2 janvier : Grenade célèbre sa propre conquête

 

En Espagne, la municipalité de Grenade commémore la prise de la ville par les souverains d’Aragon et de Castille, une conquête qui a abouti à l’expulsion d’une partie de ses habitants et l’éradication de leur culture.

Cette cérémonie controversée commence chaque année par un dépôt de gerbes sur les tombes de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille qui reposent dans la Chapelle royale. La ville de Grenade, assiégée depuis le 9 juin 1491, n’a pas été prise par les armes, mais livrée aux Espagnols par le dernier émir de Grenade, Boabdil. Celui-ci, après négociations, a quitté la ville le 2 janvier 1492 contre l’engagement des futurs Rois catholiques de respecter les différents cultes. Cette promesse ne fut jamais tenue, puisque dans les semaines qui ont suivi les musulmans et les juifs n’ont eu d’autres choix que la conversion ou l’exil. S’en était fini de l’Espagne des trois religions évoquée jusque-là par Ferdinand II lui-même, l’Inquisition allait désormais avoir le champ libre. Depuis 2009, la municipalité invite des musulmans, habillés en costume d’époque, à se joindre au cortège, mais ce symbole n’a pas convaincu les associations espagnoles qui militent pour le rapprochement des trois cultures. La cérémonie se termine Plaza del Carmen, vers 13 heures. Des policiers anti-émeutes séparent les militants de l’extrême droite espagnole qui ont fait de cette date l’un de leurs rendez-vous annuels, du reste de la foule qui écoute le plus jeune conseiller municipal crier trois fois « Grenade ! », au son de l’hymne national. La victoire électorale récente de Vox, mouvement d’extreme droite, entré pour a première fois fin 2018 au Parlement Andalou, ne fait qu’exacerber les passions.

Les détracteurs de cette fête régionale sont chaque année plus nombreux. Ils parlent d’un hommage rendu aux bourreaux et de l’oubli des victimes. Cette « Journée de la ville de Grenade » se termine néanmoins par un Festival des cultures où l’accent est mis sur la tolérance. À la suite du rétablissement de la liberté de culte, en…1978, Grenade avait été, cette année-là, la première ville d’Espagne à inaugurer officiellement une mosquée.

 
grenade.jpg
Précédent
Précédent

3 janvier : les 60 ans de l'État d'Alaska

Suivant
Suivant

23 décembre : le dernier anniversaire de l’empereur du Japon