple de Jérusalem ?
Le 10 Tevet est un jour de jeûne mineur dans le calendrier hébraïque. Il commémore le début du siège de Jérusalem, par les Babyloniens, qui a finalement conduit à la destruction du Temple de Salomon mais les autorités religieuses israéliennes en ont aussi fait le jour du souvenir des victimes de la Shoah, une décision contestée.
Le dixième jour du mois hébreu de Tevet, qui tombe ce 30 décembre 2025, est un jour de jeûne mineur dans le calendrier hébraïque. Il commence à l'aube et se termine à la tombée de la nuit et commémore le début du siège babylonien de Jérusalem qui a finalement conduit à la destruction du Temple de Salomon le 9 du mois de Av.
Au VIe siècle avant J.-C., Jérusalem était la capitale de Juda, un petit royaume israélite, qui s’étendait jusqu’à Beersheba, et qui était situé au sud d’un autre royaume juif, celui d’Israël. Refusant de payer son tribut au puissant royaume de Babylone, Jérusalem a été assiégée en 597 av. J.-C. et une partie de ses élites ont été emmenées en Mésopotamie (actuel Irak). Mais voilà que le gouverneur mis en place par Nabuchodonosor II de Babylonie, se révolte. Ce dernier envoie alors l’un de ces généraux, Nebouzarradan, qui reprend la ville en 586 av. J.-C., la pille et détruit complètement le temple construit quatre siècles plus tôt par Salomon. En outre, la majeure partie de la population de Jérusalem est déportée à Babylone.
Par tradition, le jeûne du 10 Tevet (Assarah beTévet) ( עשרה בטבת ) commémore également d'autres calamités survenues tout au long de l'histoire du peuple juif les 8, 9 et 10 Tevet. C’est un 8 Tevet que Ptolémée a ordonné de traduire la Torah en grec, ce qui, selon les juifs, a ouvert la porte à toutes sortes d’interprétations jugées erronées. Enfin, deux personnages historiques importants, Esdras le Scribe et Néhémie, sont morts un 9 Tevet.
Le problème aux yeux de certains, c’est que le grand rabbinat d’Israël a proclamé, peu après l’indépendance d’Israël, le 10 Tevet « jour général du kaddish », c'est-à-dire le jour du souvenir des victimes de la Shoah dont le lieu et la date du décès sont pour la plupart inconnus. Les autorités religieuses préfèrent cette date plutôt que Yom HaShoah (le 27 Nissan), la Journée nationale du souvenir de la Shoah, instituée en 1951 par la Knesset (le parlement israélien). Elles estiment que commémorer la destruction des Juifs d’Europe à la date où les malheurs des Judéens commencent est un symbole d’espoir que ces malheurs s’achèvent.
Cette position ne fait pas du tout l’unanimité en Israël et dans la diaspora où on est très attaché à la journée de mémoire du 27 Nissan qui est aussi un hommage aux combattants du ghetto de Varsovie. Les détracteurs font remarquer que ce jeûne du 10 Tevet est un acte de repentance pour les péchés qui ont entraîné la destruction de Jérusalem. Peut-on vraiment appliquer ce raisonnement à la Shoah ? Ce serait donner raison aux rares voix qui estiment que la Shoah est une punition de Dieu, notamment pour avoir lancé le mouvement sioniste avant le retour d’un messie comme l’ont affirmé certains religieux… Yom HaShoah est une commémoration nationale particulièrement suivie, beaucoup regrettent qu’elle n’ait pas aussi une dimension religieuse.
Selon le calendrier hébraïque le 10 tevet tombe deux fois en 2025, le 10 janvier et le 30 décembre. En 2026, ce sera le 20 décembre.
Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2025
La destruction du premier temps de Jérusalem (détail d’une gravure extraite de la Chronique de Nuremberg, 1483)