L’Almanach international

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1921, Lettonie, reconnaissance, 26 janvier Bruno Teissier 1921, Lettonie, reconnaissance, 26 janvier Bruno Teissier

26 janvier : le jour où la république de Lettonie a été reconnue de jure

Il y a cent ans jour pour jour, la république de Lettonie obtenait une reconnaissance internationale. Pour ce pays qui n’avait jamais existé auparavant, rien n’était gagné d’avance.

 

C’est un événement important pour un pays qui n’avait jamais existé auparavant : le 26 janvier 1921, la Lettonie était reconnue de jure par les principaux pays de l'époque : Grande-Bretagne, France, Italie, Belgique, etc. Chaque année, le ministère letton des Affaires étrangères organise des événements festifs pour commémorer cette Journée de la reconnaissance de jure de la république de Lettonie (Latvijas Republikas starptautiskās de jure atzīšanas diena).

Profitant de la déconfiture de l’Empire russe, tombé aux mains des bolcheviques et de la défaite allemande, actée le 11 novembre 1918, un Conseil national letton, constitué des principaux partis politiques, à l’exception des bolcheviques, s’est mis en place à Riga. Le 18 novembre 1918, il proclamait l’indépendance de la république de Lettonie alors que le pays était encore occupé par une armée allemande refusant la défaite. Bientôt, les bolcheviques allaient tenter de réintégrer le pays à une entité dominée par les Russes. Puis des mercenaires allemands et troupes russes blancs restées fidèles à la monarchie, allait déferler sur le pays… À un moment donné, privé toute assise territoriale, le gouvernement provisoire letton avait même trouvé refuge sur un navire allié mouillant au large de Liepāja. Pendant au moins une année, l’existence d’une Lettonie est restée hypothétique bien que l’Allemagne ait finalement abandonné son projet d’annexion des pays baltes. Le 25 novembre 1918, le gouvernement de Kārlis Ulmanis reçut un document d'Augusta Winnig, ministre plénipotentiaire allemande dans les pays baltes, confirmant la reconnaissance provisoire de l'État de la Lettonie.

Finalement, c’est le 11 novembre 1919, qu’une victoire militaire a permis à la république de Lettonie de s’établir selon les vœux du comité du 18 novembre 1918. Un appui militaire des Anglais, des Britanniques et des Estoniens, a été décisif contre les forces russo-allemandes. En janvier 1920, l’État letton commence à fonctionner et s’attend à une reconnaissance rapide des Alliés qui l’ont aidé à exister. D’autant que l’Armée rouge ayant été expulsée du pays, la Russie soviétique signe un traité de paix avec la Lettonie le 11 août 1920. En Europe occidentale, surtout en France, pourtant, on hésite encore car on n’a pas renoncé à l’idée de voir la monarchie rétablie en Russie et qu’une Russie forte et redevenue raisonnable pourrait faire un contrepoids à la menace allemande toujours latente. L’indépendance des États baltes affaiblissait inévitablement la Russie et ces petites républiques pouvaient à nouveau être un jour convoitée par les Allemands. L’hésitation durera plusieurs mois.

Rien n’était gagné d’avance, même si Lord Balfour pour le gouvernement britannique, avait dès l’automne 1918 promis une reconnaissance. À la conférence de paix de Versailles, les Lettons n’ont rien obtenu. On se souvient que des promesses faites, à l’époque, aux Arméniens, aux Kurdes, aux Arabes… n’avaient pas été tenues, pour des calculs d’équilibres des forces.

Finalement, sans l’avoir annoncé préalablement, le 26 janvier 1921, le Conseil suprême des alliés composé de la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, le Japon et la Belgique, décide à l’unanimité de reconnaître de jure la Lettonie et l’Estonie. Cela a marqué le début, dans les semaines qui ont suivit, d’une large reconnaissance internationale de la Lettonie, la Pologne, la Finlande, l'Allemagne, la Norvège, la Suède, le Danemark, la Perse, l'Autriche, le Portugal, la Roumanie et d'autres pays reconnurent pleinement la République de Lettonie. Même la Russie, le 18 mars 1921. En septembre, elle fait son entrée à la SDN. Seuls manquaient les États-Unis où le président Woodrow Wilson continuait à s’en tenir à la fiction d’une Russie unie et indivisible. C’est son successeur, Warren Harding qui reconnaîtra la Lettonie, le 28 juillet 1922.

La république de Lituanie attendra plus longtemps encore sa reconnaissance qui n’interviendra que le 20 décembre 1922.

Même après la  perte de facto de l'indépendance  en 1940 (la Lettonie ayant été annexée à l’URSS en même temps que ses voisines baltes), l'État letton a existé en tant que sujet de droit international jusqu'au rétablissement complet de l'indépendance de la République de Lettonie en août 1991. Après l'occupation de 1940, le service des affaires étrangères était la seule autorité publique de la République de Lettonie qui continuait à exercer ses fonctions de représentation du pays sur la scène internationale. Des missions diplomatiques et consulaires de Lettonie ont poursuivi leur travail aux États-Unis, au Royaume-uni, en Argentine et en Suisse, ce qui constitue un cas sans précédent dans l'histoire de la diplomatie mondiale. Le statut de jure, toujours valable, a permis à la République de Lettonie, restaurée en 1991, d'être considérée comme l'héritière des droits de la République de Lettonie d'avant-guerre et de mettre rapidement en œuvre pleinement sa politique étrangère conformément à la pratique acceptée sur le plan international. Voilà pourquoi, le 26-Janvier est si important pour les Lettons. Cette journée commémorative n’est toutefois pas un jour férié.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 25 janvier 2024

 

Le logo de la célébration du centenaire de la reconnaissance en janvier 2021

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1918, Lettonie, indépendance, 18 novembre Bruno Teissier 1918, Lettonie, indépendance, 18 novembre Bruno Teissier

18 novembre : la fête nationale de la Lettonie

La fête nationale de la Lettonie célèbre sa déclaration d’indépendance, le 18 novembre 1918, prononcée par le Conseil populaire de Lettonie, mais il faudra attendre le 26 janvier 1921 pour que la Lettonie soit un État indépendant reconnu. Entre-temps une guerre d’indépendance à l’issue incertaine a successivement opposé les démocrates lettons aux Allemands, aux bolcheviques et aux Russes blancs.

 

La Lettonie commémore sa déclaration d’indépendance, prononcée le 18 novembre 1918, par le Conseil populaire de Lettonie dans Théâtre de la ville de Riga. Le même jour, Kārlis Ulmanis était nommé chef du gouvernement provisoire, mais il faudra toutefois attendre le 26 janvier 1921 pour que la Lettonie soit reconnue un État indépendant. Entre-temps une guerre d’indépendance à l’issue incertaine a successivement opposé les démocrates lettons aux Allemands, aux bolcheviques et aux Russes blancs. Le coup politique du 18 novembre 1918 n’aurait eu aucun avenir sans des victoires militaires, en particulier celle du 11 novembre 1919, très célébrée dans le pays. Ce week-end est l’aboutissement de toute une semaine de célébrations patriotiques qui se terminent avec la fête nationale du 18 novembre, appelée Journée de proclamation de la République (Latvijas Republikas proklamēšanas diena).

La journée de fête du 18 novembre débute, comme d'habitude, par un office dans la cathédrale de Riga et une cérémonie solennelle de dépôt de fleurs au Monument de la Liberté. L’ambiance festive marquée par divers concerts et événements, se prolongera jusqu’à lundi qui sera également un jour chômé (car cette année, le 18 tombe un samedi). Les transports en commun et parkings sont gratuits pendant trois jours. Les musées font portes ouvertes,…

Dans la journée, un défilé militaire auquel participent environ 1 500 soldats, gardes nationaux, policiers, gardes-frontières, pompiers et cadets, parcourt le quai de la Daugava, à Riga. Depuis l’agression russe de l’Ukraine, l’événement a gagné en importance. Des soldats représentant les  États alliés (cette année, Albanie, Canada, République tchèque, Estonie, Islande, Italie, Lituanie, Monténégro, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Espagne et États-Unis) participent également au défilé avec le groupe des drapeaux. Pour ce défilé 2023, un groupe de drapeaux ukrainiens défile pour la deuxième fois. #militārāparāde

Le soir du 18 novembre, tout le monde est le bienvenu sur la Place de la Liberté, à Riga, où a lieu l'événement solennel dédié au 105e anniversaire de la Proclamation de la république de Lettonie. À 19h00, un chœur d'hommes dirigé par le chef d'orchestre Edgars Vītols, interprètent les plus belles chansons folkloriques lettones. Pour ce concert, de nouveaux arrangements ont été réalisés par le compositeur et pianiste Jānis Strazds, dont le groupe rythmique joue avec le chœur et les solistes. Après le concert, le président letton Edgars Rinkēvičs doit prononcer un discours. Un spectacle laser multimédia sur le Monument de la Liberté, est répété plusieurs fois dans la soirée, jusqu'à 23h.

Depuis 2003, l’habitude a été prise d’un défilé aux flambeaux aux accents nationalistes qui ne fait pas l’unanimité car la ville de Riga est en moitié russophone. La devise de la marche est « La Lettonie est à nous ! » (”Gājiena devīze ir Latvija ir mūsu !”), mais scander le slogan « Nous sommes Lettons ! » (“Mēs esam latvieši !”) sur le lieu de rassemblement est devenu l'une des traditions d’un événement qui sert à affirmer le caractère exclusivement letton d’une métropole au passé pourtant multinational. En effet, les Lettons dont les racines sont rurales, représentent moins de la moitié de la population de leur capitale. Le défilé débute à 18 h. au monument Kārlis Ulmanis,  se poursuit sur le boulevard Raina, puis la rue K. Barona, le boulevard Aspazijas, le boulevard ZA Meierovica, la rue K. Valdemārs. Sa durée est d’environ une heure. En province, chaque ville organise son défilé aux flambeaux, devenu un marqueur du 18-Novembre, comme du 11-Novembre letton. La police veille à ce qui n’y ait pas d’incident.

Un autre défilé, bien plus modeste, a relié ce matin, à partir de 7h30, l’université de Lettonie aux cimetière des Frères (Brāļu kapi), à Riga. Il est organisé par les corporations étudiantes.

La fête nationale de la Lettonie se déroule très largement en plein air. Elle coïncide à peu près, chaque année, avec l’arrivée de l’hiver météorologique. Les défilés comme les concerts en soirée, se déroulent par des températures négatives. Aussi, beaucoup de Lettons se contentent de suivre les festivités à la télévision nationale où elles sont diffusées en direct.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 17 novembre 2023

 
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1919, Lettonie, victoire, 11 novembre Bruno Teissier 1919, Lettonie, victoire, 11 novembre Bruno Teissier

11 novembre : les Lettons célèbrent le jour de Lacplésis

Chaque 11 novembre, les Lettons commémorent une victoire qui a permis à leur pays d’exister et qui n’a rien à voir avec le 11-Novembre célébré en France ou en Belgique. La bataille a eu lieu en 1919 et a décidé du sort du pays. Assorti d’une référence mythologique, la victoire lettone est célébrée chaque année.

 

Chaque 11 novembre, les Lettons commémorent une victoire qui a permis à leur pays d’exister et qui n’a rien à voir avec le 11-Novembre célébré en France ou en Belgique.

La bataille s’est achevée le 11 novembre 1919, soit un an jour pour jour après la fin de la Grande Guerre en Europe occidentale. Elle a opposé une milice composée d’Allemands et de Russes menée par un aventurier du nom de Bermondt-Avalov et forte de 45 000 hommes, à un embryon d’armée nationale lettonne rassemblant 32 000 personnes, soit toutes les bonnes volontés, y compris des femmes et des enfants, pour défendre un pays en train de naître. Dans le camp des défenseurs, tous n’étaient pas lettons, loin delà, mais tous souhaitaient échapper à la domination russe ou allemande, car ils avaient vécu l’une et l’autre.

L'armée lettone lança son attaque contre les Bermontiens le 3 novembre e,t après plusieurs jours combats acharnés sur les rives de la Daugava, est parvenu à chasser les troupes bermontiennes de Riga le 11 novembre 1919. Ce sera le début de la débandade pour l’armée de mercenaires qui va vite se disperser. Cette formidable victoire des Lettons, remporté après celle de la bataille de Cēsu, le 22 juin précédent, a écarté à la fois le danger allemand et les prétentions russes. Au cours de ce conflit (appelé Bermontiade), la Lettonie a perdu 743 soldats, dont 57 officiers. Ils reposent dans le cimetière des Frères à Riga. Leurs tombes sont fleuries chaque 11 novembre.

Quand la Lettonie a proclamé son indépendance, le 18 novembre 1918, elle était sous domination allemande depuis  septembre 1917. Le régime du tsar était tombé en février 1917, et les bolcheviques incitaient les tirailleurs lettons à déposer les armes. L’Allemagne en a profité pour prendre le contrôle des provinces baltes de l’Empire russe où vivait, à l’époque, une minorité allemande influente car propriétaire de grands domaines et qui espérait un rattachement de la région à l’Allemagne. La défaite allemande et l'armistice qui s'ensuivit, le 11 novembre 1918, ont modifié complètement la donne. Des partis politiques lettons se sont réunis le 17 novembre à Riga, toujours occupée par les troupes allemandes, ils ont formé un comité national annoncé comme le seul pouvoir légal en Lettonie jusqu'à l'élection d'une assemblée constituante. Karlis Ulmanis, leader de l'Union paysanne, est élu chef du gouvernement ; le 18 novembre 1918 ce comité déclare solennellement l'indépendance de l'État de Lettonie (ou Latvie à l'époque). Une souveraineté et une indépendance restée longtemps très virtuelle. En effet, un mois plus tard, le 17 décembre, des Lettons bolchéviques proclament une République soviétique de Lettonie présidée par Pēteris Stučka qui installe son gouvernement à Valka car les Germano-baltes occupent toujours le pays. Ces derniers sont finalement chassés de Riga en janvier 1919 et le gouvernement d’Ulmanis doit se réfugier à Liepāja, en Courlande, un port qui échappe aux bolcheviques. Le gouvernement letton qui a très peu de troupes, se résigne à faire appel aux Allemands. Ceux-ci reprennent le contrôle de Riga en avril 1919, les bolcheviques se réfugient en Russie ou sont massacrés. Mais, ils se retournent ensuite contre le gouvernement letton qui doit se réfugier sur un bateau allié mouillant au large de Liepāja. La défaite de l’Allemagne étant actée et le traité de Versailles ratifié le 23 juin, les vainqueurs de la Première Guerre mondiale imposent le rétablissement dans ses fonctions du gouvernement letton provisoire et demandent un arrêt des combats. Coupé de l’Allemagne vaincue, le général allemand (Rüdiger von der Goltz) décide alors de se mettre au service de l’armée des Russes blancs qui combattent les bolcheviques. Pour cela, il met en place des milices composées d’Allemands qui ont refusé la défaite  (les fameux corps francs) avec des soldats qui refusent la défaite. Une armée russo-allemande, dirigée le colonel Pavel Bermondt, se constitue et déferle sur le pays depuis la Courlande. De son côté, le gouvernement letton est parvenu à constituer une armée de volontaires, épaulée par  l'artillerie navale britannique et française postée au large de Riga. Le 11 novembre 1919, ils réussirent à libérer Pārdaugava  et à provoquer la débandade des mercenaires de l'armée de Bermondt. Le sort du nouveau pays s’est décidé sur les rives de la Daugava. C’est ce que les Lettons célèbrent chaque 11 novembre sur le quai du 11-Novembre, à Riga. Il faudra toutefois attendre le 11 août 1920 pour que cette guerre d’indépendance lettonne prenne fin.

Cette victoire obtenue à l’arraché, en dépit d’une disproportion des forces ( 20 canons lettons contre 100 canons pour Bermondt, trois avions lettons contre 100 pour les Germano-Russes…) est appelée le Jour de Lāčplēsis (Lāčplēša diena). Ce jour est célébré chaque 11 novembre depuis 1920. Le nom de ce jour commémoratif vient du héros guerrier légendaire.

Lāčplēsis ("Le tueur d'ours") est un poème épique d’Andrejs Pumpurs, écrit entre 1872 et 1887 sur la base de légendes locales. Il se déroule du temps des croisades allemandes en Livonie au XIIIe siècle (la noble balto-germanique en tire son origine) et raconte l'histoire du héros mythique Lāčplēsis "le tueur d'ours". À une époque où chacune des nations qui émergeait en Europe orientale devait avoir son épopée, Lāčplēsis est a été considérée comme l’’épopée nationale lettone, comme le Kalevala des Finlandais. La guerre contre les troupes germano-allemande a été comparée à la bataille entre Lāčplēsis et le chevalier noir. La victoire décisive des Lettons s'est produite le 11 novembre au bord de la rivière Daugava, comme dans l'épopée et depuis lors, on l'appelle le Jour de Lāčplēsis. Lāčplēsis est aussi le titre d’un film réalisé en 1930, considéré comme le premier grand film letton. Il établit des parallèles entre le monde mythique de Lāčplēsis et la guerre d'indépendance lettone.

À l’époque soviétique, la pièce de théâtre Ouguns et Nakts évoquait cet épisode, elle s’insérait dans la propagande soviétique qui voulait montrer la bataille entre les Lettons et les Allemands. Mais la société lettone a petit à petit identifié les Soviétiques aux croisés. En 1988, l'opéra rock Lāčplēsis a été joué plus de 40 fois, devenant ainsi l'un des tournants du troisième réveil national letton. Utilisant le récit mythologique, il dépeint l'occupation de la Lettonie, le travail du KGB, la russification, la destruction du christianisme en Lettonie, etc. Car si ce pays a proclamé son indépendance en 1918, il l’a perdu de 1940 à 1991 par son intégration de force à l’URSS.

La Journée Lāčplēš, réinstaurée en 1988, cultive « l’esprit des combattants de la liberté de tous les temps ». Elle est aussi appelée la Journée du souvenir (Piemiņas diena) depuis 1990. À 16 heures, c’est l’allumage traditionnel des bougies commémoratives au cimetière des Frères (Brāļu kapi), à Riga, suivi d'une procession aux flambeaux jusqu’au Monument de la Liberté, où se déroule une cérémonie.

Chaque 11-Novembre, les habitants sont invités à allumer des bougies sur les murs du château de Riga en l'honneur des défenseurs de la Lettonie. Cette année, l’association "Vos amis" fera fondre les bougies restantes pour en faire des bougies de tranchée pour les soldats défenseurs de l'Ukraine. Les habitants de Riga pourront faire don de bougies, c'est-à-dire des restes de bougies à la paraffine ou des bougies neuves, au point de don de l'association "Tavi draugi", sur le front de mer du 11-Novembre, le soir de la journée de Lāčplėš.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 10 novembre 2023

 

Photo Ernests Dinka, chancellerie de la Saeima

Lāčplēsis (le Tueur d’ours) représenté sur le Monument de la Liberté, à Riga

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1236, Lettonie, Lituanie Bruno Teissier 1236, Lettonie, Lituanie Bruno Teissier

22 septembre : le jour de l’unité balte

Chaque 22 septembre, entre 20h et 21h, il est d’usage en Lettonie et en Lituanie d’allumer des feux, en souvenir des pratiques des tribus baltes au moment de l’équinoxe d’automne (qui cette année tombe le 23 septembre). C’est aussi l’anniversaire de la bataille de Saule qui opposa le 22 septembre 1236 les forces païennes des Samogitiens et des Semigalliens à celle des Frères de l'Épée de Livonie, une force catholique.

 

Chaque 22 septembre, entre 20h et 21h, il est d’usage en Lettonie et en Lituanie d’allumer des feux, en souvenir des pratiques des tribus baltes au moment de l’équinoxe d’automne (qui cette année tombe le 23 septembre). Ce jour-là, la nuit et le jour sont d’une égale durée.

Le 22 est la date qui a été choisie en 2000 par les parlements des deux pays lors de la création du Jour de l’unité balte (Baltų vienybės diena (en lit.), Baltu vienības diena (en let.)) est, en fait, l’anniversaire de la bataille de Saule (Šiaulių mūšis ou Saules kauja) qui opposa le 22 septembre 1236 les forces païennes des Samogitiens et des Semigalliens  aux Frères de l'Épée de Livonie, une force catholique lancée dans la conquête de ce qui deviendra la Lettonie et la Lituanie afin de les convertir au christianisme.

Cette fête, célébrée chaque année, vise à rapprocher les peuples baltes et à favoriser des liens solides entre les deux États baltes : Lettonie et Lituanie (l’Estonie dont la culture se rapproche de celle de la Finlande n’en fait pas partie). La Journée de l'unité balte est marquée par des réceptions officielles, des conférences, des expositions, des événements culturels, des concerts et d'autres événements et activités appropriés. Dans la soirée, sont mis en place des bûchers, on se promène avec des flambeaux, chants et danses traditionnelles sont au programme. Certaines villes font tirer des feux d’artifice. Les principaux événements se déroulent dans une ville à tour de rôle.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1949, Lettonie, URSS, Goulag, déportations, 25 mars Bruno Teissier 1949, Lettonie, URSS, Goulag, déportations, 25 mars Bruno Teissier

25 mars : la Lettonie commémore les déportations au Goulag

En Lettonie, le 25 mars est un jour de deuil où l'on se souvient des victimes des déportations opérées par Moscou et qui ont débuté le 25 mars 1949. En l’espace de trois jours, elles ont fait disparaître de Lettonie quelque 2,5% de la population du pays.

 

En Lettonie, le 25 mars est un jour de deuil où l'on se souvient des victimes des déportations de 1949. C’est  le jour du souvenir des victimes de la terreur communiste (komunistiskā terora upuru piemiņas diena).

Dans la nuit du 24 au 25 mars 1949, les habitants de nombreuses fermes lettones ont été réveillés par des coups de fusil ou de lourdes bottes frappant la porte. Des soldats et officiers des troupes internes du ministère soviétique de la Sécurité d'État, épaulé par des militants soviétiques locaux, se sont pointé dans de nombreux villages et ont annoncé aux victimes qu’elles avaient deux heures pour récupérer quelques affaires en vue d’un voyage vers la Sibérie. Environ 43 000 habitants ont été ainsi déportés de Lettonie vers l’est de l’URSS et une partie d’entre eux a été enfermée au Goulag sans aucune décision de justice. Épuisés certains ne sont même pas parvenus à destination, la majorité des déportés étant des enfants et des personnes âgées.

La déportation des Lettons avait été soigneusement planifiée et approuvée à Moscou le 29 janvier 1949. La mise en œuvre de ce plan a été réalisée le 25 mars et a duré jusqu'au 28 mars. 42 133 paysans et patriotes lettons ont été ainsi déportés de force. Cela représentait environ 2,5 % de la population de l’époque. Ils ont été envoyés  principalement dans les régions de Krasnoyarsk, Omsk, Tomsk, Amur, Novossibirsk. Environ 73% des déportés étaient des femmes et des enfants de moins de 16 ans. De plus, entre 136 000 et 190 000  ont été emprisonnés et déportés vers les camps de concentration soviétiques (le Goulag). Peu nombreux sont ceux qui reviendront.

À Riga, la commémoration de la déportation du 25 mars 1949 et les victimes du génocide communiste, débute à 10 heures par un moment de recueillement à la gare de Škirotava. À 12h30, il y a une procession du Musée de l'occupation lettone au Monument de la Liberté, où à 13h00 est organisée une cérémonie de relève de la garde d'honneur et de dépôt de fleurs. À 17 heures, puis à 20 h, des concert ont lieu en l'église Saint-Pierre de Riga. Une autre commémoration a également lieu chaque 14 juin en mémoire des déportations de 1941 dans les trois pays baltes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1944, 1949, Lettonie, URSS, résistance Bruno Teissier 1944, 1949, Lettonie, URSS, résistance Bruno Teissier

17 mars : un nouveau jour férié letton pour célébrer la résistance aux nazis et à l’URSS

En 2023, cette Journée commémorative du mouvement de résistance nationale fixée le 17 mars, est célébrée pour la deuxième fois seulement en Lettonie. Elle fait référence à résistance aux deux ennemis mortels des années 1944-1945, les nazis et les Soviétiques. La création de cette journée a pour but de désactiver une célébration néonazie qui se déroule chaque 16 mars dans les rues de Riga.

 

En 2023, cette Journée commémorative du mouvement de résistance nationale (Nacionālās pretošanās kustības piemiņas diena) fixée le 17 mars, est célébrée pour la deuxième fois seulement. Elle a été créée en juin 2021, à l'initiative du président Egils Levits et sur décision de la Saeima (le parlement). Plusieurs dates auraient été possibles, le 17 mars a été choisi pour couper l’herbe sous les pieds  de l’extrême droite lettone qui avait pris l’habitude chaque 16 mars de faire défiler d’anciens SS lettons ayant combattu dans l’armée allemande contre l’Armée rouge. Ce défilé qui attirait tous les néonazis de la région était du plus mauvais effet pour l’image de la Lettonie, d’autant que ce défilé provoquait aussi la réaction, parfois violente, de nombreux militants pro-kremlin vivant en Lettonie.

En choisissant la date du 17 mars, les autorités lettones honorent les élites lettones réagissant à la fois à l’occupation allemande – laquelle avait débuté en juin 1941 et s’était totalement terminée le 8 mai 1945 seulement, pour les derniers territoires libérés – mais aussi soviétique, car début 1944, l’URSS reprenait l’offensive contre l’Allemagne et menaçait de reprendre le contrôle total de la Lettonie.

Le 17 mars 1944, le Conseil central de Lettonie (LCP) dirigé par le professeur Konstantīns Čakste (fils du premier président de Lettonie, Jānis Čakste), a conclu la collecte de 188 signatures de personnalités lettones pour un mémorandum réclamant la restauration effective de l'indépendance de l'État letton. Les élites lettones demandaient la restauration de la république de Lettonie telle qu’elle avait existé de 1920 à 1940. Le 14 juin 1940, l’Armée rouge avait envahi la Lettonie, un an plus tard l’URSS était remplacée par l’Allemagne nazie comme puissance occupante. Au printemps 1944, la Lettonie était prise entre deux feux.

Le LCP (Latvijas Centrālā padome) avait été fondé clandestinement, sous l'occupation allemande, le 13 août 1943, par les représentants des quatre plus grands partis composant l’ancien Parlement de la République de Lettonie (la Saeima), le Parti ouvrier social-démocrate letton, l’Union des agriculteurs lettons, le Centre démocratique et le Parti des agriculteurs chrétiens de Latgale. L’ancien président de la Saeima (Paula Kalniņa) et l'évêque Jázeps Rancāns y participait. Le LCP était la plus importante organisation de résistance.

Son objectif est la restauration de l'indépendance du pays sur la base de la Constitution de 1922. Le LCP, qui se considérait comme le centre et le coordinateur du mouvement de résistance en Lettonie, avait déclaré une lutte contre les deux puissances d'occupation - les Soviétiques et les nazis - dans sa plate-forme politique. Le mémorandum du 17 mars a été signé par 188 éminentes personnalités politiques, sociales, scientifiques et culturels lettons, représentants de l'intelligentsia.

Au printemps 1944, les forces de sécurité allemandes ont lancé une sévère répression contre le LCP. En avril, K. Čakste a été arrêté puis envoyé au camp de concentration de Stutthof (en Alsace), où il est décédé le 22 février 1945. Après que Riga soit repassée sous occupation soviétique, en octobre 1944, LCP a opéré à partir de Kurzeme, avant que certains de ses membres se soient réfugiés en Suède. 

En effet, en 1944 et 1945, l'une des activités importantes du LCP a été d'aider des réfugiés à quitter la Lettonie pour la Suède. Le LCP a organisé une « action de bateau » qui a aidé environ 5 000 personnes à échapper à l'occupation soviétique. La commission militaire LCP sous la direction du général Jānis Kurelis et du capitaine Kristaps Upelnieks était active. Le LCP a misé sur les possibilités de reconquérir le statut d'État indépendant au moment de la vacance du pouvoir d'occupation, quand les forces allemandes quitteraient le pays, et avant que régime soviétique ne réoccupe le territoire de la Lettonie, avec l’espoir d’un soutien des alliés occidentaux qui étaient en train de gagner la guerre mondiale. Mais, afin de ménager Moscou, ce soutien n’est jamais venu.

Certains partisans du LCP ont pris le maquis dans les forêts du pays et se sont battus pendant plusieurs années. En 1949 (à nouveau un 17 mars), 24 partisans, réfugiés dans un bunker, livrèrent leur dernière bataille contre 760 hommes de la Tcheka (la police politique russe). 15 partisans sont morts, neuf ont été capturés.  Cette ultime bataille, désespérée, fait de la date du 17 mars un double symbole d’une résistance à la fois politique et militaire contre les deux ennemis mortels de l’époque, les nazis et les Soviétiques.

En 2023, alors qu’une guerre déclenchée par Moscou, se déroule non loin des frontières de la Lettonie, un pays où vit une très importante communiste russe, ce genre de commémoration prend une dimension particulière. Le souci du gouvernement letton est que cette commémoration soit celle de tout le pays et non celle de l’extrême droite et des courants les plus nationalistes comme c’est le cas du défilé du 16 mars dans les rues de Riga.

Ce vendredi 17 mars à 17h00, un événement solennel dédié à la mémoire du Mouvement de la Résistance nationale se tient sur la place Brivibas, à Riga. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

L'original du mémorandum n'a pas été perdu. Il était caché à Riga sous le plancher d'un appartement, où il a été retrouvé en 2001 lors de rénovations. 

Partisans lettons antisoviétiques

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Lettonie, mer, fête populaire Bruno Teissier Lettonie, mer, fête populaire Bruno Teissier

9 juillet : la Lettonie fête la mer et ses pêcheurs

La Fête de la mer, populairement appelée Journée du pêcheur, a été créée en 1936 en Lettonie dans la petite ville de Pāvilosta, à l’époque de la première république.

 

La Fête de la mer (Jūras svētki), populairement appelée Journée du pêcheur (Zvejnieksvētki), a été créée en 1936 dans la petite ville de Pāvilosta, à l’époque de la première république. Elle est célébrée le deuxième samedi de juillet, mais elle reprend de vielle traditions. C’est aujourd’hui la seconde fête la plus populaire après la Saint-Jean (Jāņi) célébrée le 24 juin.

Le pays a presque 500 km de côtes, la fête de la mer est très importante aussi bien dans les grands ports de la Baltique, comme Liepāja et Ventspils, que dans les stations balnéaires, comme la très privée Jurmala. C’est l’occasion de participer à des tournois de pêche, des défilés colorés, d’assister à des concerts en plein air ou à des compétitions sportives... Pour beaucoup de Lettons, cette fête est l'occasion de s'évader le temps d'un week-end et de se détendre au bord de la mer.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1941, Lettonie, Shoah, 4 juillet Bruno Teissier 1941, Lettonie, Shoah, 4 juillet Bruno Teissier

4 juillet : la Lettonie commémore la Shoah

La Journée du souvenir du génocide juif est dédiée à la mémoire des 70 000 Lettons juifs qui ont été exterminés entre 1941 et 1945 dans la Lettonie occupée par les nazis.

 

En Lettonie, la Journée du souvenir du génocide juif (Ebreju genocīda piemiņas diena) est marquée par des cérémonies solennelles organisées dans tout le pays. Elle est dédiée à la mémoire des 70 000 juifs lettons et allemands qui ont été exterminés entre 1941 et 1945 dans la Lettonie occupée par les nazis.

Les troupes allemandes sont entrées à Riga le 1er juillet 1941. Aussitôt, les autorités nazies ont incité les nationalistes lettons à arrêter et à agresser la population juive de Riga.

Le 4 juillet, vingt juifs ont été enfermés dans la Grande Synagogue Chorale, de la rue Gogoïa, et celle-ci a été incendiée. C’est l’anniversaire de ce drame qui est célébré aujourd’hui. Le 21 juillet 1941, tous les juifs  du pays ont été enregistrés. Les autorités d'occupation ont décidé de créer un ghetto à Riga où ont été entassés 30 000 juifs. Un mois plus tard, 24 000 habitants du ghetto seront exécutés par balles.

La commémoration des victimes du génocide du peuple juif est organisée par le Conseil des congrégations et communautés juives de Lettonie. Une cérémonie de dépôt de gerbes se déroule chaque année  au mémorial de Biķerniekos.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

4 juillet 2021, dépôt de fleurs au mémorial de la rue Gogoïa à Riga, lors la Journée du souvenir des victimes du génocide du peuple juif.

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1944, 1939, Roumanie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Bulgarie, 23 août Bruno Teissier 1944, 1939, Roumanie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Bulgarie, 23 août Bruno Teissier

23 août : une date funeste en Europe orientale

Une date à double face : l’ancienne fête nationale de la Roumanie communiste est aussi l’anniversaire du funeste pacte germano-soviétique.

 

Le 23 août était autrefois la fête nationale de la Roumanie communiste. La date célébrait la chute du régime fasciste d’Ion Antonescu par un coup d’État mené par le roi Michel Ier, le 23 août 1944. La Seconde Guerre mondiale n’était pas terminée et la Roumanie changeait de camp à la suite d’un renversement politique. En 1941, la Roumanie était entrée en guerre aux côtés de l’Allemagne nazie. Suite à ce coup d’État, le roi rejoignait les Alliés et déclarait la guerre à l’Allemagne. Mais, alors que l’Armée Rouge avançait, les communistes se sont rapidement imposés au pouvoir. En 1947, ils forcent le roi à abdiquer et s’approprieront l’événement. De 1949 à 1990, en effet, le 23 août a été célébré comme le Jour de libération de l'occupation fasciste (Ziua eliberării de ocupația fascistă). C’était alors la principale fête de l'État roumain communiste. Après la chute Ceaucescu, la fête nationale roumaine a été déplacée au 1er décembre, une référence à la Grande Roumanie de 1918. Car, même si elle évoque la chute du fascisme, la date du 26 août était bien trop associée au communisme roumain.

La date du 23 août est toujours présente dans le calendrier mémoriel, mais elle a changé d’appellation et de référence historique. C’est aujourd’hui la Journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme. Une célébration instaurée en 2009 par le Conseil de l’Europe. La date est celle du Pacte germano-soviétique du 23 août 1939, aussi appelé pacte Molotov-Ribbentrop, qui a scellé le sort de toute l’Europe orientale, de l’Estonie à la Bulgarie, une série de pays européens commémorent cette date sous le nom de Jour du Ruban noir. La date est ignorée par la France mais elle est marquée, chaque année, par les États d’Europe orientale mais également par la Suède et le Canada.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 22 août 2021

 
chaîne humaine dans les Pays baltes, un 23 août

chaîne humaine dans les Pays baltes, un 23 août

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1991, Lettonie, 21 août, indépendance Bruno Teissier 1991, Lettonie, 21 août, indépendance Bruno Teissier

21 août : la Lettonie fête son indépendance

Le 21 août, les Lettons célèbrent l'adoption de la loi constitutionnelle sur le statut de la République de Lettonie en tant qu'État et la restauration effective de la République de Lettonie.

 

Ce jour commémoratif officiel n’est pas férié ni chômé, la date du 21 août n’est pas aussi fêtée que le 18 novembre qui commémore la première indépendance, celle de 1918 ; ni même que le 4 mai, qui rappelle la proclamation d’indépendance, la seconde, celle de 1990. Néanmoins, le 21 août est l’anniversaire de la restauration officielle de l’indépendance en 1991.

Chaque 21 août, les Lettons célèbrent l'adoption de la loi constitutionnelle sur le statut de la République de Lettonie en tant qu'État (Konstitucionālā likuma pieņemšana par Latvijas Republikas kā valsts statusu) et la restauration effective de la République de Lettonie. L’opportunité leur en a été donnée, suite au coup d'État avorté du 19 août 1991 mené à Moscou par les durs du régime soviétique contre Gorbatchev. Cela a permis à la Lettonie de franchir le dernier pas : Anatolijs Gorbunovs, le président du parlement letton, déclara officiellement la fin de la période transitoire et la restauration de la République d'avant-guerre, fondé sur la constitution de 1922. Ce jour-là, la Lettonie quittait officiellement l’URSS. Cette dernière n’avait plus les moyens de la retenir, elle allait disparaître avant la fin de l’année 1991.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Estonie, Lituanie, Lettonie, 7 juillet Bruno Teissier Estonie, Lituanie, Lettonie, 7 juillet Bruno Teissier

7 juillet : la midsummer des Slaves

Les Russes célèbrent Kupala (ou koupala), une fête d’origine païenne, correspondant à un rite de fertilité plus tard adoptée par les chrétiens orthodoxes.

 

Les Russes célèbrent Kupala (ou koupala), une fête d’origine  païenne, correspondant à un rite de fertilité plus tard adoptée par les chrétiens orthodoxes. Elle correspond à la fête de la Saint-Jean en Occident. Mais, pour tout ce qui est de la tradition, la Russie est restée fidèle au calendrier julien. 

 Elle est largement célébrée dans les zones habitées par des peuples slaves mais aussi de manière analogue dans les pays et régions habitées par les peuples baltes, celtiques, finno-ougriens et germaniques.

En Finlande (Juhannus) et en Estonie (Jaanipäev), cette fête est l'une des plus importantes du calendrier. Dans ce dernier pays, ainsi qu'en Lituanie, c’est un jour de congé légal.

Fête des amoureux, elle est parfois comparée à la Saint-Valentin. 

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1941, Estonie, Lettonie, Lituanie, URSS, 14 juin, déportations Bruno Teissier 1941, Estonie, Lettonie, Lituanie, URSS, 14 juin, déportations Bruno Teissier

14 juin : jour de deuil dans les républiques baltes

C’est jour de deuil dans les trois républiques baltes en mémoire des déportations opérées à partir du 14 juin 1941, il y a 80 ans jour pour jour par les autorités soviétiques.

 

C’est jour de deuil dans les trois républiques baltes en mémoire des déportations opérées par les Soviétiques à partir du 14 juin 1941, il y a 80 ans jour pour jour.

Ce jour-là, et au cours des trois jours qui suivirent, quelque 10 000 Estoniens, des familles entières, principalement des citadins, furent déportés vers la Sibérie dans des conditions atroces, au point qu’une partie d’entre eux sont morts avant d’arriver à destination. Les familles étaient divisées : les hommes furent majoritairement emprisonnés dans des camps en Sibérie d’où très peu sont revenus alors que les femmes et enfants furent emprisonnées à Kirov, Tomsk, Omsk, Novossibirsk, Krasnovarsk ou encore dans le Krai de l’Altaï. Quelques semaines plus tard, d’autres vagues de déportations ont eu lieu et concernent encore plusieurs milliers de personnes. C’est ce triste anniversaire que les Estoniens célèbrent par un jour de commémoration annuel appelé leinapäev.

Les Lettons déplorent la même tragédie : dans la nuit du 13 au 14 juin,  ce sont plus de 5 000 citoyens qui ont été déportés. Le 14 juin est célébré chaque année comme le Jour de la commémoration des victimes de la terreur communiste (Komunistiskā genocīda upuru piemiņas dienā).

En Lituanie, cette date est appelée Jour de deuil et d'espoir (Gedulo ir vilties diena). Elle est jalonnée de cérémonies solennelles et de manifestations en mémoire des 18 500 déportations de cette sinistre journée… Au total, pour cette seule journée du 14 juin 1941 et lors des jours qui suivirent, en Lettonie, en Estonie et en Lituanie ce sont plus de 43 000 Baltes parmi lesquels plus de 3 000 enfants, qui sont déportés en Sibérie. Une majorité y laissera leur vie.

Selon le pacte Ribbentrop-Molotov du 23 août 1939 signé par les dictateurs allemands et soviétiques, les deux États totalitaires se partageaient l’Europe ce qui ouvrait la voie à une occupation soviétique des républiques baltes en octobre et novembre 1939.  Ensuite, le 22 juin 1941, le Troisième Reich allemand envahit l'URSS et occupe en quelques semaines les territoires baltes, mettant fin aux déportations vers la Sibérie et d’autres exactions encore plus terribles les remplaceront très vite. Sous l’occupation allemande, des centaines de milliers d’autres Baltes seront déportées ou tués, principalement des juifs exterminés par les nazis ou par des milices baltes dans le cadre de la Shoah. En 1944, l’URSS va ensuite réoccuper les républiques baltes pour un demi-siècle et reprendre de plus belle les déportations vers la Sibérie. Celles-ci dureront jusqu’en mars 1949 et concerneront encore 90 000 personnes. Les commémorations du 14 juin les concernent aussi.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1940, Lettonie, Extrême droite, Nazisme, 16 mars Bruno Teissier 1940, Lettonie, Extrême droite, Nazisme, 16 mars Bruno Teissier

16 mars : manifestation ambiguë à Riga

Dans les rues de Riga, d’anciens légionnaires des Waffen-SS défilent pour commémorer leur résistance à l’URSS. Bras armé des nazis, ils ont été quelque 85 000 à avoir été enrôlés, de force pour la plupart, dans les rangs de l’armée allemande et ils ont activement participé à l’extermination de 70 000 juifs de Lettonie.

 

Dans les rues de Riga, d’anciens légionnaires des Waffen-SS défilent pour commémorer leur résistance à l’URSS. Bras armé des nazis, ils ont été quelque 85 000 à avoir été enrôlés, de force pour la plupart, dans les rangs de l’armée allemande et ils ont activement participé à l’extermination de 70 000 juifs de Lettonie. Ils ne sont plus que quelques survivants très âgés à être encore en vie. Cette commémoration très controversée, appelée Jour des légionnaires (Leģionāru piemiņas diena), n’est plus une date officielle depuis 2001 en Lettonie, même si des ministres y ont encore participé jusqu’en 2016, mais elle reste autorisée, faute d’être en mesure de l’interdire.

La date du 16 mars a été choisie car en 1944 les deux divisions de la Légion lettone, ont combattu côte à côte, pour la première et unique fois, contre l'Armée rouge. Traditionnellement, un service commémoratif a lieu dans la cathédrale de Riga , après quoi les participants se rendent en procession de l’église Saint-Jean de Riga au monument de la Liberté, à Riga, où ils déposent des fleurs. Une autre cérémonie, beaucoup moins médiatisée, a lieu au cimetière de guerre de Lestene , dans la dans la municipalité de Tukums.

Beaucoup de Lettons ne voient pas le défilé du 16 mars comme une manifestation pro nazie, mais comme une occasion de protester contre la colonisation russe de leur pays opérée après la guerre. Eux qui représentaient plus des trois quarts de la population avant 1940, ne sont plus aujourd’hui qu’un peu plus de la moitié face aux quelque 40 % de Russophones. Ces derniers réagissent vivement à cette journée du 16 mars. Les autorités craignent des provocations de la part des pro-Kremlin.

Si les autorités n’y prenaient pas garde les deux manifestations se termineraient pas des affrontements. À partir de 2015, ils ont accepté de décaler l’horaire de leur défilé, frustrant la horde des journalistes venue couvrir l’événement d’images d’échange d’insultes, voire de coups, entre les deux groupes. Chaque année, les télévisons russes dressent le portrait d’une Lettonie acquise au nazisme et V. Poutine se plaît à vanter les mérites du pacte Molotov-Ribbentrop qui avait permis à Staline d’occuper la Lettonie. Ce petit pays aujourd’hui membre de l’OTAN, appartient à la ligne de front face à Moscou.

Pour couper l’herbe sous le pied de l’extrême droite lettone, le gouvernement de Riga a créé en 2021, une Journée de commémoration du mouvement de résistance nationale (Nacionālās pretošanās kustības piemiņas diena), placée le 17 mars et liée aux événements de 1944, mais aussi à ceux de 1940.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Saisons, Norvège, Lettonie, Slovénie, Vies de saint Bruno Teissier Saisons, Norvège, Lettonie, Slovénie, Vies de saint Bruno Teissier

12 mars : le printemps s'annonce, ici et là

Dans plusieurs pays d’Europe ont lieu des festivités liées à l’arrivée du printemps. Le 12 mars correspondait autrefois au 21 mars du calendrier julien, ce jour était connu comme la Saint-Grégoire.

 

Dans plusieurs pays d’Europe ont lieu des festivités liées à l’arrivée du printemps. Le 12 mars correspondait autrefois au 21 mars du calendrier julien, ce jour était connu comme la Saint-Grégoire. En 1969, le Vatican a déplacé ce saint au 3 septembre mais dans certains pays la journée est restée comme le « Jour de Grégoire ».

En Slovénie, c’est la journée des amoureux, l’équivalent de la Saint-Valentin ailleurs. Les oiseaux ne sont-ils pas censés nicher dès le premier jour du printemps ? Il est coutume de faire flotter sur les rivières des bateaux en papier en forme maison, chargé d’un mot d’amour. Les enfants font des concours de la plus belle maison flottante. Si c’est le soir, on la fera flotter avec une bougie allumée.

En Lettonie, en ce Jour de Grégoire, on guette le renard ; s’il sort de son hibernation, c’est que le printemps est imminent. Sinon, l’hiver durera encore 2 semaines. Une coutume qui rappelle le Jour de la marmotte observée par les Canadiens le 2 février.

Les îles Féroée célèbrent aujourd’hui son oiseau national, l’huitrier-pie, appelé localement le tjaldur, qui rentre de son lieu d’hivernage. Une fête est organisée dans la capitale.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 mars 2020

 
Vol de tjaldur aux îles Féroé

Vol de tjaldur aux îles Féroé

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