L’Almanach international

PAGE FACEBOOK DE L'ALMANACH

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1470, 1974, São Tomé et Príncipe, 21 décembre Bruno Teissier 1470, 1974, São Tomé et Príncipe, 21 décembre Bruno Teissier

21 décembre : São Tomé célèbre son saint patron et son premier gouvernement postcolonial

Autrefois, à l’époque portugaise, on célébrait chaque 21 décembre, la découverte de l’île en 1470. C’était le jour de la Saint-Thomas et l’île fut baptisée São Tomé. Si cette date demeure un jour férié à São Tomé et Príncipe, c’est que c’est aussi l’anniversaire de la mise en place du premier gouvernement postcolonial. en 1974.

 

Autrefois, à l’époque portugaise, on célébrait chaque 21 décembre, la découverte de l’île par le navigateur Pêro Escobar, en 1470. C’était le jour de la Saint-Thomas (ancienne date) et l’île fut baptisée São Tomé (saint Thomas en portugais). Aujourd’hui, on ne parle plus de la découverte de l’île, inhabitée à l’époque, mais l’Église catholique locale continue de célébrer la Saint-Thomas, saint patron de l'île, le 21 décembre alors que le Vatican l’a déplacé au 3 juillet.

Si cette date demeure un jour férié à São Tomé et Príncipe, malgré le départ des Portugais en 1975, c’est que c’est aussi l’anniversaire de la mise en place du premier gouvernement postcolonial. en 1974, après des négociations avec le gouvernement portugais, le MLSTP (Mouvement de libération de São Tomé et Príncipe ) représenté par Miguel Trovoada, a signé à Alger, la capitale de l'Algérie, l'accord qui a ouvert les portes à l'indépendance de São Tomé et Príncipe. Le pays se dote d’abord d’un régime à parti unique d’inspiration marxiste, sous la présidence de Manuel Pinto da Costa. Puis, à partir de 1990, l’instauration du multipartisme permettra la démocratie parlementaire, secouée néanmoins par deux coups d’État.

Le 21-décembre est appelé Aniversário Acordo de Argel ( l’anniversaire des accords d’Alger). Ceux-ci ont pourtant été signés le 26 novembre 1974, mais la concrétisation s’est faite avec l’instauration d’un nouveau gouvernement, le 21 décembre suivant, jour de la Saint-Thomas. La date est-elle le fruit du hasard dans ce pays catholique mais libéré du colonialisme par un mouvement marxiste ? L’indépendance de São Tomé et Príncipe ne sera proclamée que le 12 juillet 1975 après plus de vingt ans de luttes anti-coloniales.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 20 décembre 2023

 
Lire la suite
1989, Panama, deuil, 20 décembre Bruno Teissier 1989, Panama, deuil, 20 décembre Bruno Teissier

20 décembre : le deuil des Panaméens après l’invasion américaine

Depuis l’an dernier, le Panama a un nouveau jour férié qui jusque-là n’était qu’une simple journée commémorative. Désormais le 20 décembre est un jour chômé officiel en souvenir des victimes  de l'invasion américaine du 20 décembre 1989.

 

Depuis l’an dernier, le Panama a un nouveau jour férié qui jusque-là n’était qu’une simple journée commémorative se limitant à une mise en berne des drapeaux. Désormais le 20 décembre est un jour chômé officiel en souvenir des victimes  de l'invasion américaine du 20 décembre 1989. La nouvelle loi interdit, ce jour-là, la vente et la consommation de boissons alcoolisées dans tout le pays, à partir de 00h01, ainsi que la musique forte et l’organisation de spectacles musicaux publics.

Prétextant d’incidents avec des soldats américains et la protection de leurs ressortissants, les États-Unis ont lancé l'opération Just Cause afin de mettre fin à la dictature de Manuel Noriega, par ailleurs trafiquant de drogue notoire. Le 20 décembre 1989, les Panaméens ont vu débarquer milliers de soldats américains, appuyés par les troupes américaines stationnées dans la zone du canal du Panama qui, à l’époque, n’avait pas été restituée au Panama. L’invasion des troupes américaines au Panama permit au président élu Guillermo Endara, de prêter serment (Noriéga avait annulé l’élection) et engagé la démocratisation du pays. Mais l’intervention pilotée par le Président George Bush, fit au moins plusieurs centaines de victimes civiles (2 500 à 3 000 morts selon certaines sources), ainsi que 20 000 réfugiés. Pendant près de deux semaines après l'invasion, des pillages se sont produits, et l'anarchie a régné dans l’ensemble du pays, une situation que l'armée américaine a indiqué n'avoir pas prévue. C’est à toutes ces victimes qu’est dédiée la Journée de deuil national (Día de Duelo Nacional) du 20 décembre. Chaque année depuis 1990, les autorités, les militaires et des civils déposent des fleurs et des couronnes sur les monuments des victimes de l'agression américaine.

Accusé de trafic de drogue par les États-Unis, Noriega, qui a gouverné le Panama, de facto, entre 1983 et 1989. Il s'est rendu aux Américains le 3 janvier 1990, ce qui a entraîné le démantèlement des Forces de défense panaméennes. Il est décédé en 2017 dans un hôpital de la ville de Panama alors qu'il purgeait plus de 60 ans de prison pour des crimes comprenant des homicides et de graves violations des droits de l'homme. Il a aussi été condamné lors de son emprisonnement en France et aux États-Unis (27 ans au total) pour trafic de drogue et blanchiment d'argent.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 décembre 2023

 

Source : ministère panaméen des Relations extérieures

Lire la suite
2018, 1956, Soudan, révolution, 19 décembre Bruno Teissier 2018, 1956, Soudan, révolution, 19 décembre Bruno Teissier

19 décembre : la révolution inachevée de décembre au Soudan

Le 19 décembre 2018, des manifestants se rassemblaient à Khartoum pour protester contre la vie chère et réclamer le départ du dictateur Omar El Béchir. Celui tombera, mais le gouvernement de transition n’est pas parvenu à instaurer la démocratie. L’armée a pris le pouvoir et aujourd’hui, le pays est en proie à une véritable guerre entre de clans.

 

Le 19 décembre 2018, des manifestants se rassemblaient à Khartoum pour protester contre la vie chère, alors que le pays est en proie à une grave crise économique. Les manifestants réclament le départ du président Omar El Béchir, en place depuis près de trente ans. Pour ce dictateur, ce sera le début de la fin, puisqu’il sera renversé par l’armée le 11 avril suivant.

Cette date n’avait pas été choisie au hasard. Le 19 décembre est l’anniversaire de la déclaration d’indépendance du Soudan par les députés du Parlement soudanais le 19 décembre 1956, marquant la fin de plusieurs décennies de colonisation du pays par la Grande-Bretagne.

Malheureusement, la Révolution de décembre 2018 n’a pas atteint son but d’instaurer la démocratie au Soudan. Le gouvernement de transition, dirigé par Abdallah Hamdok, ne parvient pas à s’imposer. Les élections libres n’ont pas pu être organisées. Un coup d’État militaire, le 25 octobre 2021, mené par le général Abdel Fattah al-Burhane, douche tout espoir d’une démocratisation rapide du régime.

Le 19 décembre 2021, pour marquer l’anniversaire de la révolution, une immense manifestation a eu lieu dans tout le pays. À Khartoum, les manifestations ont pris une dimension insurrectionnelle avec l’occupation de la place du palais présidentiel par les manifestants qui dénonce la mainmise des militaires sur l’avenir du pays. La même protestation d’ampleur contre la dictature militaire n’a pas eu lieu en 2022. Le contexte a radicalement changé.

Depuis, la situation s’est encore dégradée. Le pays, et la capitale en particulier, est en proie à des combats meurtriers entre l’armée sous les ordres du général al-Burhane et des paramilitaires dirigés par son rival, Mohamed Hamdane Dagalo, dit Hemeti. Ce dernier contrôle aujourd’hui presque toute la capitale. Pour les civils pris au piège des tirs croisés, les conséquences sont dramatiques. Plus de 5 millions de personnes ont dû fuir leur foyer pour échapper à la violence, la plupart des établissements de santé ne sont plus opérationnels et la faim et les maladies sont en augmentation. Les paramilitaires du général « Hemetti » accroissent leur contrôle sur l’ouest du pays, tandis que l’armée régulière ne tient plus qu’une fraction du territoire entre le Nil et la mer Rouge… Les espoirs générés par la Révolution de décembre sont plus éloignés que jamais.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 18 décembre 2023

 

Le slogan de la Révolution de décembre : سقط – بس "Tasgut bas" (Juste tomber, c'est tout !)

Lire la suite
ONU, migrants, 18 décembre Bruno Teissier ONU, migrants, 18 décembre Bruno Teissier

18 décembre : la Journée internationale des migrants 

Parfois le débat politique national se voit percuté par une journée internationale adoptée par les Nations Unies. Alors que la France est en plein débat sur sa énième loi sur l’immigration, l’ONU organise sa Journée internationale des migrants, comme elle le fait chaque 18 décembre depuis 2000.

 

Parfois le débat politique national se voit percuté par une journée internationale adoptée par les Nations Unies. Alors que la France est en plein débat sur sa énième loi sur l’immigration, l’ONU organise sa Journée internationale des migrants, comme elle le fait chaque 18 décembre depuis 2000.

Le 18 décembre 1990, l'Assemblée générale a adopté la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. En 2000, la Journée internationale des migrants a été créée pour célébrer le dixième anniversaire de cette Convention. Il s’agit d’affirmer que si elle est bien gérée, la mobilité humaine peut être un atout du développement durable et non une entrave.

À l’époque, on n’imaginait pas les vagues sans précédent de réfugiés qui allaient déferler en Europe en 2015, fuyant la Syrie déchirée par la guerre et les autres zones de conflit au Moyen-Orient ; ni en 2022, les millions d’Ukrainiens fuyant la guerre. Les migrations ne concernent pas que l’Europe, depuis 2000, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence de l’ONU, a eu aussi à pendre en charge les réfugiés afghans, les Rohingyas fuyant au Bangladesh, les Vénézuéliens migrant en Colombie…

Depuis 2000, chaque 18 décembre, de nombreuses ONG et association manifestent pour apporter un autre regard sur les migrants. Cette année la mobilisation est dopée par la loi Darmanin, rejetée à la fois par la gauche et par la droite, un rejet qui risque fort de déboucher sur un durcissement de la loi par une droite majoritaire au Sénat français. Dans de très nombreuses villes des manifestations sont annoncées comme à Nîmes, devant la Maison carrée avant un tour de ville nocturne, ou à La Roche-sur-Yon, Saint-Brieuc… Dans certaines localités, toutefois, c’est samedi que les rassemblements ont eu lieu ; c’était le cas à Troyes, à Rouen, Dijon… À Paris c’était le 3 décembre dernier, un millier de personnes manifestaient contre la loi immigration du gouvernement, à l'appel de plusieurs collectifs. L’occasion était le 40e anniversaire de la "marche contre le racisme" de 1983.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 décembre 2023

 

Déjà en 2022

Lire la suite
Cuba, catholiques, culte afro-américain, 17 décembre Bruno Teissier Cuba, catholiques, culte afro-américain, 17 décembre Bruno Teissier

17 décembre : le pèlerinage de San Lázaro à Cuba

Aujourd’hui des milliers de Cubains se rendent en pèlerinage au sanctuaire national de Rincón, à 17 km de La Havane où chaque 17 décembre on célèbre à la fois saint Lazare et Babalú Ayé, une divinité africaine qui a un pouvoir de guérison.

 

Aujourd’hui des milliers de Cubains se rendent en pèlerinage au sanctuaire national de Rincón, à 17 km de La Havane, où chaque 17 décembre on célèbre à la fois saint Lazare et Babalú Ayé, une divinité africaine qui a un pouvoir de guérison. Beaucoup de ces pèlerins ont des maladies à soigner que la médecine cubaine, pourtant performante, ne leur permet pas de soulager. Cette célébration syncrétique et un mélange de culte d’origine africaine et de ferveur catholique selon des rites ancestraux. Certains fidèles font une partie du trajet à genou comme à Lourdes ou à Fatima, voire en rampant jusqu’au sanctuaire. D’autres portent une croix ou de lourdes pierres en guise de pénitence. La couleur du jour est le violet, comme la cape du saint.

Du côté des catholiques cubains, il y a une petite confusion entre le mendiant Lazare, représenté par l’Évangile selon Luc, comme un sans-abri vivant avec des chiens, dont l’Église a fait le saint patron des miséreux, et saint Lazare de Béthanie, celui que l’on dit avoir été ressuscité par Jésus quatre jours après sa mort (Évangile selon Jean). Le premier est fêté normalement le 28 juin et le second, le 29 juillet, mais jadis le 17 décembre, date qui a été conservée à Cuba. Saint Lazare est associé à Babalú-Ayé, un orisha (ou esprit) qui guérit les maladies de la peau. C’est une divinité de la Santería, le culte afro-cubain d’origine yoruba introduit par Les esclaves d'Afrique de l'Ouest qui travaillaient dans les plantations. Babalú-Ayé est présenté comme un malade aux jambes tordues.

Il est d’usage de laisser des offrandes de bougies, de fleurs et de pièces de monnaie pour apaiser le saint. La  Saint-Lazare (San Lázaro) est une fête majeure à Cuba. Les festivités durent plusieurs jours, généralement du 15 au 18 décembre. Mais la dévotion ne se limite pas au mois de décembre, l’église est généralement pleine de fidèles le 17 de chaque mois ainsi que le mercredi, jour de la Santéria, sont associés à la figure de Lazare/Babalú-Ayé.

La chapelle des Votifs, située à gauche de l’Église, est remplie d’ex-voto, mentionnant des miracles attribués au saint. Les fidèles y ont laissé des offrandes qui rappellent les manifestations de Saint Lazare dans leur vie. On y trouve des couffins pour bébé, des médailles d'athlètes, des diplômes universitaires, des livres…

Derrière cette chapelle se trouve également une fontaine considérée comme miraculeuse. Les croyants boivent son eau ou en humidifient différentes parties de leur corps, qui nécessitent une guérison. Ils remplissent des flacons d’eau qu'ils emportent chez eux, comme on le fait avec l’eau bénite de Lourdes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 décembre 2023

 
Lire la suite
1971, Bangladesh, victoire, indépendance, 16 décembre Bruno Teissier 1971, Bangladesh, victoire, indépendance, 16 décembre Bruno Teissier

16 décembre : le Bangladesh célèbre sa victoire et son indépendance

Le Jour de la Victoire est férié au Bangladesh, il célèbre la fin de la guerre de libération du Bangladesh à l’égard du Pakistan, en 1971, après une terrible guerre de neuf mois qui a fait 3 millions de morts et 10 millions de réfugiés.

 

Le Jour de la Victoire  ( বিজয় দিবস Bijôy Dibôsh ) est férié au Bangladesh, il célèbre la fin de la guerre de libération du Bangladesh à l’égard du Pakistan, en 1971.

La partition des Indes britannique en 1947 avait donné naissance  à deux États, l’Inde et le Pakistan. Ce denier était composé d’une partie occidentale, le Pakistan actuel, et d’un Pakistan oriental. Ce dernier supportait de plus en plus difficilement d’être gouverné par une capitale lointaine qui lui impose jusqu’à la langue, l’ourdou, alors qu’à l’est, on parle le bengali. Après une terrible guerre de neuf mois qui a fait 3 millions de morts et 10 millions de réfugiés, le Pakistan oriental, aidé par son voisin indien, a réussi à écraser les armées de l’ouest, pourtant soutenues par les États-Unis, et à obtenir son indépendance sous le nom de Bangla Desh, puis de Bangladesh.

La reddition a eu lieu à l'hippodrome de Ramna à Dhaka le 16 décembre 1971. Le lieutenant-général Amir Abdullah Khan Niazi, pour le Pakistan occidental, et le lieutenant-général Jagjit Singh Aurora, commandant conjoint des forces indiennes et bangladaises, y ont signé la fin des combats au milieu de milliers de foules enthousiastes à l'hippodrome. 

La célébration du Jour de la Victoire a lieu chaque année depuis 1972. La guerre de libération du Bangladesh occupe une grande place dans le cinéma, la littérature, les cours d'histoire à l'école, les médias et les arts au Bangladesh. Le rituel de la célébration comprend un défilé militaire sur le terrain de parade national, des réunions cérémonielles, des discours, des conférences et des feux d'artifice un peu partout dans le pays. 

Le Mémorial national des martyrs (Jatiya Smriti Saudha), érigé à la mémoire de ceux qui sont morts lors de la guerre de libération du Bangladesh de 1971, connaît une affluence particulière chaque 16 décembre. Le monument est situé à Savar, à environ 35 km au nord-ouest de la capitale, Dhaka. Il a été conçu par Syed Mainul Hossain.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 décembre 2023

 

Le Mémorial national des martyrs (Jatiya Smriti Saudha)

L'architecture est composée de sept paires de murs ou prismes de forme triangulaire ; la paire la plus extérieure étant la plus courte en hauteur mais la plus large en envergure, les paires intérieures changent progressivement de rapport d'aspect et la paire la plus intérieure forme ainsi le point culminant de l'architecture. Chacune de ces sept paires de murs représente un chapitre important de l'histoire du Bangladesh, à savoir le Mouvement linguistique en 1952, la victoire électorale provinciale du Front uni en 1954, le Mouvement constitutionnel en 1956, le mouvement contre la Commission de l'éducation en 1962, six-point en 1966, le soulèvement de masse en 1969 et enfin l'événement culminant de la guerre de libération en 1971, par lequel le Bangladesh a été libéré.

Lire la suite
1945, Aurigny, Seconde Guerre mondiale, 15 décembre Bruno Teissier 1945, Aurigny, Seconde Guerre mondiale, 15 décembre Bruno Teissier

15 décembre : les habitants d’Aurigny fêtent le retour sur leur île

Aurigny a été la seule île anglo-normande à être évacuée pendant la Seconde Guerre mondiale, l'île étant devenue une partie du mur de l'Atlantique de Hitler. Les cinq années d'occupation allemande ont pris fin le 16 mai 1945 mais les habitants n’ont pu revenir dans leur île que le 15 décembre 1945. C’est cet anniversaire qui est fêté tous les ans comme une véritable fête nationale.

 

Aurigny a été la seule île anglo-normande à être évacuée pendant la Seconde Guerre mondiale, l'île étant devenue une partie du mur de l'Atlantique de Hitler. Les cinq années d'occupation allemande ont pris fin le 16 mai 1945 mais les habitants n’ont pu revenir dans leur île que le 15 décembre 1945. C’est cet anniversaire qui est fêté tous les ans comme une véritable fête nationale.

Sans intérêt stratégique les îles anglo-normandes ont été abandonnées par l’armée britannique à la Wehrmacht. La plupart des habitants de l’archipel ont préféré l’occupation à l’exil, à l’exception de ceux d’Aurigny qui, presque tous, ont préféré quitter leur île. Le 23 juin 1940, à 6 heures du matin, les cloches des églises ont sonné pour avertir les habitants que les six navires de la Royal Navy qui devaient en transporter 1 500 vers le continent approchaient du port de Braye. Ils n’avaient que quelques heures pour rassembler leurs affaires et se rassembler, sans aucun moyen de savoir avec certitude s’ils reverraient un jour l’île.

L’île a été investie par l’armée allemande qui y a implanté quatre camps de concentration : Lagers Helgoland, Norderney, Borkum et Sylt.

La guerre s’est arrêtée le 8 mai 1945, mais les occupants allemands d’Aurigny n’ont capitulé que le 16 mai 1945, soit sept jours après la libération de Guernesey et de Jersey. Cependant, les habitants d'Aurigny n'ont pas pu retourner immédiatement sur leur île en raison de l'énorme opération de nettoyage nécessaire, qui comprenait le retrait de plus de 30 000 mines terrestres. Les dégâts causés à l'île et les difficultés de rétablir une certaine forme de normalité ont duré plusieurs années, provoquant toutes sortes de difficultés et de litiges. Cela a finalement conduit à une enquête du ministre anglais de l'Intérieur et à une refonte fondamentale de leur système de gouvernement. 

Ce Jour des retrouvailles d’Aurigny (Alderney Homecoming Day) est un jour férié annuel. La journée commence par un service œcuménique spécial d'action de grâce pour les retrouvailles, à 10h à l'église Sainte-Anne, suivi d’un dépôt de gerbe à 11h30 à la Pierre Commémorative du Port. Le reste de la journée est plus festif.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 décembre 2023

 
Lire la suite
1819, États-Unis, fête régionale Bruno Teissier 1819, États-Unis, fête régionale Bruno Teissier

14 décembre : la Journée de l’Alabama, la naissance peu glorieuse d’un État américain

La Journée de l'Alabama est l’anniversaire de l'admission de l'Alabama dans l'Union en tant que 22e État, le 14 décembre 1819. Cette fête créée en 1923 en est à sa 100e édition, elle n’est toutefois ni un jour férié ni un jour chômé en Alabama. Cette journée de commémoration se fait discrète sur les conditions de création de cet État qui élimina les Indiens pour permettre d’installer une société esclavagiste où la moitié noire de la population n’avait aucun droit.

 

La Journée de l'Alabama (Alabama Statehood Day) est l’anniversaire de l'admission de l'Alabama dans l'Union en tant que 22e État, le 14 décembre 1819. Cette fête créée en 1923 en est à sa 100e édition, elle n’est toutefois ni un jour férié ni un jour chômé en Alabama. Cette journée de commémoration se fait discrète sur les conditions de création de cet État qui élimina les Indiens pour permettre d’installer une société esclavagiste où la moitié noire de la population n’avait aucun droit.

L’Alabama est issu d’une division de l’État du Mississippi. La transition de ce territoire au statut d'État a commencé en juillet 1819 avec une convention constitutionnelle tenue à Huntsville, elle a abouti le 14 décembre 1819 et le gouverneur du territoire, William Wyatt Bibb, est devenue le premier gouverneur de l'Alabama. La première capitale du nouvel État a été établie dans la ville de Cahawba, dans le comté de Dallas, là où la rivière Cahaba se jette dans la rivière Alabama.

Dans les années 1820 et 1830, l’Alabama a été la nouvelle frontière face à un Ouest non exploré. Son sol fertile a attiré de nombreux planteurs de coton qui sont venus avec leurs esclaves. Ainsi s’est constitué une Black Belt, une région dont l’économie est basée sur l’esclavage, ce qui amènera en 1861, l’Alabama à faire sécession et à se ranger du côté des confédérés (les États qui refusaient l’abolition de la traite des Noirs). En 1860, sur un million d’habitants, 45% étaient des esclaves.

Pour faire de la place aux immigrés d’origine européenne, il a fallu chasser de ce nouvel État les populations autochtones. Lorsque l'Alabama est devenu un État en 1819, ses habitants blancs attendaient avec impatience l'éventuelle expulsion des Indiens. Alors que les populations blanches augmentaient dans le Sud dans les années 1820, ils commencèrent à affirmer que les Indiens étaient racialement inférieurs et incapables de gérer les terres parce qu'ils considéraient la propriété foncière très différemment des Américains d’origine européenne. Les dirigeants des États ont commencé à insister sur le fait que les nations indiennes n’étaient pas vraiment souveraines et qu'elles occupaient des terres appartenant légitimement aux États. 

Entre 1817 et 1828, les Cherokees prirent des mesures pour éviter leur expulsion. Ils ont établi une capitale nationale à New Echota, et un système de gouvernement doté de pouvoirs législatifs, judiciaires et exécutifs. Ils ont codifié leurs lois, rédigé une constitution calquée sur celle des États-Unis et élu John Ross comme chef principal… Mais, en 1828, Andrew Jackson fut élu président des États-Unis en déclarant que l’expulsion des Indiens était une priorité nationale. Deux ans plus tard, le Congrès et Jackson ont approuvé l’Indian Removal Act, qui a donné au président l’autorité et les fonds nécessaires pour négocier des traités de « renvoi volontaire ». S’appuyant sur le soutien de Jackson, les législateurs des États du Sud, dont l’Alabama, ont adopté des lois sévères restreignant les droits et libertés des Indiens. Leur expulsion vers l’ouest s’est faite dans des conditions dramatiques. Les Cherokees ont perdu environ un quart de leur population de maladie, du fait de la malnutrition et des difficultés lors de leur déportation en plein hiver dans les montagnes.

« Heart of Dixie » est le surnom revendiqué par l’Alabama. Dixieland désigne les anciens États esclavagistes du Sud. L’actuelle capitale de l'Alabama : Montgomery, fut le berceau de la Confédération, cette coalition d’États du Sud qui refusaient l’abolition de l’esclavage et déclenchèrent la guerre de Sécession en 1861. Un passé auquel l’Alabama reste attaché, un siècle et demi plus tard, l’État a conservé un drapeau inspiré de celui des Conférés. Au milieu du XXe siècle, Montgomery sera aussi la ville des luttes contre la ségrégation. C’est la ville de Rosa Parks et de la Marche de Selma. L’Alabama est le premier des États du Sud à avoir voté une résolution exprimant de « profonds regrets » à propos de l'esclavage et de ses impacts tardifs, résolution que ratifia en 2007, le gouverneur de l’État lors d’une cérémonie au Capitole de l’Alabama. Ce qui n’empêche pas que ségrégation et racisme soit toujours la norme en Alabama. On est aujourd’hui au cœur de l’Amérique de Trump.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 décembre 2023

 

Modèle de plaque d’immatriculation de véhicule en Alabama, avec le drapeau de l’État et son surnom

Lire la suite
1943, Grèce, massacre, Seconde Guerre mondiale, 13 décembre Bruno Teissier 1943, Grèce, massacre, Seconde Guerre mondiale, 13 décembre Bruno Teissier

13 décembre : mémoire d’un massacre de civils en Grèce

À Kalávryta (Καλάβρυτα), dans le Péloponèse, on ne prépare pas encore Noël, le village est en deuil chaque année à la même date. Il y a 80 ans, il était victime du plus grand massacre de civils opéré par les troupes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale, la Shoah mise à part.

 

À Kalávryta (Καλάβρυτα), dans le Péloponèse, on ne prépare pas encore Noël, le village est en deuil chaque année à la même date, il a été victime du plus grand massacre de civils opéré par les nazis, la Shoah mise à part.

Il y a 80 ans, le 9 décembre 1943, la localité est cernée par les soldats allemands afin qu'aucun habitant ne puisse s'échapper. L'armée allemande rassure les habitants en leur indiquant qu'elle ne recherche que des rebelles, mais les troupes allemandes dirigées par Karl von Le Suire, en représailles à la mort de 81 soldats allemands tués par des résistants, commencent par brûler des maisons du village. Les hommes sont séparés des femmes et des enfants. Le 13 décembre, toute la population mâle, âgée de plus de 12 ans, fut tuée par des mitrailleuses à la sortie du village, seuls 13 en réchappèrent sur quelque 700 hommes (certains sources parlent d’un millier). Les femmes et les enfants parviennent, toutefois, à s'échapper du village en flamme. Le monastère d’’Agha Lavra, où avait commencé la guerre d'indépendance, est lui aussi incendié.

Sur les lieux du massacre, s'élève aujourd'hui un mémorial rappelant la date de l'évènement et portant sur de hautes stèles le nom de toutes les victimes. Mikis Theodorakis leur a dédié Le Requiem, en 1984. Le dernier des 13 survivants du massacre, Argyris Serlelis, est décédé le 27 février 2005.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 12 décembre 2023

 

Timbre grec commémorant le massacre de Kalávryta

Le mémorial

Lire la suite
1963, 1964, Kenya, indépendance, république, 12 décembre Bruno Teissier 1963, 1964, Kenya, indépendance, république, 12 décembre Bruno Teissier

12 décembre : la fête nationale du Kenya

Le Kenya fête aujourd’hui le 60e anniversaire de son indépendance, obtenue le 12 décembre 1963, mais la fête nationale du Kenya fait d’abord référence à l’adoption, un an plus tard, le 12 décembre 1964 d’un régime républicain, c’est pour cela que le 12 décembre est appelé le Jour de la République (Jamhuri Day).

 

Le Kenya fête aujourd’hui le 60e anniversaire de son indépendance (Uhuru Day), obtenue le 12 décembre 1963, mais la fête nationale du Kenya fait d’abord référence à l’adoption, un an plus tard, d’un régime républicain. Cet anniversaire est appelé le Jour de la République (Sikukuu ya Jamhuri en swahili ou Republic Day).

Le pays était une colonie britannique depuis le XIXe siècle. La lutte pour l’indépendance du Kenya avait commencé après la Seconde Guerre mondiale. L’un des événements les plus importants de cette période a été le soulèvement des Mau Mau qui a débuté en 1952. Le pays a finalement obtenu son autonomie le 1er juin 1963 (jour de Mdaraka), puis l’indépendance le 12 décembre suivant mais tout en demeurant sous la couronne anglaise. Le Kenya a ensuite rompu avec l’ancienne puissance coloniale enlevant une république, avec l'investiture de Jomo Kenyatta comme président le 12 décembre 1964.

Le Jour de Jamhuri est marqué par une grande parade militaire, la Parade des couleurs de l’armée nationale au stade Nyayo qui débute à 11h30, après une inspection des troupes par le président du Kenya, William Ruto, lequel est aussi commandant en chef des armées. Après que la bénédiction des drapeaux par un évêque anglican, un évêque catholique et un Kadhi musulman, le président remet officiellement les couleurs à deux porte-drapeaux. qui les reçoivent à genoux. C’est aussi la journée de distribution de médailles civiles et militaires.

C’est la fête, la journée est fériée et chômée. Les musées et parcs nationaux sont ouverts gratuitement pour l’occasion. C’est aussi le coup d’envoi des fêtes de Noël.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 décembre 2023

 

Uhuru Kenyatta, le président de 2013 à 2022 et fils du premier président du pays, salue les haut gradés avant le défilé militaire de la fête nationale, en 2021 (photo Standard)

Le président William Ruto inspecte la garde d'honneur au stade Nyayo lors des célébrations du 58e Jamhuri Day du Kenya, le 12 décembre 2022.

Lire la suite
2010, Madagascar, constitution, 11 décembre Bruno Teissier 2010, Madagascar, constitution, 11 décembre Bruno Teissier

11 décembre : la Quatrième République des Malgaches malmenée par son créateur

À Madagascar, c’est aujourd’hui le Jour de la République. Qui s’en souvient, alors que le pays est en pleine crise politique. Le président Rajoelina vient se se faire réélire, l’opposition ne reconnaît pas la validité du scrutin. Le régime de la IVe république que le 11 décembre est censé célébré aurait-il du plomb dans l’aile ?

 

À Madagascar, c’est aujourd’hui le Jour de la République (Andron'ny Repoblika). Qui s’en souvient, alors que le pays est en pleine crise politique ? Le président Rajoelina vient se se faire réélire, l’opposition ne reconnaît pas la validité du scrutin. Le régime de la IVe république que le 11 décembre est censé célébré aurait-il du plomb dans l’aile ?

En 2009, le président malgache Marc Ravalomanana a été évincé du pouvoir par un coup d'État. Le leader du coup d'État Andry Rajoelina a affirmé que la Cour suprême était la plus haute instance administrative et a conduit le pays vers de nouvelles élections présidentielles en 2010 et l'adoption d'une nouvelle constitution. Un référendum constitutionnel, le 17 novembre 2010, a approuvé une nouvelle constitution. Celle-ci a été promulguée le 11 décembre 2010, instaurant la Quatrième République de Madagascar. Le 11 décembre avait été institué comme un nouveau jour férié et chômé, en 2011, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le 11 décembre n’est plus qu’une journée commémorative du nouveau régime. D’un régime semi-présidentiel, qui valait viré à l’autoritarisme, on est passé à un régime semi parlementaire, qui fonctionne en réalité comme un régime présidentiel.

La transition de la IIIe à la IVe République a été pilotée par Andry Rajoelina, alors maire d’Antananarovo, la capitale. Celui-ci s’est ensuite mis en retrait de la vie politique (jusqu’en 2013), puis s’est présenté en 2018 à la présidentielle. Arguant d’une carrière d’entrepreneur, il a été élu avec la promesse de sortir le pays de son extrême pauvreté et de rattraper en cinq ans tout ce que ses prédécesseurs avaient échoué à réaliser pendant les soixante années écoulées depuis l’indépendance. En 2019, les législative lui ont donné une majorité absolue. Mais à l’issue de son mandat, en 2023, son bilan est très critiqué. L’autosuffisance en riz, base de l’alimentation, n’est pas atteinte. Les secteurs de la vanille et du cloud de girofle sont déstabilisés. L’électricité manque, le tourisme n’a pas décollé et la compagnie nationale Air Madagascar, est au bord de la faillite.

Le 12 octobre 2023, à quelques jours de la fin de son mandat, le président Andry Rajoelina a été destitué par le Parlement à la suite d’une motion de censure déposée par l’opposition et adoptée par 151 voix contre 105. Il déploie alors d’importants moyens pour convaincre les Malgaches de lui accorder un deuxième mandat. De l’argent a été distribué aux électeurs en échange de leur vote en faveur de sa formation, la TGV (Tanora malaGasy Vonona – « Jeunes Malgaches déterminés »). En cours de campagne, il est révélé qu’Andry Rajoelina est détenteur de la nationalité française, ce qui aurait dû lui faire perdre la nationalité malgache et lui interdire de devenir président… Le scrutin du 16 novembre 2023, finalement boycotté par dix de ses douze adversaires, lesquels ne reconnaîtront pas sa victoire. Andry Rajoelina est élu avec 59% des voix  (et un taux de participation de 46 %). Très contestée par une bonne partie de la classe politique, son élection est finalement confirmée par la Haute Cour constitutionnelle de Madagascar, le 1er décembre, et la communauté internationale en prend acte. Son second mandat commencera le 16 décembre.  Ses nombreux détracteurs craignent que la IVe république, dont on fête aujourd’hui l’anniversaire, ne vire comme la précédente, à l’autoritarisme.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 décembre 2023

 

Andry Rajoelina en 2021

Lire la suite
1896, Suède, Norvège, 10 décembre Bruno Teissier 1896, Suède, Norvège, 10 décembre Bruno Teissier

10 décembre : les cérémonies des Nobel

En Suède et en Norvège, c’est très officiellement le Nobeldagen (le jour des Nobel). Depuis 1901, chaque 10 décembre, jour anniversaire de la mort d'Alfred Nobel, les prix Nobel sont décernés aux lauréats lors d’impressionnantes cérémonies.

 

En Suède et en Norvège, c’est très officiellement le Nobeldagen (le jour des Nobel).

Depuis 1901, en effet, les prix Nobel sont décernés aux lauréats lors des cérémonies du 10 décembre, jour anniversaire de la mort d'Alfred Nobel. Comme stipulé dans le testament de Nobel, les prix Nobel de physique, de chimie, de physiologie ou de médecine et de littérature sont décernés à Stockholm, en Suède, tandis que le prix Nobel de la paix est décerné à Oslo, en Norvège.

À Oslo, la cérémonie a lieu a lieu à l'hôtel de ville. Le lauréat reçoit son prix des mains du président du Comité Nobel norvégien en présence du roi Harald V de Norvège. À Stockholm, les lauréats reçoivent la médaille et le diplôme du prix Nobel des mains du roi Carl XVI Gustaf de Suède. La cérémonie au Stockholm Concert Hall. Après la cérémonie, un grand banquet est offert en soirée à l'hôtel de ville de Stockholm.

Depuis 1969, un prix supplémentaire est décerné lors de la cérémonie à Stockholm : le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques à la mémoire d'Alfred Nobel.

Une tradition de la Semaine Nobel pour les lauréats consiste à visiter les écoles locales et à faire des présentations sur leurs travaux. La lauréate de littérature 2022, Annie Ernaux a visité une école de Rinkeby, une banlieue défavorisée de Stockholm. Ces visites et conférences scolaires incluent également les conférences du prix Nobel, où les lauréats présentent leurs recherches devant un public d'étudiants, d'habitants et de membres de la communauté scientifique. 

Alfred Nobel est décédé le 10 décembre 1896. Le 29 juin 1900, la Fondation Nobel a été créée pour gérer les finances et l'administration des prix Nobel, et la toute première cérémonie de remise des prix Nobel a eu lieu en 1901, le 10 décembre. Les premiers lauréats furent Jacobus Henricus van 't Hoff (chimie), Emil Adolf von Behring (physiologie ou médecine), Sully Prudhomme (littérature), Henry Dunant et Frédéric Passy (paix) et Wilhelm Conrad Röntgen (physique).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 9 décembre 2023

 
Lire la suite
1905, France, Laïcité, 9 décembre Bruno Teissier 1905, France, Laïcité, 9 décembre Bruno Teissier

9 décembre : la journée de la laïcité en France

« La République ne reconnaît aucun culte » dit la loi de 1905… bon courage aux professeurs pour l’expliquer à leurs élèves. Le 9 décembre est l’anniversaire de la loi de 1905 de séparation entre l’Église et l’État. En dépit de demandes récurrentes, ce jour n’est pas férié en France. Et il y a peu de chance pour que cela se fasse pendant la présidence Macron. Depuis 2015, toutefois, une Journée de la laïcité est célébrée dans tous les établissements scolaires de France, le 9 décembre.

 

En France, des voix réclament régulièrement de faire du 9 décembre un jour férié dédié à la laïcité. C’est l’anniversaire de la loi de 1905 de séparation entre l’Église et l’État. Un pas a été fait en ce sens sous la présidence de François Hollande : depuis 2015, une Journée de la laïcité est célébrée dans tous les établissements scolaires de France, le 9 décembre. Cette année, elle marque le 118e anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État (1905), qui a participé à enraciner la laïcité (instituée dès 1882 pour les enseignements) à l’école publique.  « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. » (art. 2 de la loi du 9 décembre 1905).

Outre le fait que cette loi n’est pas appliquée en Alsace et en Moselle créant une rupture d’égalité entre les Français, elle semble bien méconnue par Emmanuel Macron, qui, le 23 décembre dernier, assistait, en tant de président des Français, à la messe que le souverain pontife a célébrée au Stade-Vélodrome de Marseille. Ce qui ne s’était quasiment jamais fait sous la cinquième république.  Il y a deux jours,  le Grand Rabbin de France était invité à Élysée pour allumer la première bougise de la fête juive d’Hanoucca, une première dans l’histoire de la république. Cette année, la leçon des enseignants du secondaire sur la laïcité va être plus difficile à concevoir et à transmettre. L’Élysée va devoir fêter Noël (pas uniquement pour les enfants du personnel) de manière multiple. Car selon la fâcheuse logique communautarisme qui se met en place, il conviendra d’organiser un réveillon de Noël le soir du 5 janvier prochain, en solidarité avec les Arméniens qui ont connu eux aussi des journées dramatiques, il y a peu. Sans oublier ensuite, le Nowrouz, en mémoire des Kurdes et des Iraniens persécutés, l’Illumination du Bouddha… On se demande, à présent, quelle fête musulmane va être choisie par l’Élysée en mémoire des dizaines de milliers de Palestiniens morts à Gaza sous les bombes de Tsahal et en Cisjordanie, sous les balles des colons extrémistes ?

« La République ne reconnaît aucun culte », cette phrase forte de la loi de 1905 devrait figurer  au fronton de l’Élysée et pas seulement chaque 9 décembre.

Le principe de laïcité est au fondement du système éducatif français depuis la fin du XIXe siècle. Les différents enseignements contribuent à la transmission de la laïcité, en particulier l’enseignement moral et civique, l’histoire géographie ou encore la littérature. Ce principe figure dans l’article premier de la Constitution de 1958 : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la Loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »

Selon le Conseil constitutionnel  : « le principe de laïcité impose notamment le respect de toutes les croyances, l’égalité de tous les citoyens devant la loi sans distinction de religion et que la République garantisse le libre exercice des cultes » (décision n° 2012-297 QPC du 21 février 2013). Une position que chacun l’interprétera à sa manière…

La loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République institutionnalise la Journée de la laïcité au sein de la fonction publique. La loi rend obligatoire la désignation d'un référent laïcité dans les trois fonctions publiques. Le référent est notamment chargé d'organiser une journée de la laïcité le 9 décembre de chaque année. Les initiatives de l’Élysée ne lui facilitent pas la tâche.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 8 décembre 2023

 
Caricature de 1905

Caricature de 1905

laicité.jpg
laicité1.png
Lire la suite
1990, Albanie, jeunesse, Chute du communisme, 8 décembre Bruno Teissier 1990, Albanie, jeunesse, Chute du communisme, 8 décembre Bruno Teissier

8 décembre : la journée de la jeunesse albanaise prétexte à des affrontements politiques

L’Albanie rend hommage à sa jeunesse, en particulier aux étudiants qui le 8 décembre 1990, ont pour la première fois défié le pouvoir communiste dans les rues et très rapidement obtenu sa chute. Mais la préoccupation de la jeunesse d’aujourd’hui n’est plus celle de l’époque du Mouvement de décembre et la Journée de la jeunesse prend une tournure politique particulière où droite et gauche rivalisent pour tenter de la la séduire.

 

L’Albanie rend hommage à sa jeunesse, en particulier aux étudiants qui le 8 décembre 1990, ont pour la première fois défié le pouvoir communiste dans les rues et très rapidement obtenu sa chute. Mais la préoccupation de la jeunesse d’aujourd’hui n’est plus celle de l’époque du Mouvement de décembre et la Journée de la jeunesse (Dite e Rinise) prend une tournure politique particulière où droite et gauche rivalisent pour tenter de la la séduire.

« Nous voulons vivre comme dans le reste de l’Europe », tel a été le slogan de la manifestation étudiante du 8 décembre 1990 dans les rues de Tirana, alors que partout, ou presque, sur le continent les régimes communistes sont récemment tombés. L’Albanie, isolée depuis les années 1960, semblait avoir oublié le cours de l’histoire. Forts de cette première audace, ils sont plus de 3 000 manifestants deux jours plus tard. Ramiz Alia, le communiste réformateur au pouvoir depuis 1985 reçoit une délégation d’étudiants et se voit contraint de leur céder l’autorisation de créer des formations politiques indépendantes du Parti communiste et la promesse d’élections libres. De 1945 à 1989, seules les listes du PC étaient autorisées à se présenter à des scrutins sans choix. Dès le lendemain, le Parti démocratique était fondé. Les élections auront lieu en mars 1991. Les communistes restent au pouvoir, mais devront le partager avec l’opposition dès le mois de juillet alors que le pays sombre dans le chaos. Tout est allé très vite. La statue de Staline, une des dernières d’Europe, fut déboulonnée le 20 décembre 1990, deux mois avant celle d’Enver Hodja, l’ancien dictateur, mort en 1985.

Un quart de siècle plus tard, les étudiants de 1990 ont pris de l’âge. Certains sont arrivés au pouvoir sous la conduite de Sali Berisha (Parti démocratique), et ont géré le pays pendant des années. C’est d’ailleurs Sali Berisha, premier ministre qui a fait de la Journée de la jeunesse (Dite e Rinise) un jour férié, en 2010, pour le vingtième anniversaire de la chute du régime communiste.

Les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas dans la vénération de leurs aînés qui leur ont laissé un pays où les inégalités ont explosé après 25 ans de politique néolibérale. La journée du 8 décembre souligne les fractures et contradictions du paysage politique. Le Parti démocratique, devenu un parti conservateur classique, a fait du 8 décembre une occasion de surfer sur les frustrations de la population en organisant de grandes manifestations politiques : en 2015, plusieurs milliers de militants de droite se répandaient dans les rues de Tirana pour protester contre la gauche au pouvoir, pensant rejouer la scène de 1990, mais en y ajoutant des violences contre les bâtiments publics. Sauf que le Parti socialiste est arrivé au pouvoir en 2013 à l’issue d’élections libres, élu par des citoyens déçus par la gestion du Parti démocratique.

Le soir du 8 décembre, un grand concert est organisé place de la Démocratie par le ministère de la Culture. Comme chaque année, de nombreux jeunes du Kosovo sont invités pour l’occasion. Le reste de la journée, des rassemblements politiques sont proposés aux jeunes, comme aux plus vieux, par le Parti socialiste. Mais, après dix ans de pouvoir d’Edi Rama, le pouvoir socialiste s’est quelque peu sclérosé et la jeunesse ne s’y reconnaît plus vraiment.

Ce même jour, le leader historique du PD, Sali Berisha, visite le mémorial d'Azem Hajdari, figure clé du Mouvement de décembre et député du PD, mystérieusement assassiné à Tirana en 1998. Mais, Berisha a perdu la main. Le principal parti d’opposition est aujourd’hui dirigé par son rival, Lulzim Basha, ancien ministre et ancien maire de Tirana. C’est lui qui tente aujourd’hui de rassembler la jeunesse pour proposer une alternance au gouvernement actuel. Le 8 décembre est aujourd’hui, bien plus une journée d’affrontement politique que la commémoration du Mouvement de décembre 1990. La jeunesse albanaise trouvera-t-elle sa voie entre un parti conservateur plein de promesses mais dont la gestion du pays a été, en son temps, catastrophique et un parti socialisme qui avait redressé la situation mais qui, à son troisième mandat, a dérivé vers l’autocratisme ?

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 décembre 2023

 

Le 8 décembre 1990

Lulzim Basha, le 8 décembre 2022

Lire la suite
Judaisme, Fête des lumières Bruno Teissier Judaisme, Fête des lumières Bruno Teissier

14 décembre : Hanoucca, la fête juive de la lumière

Ce jeudi soir, chaque famille juive est invitée à exposer à sa fenêtre ou à sa porte, la hanoukia, le chandelier à neuf branches dont elle va allumer une bougie chaque soir durant huit jours. Une fête de la lumière qui en rappelle beaucoup d’autres, mais la tradition fait remonter cette observance à une victoire sur les Syriens au IIe siècle avant J.-C.

 

Ce soir, chaque famille juive est invitée à exposer à sa fenêtre ou à sa porte, la hanoukia, le chandelier à neuf branches dont elle va allumer une bougie chaque soir durant huit jours. Il est d’usage, durant cette période, de donner des étrennes aux enfants, de s’offrir des cadeaux dont le plus traditionnel est le dreidi, une toupie à 4 faces dont chacune contient une lettre hébraïque.

Comme la Noël des chrétiens, Hanoucca (הכנח) ou Hanouka est une fête aux lointaines origines païennes qui, jadis, célébrait le solstice d'hiver (fin décembre). C’est aussi le cas de la Sankta Lucia des Suédois ou de l’allumage des bougies de l’Adventskranz en Allemagne qui rappelle la tradition de HaHanoukka… En Europe ou en Amérique du Nord, la popularité d’Hanoucca vient du fait qu’elle s’insère bien dans l’ambiance de Noël, toutes religions confondues. Cette année, la fête juive des lumières commence le 14 décembre soit la veille du 25 Kislev de l’an 5787 du calendrier hébraïque, et se prolonge jusqu’au 22 décembre 2025.

Cette fête des lumières a aussi été dotée d’un argumentaire religieux : selon la tradition, elle commémore la victoire d’une famille juive, les Maccabées, sur les Syriens qui souhaitaient anéantir le judaïsme et helléniser la totalité du royaume au IIe siècle avant J.-C. Après trois ans de combat et la restauration du temple de Jérusalem profané, on découvrit une fiole d’huile servant à alimenter la menora (chandelier) qui, au lieu de ne brûler qu’une seule journée se consuma pendant huit jours. Les sages instituèrent alors la fête de la Hanoucca qui dépasse la simple commémoration d’une victoire mais souligne plutôt le risque de l’assimilation qui menace régulièrement l’identité juive. Une parabole qui ne manque pas d’être rappelée dans le contexte de l’après 7-Octobre en Israël, où on escompte une « victoire » militaire.

L’allumage des bougies est un rite caractéristique de cette fête. La première bougie à allumer se positionne à droite. Chaque jour, la nouvelle bougie est placée à gauche de celle de la veille et c'est par elle que l’on débute. Chaque nouvel allumage est réalisé à l’aide de la neuvième bougie (au centre), le shammash, et non pas d’une bougie déjà allumée! La hanoukia doit être placée près d’une fenêtre pour être visible de la rue (seulement si celle-ci est au rez-de-chaussée ou au 1er étage) ou près d’une porte du côté gauche en entrant. Ces lumières doivent briller au moins une demi-heure après la tombée de la nuit.

Pour se souhaiter un joyeux Hanouka, les fidèles ont pour habitude de dire "Hag Sameah" ou "Hanouka Sameah".

La fête de Hanoucca est variable sur le calendrier grégorien : du dimanche 14 au lundi 22 décembre 2025 ; du vendredi 4 au samedi 12 décembre 2026 ; du vendredi 24 décembre 2027 au samedi 1er janvier 2028…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2025

 
hannouc.png

Pièce israélienne, émise en 1985, reproduisant une monnaie du Ier siècle av. J.-C.

Lire la suite
Colombie, Guatemala, catholiques, 7 décembre Bruno Teissier Colombie, Guatemala, catholiques, 7 décembre Bruno Teissier

7 décembre : en Colombie, des bougies en hommage à la Vierge ; au Guatemala, on chasse le diable

La veille de la fête catholique de l’Immaculée conception, les Colombiens ont pris l’habitude d’allumer des lampions pourvus d’une petite bougie à placer devant sa maison. Au Guatemala, chaque 7 décembre, les familles se rassemblent à 18h devant leurs maisons et font des feux de joie pour brûler des effigies de Satan.

 

La veille de la fête catholique de l’Immaculée conception, les Colombiens ont pris l’habitude d’allumer des lampions pourvus d’une petite bougie. L’usage veut que ces bougies et lanternes puissent être vues partout. Chaque 7 décembre, au soir, on les installe devant les maisons, sur les porches, les balcons, les fenêtres, les rues, les trottoirs, les places, les parcs. Dans certaines villes, c’est un véritable de lanternes et de bougies sont organisés par les municipalités. Cette veille du 8-Décembre est connue comme El día de las velitas ou noche de las velitas, car les festivités ont lieu la nuit qui précède la fête de l'Immaculada Concepción de la Virgen María, jour férié comme dans la plupart des pays d’Amérique latine. Cette fête marque le début de la saison de Noël, on prépare les premier  buñuelo (beignet de Noël). Bogota est entièrement décorée, et de nombreuses familles passent la soirée dans les rues à admirer les éclairage de Noël et à visiter des crèches des églises, des concerts de chants de Noël et d'autres spectacles ont lieu en plein air. Les magasins, centres commerciaux, musées et autres lieux publics prolongent généralement leurs heures d’ouverture le soir du 7 décembre.…

En France, la ville de Lyon organise chaque 8 décembre, une fête des lumières qui, à l’origine, se limitait à quelques bougies sur le rebord des fenêtres mais qui a prix l’allure d’un festival attirant deux millions de visiteurs.

Au Guatemala, cette veillée s’est transformée en une célébration magico-religieuse : le feu du Diable (Quema del diablo). Chaque 7 décembre, les familles se rassemblent à 18h devant leurs maisons et font des feux de joie pour brûler des effigies de Satan. On pense que ce rituel purifie les maisons du mal. On laisse les enfants jouer avec le feu, les marchands de feu d’articice envahissent les rues. Ce soir-là, on brûle un peu tout et n’importe quoi ce que dénoncent les écologistes locaux.

La tradition de brûler le diable semble être apparue à l’époque coloniale, plusieurs siècles avant que l’Église n’invente la fête qui sera célébrée demain. En effet, la fête de l'Immaculada Concepción de la Virgen María, repose sur un dogme qui fut proclamé comme tel par le pape Pie IX dans la bulle Ineffabilis Deus du 8 décembre 1854. On peut citer ailleurs dans le monde d’autres cérémonials de purification comme Tchaharchanbé-Souri , Trndez ou Walpurgis.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 6 décembre 2023

 

Éclairage sur la rivière Medellín, Colombie

Quema del diablo, (photo : tvaztecaguate)

Lire la suite
1989, Canada, femmes, 6 décembre Bruno Teissier 1989, Canada, femmes, 6 décembre Bruno Teissier

6 décembre : la journée canadienne contre la violence faite aux femmes

Aujourd’hui au Canada, il convient de porter un ruban blanc à la boutonnière et d’observer une minute de silence à 11 heures si on veut participer à la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes. La commémoration, c’est celle du massacre de 14 jeunes femmes, le 6 décembre 1991 par un individu affirmant lutter contre le féminisme.

 

Aujourd’hui au Canada, il convient de porter un ruban blanc à la boutonnière et d’observer une minute de silence à 11 heures si on veut participer à la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes ou, plus simplement, à la Journée du ruban blanc.

La commémoration, c’est celle du massacre de 14 jeunes femmes, le 6 décembre 1991 par un homme affirmant lutter contre le féminisme. Ce meurtre de masse, véritable acte terroriste antiféministe, a été perpétré à l’École polytechnique de Montréal, par un individu lourdement armé. Chaque 6 décembre, l’université organise une cérémonie du souvenir des victimes (Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault, Annie Turcotte, Barbara Klucznik-Widajewicz). Dix ont été gravement blessées. 

La commémoration ne se limite pas au Québec. Depuis 1990, chaque 6 décembre, les drapeaux canadiens sont mis en berne sur les bâtiments fédéraux, y compris la Tour de la Paix sur la Colline parlementaire (Parliament Hill).  La commémoration a également des échos ailleurs, notamment à Paris où, place du Québec, 6e arrond., un rassemblement féministe a lieu chaque année à 19h.

La mémoire a dû faire son chemin, il a fallu attendre 2019, le 30e anniversaire de la tuerie pour qu’une nouvelle plaque commémorative, place du 6-décembre-1989 à Montréal, mentionne enfin que « quatorze femmes ont été assassinées lors d’un attentat antiféministe ». La première plaque, rédigée en 1999, ne mentionnait qu’une « tragédie survenue à l’École polytechnique », sans préciser le caractère antiféministe du massacre. 

Mais, les féminicides au Canada ne se limitent pas à ce crime de masse. D’après l'Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilité, 184 femmes ont été tuées en 2022, ce qui correspond à une augmentation de 20 % par rapport à 2019. Près de 60 % des victimes ont été tuées par leur compagnon ou par un ancien partenaire, note encore l'Observatoire. Le rapport souligne également la surreprésentation en la matière des femmes autochtones, qui constituent 36 % des victimes de féminicides et seulement 5 % de la population canadienne.

Le 6 décembre s’inscrit dans le cadre des Seize Jours de militantisme contre la violence faite aux femmes, qui se déroulent chaque année entre le 25 novembre et le 10 décembre. Pendant cette période, les ONG Canadienne encouragent leurs membres et militant(e)s à prendre part aux conversations sur les réseaux sociaux sur le sujet et de participer à la lutte pour mettre fin à la violence sexiste, en utilisant le mot-clic #16Jours.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 décembre 2023

 
Lire la suite
1984, Nouvelle-Calédonie, assassinat, 5 décembre Bruno Teissier 1984, Nouvelle-Calédonie, assassinat, 5 décembre Bruno Teissier

5 décembre : les Kanaks commémorent l’assassinat des dix de Tiendanite

Alors qu’en métropole, on rend hommage aux victimes civiles et militaires des guerres coloniales en Afrique du Nord, en Nouvelle-Calédonie on se souvient des dix Kanaks victimes d’une embuscade tendue par des Caldoches (Néocalédoniens d’origine européenne), le 5 décembre 1984. Le Caillou vivait alors une situation de quasi guerre civile dont la mémoire n’est pas totalement digérée.

 

Alors qu’en métropole, on rend hommage aux victimes civiles et militaires des guerres coloniales en Afrique du Nord, en Nouvelle-Calédonie on se souvient des dix Kanaks victimes d’une embuscade tendue par des Caldoches (Néocalédoniens d’origine européenne), le 5 décembre 1984.

Chaque 5 décembre, se tient à Tiendanite, une cérémonie en souvenir des dix militants kanaks assassinés. On se retrouve entre amis, voisins, cousins. On accueille des collégiens et lycéens pour leur transmettre la mémoire des luttes indépendantistes. Des membres du Sénat coutumier de Nouvelle-Calédonie sont là. Mais les officiels français ne sont pas les bienvenus. L’an dernier les fils de Jean-Marie Tjibaou, le chef du FLNKS de l’époque, neveux et cousins de plusieurs victimes, ont refusé d’accueillir le ministre Darmanin sur le site où se trouve aujourd’hui le mémorial dédié aux victimes.

La Nouvelle-Calédonie vivait à l’époque une véritable guerre civile, les indépendantistes manifestaient, coupaient les routes… Alors qu’ils revenaient d’une réunion politique à la mairie de Hienghène, des militants du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) circulant à bord de deux camionnettes. À Wan’Yaat, ils sont tombés dans une embuscade que des Caldoches avaient minutieusement préparée pour faire le plus de victimes possibles. Celle-ci fut d’une extrême violence, les hommes poursuivis, les chiens lâchés, les blessés achevés et les corps mutilés… On relèvera 10 morts, dont deux frères de J.M. Tjibaou ainsi plusieurs de ses neveux et cousins, ainsi que 5 blessés graves. Les terroristes sont de petits propriétaires de la vallée, descendants de colons, craignant d’être chassés de leurs exploitations en cas d’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Cinq jours plus tôt Jean-Marie Tjibaou avait hissé pour la première fois le drapeau bleu rouge et vert de la Kanaky (le nom du pays adopté par les autochtones).

Les assassins se sont rendus et reconnaîtront les faits. Mais, ils ne seront jamais condamnés. La justice française va évoquer un motif de « légitime défense préventive » qui  n’existe pas en droit français, pour prononcer leur acquittement. Les sept auteurs, membres des familles Mitride et Lapetite ont été relaxés par la cour d'assises de Nouméa le 29 octobre 1987. Le jury était composé exclusivement d'Européens et le juge d'instruction, un ancien militaire, avait déjà annoncé un non-lieu… Cela fait 39 ans que les Kanaks se se heurtent au silence de l’État français et des familles des coupables, avec le sentiment profond que justice n’a pas été faite. 

Après ce drame, Jean-Marie Tjibaou réagira en déclarant : « La chasse au Kanak est ouverte ». La guerre civile ne fera que s’aggraver. En représailles, les indépendantistes vont multiplier les incendies de maisons caldoches situées en brousse. Plusieurs dizaines de morts seront à déplorer dans les deux camps… En 1988, des Kanaks prendront en otage cinq gendarmes dans une grotte de l’île d’Ouvéa. Le 5 mai, sur ordre d’un ministre du gouvernement Chirac, un commando ouvre le feu, entraînant la mort de dix-neuf Kanaks et deux gendarmes. C’est ce nouveau drame qui fera enfin prendre conscience à Paris de la gravité de la situation.

Aujourd’hui, la situation n’est plus la même mais reste tendue. La question de l’indépendance n’est toujours pas tranchée aux yeux des Kanaks qui ont boycotté le dernier référendum.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 décembre 2023

 

détail du drapeau kanak

Lire la suite
1971, Inde, marine, 4 décembre Bruno Teissier 1971, Inde, marine, 4 décembre Bruno Teissier

4 décembre : l’Inde célèbre ses forces navales

La Journée de la marine, en Inde, rappelle la première victoire navale d’importance. L’Inde qui aidait le Bangladesh à se libérer de la tutelle du Pakistan occidental. Elle avait lancé une attaque navale, victorieuse, sur le port de Karachi, quartier général des forces navales du Pakistan, le 4 décembre 1971.

 

Beaucoup de pays fêtent leur marine le jour anniversaire de leur fondation, ce n’est pas de cas de l’Inde où la Journée de la marine (Navy Day, भारतीय नौसेना दिवस), chaque 4 décembre, rappelle la première victoire navale d’importance. C’était pendant la deuxième guerre contre le Pakistan. L’Inde qui aidait le Bangladesh à se libérer de la tutelle de son voisin occidental, avait lancé une attaque navale sur le port de Karachi, quartier général des forces navales du Pakistan. L’opération baptisée “ Trident ” permit, le 4 décembre 1971, de détruire quatre navires pakistanais et de neutraliser la principale base navale de l’ennemi.

Cette victoire navale, n’était pas vraiment la première. Une décennie plus tôt, l’opération Vijay, le 19 décembre 1961, avait permis à l’Inde de prendre la ville de Goa, mais les Portugais s’étant à peine défendu, la victoire n’était pas aussi glorieuse que celle que l’Inde remportera sur son voisin en 1971.

La journée de la marine a été célébrée pour la première fois en 1944, le 21 octobre, date d’une victoire anglaise sans pareille. Elle a ensuite été déplacée au 1er décembre, puis en 1972, au 4 décembre. Il était difficile de faire référence à une fondation, car l’Inde a hérité des forces navales qu’ont bien voulu leur laisser les Anglais après 1947. Autrement dit, juste quelques navires pour surveiller ses côtes. Trois quarts de siècle plus tard, elle dispose d’une des dix flottes les plus importantes du monde ( la 7e, 6e voire 5e selon les critères et les années de référence, en concurence avec celles de la France et du Royaume uni).

D’ordinaire, les célébrations ont lieu à Visakhapatnam, le grand port du golfe du Bengale. Mais cette année, la Journée de la marine indienne est célébrée au fort de Sindhudurg qui a été construit sur le littoral de la mer d’Aden, au sud de Bombay, par l’empereur marathe Chhatrapati Shivaji Maharaj en 1660. L'événement est animé par l'amiral R Hari Kumar, chef d'état-major de la marine. Il verra la participation de 20 navires de guerre ainsi que de 40 avions, dont le MiG 29K et le LCA Navy. Le Premier ministre Narendra Modi assiste à la cérémonie du fort de Sindhudurg aux côtés du ministre en chef du Eknath Shinde et d'autres dignitaires. Après l'événement, N. Modi dévoilera la statue de Chhatrapati Shivaji Maharaj au fort de Rajkot, à Medha, Malvan.

La branche navale des forces armées indiennes a été fondée en 1612 par la Compagnie des Indes orientales et sera rebaptisée "Marine indienne" le 26 janvier 1950, deux ans et demi après l'indépendance. Il était difficile de célébrer l’origine britannique des forces navales indiennes. D’autant qu’en Inde, c’est Chhatrapati Shivaji Maharaj, l’empereur marathe du XVIIe siècle, qui est considéré comme le « père de la marine indienne ». Conscient très tôt de l’importance d’une présence maritime, il est connu pour avoir établi une solide force navale afin d’asseoir son empire marathe et résister aux menaces extérieures, notamment celle des Hollandais, des Portugais et des Britanniques. Son objectif était aussi de protéger la côte de Konkan (autour de Bombay) de la piraterie. Mais la continuité avec cette flotte marathe du XVIIe siècle et la marine actuelle est difficile à établir.

Le 4 décembre n’est pas un jour férié en Inde, mais une commémoration officielle. Les cérémonies, outre des dépôts de gerbes aux monuments aux morts, comprennent un spectacle de musique navale, une danse animée de cornemuse présentée par les cadets du SCC… Les festivités se terminent par un spectacle laser éblouissant au fort historique de Sindhudurg. Durant la journée, dans les ports militaires du pays des navires de guerre sont proposés à la visite exceptionellement.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 décembre 2023

 

Spectacle en mer au large de Visakhapatnam

Visite de navire de guerre

Lire la suite
chrétiens Bruno Teissier chrétiens Bruno Teissier

3 décembre : l’Avent en attendant Noël

Ce dimanche est le premier dimanche de l’Avent pour les Églises chrétiennes utilisant le calendrier grégorien (catholiques, luthériens, anglicans et une partie des orthodoxes). C’est le début d’une période, l’Avent, qui se terminera la veille de Noël.

 

Ce dimanche est le premier dimanche de l’Avent pour les Églises chrétiennes utilisant le calendrier grégorien (catholiques, luthériens, anglicans et une partie des orthodoxes). L’Avent débute le quatrième dimanche avant Noël et marque aussi le début de l’année liturgique. La date du 3 décembre est la plus tardive possible, car l’Avent peut aussi débuter fin novembre. De fait, l’Avent 2023 sera particulièrement court : 22 jours contre 28, l’année dernière. Cela dit, les calendriers de Noël, vendus dans le commerce, proposant une image ou de plus en plus souvent un chocolat, commencent tous au 1er décembre qui est la date intemporelle de l’Avent dans le monde laïque, et ne proposent que 24 cases. Plutôt que des cases à ouvrir, en Allemagne, on allume une bougie chaque dimanche, un rituel qui n’est pas sans rappeler la fête juive de Hanoucca qui se déroule à la même période.

Jadis, l’Avent commençait juste après 11 novembre, jour de la Saint-Martin, et faisait l’objet d’un jeûne, trois jours par semaine. L’Église occidentale a réduit l’Avent à quatre semaines au lieu de six et aujourd’hui ne préconise ni jeûne ni abstinence pendant cette période d’attente de Noël. En revanche, les Églises orientales ont conservé un Jeûne de la Nativité qui débute le 15 décembre (du calendrier grégorien) pour se terminer le 6 janvier. Sauf chez les melkites où ce jeûne commence le 10 décembre et les Arméniens qui jeûnent, en principe, du 30 décembre au 5 janvier.

Avent vient du latin Adventus (arrivée). Jadis, le français l’écrivait Advent, orthographe transmise à l’anglais qui l’a conservé.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 décembre 2023

 
Lire la suite