L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1796, Suède, Finlande, 24 février Bruno Teissier 1796, Suède, Finlande, 24 février Bruno Teissier

24 février : la Journée des Finlandais de Suède

En Finlande, il existe depuis longtemps une Journée de la culture suédoise. Les Finlandais de Suède (un demi-million de personnes au moins) ne voulaient pas être en reste. En 2010, on a fini par créer une Journée des Finlandais de Suède..

 

En Finlande, il existe depuis longtemps une Journée de la culture suédoise. Les Finlandais de Suède (un demi-million de personnes au moins) ne voulaient pas être en reste. En 2010, on a fini par créer une Journée des Finlandais de Suède (Sverigefinnarnas dag ou Ruotsinsuomalaisten päivä) qui a été célébrée pour la première fois le 24 février 2011. Divers événements sont organisés dans de nombreuses villes suédoises, notamment Stockholm, Eskilstuna, Göteborg, Nykvarn et Västerås, des spectacles de danse, de musique et de théâtre, des rencontres avec des auteurs, des événements et des activités pour les enfants, etc.

La date choisie pour cette journée est l’anniversaire du folkloriste finlandais Carl Axel Gottlund (1796-1876). Celui-ci est né en Finlande mais est venu en Suède en 1816 pour étudier les langues classiques, l'histoire, les sciences naturelles et la philosophie à l'Université d'Uppsala. Il a effectué des voyages réguliers dans les régions de Suède habitées par les Finlandais pour recueillir le folklore finlandais. Au début des années 1820, Gottlund prit publiquement position contre la suédification et fit campagne pour la création d'une Finlande autonome ; son activisme politique a même failli lui valoir son expulsion de Suède.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 23 février 2024

Le drapeau des Suédé-finlandais, un mix des deux drapeaux nationaux

 
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1898, Finlande, artiste, 3 février Bruno Teissier 1898, Finlande, artiste, 3 février Bruno Teissier

3 février : la Journée de l’architecture et du design finlandais

C’est l’anniversaire d’Alvar Aalto, né en 1898, le célèbre architecte finlandais. Cette année, les Journées de l’architecture et du design en Finlande lui associent sa première épouse Aino Marsio, car le couple s’est formé en 1924…

 

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire d’Alvar Aalto, le célèbre architecte finlandais, né en 1898. Cette année, les Journées de l’architecture et du design (Arkkitehtuurin ja muotoilun päivät) lui associent sa première épouse Aino Marsio, car le couple s’est formé en 1924. À eux deux, ils ont créé de nombreux meubles et objets, notamment des verreries pour Iittala, mais aussi des bâtiments. Ils travailleront ensemble jusqu’à la mort d’Aino en 1949.

Les Journées de l'Architecture et du Design 2024 sont célébrées du 1er au 4. Février sur le thème 'En bon état'. Il s’agit de souligner l'importance de l'architecture et du design dans la construction d'une société prospère. 

Cette année, la manifestation a été perturbée par les grèves qui secouent la Finlande contre le gouvernement (droite-extrême droite) et certains évènements ont dû être reportés. La programmation comprend, en principe, une cinquantaine d’événements dans différentes régions de Finlande, notamment dans les villes d'Alvar Aalto, d'Helsinki à Rovaniemi. Il y a des spectacles, des séminaires, des visites guidées, des ateliers, des expositions et bien d'autres programmes pour les participants d'âges différents.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 2 février 2024

Aino et Alvar Aalto

 
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1632, Finlande, Suède, Langues, 6 novembre Bruno Teissier 1632, Finlande, Suède, Langues, 6 novembre Bruno Teissier

6 novembre : la journée suédoise de la Finlande

Aujourd’hui en Finlande, on célèbre la culture suédoise, en particulier la langue suédoise qui est aussi langue nationale de la Finlande au côté du finnois. Le souvenir d’un roi de Suède mort au combat au XVIIe siècle est le prétexte à cette Journée suédoise qui sert surtout à conforter le bilinguisme en Finlande.

 

Aujourd’hui en Finlande, on célèbre la culture suédoise, en particulier la langue suédoise qui est aussi langue nationale de la Finlande au côté du finnois. Car le suédois n’est pas que la langue du pays voisin, c’est aussi la langue maternelle de 5% des citoyens finlandais et de nombreux autres la parlent également. Pendant sept siècle, la Finlande a été une simple province du Royaume de Suède. Le suédois était alors la langue de la noblesse, des élites culturelles et de l’administration. Jusqu’au début du XXe siècle, les familles de la bourgeoise s’exprimaient en suédois, laissant au petit peuple les parlers finnois. Aujourd’hui, cette distinction sociale s’est bien estompée, même si elle a laissé des traces dans la région d’Helsinki et de Turku. En revanche, le suédois a des attaches très rurales en Ostrobotnie, plus au nord et il est l’unique langue parlée aux îles Aaland.

Officiellement, le 6-Novembre est la Journée du patrimoine finno-suédois ou plus simplement la Journée suédoise (Svenska dagen / Ruotsalaisuuden päivä), elle a été instaurée en 1908, année du centenaire de la guerre perdue par la Suède face à la Russie. Ce conflit permit au tsar d’annexer le duché de Finlande. Celui-ci restera jusqu’en 1917 sous la domination russe. Cette fête de la suédoisité avait pour but renforcer le sentiment d'unité nationale. Aujourd’hui, on insiste surtout sur le respect du bilinguisme finlandais. Tous les écoliers apprennent les deux langues à l’école. La cohabitation entre les deux groupes linguistiques n’est pas toujours allé de soit. Dans les années 1930, on avait assisté à des combats de rue dans les grandes villes entre militants suédophones et finnophones. C’était un combat de classes mais aussi une réaction nationaliste dénonçant la célébration d’un vertige de l’impérialisme suédois. Les relations entre les deux groupes se sont apaisées après la guerre par crainte d’un autre impérialisme bien plus menaçant, celui de la Russie.

Le 6 novembre qui a été choisi comme fête de la suédoisité, est l’anniversaire de la mort du roi Gustav II Adolphe de Suède. Durant son règne, le royaume de Suède était à son apogée. Le roi Gustave Adolphus fut tué en 1632 lors de la bataille de Lützen. La date de sa mort est en réalité le 16 novembre et non le 6. Mais à l’époque de sa mort, la Suède utilisait le calendrier julien. Plus tard, la Suède a adopté le calendrier grégorien, mais la date de l’anniversaire de la mort du roi Gustav Adolphe a été conservée. Autrefois, en Suède, elle faisait l’objet de processions aux flambeaux et des discours patriotiques, mais la tradition a été oubliée. Aujourd’hui, en Suède, on se contente de faire flotter le drapeau suédois sur les bâtiments publics. Finalement, c’est en Finlande que cet anniversaire est le mieux illustré. Cette fête a connu un tel succès qu’elle se décline aujourd’hui sur plusieurs jours, on parle alors de la semaine suédoise (Svenska väken).

Un élément essentiel de la célébration de la Journée de la suédoisité est la chanson de la langue maternelle (Modersmålets sång) composée par Johan Hagfors (1857-1931). Ce chant de ralliement pour les suédophones de Finlande, écrit en 1897, qui puise dans le romantisme national du XIXe siècle, est aujourd’hui connu de tous en Finlande, mais aussi en Suède et en Estonie.

Le 6 novembre est l’occasion en Finlande, comme en Suède, de goûter aux Gustav Adolfsbakelse, des pâtisseries décorées d’une silhouette royale, généralement en pâte d'amande blanche ou en chocolat, avec parfois un nuage de sucre glace pour symboliser le brouillard qui régnait le jour de la bataille de Lützen, le 6 novembre 1632.

Svenska dagen est aussi l’occasion de fêter quelques écrivains finlandais qui écrivaient en suédois comme le poète Johan Ludvig Runeberg (lui aussi est célébré par une pâtisserie chaque 5 février), l’auteur de contes pour enfants, Sakari Topelius ou Tove Jansson, la créatrice des Moomins, l’un des symboles de la Finlande.

Il existe aujourd’hui une fête pour célébrer la culture finnoise en Suède, le 24 février. Cela répond notamment à la demande d’une jeunesse nationaliste finlandaise souhaitant mettre à l’honneur, le 6 novembre, les Hakkapeliittain, les cavaliers légers finlandais au service du roi Gustav Adolf.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 novembre 2023

 

Le drapeau jaune et rouge des Suédo-finlandais.

L’une des variantes du Gustav Adolfsbakelse, les recettes sont diverses, seule la silouhette du roi est invariable

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1804, Finlande, Poète national, 5 février Bruno Teissier 1804, Finlande, Poète national, 5 février Bruno Teissier

5 février : la Finlande célèbre son poète national

Durant tout le mois de janvier et jusqu’au 5 février, les pâtisseries et supermarchés de Finlande proposent une pâtisserie aux amandes et au rhum, la « tarte de Runeberg », le poète national dont c’est l’anniversaire. Johan Ludvig Runeberg est notamment l’auteur de l’hymne national finlandais. Le 5 février est de ces journées où les Finlandais se souviennent que leur pays n’existe que par le fait d’avoir échappé à la domination russe…

 

Durant tout le mois de janvier et jusqu’au 5 février, les pâtisseries et supermarchés de Finlande proposent une pâtisserie aux amandes et au rhum, avec de la confiture de framboise, c’est la Runebergintorttu, la « tarte de Runeberg », du nom de Johan Ludvig Runeberg. Celui-ci n’était pas pâtissier, on dit que c’est Fredrika, son épouse, bonne pâtissière qui aurait créé ce gâteau. Johan Ludvig Runeberg (1804-1877), est considéré comme le poète national de la Finlande, même s’il écrivait en suédois, sa langue maternelle. Il fut de ceux qui éveillèrent les Finlandais à la conscience de leur identité nationale.

Sa statue se dresse à Helsinki, au milieu des jardins de l’Esplanade. À ses pieds, une femme, allégorie de la nation, tient une tablette de pierre où sont gravées les paroles de l’hymne national finlandais Maamme (Notre pays) dont il est l’auteur. L’anniversaire du poète, né en 1804, le Runebergsdagen (le Jour de Runeberg) est célébré chaque 5 février.

Son œuvre la plus connue est Les Récits de l'enseigne Stål, écrit entre 1848 et 1860, que l'on considère comme le plus grand poème épique finlandais, après le Kalevala, bien sûr. Le texte de Runeberg raconte la guerre perdue par la Suède contre la Russie ce qui fit basculer  la Finlande dans le giron du tsar de Russie, une situation qui dura jusqu’au 6 décembre 1917, quand l’État finlandais s’est émancipé de l’Empire russe. Le 5 février est de ces journées où les Finlandais se souviennent que leur pays n’existe que par le fait d’avoir échappé à la domination russe, une chance que n’ont pas eu d’autres peuples vivant à la périphérie du monde russe. D’où les inquiétudes actuelles face au réveil violent de l’impérialisme russe.

Le premier poème de cette œuvre est devenu l’hymne national de la Finlande : Vårt land (en suédois) ou Maamme (en finnois).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La version finnoise de l’hymne national (première strophe) et sa traduction :

Oh, notre pays, Finlande, pays natal !
Résonne, ô parole d'or !
Nulle vallée, nulle colline,
nulle eau, nulle rive, n'est plus aimée
que cette demeure dans le Nord,
cher pays de nos pères.

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1917, Finlande, indépendance Bruno Teissier 1917, Finlande, indépendance Bruno Teissier

6 décembre : Il y a 105 ans, la Finlande quittait l’empire russe

La Finlande célèbre son émancipation. Le 6 décembre 1917, à la faveur de la révolution russe, les Finlandais se libéraient de la tutelle de l'empire des tsars. Pour la première fois de son histoire, la Finlande devenait un État.

 

Ce jour de fête en Finlande célèbre l'émancipation du pays. Le 6 décembre 1917, à la faveur de la révolution russe, les Finlandais se libéraient de la tutelle de l'empire des tsars. Pour la première fois de son histoire, la Finlande devenait un État. Ce Jour de l’indépendance (Itsenäisyyspäivä) est aussi la fête nationale finlandaise.

La Finlande a vécu 600 ans sous domination suédoise, jusqu’en 1809, puis pendant 108 ans comme Grand-duché, intégré à l’empire des tsars de Russie. Les rêves d’indépendance ont surgis vers 1890, ils se sont accentués à partir de 1908 quand une politique de russification a été imposée par le Tsar. Les députés finlandais commençaient à discuter d’autonomie quand la révolution russe a éclaté en mars 1917. La Douma russe a élu un gouvernement provisoire, qui a aboli une grande partie des lois contraignantes imposées à la Finlande si bien que le parlement local pouvait être convoqué. À l'été 1917, le parlement finlandais adopte une série de lois d’autonomie. La Douma russe réagit en annulant ce vote et en prononçant la dissolution de l’assemblée, si bien que nombre de députés indépendantistes vont se rapprocher des bolcheviks qui les soutenaient. Quand ces derniers sont arrivés au pouvoir, en novembre 1917, la voie vers l’indépendance était enfin libre. Craignant la propagation du bolchevisme en Finlande, un gouvernement bourgeois se met en place avec à sa tête Pehr Evind Svinhufvud, c’est lui qui lit la déclaration d’indépendance de la Finlande, le 4 décembre 1917, devant le Parlement d’Helsinki qui l’adopte le 6 décembre. Il rendra ensuite visite à Lénine à Pétrograd et obtient de celui-ci la reconnaissance de l’indépendance de la Finlande peu avant minuit le 31 décembre 1917. Début janvier 1918, l'exemple de la Russie a été suivi par la France, l'Allemagne et la Suède.

Après deux années d’interruption (suite au covid), la célébration de l’indépendance reprend son cours habituel. Depuis 1957, date du 40e anniversaire, la commémoration débute par un lever solennel du drapeau sur la colline de l’observatoire à Helsinki au son du chant de chorales. Une messe (aujourd’hui œcuménique) est ensuite dite en la cathédrale en présence du président, du gouvernement et des députés. Les officiels se recueillent ensuite devant le monument des héros de la Seconde Guerre mondiale, au cimetière Hietaniemi. Cette guerre avait été un défi majeur pour l’indépendance du pays. Elle occupe une grande place dans les mémoires. Il est d’usage le 6 décembre de se rendre en famille dans les cimetières. De nombreux chœurs d'église interprètent l'hymne national, Finlandia, composé par  Jean Sibelius, ainsi que Le cri nocturne des vétérans. Une fête au château pour les nécessiteux se tient devant le palais présidentiel.

Ce soir, avant de s'installer devant son poste de télévision pour assister en direct à la soirée de gala donné par le président de la République, chaque famille va déposer deux bougies sur le rebord de sa fenêtre entre 18h et 20h. Toute la soirée quelque deux millions et demi de Finlandais (sur 5,5 millions) vont passer la soirée à commenter la réception du président. Devant le défilé des quelque 2 000 invités, on commente la tenue des uns ou des autres, on s’étonne ou se réjouit qu’untel ou untel ait été invité… Ensuite, ils sont plus d’un million à revoir le film Soldat inconnu, réalisé par Edvin Laine. Ce film, sorti en 1955, rassemble de nombreux Finlandais devant la télévision chaque soir de la fête de l'Indépendance, depuis 2000.

Un défilé militaire est également organisé le jour de la fête nationale, il a lieu chaque année dans une ville différente : en 2022, c’est Hammina qui l’accueille. Le thème de l’année est « La sécurité se fait ensemble ». Dans un contexte de guerre, auquel la Finlande est très sensible car frontalière de la Russie, la thématique militaire est largement commentée. Le défilé a été retransmis en direct par la télévision dans l’après-midi.

Le 6 décembre est célébré comme la fête de l'indépendance depuis 1919 mais ce jour n’est chômé que depuis 1929 et c’est un jour férié depuis 1937 seulement car il y a eu longtemps des débats entre la gauche et la droite sur le choix du jour de la fête nationale. L’indépendance a en effet est suivie d’une guerre civile qui a déchiré le pays. La droite voulait célébrer l'indépendance le jour du défilé de la victoire de l'Armée blanche le 16 mai 1919. Alors que la gauche préférait le 15 novembre, ce jour de 1917 où les députés, majoritairement de gauche, avaient pris le pouvoir, permettant ensuite la proclamation de l’indépendance.

Si la gauche et la droite se sont accordées depuis longtemps sur la date du 6 décembre. Ce jour est néanmoins depuis quelques années l’occasion d’affrontements violents dans la capitale entre des groupes d’extrême droite, voire des néo-nazis, et des antifas. Depuis les années 1950, à Helsinki, des étudiants ultra nationaliste organisent une marche aux flambeaux qui commence à 16h avec le dépôt de gerbes au Sankaririst du cimetière de Hietaniemi, ainsi que sur la tombe de Mannerheim et se termine le soir devant le Sénat.  Par ailleurs, un autre mouvement bleu-noir, la “Finlande se réveille” (Suomi herää), un cortège composé de néo-nazis ouvertement racistes et fascistes, part de Rautatientori, lui aussi vers 16h00, pour rejoindre le Parlement. Le ralliement était #Motti612. Des éléments d’extrême gauche, sous le slogan “Helsinki sans nazis” (Helsinki ilman natseja), sont bien déterminés à entraver leurs marches, comme l’an dernier. Ils partent de Narinkkatori à 16h30… En 2022, les contremanifestations sont organisées par le groupe A, Varisverkosto, la Jeunesse de gauche d'Helsinki, Pinkkimusta Helsinki, le groupe Emilia et le groupe antifascisme d’Elokapina… Des policiers de toute la Finlande ont été appelés en renfort dans les rues d'Helsinki.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 5 décembre 2022

 
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Le cortège “Helsinki sans nazis” en 2021

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1867, Finlande, 4 juin, héros national Bruno Teissier 1867, Finlande, 4 juin, héros national Bruno Teissier

4 juin : la Finlande célèbre l'anniversaire de son héros national

L’anniversaire du maréchal Mannerheim, considéré comme le plus grand homme d’État finlandais. Une figure tutélaire invoquée par ces temps de menaces pour l’indépendance du pays.

 

Aujourd’hui, les édifices publics sont pavoisés aux couleurs du pays, c’est l’anniversaire d’un homme que l’ont parfois comparé à De Gaulle : Carl Gustaf Emil Mannerheim, né le 4 juin 1867. Le héros de l’indépendance de la Finlande.

Rien ne le prédestinait à devenir le héros des Fnlandais. Il est né dans une famille d’origine allemande qui a émigré en Suède puis qui s’est établie dans le Duché de Finlande, tombé sous la domination russe. De sa famille maternelle, de la petite noblesse suédoise, il a hérité du titre de baron. Enfant, il parlait le suédois et l’allemand. Il a pris le français comme toute personne d’un certain rang et le russe car il a intégré l’armée du tsar.  Établi à Saint-Pétersbourg, il a épousé une riche noble d'origine russo-serbe. Officier de l’armée impériale russe, il a participé à la guerre russo-japonaise de 1905. Très proche de la cour, il a eu une place d'honneur lors du couronnement du tsar Nicolas II. Ensuite, il est envoyé en mission en Chine et au Tibet.

Engagé sur le front Austro-hongrois pendant la Grande Guerre, il est finalement démis de ses fonctions par le gouvernement russe issu de la révolution de février 1917 car jugé trop proche du régime du tsar. Il  décide alors de prendre sa retraite et de retourner en Finlande, le pays où il est né. Il se met à apprendre le finnois.

La Finlande qui a déclaré son indépendance le 6 décembre 1917, peu après la révolution d’Octobre en Russie. Mais, elle sombre dans la guerre civile entre les rouges qui veulent une révolution comme à Petrograd et les blancs qui s’y opposent. Mannerheim, naturellement se range derrière ces derniers, mais sans souvenir les plus radicaux qui refusent même l’indépendance reconnue par Lénine. Mannerheim est en France et en Angleterre quand les blancs, vainqueurs, règlent leurs comptes dans le sang avec les rouges. Il essaye de faire reconnaître le pays par les puissances alliées. Rappelé, iI accepte de revenir en Finlande et devient régent du pays, pour quelques mois. En 1919, sa défaite aux élections le pousse à quitter la vie politique. En 1933, il est promu maréchal par le gouvernement. Des ligues d’extrême droite le poussent à prendre le pouvoir mais ce conservateur résiste à la tentation.

En 1939, pressentant l’imminence d’une agression de la Russie, il obtient du gouvernement la direction de l’armée nationale. Moscou déclenche la guerre le 30 novembre, la résistance des Finlandais est héroïque mais, après l'écrasement de la Pologne par l’URSS, le poids de cette dernière devient considérable sur la petite Finlande. Le 12 mars 1940, un armistice met fin à la terrible Guerre d’hiver. Mannerheim reste à la tête de l’armée.

La Finlande se retrouve ensuite engagée aux côtés de l’Allemagne nazie contre l’URSS, c’est la guerre dite de continuation (1941-1944). Le gouvernement accorde à Mannerheim le titre unique de maréchal de Finlande (Suomen Marsalkka). Celui-ci se garde se trop se rapprocher des Allemands tout en gardant contact avec les Soviétiques. Son souci est l’indépendance de la Finlande, laquelle préservée mais en cédant à la Russie une portion de son territoire. En août 1944, Carl Gustaf Emil Mannerheim est élu président de la République. C’est lui qui signera l’armistice. Finalement, la Finlande sera le seul État frontalier de l’URSS à préserver son indépendance et son modèle de société, mais au prix d’une stricte neutralité. Une ténacité qu’elle doit notamment à Mannerheim. Pendant la guerre, le maréchal a aussi, par son autorité, épargné aux juifs de Finlande toute discrimination ce que peu de dirigeants de pays alliés des Allemands ont eu le courage d’imposer.

C’est cette neutralité à la finlandaise que la folle guerre en Ukraine lancée par le dictateur Poutine est en train de remettre en cause. Les deux tiers des Finlandais sont aujourd’hui favorables à une intégration à l’OTAN, chose impossible il y a encore quelques mois et même au plus fort de la guerre froide.

Mort en 1951, en Suisse, il est considéré comme le plus grand homme d’État finlandais. Depuis 1942, la date anniversaire de Mannerheim (Mannerheimin kiitospuhe syntymäpäivillä), le 4 juin, est célébrée en Finlande comme « jour du drapeau » par les forces de défense finlandaises.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Timbre émis à l’occasion du 150e anniversaire de Mannerheim

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1945, Finlande, anciens combattants, 27 avril Bruno Teissier 1945, Finlande, anciens combattants, 27 avril Bruno Teissier

27 avril : la Finlande célèbre ses anciens combattants des trois guerres des années 1940

Pendant la Seconde Guerre mondiale, trois conflits militaires se sont déroulés sur le territoire finlandais : deux contre l’URSS, un contre l’Allemagne qui s’est terminé le 27 avril 1945. Aujourd’hui, la menace russe réactive tous ces souvenirs.

 

La Journée nationale des anciens combattants (Kansallinen veteraanipäivä) est une journée officielle du souvenir en Finlande. Elle est célébrée le 27 avril car c’est le jour de 1945 où, en Finlande, la Seconde Guerre mondiale a pris fin.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, trois conflits militaires se sont déroulés sur le territoire finlandais : la « guerre d'hiver » entre la Finlande et l'Union soviétique, la « guerre de continuation » entre la Finlande (alliée à l’Allemagne) et de l'Union soviétique, et la « guerre de Laponie » entre la Finlande et l'Allemagne.

Selon l'armistice de Moscou qui a mis fin à la Guerre de continuation, la Finlande devait chasser les troupes allemandes de son territoire avant le 15 septembre 1944. Techniquement, c’était impossible, l’Allemagne ayant lancé l'opération Tanne Ost et la Finlande a répondu avec la bataille de Tornio. Ainsi a commencé la guerre de Laponie.

La guerre s'est officiellement terminée le 27 avril 1945 lorsque les Allemands se sont retirés en Norvège. Bien qu'il s'agisse, en fait, d'un jour de victoire, il est d'usage de le célébrer comme un jour du souvenir. La première Journée nationale des anciens combattants a eu lieu en 1987. Traditionnellement, on procède à des cérémonies de dépôt de couronnes et des moments de recueillement sur les tombes des héros de guerre, ainsi que des services religieux.

Aujourd’hui, l’Allemagne ne menace plus la Finlande, en revanche le spectre d’une attaque de la Russie est réapparu de plus belle avec l’agression de l’Ukraine par Moscou. De fait, Helsinki songe de plus en plus sérieusement à intégrer l’OTAN. Une perspective qui fait de moins débat en Finlande dont l’opinion est depuis peu massivement favorable à ce projet.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Suède, novembre, Fête des morts, Finlande Bruno Teissier Suède, novembre, Fête des morts, Finlande Bruno Teissier

6 novembre : la fête des morts des Suédois et des Finlandais

C’est Alla helgons dag est une fête très intimiste, en lumière et en musique, une fête très intimiste, en lumière et en musique.

 

C’est aujourd’hui, premier samedi de novembre, qu’en Suède, on commémore les morts. Alla helgons dag est une fête très intimiste, en lumière et en musique. 

Hier soir, les Suédois et les Finlandais sont allés allumer des bougies ou des lanternes sur leurs tombes de famille. L’usage remonte à un peu plus d’un siècle, quand les familles bourgeoises ont commencé à se rendre au cimetière avec des bougies destinées aux tombes des enfants décédés et des pots de bruyère, la plante qui résiste le mieux au froid. 

Aujourd’hui, la plupart des Suédois sont en congé et beaucoup n’ont pas travaillé hier après-midi, les entreprises ayant offert la demi-journée. Le jour des morts est une fête privée, occasion de repas de famille. L’après-midi, on peut se rendre dans une église où traditionnellement se joue de la musique classique. Mais les temps changent ; autrefois, les magasins étaient tous fermés pour le jour des morts. C’est de moins en moins le cas aujourd’hui... 

Demain, premier dimanche de novembre, c’est Alla själars dag, les offices religieux seront dédiés aux morts de l’année dont le pasteur énumérera les noms, un à un. 

Au sud du pays, l’ancienne Toussaint (Allhelgonadagen, le 1er novembre) correspondait à la fin des travaux des champs et à l’entrée dans le cycle de l’hiver. Dans le Nord, en Suède comme en Finlande, c’est le début de la saison du ski, dans une nuit presque totale. 

Ce Jour des morts (Alla helgons dag) est célébré depuis 1953 en Suède et 1955 en Finlande, un samedi entre le 31 octobre et le 6 novembre (en remplacement du premier dimanche de novembre). Cela a permis de rajouter un jour férié au calendrier car à l’époque, on travaillait le samedi.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1921, 1922, Finlande, 9 juin, autonomie régionale Bruno Teissier 1921, 1922, Finlande, 9 juin, autonomie régionale Bruno Teissier

9 juin : l’archipel des Åland célèbre un siècle d’une autonomie modèle

Ce jour est férié dans l’archipel suédo-finlandais en souvenir du 9 juin 1921 quand fut signé son statut d’autonomie, lequel n’a été effectif que le 9 juin 1922.

 

Ce jour est férié dans l’archipel en souvenir du 9 juin 1921 quand fut signé son statut d’autonomie, lequel n’a été effectif que le 9 juin 1922. Le Jour de l’autonomie (Självstyrelsedagen) est fêté chaque année. Mais en 2021 et jusqu’en 2022, on en célèbre le centenaire par une série de manifestations qui débute aujourd’hui.

Ce petit archipel de la mer Baltique aurait pu être l’objet d’une guerre entre la Suède et la Finlande. Il n’en a rien été et le statut d’autonomie qui lui a été accordé, il y a exactement 100 ans, pourrait servir de modèle à la résolution d’autres conflits dans le monde.

Ces îles sont peuplées de Suédois, c’est un morceau de la Suède qui s’est trouvé rattaché à la Finlande quand la Russie a mis la main sur le Duché de Finlande au début du XIXe siècle. Celui-ci était jusque-là une dépendance de la Suède. Cette dernière ne pouvant défendre ces îles face aux prétentions russes les a expressément cédées au Grand-Duché de Finlande, par le traité de Fredrikshamn de 1809.

L’Empire russe s’est effondré en 1917 et la Finlande en a profité pour proclamer son indépendance dès le mois de décembre 1917. Les républiques baltes et caucasiennes, ainsi que la Pologne ont fait de même en 1918. Aussitôt les habitants des îles Åland ont demandé à être rattachés à la Suède. Refus de la Finlande tout juste indépendante de se voir amputée d’une partie de son territoire. La tension est montée entre les deux pays. Finalement l’affaire a été portée devant la Société des nations (SDN), l’ancêtre de l’ONU. Pour régler la crise, la SDN a accordé une large autonomie aux Åland, mais dans les frontières de la Finlande (où l’archipel est appelé Ahvenanmaa). L’accord a été signé le 9 juin 1921. 

Ce statut d’autonomie érigé en modèle prévoit des droits linguistiques et de la culture minoritaire, de démocratisation et de démilitarisation. Åland est la seule région de Finlande avec une seule langue officielle (le suédois), alors que le reste du pays est bilingue (finnois et suédois). Åland peut mettre son veto à toute modification de la répartition des pouvoirs entre Åland et le gouvernement central de Finlande. Le consentement du Parlement d'Åland est également requis pour les accords internationaux affectant les pouvoirs inhérents de la province ; par exemple, il a fallu son accord pour l'adhésion de la Finlande à l’UE en 1995. La citoyenneté régionale, qui est une condition préalable à la propriété foncière et à l'exercice d'une activité commerciale, est réservée exclusivement aux personnes résidant en permanence à Åland… Voilà un modèle qui aurait pu servir pour régler la question du Haut-Karabagh ou celles du Cachemire, de la Palestine occupée, de l’Irlande du Nord…

Les célébrations du centenaire s'étendent sur toute une année. Le point culminant est l'ouverture d'un centre d'accueil dans la forteresse historique de Bomarsund qui fut le théâtre d'un bombardement, en 1854, pendant la guerre de Crimée par une flotte anglo-française de la garnison russe.

Pour cette journée du 9 juin 2021, un hommage est rendu au premier président d'Åland, Julius Sundblom, près de sa statue sur la place, et une séance spéciale se déroule dans la salle plénière du Parlement, où des bourses sont attribuées dans le cadre du 75e anniversaire du Fonds d'autonomie d'Åland. À 17h30, Le drapeau des îles d'Åland sera hissé à Carlsro avec un chant traditionnel länningens sång. Peu de temps après, le groupe de jazz Red Beans and Rice se produira et tout le monde est invité à danser dans le jardin. De nombreuses œuvres d'art, photos, expositions et événements sur le thème d'Åland. Le concert d'ouverture sera diffusé sur la station de radio et la chaîne de télévision locales (Ålands radio et Ålandskanalen). 

Parmi les rendez-vous du centenaire : 15-18 juillet : l’Opéra Lisbeta ; 22-25 juillet : une course de grands voiliers ; 17-19 septembre : la fête des vendanges (le climat plus doux que sur le continent permet de cultiver la vigne). Des concerts, des expos, des prix littéraires…

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Åland Post célèbre le centenaire avec l'émission d'un nouveau timbre le 9 juin 2021, conçu par Jonas Wilén.

Åland Post célèbre le centenaire avec l'émission d'un nouveau timbre le 9 juin 2021, conçu par Jonas Wilén.

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1806, Finlande, Langues, 12 mai Bruno Teissier 1806, Finlande, Langues, 12 mai Bruno Teissier

12 mai : la Journée du Patrimoine finlandais

La Journée du Patrimoine finlandais célèbre un philosophe né en 1806, un 12 mai, et mort en 1881. Il s’agit de Johan Vilhelm Snellman qui a œuvré toute sa vie à faire du finnois une langue. Laquelle ne deviendra la langue officielle de la Finlande au côté du suédois, qu’en… 1917.

 

La Journée du Patrimoine finlandais (Suomalaisuuden päivä) célèbre un philosophe né en 1806, un 12 mai, et mort en 1881. Il s’agit de Johan Vilhelm Snellman qui a œuvré toute sa vie à faire du finnois une langue. Toutefois, celle-ci ne deviendra la langue officielle de la Finlande au côté du suédois, qu’en… 1917.

Au XIXe siècle, le suédois était la langue des élites culturelles et le russe, celle de l’administration. La Finlande, n’avait jamais existé en tant qu’État. Pendant des siècles, Elle n’a été qu’une province suédoise, puis russe. Le finnois était la langue des paysans , elle était très peu écrite jusqu’à la publication, en 1835, du Kalevala, la grande épopée nationale qui est célébrée chaque 28 février. Ce n’est qu’au cours du XXe siècle que le finnois s’est imposé comme langue littéraire, même si, aujourd’hui encore, certains écrivains finlandais continuent d’écrire en suédois, idiome qui demeure la langue maternelle d’une petite minorité des Finlandais.

En 1863, Snellman est devenu membre du Sénat. En tant que chancelier de l'Échiquier, il a fait appliquer le décret linguistique de l'empereur de Russie, mais aussi le rétablissement du Parlement de Finlande et l'introduction finale du markka finlandais qui a remplacé le rouble russe comme monnaie de la Finlande.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Johan Vilhelm Snellman sur billet de 1976

Johan Vilhelm Snellman sur billet de 1976

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1557, Finlande, Langues, 9 avril Bruno Teissier 1557, Finlande, Langues, 9 avril Bruno Teissier

9 avril : la Journée de la langue finnoise

Les Finlandais célèbrent chaque 9 avril la langue finnoise. Cette date est celle de l’anniversaire de la mort de Mikael Agricola, en 1557.

 

Les Finlandais célèbrent chaque 9 avril la langue finnoise. Cette date est celle de l’anniversaire de la mort de Mikael Agricola, en 1557. C’est lui qui avait en 1543, publié le premier livre en finnois, Abckiria, un abécédaire destiné aux enfants. Par sa première traduction de la Bible en finnois, il est considéré comme le créateur de la langue écrite. La langue officielle était alors le suédois. Certains lettrés utilisaient aussi le latin. Le finnois n’était qu’un dialecte du quotidien, celui des paysans auxquels s’est identifié Agricola, né sous le nom de Mikkel Olofsson.

Selon les principes de Luther, chacun avait droit à la capacité de lire la Bible dans sa propre langue. La préoccupation d’Agricola, qui avait travaillé avec Luther lors d’un séjour en Allemagne, est d’abord religieuse mais elle devient vite linguistique. L’invention d’une langue écrite sera l’œuvre de sa vie. C'est lui qui a mis en place les règles d'orthographe sur lesquelles repose l'orthographe finnoise moderne.

Le finnois, l’une des langues officielles de l’UE depuis 1995, restera néanmoins longtemps marginal, pour des raisons linguistiques (ce n’est pas une langue indo-européenne) mais aussi politiques : la Finlande en tant qu’État n’a guère plus d’un siècle d’existence. Le finnois attendra, en effet, 1917 pour devenir la langue officielle de la Finlande, au côté du suédois qui d’ailleurs, conserve ce statut.

Le 9 avril est aussi l’anniversaire du poète Elias Lönnrot (1802-1884), qui a créé l'épopée nationale finlandaise du Kalevala dont la date de décès est l’occasion d’une célébration du patrimoine finlandais. Depuis 1960, on célèbre une Journée du finnois (Suomen kielen päivä), devenue une date officielle en 1978. Chaque année, c’est l’occasion de pavoiser le pays du drapeau bleu et blanc de la Finlande.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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6 février : la fête nationale des Lapons (ou Samis)

Les Samis, dernier peuple autochtone d’Europe, fête aujourd’hui sa culture et son unité par delà les frontières.

 

Chaque année le 6 février est un grand jour en Laponie, c’est l’occasion de sortir la gákti, le costume folklorique et de chanter le Sámi soga lávlla l’hymne du peuple sami, écrit par Isak Saba, le premier député norvégien d’origine samie, en 1906. L’an dernier, le 6 février, la reine Silvia et le roi Carl XVI Gustaf de Suède leur avaient, en personne, rendu visite par -15°. Mais, cette année, en raison de l’épidémie, la cérémonie est organisée à Stockholm et diffusée sur YouTube.

Les Lapons, appelés Samis localement, sont la dernière minorité autochtone d’Europe. Comme les Inuits du Canada ou les Aborigènes d’Australie, leur reconnaissance  culturelle est récente. Ils ont été maltraités jusqu’au milieu du XXe siècle, leur langue interdite, les femmes stérilisées, les chamans persécutés et leurs territoires pillés par les compagnies minières et forestières. C’était un peuple d'éleveurs de rennes et de chasseurs. Autrefois, le renne leur offrait tout ce dont ils avaient besoin pour leur survie : viande et graisse pour la nourriture, peaux et cuir pour l'habillement. Leur vie était rythmée en huit saisons selon le cycle de vie de l'animal. Mais, aujourd'hui, ils ne sont plus que 10% à vivre de l'élevage.

Un début d’organisation politique s’est opéré au début du XXe siècle, le 6 février 1917, alors que l’Europe était à feu et à sang et que la révolution couvait à Pétrograd, 150 Sames de différents groupes de Suède et de Norvège, se réunissaient dans une église méthodiste de Trondheim en Norvège pour évoquer les problématiques en lien avec leur peuple. C’est l’anniversaire de cette première rencontre internationale qui est célébré aujourd’hui, depuis l’instauration de cette fête nationale samie (Sámi álbmotbeaivi) en 1992. Il leur a fallu attendre jusqu’aux années 1980 pour l’obtention de droits politiques, l’élection de parlements locaux en Laponie norvégienne, suédoise et finlandaise reconnus par les autorités. Celui des Sames de la péninsule de Kola, en Russie, n’est pas encore officiel.

Cette nation qui a, aujourd’hui, en partie perdu sa langue (seuls 40% des Lapons parlent le same), ne représente plus que 80 à 100 000 personnes, les autres se sont fondus dans la population des pays nordiques. Ce n’est pas facile de peser politiquement quand on est si peu nombreux et répartis sur quatre États. En particulier quand il s’agit de lutter contre l’industrie minière, très lucrative mais qui a aussi créé d'énormes dégâts. La région arctique renferme d’importantes réserves d’uranium, d’or, de diamant, de zinc, de platine et de nickel, ainsi que du gaz et du pétrole. Tout comme en Australie, la logique économique et la préservation de l'espace vital d’un peuple s’affrontent. Les Lapons ont le sentiment qu’aujourd’hui, on les entend, on valorise enfin leur culture, mais qu’on ne les écoute pas vraiment.

On peut toutefois noter quelques avancées récentes, en Norvège, le Finnmark, la région septentrionale est depuis 2005 cogérée par les Samis. En 2016, après une âpre lutte judiciaire, un village sami de Suède a récupéré les droits exclusifs pour le contrôle de la chasse et de la pêche dans sa région. La Finlande a révisé sa législation sur la gestion des forêts l’année dernière, mais une clause qui prévoyait de ne pas affaiblir la culture same n’a, finalement, pas été intégrée dans la version finale de la législation. En Russie, on n’a jamais tenu compte de leurs revendications autres que linguistiques. Le peuple lapon est toujours en lutte, le 6 février est l’occasion pour lui de se montrer uni à travers les frontières étatiques.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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