L’Almanach international

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2018, Brésil, Femmes, Noirs, 14 mars Bruno Teissier 2018, Brésil, Femmes, Noirs, 14 mars Bruno Teissier

14 mars : en mémoire de Marielle Franco, femme politique brésilienne assassinée

Le président Lula a demandé à l’Assemblée de voter la création d’une « Journée nationale Marielle Franco pour combattre la violence politique basée sur le genre et la race » en mémoire de cette femme politique brésilienne assassinée il y a six ans dans une rue de Rio.

 

Le 14 mars 2018, Marielle Franco, une conseillère municipale de la ville de Rio de Janeiro était assassiné, en même temps que son chauffeur, Anderson Pedro Gomes. Ils sont tués dans leur voiture, prise en embuscade. Son assistante Fernanda Chaves, assise à côté de la parlementaire sur la banquette arrière de la voiture, a survécu et a préféré quitter le pays avec sa famille, pour ne pas devenir une cible.

Noire, bisexuelle militante et femme de gauche, elle enquêtait sur la corruption. Son assassinat a provoqué un grand choc. Dans les mois qui ont suivi, l’État de Rio a instauré, pour chaque 14 mars,  un « Jour de Marielle Franco, Journée de lutte contre la violence politique faite aux femmes noires » (Dia Marielle Franco de Enfrentamento à Violência Política contra Mulheres Negras). D’autres États brésiliens ont fait de même.

Un an plus tard, les assassins ont fini par être arrêtés : Ronnie Lessa et Elcio de Queiro, deux anciens membres de la police militaire. Mais, trois ans après le double assassinat, il reste encore beaucoup d’incertitudes sur l’identité des commanditaires. Sous Bolsonaro l’enquête est resté au point mort, ce que déplorait Marinete Silva, la mère de la victime. Il faut dire que Flavio Bolsonaro, le fils de l’ancien président a été cité dans le dossier… En 2023, le gouvernement Lula a relancé l’enquête, en la confiant à la police fédérale en février et en promettant d’identifier les commanditaires et de prouver l’implication de milices para-militaires. Pour le moment seuls des complices de l’assassinat ont avoué.

Sociologue de 38 ans, Marielle Franco était une enfant du quartier de la Maré. Elue  conseillère municipale en 2016, elle était connue pour son activisme en faveur des femmes, de la cause LGBT, des noirs, et des habitants des favelas, et pour ses critiques à l’égard de la police militaire. Le 10 mars, elle s’en prenait au 41e bataillon de police militaire, qu’elle qualifiait de « bataillon de la mort », pour ses actions dans le quartier d’Acari.

La figure de Marielle Franco a pris une dimension internationale : Paris lui a dédié un jardin public dans le 10e arrondissement. À Berlin, on vient d’inaugurer une fresque murale. Plusieurs villes lui ont donné un nom de rue… Finalement, en juillet 2022, une statue à son effigie, œuvre du sculpteur Edgar Duvivier financée par une souscription populaire, a été dévoilée sur une place du centre de la ville de Rio de Janeiro

En 2023, à la veille du 5e anniversaire de l’assassinat de Marielle, le président Lula a demandé à l’Assemblée de voter la création de la « Journée nationale Marielle Franco pour combattre la violence politique basée sur le genre et la race » à l’échelle nationale. L'objectif, selon le gouvernement, est de "sensibiliser la société aux violences subies par les femmes dans l'environnement politique, en particulier les femmes noires".

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, le 13 mars 2024

 
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1917, Femmes, 8 mars Bruno Teissier 1917, Femmes, 8 mars Bruno Teissier

8 mars : la Journée internationale des droits des femmes

L’idée de célébrer une Journée internationale de la femme est à la fois féministe et socialiste. Reconnue par l’ONU en 1977, c’est une journée internationale qui permet d'évoquer les acquis des femmes mais également de prendre la mesure des défis qui restent à affronter et de rappeler que l'amélioration des droits des femmes, leur participation à la vie politique et économique et l'égalité entre les sexes est un enjeu de société global qui nécessite la mobilisation et la contribution de toutes et tous.

 

L’idée de cette Journée internationale des femmes est à la fois féministe et socialiste. Elle aurait été proposée en 1910 par la journaliste féministe allemande Clara Zelkin lors de 2e conférence de l’internationnale des femmes à Copenhague. Mais déjà en 1909, le Parti socialiste américain avait pris l’initiative d’un Woman’s Day qui s’est déroulé le 28 février dans les seuls États-Unis. C’est le 19 mars 1911, que cette journée est devenue vraiment internationale : plus d’un million de femmes manifestaient dans divers pays. Dans les années qui suivent une Journée internationale des femmes est donc organisée un dimanche de la fin février ou de début mars.

La date du 8 mars a été choisie en 1921 par Lénine en souvenir des femmes de Saint-Pétersbourg qui avaient profité, en 1917, de la Journée internationale des femmes (le 8 mars du calendrier grégorien) pour manifester contre la vie chère et leurs conditions de travail. Ce mouvement de protestation allait aboutir à la chute du tsar une semaine plus tard. Cette journée fut donc la première de la Révolution russe. À l’époque, la Russie vivait encore au rythme du calendrier julien si bien que localement, on était le 23 février. Par un curieux cheminement de l’histoire, cette date de l’ancien calendrier russe est devenue en Russie la Journée de... l’homme, en particulier celle des militaires (voir le 23 février).

Cette fête du 8 mars est donc très liée à l’ancien monde communiste. Elle est devenue une commémoration obligatoire à partir de 1946 dans tous les pays qui deviennent des satellites de l’URSS. Si bien que la Tchéquie l’abolira en 2008 comme un mauvais souvenir d’une époque révolue.

La dimension féministe de la Journée de la femme a resurgi en Occident dans les années 1970 et son caractère international a été renforcé par son adoption par l’ONU comme une commémoration officielle en 1977. La France a fait de même après l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, sans pour autant en faire un jour férié comme c’était le cas dans les très conservatrices républiques soviétiques, qui l’avait transformé en fête des mères, ou dans certains pays d’Afrique... En Chine ou au Népal, on accorde qu’une demi-journée chômée aux salariées, seulement aux femmes.

À l’heure où la célébration est devenue mondiale et où la dimension partisane a disparu (en même temps que le monde communiste), certaines voix s’élèvent pour se demander si cette journée a bien lieu d’être, si elle ne produit pas l’effet inverse du but recherché tant le 8 mars est l’occasion de débiter des discours truffés de stéréotypes qui desservent la cause des femmes. Pour d’autres, cette journée est loin d’être un gadget politique, c’est l’occasion de rappeler à l’opinion publi­que qu’un siècle de combat politique n’a pas effacé les inégalités (tant dans le monde du travail que dans la politique), ni les violences faites aux femmes.

La Journée internationale des femmes (selon l'appellation officielle de l'ONU), est également appelée Journée internationale des droits des femmes dans certains pays comme la France (depuis 1982).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 mars 2024

 
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1997, 2013, Pakistan, ONU, Femmes, 12 juillet Bruno Teissier 1997, 2013, Pakistan, ONU, Femmes, 12 juillet Bruno Teissier

12 juillet : World Malala Day, l’anniversaire d’une militante de la lutte pour l’éducation des filles

La journée internationale Malala est l’anniversaire de la jeune militante, née au Pakistan, le 12 juillet 1997 et celui de son discours aux Nations Unies, le 12 juillet 2013. Âgée de 15 ans, les talibans avaient tenté de l’assassiner. Cette survivante est devenue une icône de la lutte pour l’éducation des filles.

 

La journée internationale Malala est l’anniversaire de la jeune militante, née au Pakistan, le 12 juillet 1997 et celui de son discours aux Nations Unies, le 12 juillet 2013, il y a exactement 10 ans.

Malala Yousafzai (سف زئی) avait 10 ans quand les talibans ont pris le contrôle de la de la ville de Mingora, une ville pakistanaise de la vallée de Swat, proche de l’Afghanistan, où elle vivait. Ceux-ci ont interdit aux filles d’aller à l’école. À partir de 2009, Malala a commencé à tenir un blog, publié sur le site de la BBC en ourdou pour parler de sa situation. Son père est un poète et militant pour l'éducation, propriétaire d'une école de filles.

Son identité a fini par être dévoilée et Malala a été la cible des talibans. Le 9 octobre 2012, des jihadistes du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) avaient fait irruption dans le car qui la ramenait chez elle et lui avaient tiré une balle dans la tête. Transférée très vite à l’hôpital de Birmingham, elle a été sauvée.

Malala a, aujourd'hui même, 26 ans, elle est devenue une icône mondiale des droits des filles à l'éducation. Elle vit désormais au Royaume-Uni avec sa famille et est diplômée de la prestigieuse université d'Oxford. Le Malala Day est célébré depuis 2013, l’année où le Time Magazine l'avait reconnue comme l'une des personnes les plus influentes au monde. L'année suivante, elle a reçu le Prix Nobel de la paix, puis le prix des droits de l'homme des Nations Unies et la médaille de la liberté. En 2017, la jeune militante a été désignée Messagère de la paix des Nations Unies par le Secrétaire général Antonio Guterres.

Au Pakistan, la violente tentative d'assassinat de Malala Yousafzai, a incité le gouvernement à annoncer un premier projet de loi sur le droit à l'éducation…

Malala milite pour la scolarisation des filles dans le monde. Aujourd’hui encore 120 millions d’entre elles ne sont pas scolarisés. Le Malala Fund travaille pour un monde où chaque fille peut apprendre et diriger.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1991, Suisse, Femmes, 14 juin Bruno Teissier 1991, Suisse, Femmes, 14 juin Bruno Teissier

14 juin : la grève féministe des femmes suisses

Chaque année, depuis la grande manifestation du 14 juin 1991 qui avait mis 10% de la population suisse dans la rue, les femmes suisses manifestent pour l’application de leurs droits. Il est vrai que le pays a toujours été très en retard : le droit de vote acquis en 1981 seulement et dernièrement, en 2005, l’obtention d’un congrès de maternité… Cette année, les femmes sont dans la rue pour l’égalité salariale entre homme et femmes. Un problème qui n’est pas spécifique à la Suisse, mais cette manifestation monstre des femmes n’a pas d’équivalent.

 

Chaque année, depuis 1991, les femmes suisses manifestent pour l’application de leurs droits. Le 14 juin 1981, l'égalité entre les femmes et les hommes était enfin inscrite dans la Constitution fédérale après un référendum (60% de oui, 40% de non). Cette égalité des droits fut un long combat, les femmes suisses n’avaient le droit de vote au niveau fédéral que depuis 1981 et au niveau local, certains cantons alémaniques ont même résisté jusqu’en… 1990 pour leur permettre de voter.

Dix ans après cette inscription dans la constitution, peu de choses ayant évolué, une grève des femmes a été organisée, à la date anniversaire de cette inscription, soit le 14 juin 1991. Le succès de cette action de protestation a été phénoménal : plus 500 000 personnes étaient dans les rues, soit 10% de la population du pays à l’époque !  Depuis, cette grève des femmes a lieu chaque année, le 14 juin.

Une loi sur l’égalité entre homme et femme a fini par être votée en 1996 pour faire évoluer la situation. La dépénalisation de l’avortement a été acquise en 2002 seulement. Une femme sur dix est licenciée après son congé maternité, un congé qui n'a d'ailleurs vu le jour qu'en 2005 ! (soit un demi siècle après la plupart des pays européens)… Il existe, aujourd’hui, encore une différence de salaire de l’ordre de 20% entre hommes et femmes. Pour la retraite, l’écart est même de 30% et celle-ci a été récemment fixée à 65 ans (à partir de 2025). 

Si bien que le 14 juin, les femmes ont décidé, symboliquement, de s’arrêter de travailler à 15h24. C’est pour cela que le 14 juin est appelé la Grève des femmes (Frauen streik / feministischer Streik, ou sciopero femminista e delle donne). Par esprit de consensus, propre à la Suisse, beaucoup d’entreprises ont paris l’habitude de donner leur après-midi, voire leur journée, aux femmes chaque 14 juin.

La  journée du 14-Juin, peu marquée dans les cantons ruraux de langue allemande, est quasi institutionnalisée dans les cantons urbanisés les plus importants. Durant les deux dernières semaines, la Ville de Genève, par exemple, a mis à disposition des espaces d'affichages, permettant au Collectif de la grève d’annoncer l’événement au public. Elle a en outre décidé de pavoiser le Pont du Mont-Blanc, le Palais Anna et Jean-Gabriel Eynard et le toit du Grand Théâtre le 14 juin 2023 aux couleurs de la Grève féministe (le violet) et de prendre en charge les frais d’impression des drapeaux. Les lieux suivants sont illuminés en violet les soirs des 13 et 14 juin 2023 : le Palais Anna et Jean-Gabriel Eynard, le Musée Rath, le Grand Théâtre, le phare des Pâquis, la statue de la Brise ainsi que la statue de la colombe de la paix. Ce 14 juin, également, une salle est prêtée pour les préparatifs de la manifestation et le stockage du matériel… Les villes de Lausanne, Berne, Zurich, Bâle… sont également très engagées. Lausanne a même inauguré, en 2021, une Place du 14-Juin.

Lausanne 2023 sur YouTube

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

Image du SIT, syndicat interprofessionnel des travailleuses et travailleurs

Le slogan de la manif du 14 juin 2023

La conseillère Viola Amherd (veste blanche), la présidente du Conseil national, Marina Carobbio Guscetti (à droite) et la vice-présidente du Conseil national, Isabelle Moret, le 14 juin 2019

À Bâle, la manif prend l’allure d’un carnaval

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1917, Armée, Russie, URSS, Femmes, 23 février, révolution Bruno Teissier 1917, Armée, Russie, URSS, Femmes, 23 février, révolution Bruno Teissier

23 février : en Russie, la fête des pères couleur kaki, selon Poutine

Rétrospectivement, on aurait pu se douter que cette journée russe glorifiant l’homme en arme serait le prélude à une agression de l’Ukraine, laquelle a débuté l’an dernier dans la nuit du 23 au 24 février. Officiellement, ce jour férié russe est la Fête des défenseurs de la patrie. Mais, en réalité, la date du 23 février tient plus du combat des femmes que de celui des hommes… Mais ça la propagande de Moscou ne le dit pas.

 

Chaque 23 février, en Russie, les enfants offrent à leur père un dessin, réalisé à l’école, où le papa est représenté en tenue militaire, armes à la main. C’est le Jour des défenseurs de la patrie, un jour férié.

Les femmes se doivent aussi d’offrir un cadeau aux hommes de leur entourage (mari, père, cousins, collègues, patrons…). Certaines se ruinent pour cette occasion. Mais d’où vient cette coutume, en réalité très récente ?

En arrivant au pouvoir, Poutine s’est avisé qu’il n’y avait pas de fête pour les hommes, même pas une fête des pères, comme dans beaucoup de pays. Il est donc allé repêcher l’une de ces nombreuses fêtes soviétiques abandonnées : celle de l’Armée soviétique (День Красной Армии). Selon l’idéal poutinien, un homme, un vrai, se doit de porter l’uniforme. En 2002, on a donc créé un nouveau jour férié : la Journée des défenseurs de la patrie (День защитника Отечества). La Russie étant continuellement en danger (selon le discours officiel), on en profite en même temps pour entretenir la fibre nationale et militaire. Il est toujours bon de préparer une guerre… Dans le pays, le 23 février est une journée de plus pour des défilés militaires, dont les occasions ne manquent pas. Dans les familles, c’est une sorte de fête des pères, l’épouse prépare un bon dîner, les enfants ont confectionné un petit cadeau à l’école ou une carte avec le papa habillé en militaire.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
 

Le ruban de Saint-Georges (георгиевская лента)

Car le kaki est la couleur de la journée à en juger par la décoration des magasins ou par les cartes de vœux envoyées pour l’occasion, le caractère militaire de cette fête reste très appuyé. Le service militaire concernant tous les hommes, cette fête est bien celle des hommes russes, puisque tous, un jour, ont porté l’uniforme. Les autres couleurs de la journée sont celles du ruban de Saint-Georges, orange et noir, qui sont celles du militarisme russe (et de fait, elles sont interdites en Ukraine). Sans oublier le rouge des œillets, symbole de la victoire, et le drapeau blanc bleu rouge de la Russie.

Mais, pourquoi le 23 février ? On vous dira que c’est l’anniversaire de la fondation de l’Armée rouge, en 1918, ce qui n’est pas tout à fait vrai, car les premiers enrôlement date du 22 février 1918 et le décret de fondation du 28 février. On cite aussi les victoires décisives de Pskov et de Narva sur l’armée allemande mais les dates ne correspondent pas vraiment (28 février et 4 mars 1918). Alors pourquoi, en 1923, aurait-on instauré le 23 février une fête de l’Armée rouge (День Красной Армии) qui donnait lieu chaque année à un grand défilé sur la place Rouge ?

 

Image d’époque soviétique célébrant le 23 février

 

En fait, c’est par souci de commémorer une date sacrée de la révolution russe : le 23 février 1917, jour des premières manifestations qui allaient mettre par terre le régime tsariste. En somme, le 23 février est le tout premier jour de la Révolution russe. Mais, comme les bolcheviques n’ont été pour rien dans cette première révolution spontanée, ce qui contredisait totalement les théories marxistes (la révolution ne pouvait pas avoir été spontanée), il fallut bien trouver une autre raison de fêter le 23 février, quitte à tordre un peu l’histoire.

L’Empire russe était resté fidèle au calendrier julien que l’Europe occidentale a abandonné au XVIe siècle. Ce 23 février correspondait, en fait, au 8 mars du calendrier grégorien (celui qui a cours en Occident) et c’était la  Journée internationale de la femme. Une date encore peu connue à l’époque mais l’écho était tout de même parvenu jusqu’à Pétrograd. Ce jour-là, en 1917, des marches de protestations féminines avaient été organisées dans le seul but de dénoncer la condition faite aux femmes. Spontanément, les ouvrières du textile ont quitté leur travail en masse pour rejoindre des bourgeoises réclamant le droit de vote et elles se sont mises à dénoncer leur condition sociale d’ouvrières. Dans les heures puis les jours qui suivent,  elles ont  été imitées par d’autres ouvriers hommes et femmes confondus… la Révolution russe était lancée.  Le 23 février/8 mars selon le calendrier est donc une date majeure de la révolution russe mais la révolution bolchevique, celle que vénèrent les communistes, n’aura lieu que sept mois plus tard, le 7 octobre, c’est la fameuse révolution d’Octobre. 

le 23 février / 8 mars 1917, les femmes manifestent à Pétrograd, capitale de la Russie à l’époque

Sans le savoir, en offrant un cadeau à leurs compagnons, les femmes russes commémorent la première phase de la révolution russe dont elles ont été les premières actrices. Mais ça le récit national russe ne le précise pas.

L’histoire retiendra que c’est dans la nuit du 23 au 24 février 2022 que Vladimir Poutine a lancé son armée sur l’Ukraine. La date n’avait pas été choisie au hasard.

 

Photo souvenir dans un centre commercial russe avec un arme prêtée par le photographe, le Jour des défenseurs de la Patrie

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1960, République dominicaine, Femmes, ONU, 25 novembre Bruno Teissier 1960, République dominicaine, Femmes, ONU, 25 novembre Bruno Teissier

25 novembre :  la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes

Cette journée internationale fixée par l’ONU fait référence à un triple assassinat perpétré il y a 62 ans par le dictateur de la République dominicaine. Sa coïncidence avec la fête des catherinettes tient du hasard.

 

La question se pose avec plus ou moins d’acuité selon les régions du monde mais aucun pays n’est vraiment épargné. C’est en 1993 que l'Assemblée générale des Nations unies a adopté la « Déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes » dans laquelle elle définit les actes de violence dirigés contre le sexe féminin ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ».

Le 17 décembre 1999, l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies proclame finalement le 25 novembre Journée internationale pour l'élimination de la violence contre les femmes. L'ONU a invité les gouvernements, les organisations internationales et les ONG à organiser des activités pour sensibiliser le public au problème de cette journée comme une célébration internationale.

Un Européen de culture catholique pourrait penser que la journée avait été fixée le 25 novembre en raison de la fête des catherinettes. Laquelle pouvait être vue comme un élément de violence psychologique puisqu’elle constituait une injonction de se marier avant ses 25 ans… En réalité, la date fait référence à une histoire bien plus tragique : l’élimination de trois opposantes au dictateur dominicain, Rafael Trujillo. Il s’agit de Patria, Minerva et María Tereza Mirabal, trois sœurs dont le véhicule a été arrêté sur la route de Puerto Playa à Saint-Domingue par les hommes de main du dictateur. La rafale de balle les ayant épargnées, elles ont été assassinées à la machette, remise dans leur voiture avec leur chauffeur et le véhicule a été précipité du haut d’une falaise. C’était le 25 novembre 1960. Soit, six mois avant que le dictateur ne meure, à son tour, assassiné d’une rafale de mitraillette, lui aussi lors d’une embuscade sur une route.

C’est en 1981 que des militants en faveur des droits des femmes ont choisi la date du 25 novembre comme journée de lutte contre la violence, en mémoire des trois sœurs Mirabal, militantes dominicaines brutalement assassinées sur les ordres du président de la République dominicaine. L’ONU reprendra cette date à son compte. La Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes donne, en fait, le coup d'envoi de 16 jours d'activisme qui se termineront le 10 décembre, jour de la commémoration de la Journée internationale des droits humains. Ce même jour, hasard du calendrier, Annie Ernaux recevra le prix Nobel de littérature pour une œuvre empreinte de féminisme.

Un article de l'Almanach international

 

billet de 200 pesos de la République dominicaine

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1929, Canada, 18 octobre, Femmes Bruno Teissier 1929, Canada, 18 octobre, Femmes Bruno Teissier

18 octobre : il y a 93 ans les Canadiennes devenaient des « personnes »

Le 18 octobre 1929, la plus haute cour d'appel du Canada reconnaissait les femmes comme des « personnes » et leur accordait le droit d'être nommées au Sénat… L’anniversaire de cette décision est célébré chaque année.

 

Le 18 octobre, au Canada, c’est la Journée de l’affaire « personne ».

On remet aujourd’hui à Ottawa, le Prix du Gouverneur général à cinq femmes de nationalité canadienne, âgées de plus de 30 ans (il existe aussi un Prix jeunesse pour les 15 à 30 ans), ayant, par leur détermination et leur courage fait faire des progrès importants en matière d’égalité des sexes dans leur lieu de vie, de travail. Ce prix a été institué en 1979 à l’occasion du cinquantenaire de l’affaire « Personne », un combat qui a véritablement changé le cours de l’histoire des femmes au Canada.

C’est le refus, par trois premiers ministres successifs, de voir une femme accéder au Sénat sous prétexte que les femmes ne sont pas des « personnes ayant les qualités requises » au sens de la constitution du Canada qui est à l’origine de cette révolution. Il faudra la détermination de la principale intéressée, Emily Murphy, et de quatre soutiens influents : Henrietta Muir Edwards, louise McKinney, Nellie McLung et Irene Parlby pour obtenir gain de cause devant le plus haut tribunal de l’Empire britannique, en 1929, après huit années de lutte acharnée.

Tout a commencé en Alberta, où la décision d’une juge était contestée par un avocat. Les autorités de l’Alberta ont confirmé la juge dans ses fonctions. Les cinq femmes citées plus haut ont alors exhorté la Cour suprême du Canada à donner suite au précédent établi en Alberta. Le 24 avril 1928, la Cour rend une décision contraire à celle de la province, établissant que les femmes ne sont pas des personnes au sens juridique. Tenaces, les cinq femmes portent leur cas directement devant le Conseil privé britannique, outrepassant ainsi les pouvoirs juridiques canadiens. La Grande Bretagne infirmera la décision du Canada le 18 octobre 1929, affirmant, une fois pour toutes, que les femmes sont bien des personnes au sens de la loi.

Ce jour-là, en effet, le plus haut tribunal d’appel du Canada a rendu une décision historique : les femmes seraient incluses dans la définition du mot « personne » au sens de la loi. C’est ainsi que les femmes ont obtenu le droit de siéger au Sénat, ce qui a mené à une participation féminine grandissante à la vie publique et politique.

L’action de ces cinq pionnières ( les “Célèbres cinq”, Famous Five) ouvrira la voie à la participation des femmes à tous les aspects de la vie publique au Canada, sur un pied d’égalité avec les hommes. Cela dit, si Emily Murphy fut une pionnière des droits politiques des citoyennes anglaises du Canada, elle a toujours milité pour que les femmes autochtones (celles des premières nations) et les immigrantes en soit excluent. Ce qui lui vaut aujourd’hui, à juste titre, d’être traitée de raciste et de voir ses statues vandalisées. Elle avait, entre autres, appuyé publiquement des politiques eugénistes, dont celles menant à l’adoption, en 1928, de la loi sur la stérilisation sexuelle, qui permettait à des médecins de stériliser sans leur consentement des personnes considérées comme déficientes mentales. En vigueur jusqu’en 1972, cette loi a été dirigée de manière disproportionnée contre les femmes autochtones et celles de classes pauvres.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1956, Tunisie, Femmes, 13 août Bruno Teissier 1956, Tunisie, Femmes, 13 août Bruno Teissier

13 août : la Journée de la femme en Tunisie

Le jour est férié en Tunisie. La date du 13 août correspond à l'anniversaire de la promulgation du Code du statut personnel en 1956. Hélas, l’interprétation du Coran par Kaïs Saïed est bien plus conservatrice que celle de Habib Bourguiba dont on célèbre aujourd’hui l’action de manière rituelle.

 

Le jour est férié en Tunisie. La date du 13 août correspond à l'anniversaire de la promulgation du Code du statut personnel en 1956. Ce CPS, voulu par le président de l’époque, Habib Bourguiba, est entré en vigueur le 1er janvier 1957. Ce code était le plus avancé à l’époque dans un pays musulman. Il abolissait la polygamie, créait une procédure judiciaire de divorce et prévoyait que le mariage ne pouvait être célébré qu'avec l'accord mutuel des deux parties. Ce code a ensuite été amélioré en 1993 en abolissant une partie du Code relative au devoir d’obéissance de l’épouse envers son mari. Le président Ben Ali a également révisé le Code de la nationalité, permettant ainsi aux mères tunisiennes de transmettre leur nationalité aux enfants nés hors de Tunisie, quelle que soit la nationalité du père. Cette mesure était sans précédent dans les pays à majorité arabo-musulmane de l’époque. La réforme de 1993 a également accordé la tutelle automatique des enfants à la mère en cas de divorce. Toutefois, elle n’a pas modifié le statut de la mère dans l’institution familiale, le mari étant toujours considéré comme le « chef ».

Le 13 août, la Tunisie célèbre la Journée nationale de la femme (اليوم الوطني للمرأة), mais cette journée se déroule toujours dans un contexte d’inégalité. Malgré les efforts des féministes et des militants des droits de l’homme, les femmes tunisiennes ne peuvent toujours pas  accéder à l’égalité successorale (la part des frères est le double de celle de leurs sœurs). Kaïs Saïed, le président actuel, qui est en train d’imposer sa dictature au pays, y est formellement opposé. Depuis 1956, les mentalités ont hélas régressé à l’égard du statut de la femme tunisienne. La nouvelle constitution est moins laïque que la précédente et l’interprétation du Coran par Kaïs Saïed est bien plus conservatrice que celle de Habib Bourguiba dont on célèbre aujourd’hui l’action de manière rituelle.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1956, Afrique du Sud, Femmes, ségrégation, 9 août Bruno Teissier 1956, Afrique du Sud, Femmes, ségrégation, 9 août Bruno Teissier

9 août : hommage aux femmes sud-africaines

La Journée nationale des femmes en Afrique du Sud rappelle la marche du 9 août 1956 : 20 000 femmes noires (et quelque militantes blanches) protestant contre l’imposition d’un pas law restreignant la liberté de circulation des non Blancs dans le pays, notamment dans les villes.

 

La Journée nationale des femmes (National Women's Day) en Afrique du Sud rappelle la marche du 9 août 1956. Il y a 66 ans, 20 000 femmes noires (et quelques militantes blanches) protestèrent contre  l’imposition d’un pas law restreignant la liberté de circulation des non-Blancs dans le pays, notamment dans les villes.

Beaucoup défilaient avec leurs enfants sur le dos pour exprimer leur frustration et leur colère face à ce nouvel aspect de l'apartheid. Organisée par la Fédération des femmes Sud-africaines, la manifestation de masse s’est déroulée à l’Union Buildings à Pretoria (siège du gouvernement). Une pétition, rassemblant 14 000 signatures, est alors remise au secrétaire du premier ministre, mais elle ne sera sans aucun effet sur des autorités sud-africaines qui jouissent, à l’époque, d’un grand soutient international. Instauré en 1952, le pass law ne sera aboli qu'en… 1986, soit 30 ans plus tard.

Le 9 août 2000, un monument a été inauguré au Malibongwe Embokodweni , l'amphithéâtre de l'Union Buildings à Pretoria pour célébrer et commémorer l'événement de 1956. Le 9 août est férié en Afrique-du-Sud.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
photo : K. Kendall

photo : K. Kendall

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Grèce, 8 janvier, Femmes, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier Grèce, 8 janvier, Femmes, Fêtes traditionnelles Bruno Teissier

8 janvier : Bredouxia, une fête des femmes sans les hommes en Grèce

Loin d’être une manifestation féministe, cette fête païenne est dédiée à la maternité

 

Dans certains villages de Grèce du nord subsiste une fête aux racines très anciennes, organisée par les femmes entre elles, sans les hommes. Ce jour-là, les femmes quittent la maison laissant aux hommes les tâches ménagères et elles vont faire la fête. Elles se rendent chez la plus vieille femme du village pour lui rendre hommage, au son de la cornemuse ou d’autres instruments de musique. On boit du vin, on chante des chansons lestes, voire obscènes… qu’importe, on est entre femmes. Les hommes, par tradition, sont consignés chez eux ce jour-là.

Cette journée qui tombe le 8 janvier, a été perçue comme un jeu d’inversion des rôles au sein du couple et a été réactivé à partir des années 1970 par des mouvements féministes grecs. En réalité, cette fête de la Yinekokratia (Γυναικοκρατίας) n’a rien d’une manifestation féministe, elle est plutôt la subsistance d’un cérémonial lié à la fertilité venant tout droit de l’Antiquité. Il a traversé les siècles dans des communautés villageoises de Thrace orientale qui, en 1923, à la faveur de l’expulsion des Grecs de Turquie, l’ont importé en Grèce du nord. Certains villages du département de Serres, comme Sapes, Nea Petra, Monokklisia, Charopos… l’ont conservé et cultivé jusqu’à nos jours. Mais, cette coutume a aussi essaimé dans toute la Grèce avec l’arrivée des réfugiés d’Asie mineure, il y a un siècle. De nombreuses localités, un peu partout en Grèce, la réactivent aujourd’hui sous le nom de Bredouxia (Βρεξούδια) ou de fête des Babos .

Elle a lieu chaque 8 janvier, jour en Grèce de la Sainte-Dominique (αγίας Δομνίκης), dédiée à une religieuse très pieuse qui n’a jamais eu d’enfant et n’a rien à voir avec le cérémonial. Simplement la fête tombait jadis le 25 du mois de Poséïdon, un jour qui se situe au début du mois de janvier de notre calendrier actuel. Les festivités étaient connues dans l’Antiquité sous le nom de Thesmophories (Θεσμοφόρια). C’était un hommage à la déesse Déméter qui aurait enseigné aux hommes l’agriculture et donc permis leur sédentarisation. Mais celle-ci aurait aussi institué le mariage et donc donné un statut social aux femmes.  Les festivités, à l’époque, duraient trois jours et comprenaient un cérémonial pour encourager la fertilité. De nos jours, dans les villages du nord-est de la Grèce, les femmes enceintes sont mises à l’honneur ce jour-là. La coutume veut qu’elles apportent serviette et savon (symbole de naissance) chez les babos (Μπάμπως), les femmes les plus âgées du village.  Jusqu’à une époque récente, c’étaient les vieilles femmes qui avaient le rôle d’accoucheuses, d’où le cérémonial de l’eau, des serviettes et du savon. Mais cette journée s’adresse aussi aux femmes en attente de maternité, d’où les chansons paillardes lors de ses fêtes arrosées de vin, où on s’échange des symboles phalliques et des propos volontiers obscènes.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 7 janvier 2022

 

Dans le village de Nea Petra, les hommes jouent le jeu en participant aux travaux ménagers

Thesmophories, fresque du peintre Francis David Millet, fin XIXe siècle

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1854, Bolivie, 11 octobre, Femmes Bruno Teissier 1854, Bolivie, 11 octobre, Femmes Bruno Teissier

11 octobre : la journée de la femme bolivienne

C’est Lidia Gueiler Tejada, l’unique femme qui fut présidente de la Bolivie, qui a institué cette Journée des femmes en 1980. Elle a choisi l’anniversaire d’Adela Zamudio, née le 11 octobre 1854, une poétesse, enseignante, précurseur de l’éducation laïque et militante pour le droit des femmes.

 

C’est Lidia Gueiler Tejada, la première présidente de la Bolivie, qui a institué cette Journée des femmes en 1980. Elle a choisi pour date l’anniversaire d’Adela Zamudio, née le 11 octobre 1854, une poétesse, enseignante, précurseur de l’éducation laïque et militante pour le droit des femmes en Amérique latine.

​​Décédée en 1928, elle n’a pas connu le droit de vote, accordé en 1952 seulement dans son pays. Ce n’est que récemment que les femmes boliviennes ont eu la possibilité de participer à la vie politique au plus haut niveau. Dans l’assemblée élue en 2020, elles représentent tout de même 57 % des députés ! Dans leur grande majorité elles sont membres du Mouvement pour le Socialisme (MAS), le parti au pouvoir. Dans le classement des Nations unies « Les femmes en politique », la Bolivie se classe troisième dans le monde pour la représentation des femmes au parlement, derrière le Rwanda et Cuba.

À l’échelle du sous-continent, un certain nombre de femmes ont pu accéder au poste de présidente de la République : Ertha Pascal-Trouillot (1990, Haïti), Violeta Chamorro (1990, Nicara­gua), Mireya Moscoso (1999, Panama), Michelle Bachelet (2006, 2014, Chili), Cristina Kirch­ner (2007, Argentine), Laura Chin­chilla (2010, Costa Rica), Dilma Rousseff (2011, Brésil) Jeanine Áñez Chávez (2019, Bolivie). Cependant, aucune n’est au pouvoir actuellement dans le sous-continent.

À l’échelle mondiale, c’est aujourd’hui la Journée internationale des filles, instaurée par les Nations Unies.

 
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1947, Argentine, Femmes, 23 septembre Bruno Teissier 1947, Argentine, Femmes, 23 septembre Bruno Teissier

23 septembre : la Journée nationale des droits politiques des femmes argentines

L’anniversaire du jour où le droit de vote a été accordé aux femmes en Argentine

 

L’Argentine célèbre l’anniversaire de la promulgation de la loi la promulgation, en 1947, de la loi 13.010 - également connue sous le nom de loi Evita - qui consacre l'égalité des droits politiques entre les femmes et les hommes, donner aux femmes la possibilité de voter et d'être élues. La Journée nationale des droits politiques des femmes (Día Nacional de los Derechos Políticos de la Mujer) a été créée en 1997, lors du cinquantenaire de la loi.

Le 23 septembre 1947, Eva Duarte de Perón (dite Evita) déclara devant des milliers de personnes rassemblées sur la Plaza de Mayo à Buenos Aires : « Femmes de mon pays, en ce moment je reçois des mains du Gouvernement de la nation, la loi qui consacre nos droits civiques Et je le reçois parmi vous avec la certitude de le faire au nom et en représentation de toutes les femmes argentines, sentant avec joie que mes mains tremblent au contact du laurier qui proclame la victoire. En 1949, Eva (l’épouse du président Juan Perón) a créé le Parti péroniste féminin, qui était le plus grand parti politique féminin en Argentine. Le parti a poursuivi des objectifs politiques et féministes, et le suffrage des femmes est devenu l'un des événements les plus importants pour les femmes argentines.

Les femmes ont pu voter pour la première fois dans notre pays aux élections présidentielles de 1951. La revendication du droit de vote pour les femmes remonte à 1907, époque à laquelle Alicia Moreau a fondé le Comité pour le suffrage féminin. Le mouvement a été rejeté à maintes reprises par l'Union civique radicale et les conservateurs. Les femmes étant considérées comme incapables par le Code civil de 1871.

En fait, la première femme à avoir eu le droit de vote en Argentine fut la médecin italienne Julieta Lanteri, qui obtint la nationalité argentine en 1911. Elle a lancé une procédure judiciaire exigeant que ses droits en tant que citoyenne, y compris politiques, soient reconnus. Elle devient ainsi la première femme de toute l'Amérique du Sud à exercer le droit de vote aux élections municipales du 26 novembre de la même année. En mars 1919, elle lance sa candidature au poste de députée nationale de l'Union nationale féministe et bénéficie du soutien d'Alicia Moreau de Justo et d'Elvira Rawson. Loin de limiter son combat au seul vote, J. Lanteri, qui faisait partie du groupe des médecins argentins, a engagé le combat pour les conditions de travail des femmes, le droit au divorce, a lutté contre les proxénètes et contre l'ingérence de l'Église dans la vie. de personnes.  

Lors du retour de la démocratie, en 1983, la participation des femmes au Congrès n'atteignait pas 10 % des sièges. Aujourd’hui, elles occupent près de 39 % des sièges à la Chambre des députés et plus de 41 % au Sénat. Entre-temps, en 2017, une loi sur la parité des sexes dans les domaines de la représentation politique a été promulguée. Celle-ci établit l'obligation d'inscrire des hommes et des femmes sur les listes de candidats aux législatives nationales. Ainsi, la moitié des candidats sont des femmes, ce qui explique une évolution aussi rapide.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1879, Indonésie, Femmes, 21 avril Bruno Teissier 1879, Indonésie, Femmes, 21 avril Bruno Teissier

21 avril : l’Indonésie fête l’émancipation des femmes

On l’appelle aussi la Journée Kartini (Hari Kartini) car cette Journée de l'émancipation des femmes célèbre l’anniversaire de Raden Ajeng Kartini, la première féministe indonésienne, née un 21 avril.

 

On l’appelle aussi la Journée de Kartini (Hari Kartini) car cette Journée de l'émancipation des femmes célèbre l’anniversaire de Raden Ajeng Kartini, la première féministe indonésienne. C’est elle qui avait ouvert les premières écoles primaires pour les filles en 1903. C’est la raison pour laquelle la journée du 21 avril est surtout célébrée dans les écoles, lycées et universités. Le Jour de Kartini, les étudiantes et les enseignantes se parent de la kebaya traditionnelle. Pour faire bonne mesure, les étudiants et les enseignants de sexe masculin s'habillent en batik. On s’échange des Selamat hari Kartini !

Cette journée a été instaurée en 1964 par le très progressiste président Sukarno. Il partageait le désir de voir des femmes libérées des lois et croyances répressives. C’est lui qui fait de Kartini une héroïne nationale. Son successeur le conservateur Suharto a tenté de donner à la journée une coloration plus traditionaliste. Depuis, on organise ce jour-là des défilés de mode, des concours de cuisine et d'arrangements floraux. Dans certains milieux, toutefois, on a continué à cultiver un idéal féministe aujourd’hui remis en cause par un regain d’activisme religieux musulman.

Kartini est née le 21 avril 1879 dans une famille aristocratique javanaise avec une forte tradition intellectuelle. À l'époque, Java était dirigée par l'administration coloniale néerlandaise. Son père lui a permis d'aller à l'école, où elle a appris à parler néerlandais. À l'âge de 12 ans, cependant, elle a dû quitter l'école, mais a continué à lire des livres pour en apprendre le plus possible.

En lisant les journaux néerlandais, elle s'est intéressée aux questions de l'émancipation des femmes et à d'autres problèmes de la société indonésienne. Elle considère le mouvement féministe comme une partie d'un mouvement sociopolitique plus large. En 1903, elle a dû contracter un mariage arrangé. Son mari était un homme compréhensif et l'aida à créer une école pour femmes. Kartini est décédée le 17 septembre 1904, à la suite de la naissance de son fils. 

#kartiniday - Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Enfants, Femmes, 4 mars Bruno Teissier Enfants, Femmes, 4 mars Bruno Teissier

4 mars : la Journée mondiale de lutte contre l'exploitation sexuelle

Cette journée (World Day Against Sexual Exploitation) a été initiée en 2008 par l’ONG GIPF, le Groupe international de paroles de femmes. Cette journée se veut un moment pour sensibiliser et mobiliser les gouvernements, les institutions et le public au fléau de l’exploitation sexuelle à travers le monde.

 

En ces temps de révélations et de prise de conscience du fléau des viols, de l’inceste et de la pédophilie, il ne faut pas cesser de se mobiliser contre l’exploitation sexuelle des femmes comme des enfants.

Cette journée (World Day Against Sexual Exploitation) a été initiée en 2008 par l’ONG GIPF, le Groupe international de paroles de femmes. Cette journée se veut un moment pour sensibiliser et mobiliser les gouvernements, les institutions et le public au fléau de l’exploitation sexuelle à travers le monde. L’exploitation sexuelle est, selon plusieurs, une des pires formes de violation des droits humains en reléguant la victime au simple statut de marchandise. Selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), 92% des victimes de la traite le sont dans le but d’être utilisées à des fins de prostitution.

Près de deux millions d’enfants dans le monde seraient concernés. Les choses bougent néanmoins : il est maintenant possible de poursuivre en justice des pédophiles dans leur pays d’origine pour des infractions commises à l’étranger.

 
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1817, Colombie, Femmes, 14 novembre Bruno Teissier 1817, Colombie, Femmes, 14 novembre Bruno Teissier

14 novembre : la Journée des femmes colombiennes

Les Colombiens célèbrent Policarpa Salavarrieta, héroïne de la lutte contre les Espagnols, fusillée à Bogota en 1817. Ce jour est commémoré comme la Journée des femmes colombiennes.

 

Les Colombiens célèbrent Policarpa Salavarrieta, héroïne de la lutte contre les Espagnols, fusillée à Bogota en 1817. Ce jour est chaque année commémoré comme la Journée des femmes colombiennes (Día de la Mujer Colombiana).

Policarpa Salavarrieta était une femme intelligente et courageuse qui s'est battue, au début du XIXe siècle, contre la couronne espagnole soutenant la cause de l'indépendance du peuple. La Pola, comme on l'appelait, a été exécuté par le Conseil de guerre lors de la reconquête espagnole, le 14 novembre 1817 à Bogotá, aux côtés de Alejo Sabaraín et d'autres patriotes.

L’exécution a été fixée à 9 heures du matin sur la plaza mayor (l’actuelle plaza de Bolivar) de Santa Fe de Bogotá.

Tout au long du trajet la menant à son exécution, elle refuse de réciter les prières proposées par les religieux et maudit les Espagnols dont elle prédit la défaite à l’issue de la révolution.

Sur l’échafaud, elle demande de mourir à genoux, une position plus digne pour une femme et elle prononce une phrase qui est restée à jamais dans la mémoire du peuple colombien :

« ¡ Pueblo indolente ! ¡ Cuán distinta sería hoy vuestra suerte si conocierais el precio de la libertad ! Pero no es tarde. Ved que, mujer y joven, me sobra valor para sufrir la muerte y mil muertes más. ¡ No olvidéis este ejemplo ! »

(« Peuple indolent ! Quelle serait votre chance aujourd’hui si vous connaissiez le prix de la liberté ! Mais il n’est pas trop tard. Voyez que, femme et jeune, je peux endurer la mort et mille morts de plus. N’oubliez pas cet exemple ! »).

La date du 14 novembre, comme Journée nationale des femmes a été choisie en 1967, lors du bicentenaire de l’exécution de la patriote.

 
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