L’Almanach international

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2011, Norvège, 22 juillet, massacre, Extrême droite, terrorisme Bruno Teissier 2011, Norvège, 22 juillet, massacre, Extrême droite, terrorisme Bruno Teissier

22 juillet : il y a 12 ans, le massacre d'Utøya endeuillait la Norvège

Jour de recueillement en Norvège pour commémorer les terribles attentats d'un extrémiste de droite en 2011, principalement dans l'île d'Utøya, contre la jeunesse de gauche : 77 morts. Douze ans plus tard, celle-ci est au pouvoir en Norvège et le terroriste est toujours en prison.

 

Jour de recueillement en Norvège pour commémorer les terribles attentats commis par un extrémiste de droite en 2011, d’abord à Oslo puis dans l'île d'Utøya contre la jeunesse de gauche. Avec 77 morts, la petite Norvège fut bien plus terriblement touchée que les États-Unis, le 11 septembre 2001. Un carnage de masse, des victimes incarnant le multiculturalisme, un "manifeste" diffusé au moment du massacre et censé le justifier avec une idéologie qui a inspiré l’auteur de la tuerie de Christchurch, le 16 mars 2019.

Cette tuerie a en effet engendré d’autres, pas seulement en Nouvelle Zélande : le 22 juillet 2016, cinq ans jour pour jour après Utøya, un jeune homme psychologiquement fragile, décrit comme obsédé par Breivik, avait abattu neuf personnes dans un centre commercial à Munich, avant de se suicider. On le savait déjà, le nazisme n’est pas mort avec Hitler.

En attaquant Utøya, comme il l’a écrit dans son manifeste, le terroriste voulait tuer le Parti social-démocrate. C’est, en effet, la jeunesse de ce parti qui se réunissait sur l’île norvégienne. Dix ans plus tard, en octobre 2021, cette formation remportait à nouveau les élections et formait le gouvernement norvégien, qui est dirigé depuis cette date par Jonas Gahr Store. Deux des jeunes ministres sont des survivants de l’attaque d’Utøya.

Le site du mémorial : 22. juli-senteret

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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13 février : comment faire cesser le traditionnel rassemblement néonazi de Dresde ?

La commémoration des bombardements de Dresde (Allemagne) tourne chaque année à l’affrontement entre l’extrême droite néonazie qui tente d’instrumentaliser cette journée et la population mobilisée contre les extrémistes en formant une chaîne humaine.

 

La commémoration des bombardements de Dresde (Allemagne) tourne chaque année à l’affrontement entre l’extrême droite néonazie qui tente d’instrumentaliser cette journée et une autre partie de la population mobilisée contre les extrémistes en formant une chaîne humaine. Plusieurs milliers de policiers sont mobilisés pour éviter les affrontements dans une région où l’extrême droite représente un bon quart de l’électorat.

Traditionnellement, le maire de la ville  dépose des roses blanches sur le site commémoratif de l'Altmarkt, au cœur de la ville de Dresde, mais cette année, le site est en travaux.  Il ne sera pas non plus accessible aux représentants de l’extrême droite, le AfD qui avait pris l’habitude d’organiser elle aussi une cérémonie ainsi qu’une marche rassemblant des néo-nazis venus de toute l’Europe pour l’occasion. Pour contrecarrer cette manifestation, quelque 20 000 habitants de Dresde organisent une chaîne humaine dans toute la ville. Elle fait sa jonction à 18h sur le Neumarkt, en présence du maire, Dirk Hilbert (CDU). Les cloches de Dresde sonnent alors quelques minutes en mémoire des morts et en rappel aux vivants. Chaque année, la police est sur les dents pour éviter les affrontements entre les néonazis venus pour leur marche et Dresden Nazifrei, une association d’extrême gauche qui s’y oppose. Cette année, c’est une association au spectre politique beaucoup plus large qui a pris les devants : Dresden Resist, regroupant une large société civile, de l'extrême gauche au centre de la société, en passant par le SPD, les Verts, le Parti pirate… pour contrer les manifestations de force de l’extrême droite. La chaîne humaine, introduite par maire Helma Orosz (CDU), il y a de nombreuses années, n’est plus adaptée face à la violence politique.

Cette tension politique éclipse les 25 000 victimes de la « tempête de feu », trois jours de bombardement au phosphore (du 13 au 15 février 1945) sur Dresde, la Florence allemande, dont il ne restera plus que ruines. Après ceux d’Hiroshima et de Nagasaki, il s’agit du bombardement aérien le plus meurtrier de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, Dresde n’était pas un objectif stratégique majeur et, en février 1945, l’Allema­gne était déjà à genoux. Un demi-siècle plus tard, les Anglais et les Américains ont finalement prononcé des excuses pour tant de victimes civiles inutiles. Mais, comme il s’agissait de punir un pays et un peuple à l’origine de plusieurs millions de morts en Europe, l’histoire a finalement relégué ce drame au rang de simple épisode de la guerre.

Avec moins de victimes, ce fut aussi le sort de Varsovie, Rotterdam, Londres, Coventry… autant de villes bombardées par la Luftwaffe (l'armée de l'air allemande) qui fut à l’origine, ne l’oublions pas, de la stratégie consistant à s’en prendre au cœur des villes pour déstabiliser l’ennemi. Cette année, Kevin Maton, le maire de Coventry ville jumelle de Dresde, est présent aux commémorations.

Le martyre de Dresde est un thème récurrent des discours du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) et  du mouvement xénophobe PEGIDA, lesquels affirment régulièrement qu’on aurait caché le nombre réel des victimes en avançant des chiffres fantaisistes allant de 100 000 à 250 000 morts... Ce parti d’extrême droite a connu de gros succès lors des élections régionales de l’automne 2019 en Saxe (27,5 %) dont Dresde est la capitale.

Le parcours commémoratif de cette année 2023 commence à 18h15 au mémorial de la destruction de l'ancienne synagogue et de la Shoah à Hasenberg, en face de la nouvelle synagogue. Il mène ensuite à la sculpture du Grand Homme en deuil, le morceau de débris du dôme de la Frauenkirche du côté nord, puis du côté sud-est de l'Altmarkt près du mémorial des victimes des raids aériens sur Dresde les 13 et 14 février 1945 à la Kreuzkirche au monument et mémorial puis à l'espace de réflexion pour la Sophienkirche et enfin à la Frauenkirche.

Enfin, pour ce qui restent chez eux, le traditionnel concert de l'Orchestre philharmonique de Dresde pour commémorer la destruction de la ville est diffusé en direct par Sachsen Fernsehen à partir de 18h30 et plus tard sur Radio Dresden.  Cette année, l’orchestre d'État de Saxe, dirigé par Philippe Herreweghe, joue la Messe monumentale en si mineur de Jean-Sébastien Bach.

Dresde est considérée comme un symbole des horreurs de la guerre moderne. Mais l'avenir de la commémoration des raids aériens dévastateurs des 13 et 14 février 1945 est contesté. Les traditionalistes veulent continuer à commémorer les victimes. D’autres veulent faire de Dresde une ville de paix. Mais aujourd’hui, est-il possible de parler du 13 février 1945 dans ce présent sans parler de la guerre en Ukraine ?

Quelques images d’époque

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
La police encadrant des néonazis venus de divers pays d’Europe pour l’occasion

La police encadrant des néonazis venus de divers pays d’Europe pour l’occasion

Néonazis dénonçant l’« holocauste » provoqué par les Alliés

Néonazis dénonçant l’« holocauste » provoqué par les Alliés

Manifestation antinazie

Manifestation de l’extrême gauche antinazie (Dresden nazifei)

chaîne humaine antinazie, en 2020

chaîne humaine antinazie, en 2020

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1492, Espagne, Extrême droite, 2 janvier, Andalousie Bruno Teissier 1492, Espagne, Extrême droite, 2 janvier, Andalousie Bruno Teissier

2 janvier : la Toma de Granada, la fête locale qui divise l’Espagne

Ce 2 janvier, pour la 530e fois, la municipalité de Grenade (Espagne) commémore la conquête de la cité andalouse par les souverains d’Aragon et de Castille. Chaque année, la gauche locale dénonce cette cérémonie aux relents racistes et appelle à manifester contre ce qui est devenu une célébration rassemblant toute l’extrême droite espagnole.

 

Ce jour est férié à Grenade, en Espagne, pour la 530e Fête de la prise de la ville (Festividad de la Toma de Granada). Chaque année, la municipalité de Grenade commémore la conquête de la cité andalouse par les souverains d’Aragon et de Castille. La reddition de la ville a abouti à l’expulsion d’une partie de ses habitants et à l’éradication de leur culture. Comme tous les ans, la gauche locale a appelé à manifester Plaza del Carmen où se déroule la cérémonie.

Cette cérémonie controversée commence, chaque année, par un dépôt de gerbes sur les tombes de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille qui reposent dans la Chapelle royale. La ville de Grenade, assiégée depuis le 9 juin 1491, n’a pas été prise par les armes, mais livrée aux Espagnols par le dernier émir de Grenade, Boabdil. Celui-ci, après négociations, a quitté la ville le 2 janvier 1492 contre l’engagement des futurs Rois catholiques de respecter les différents cultes. Cette promesse ne fut jamais tenue, puisque dans les semaines qui ont suivi les musulmans et les juifs n’ont eu d’autres choix que la conversion ou l’exil. S’en était fini de l’Espagne des trois religions évoquée jusque-là par Ferdinand II lui-même, l’Inquisition allait désormais avoir le champ libre. Le souvenir de cette trahison plane sur cette fête traditionnelle que l’extrême droite est en train de transformer en célébration identitaire. Vox, le parti néo-franquiste, a fait son entrée au parlement andalou en 2019, une première depuis le retour à la démocratie en 1976. Il milite aujourd’hui pour que le 2 janvier devienne la fête nationale de l’Andalousie en remplacement du 28 février, peu évocateur ; voire de la fête nationale de l’Espagne tout entière. Déjà, la date du 2 janvier se substitue progressivement au 18 juillet, la journée où les nostalgiques du dictateur Franco célèbrent sa conquête du pouvoir, par les armes, en 1936. Les slogans n’évoquent plus Franco, mais une « nueva reconquista».

La cérémonie commence Plaza del Carmen, vers 10h30. Les autorités municipale se rendent ensuite à La Chapelle royale à 11h30, puis assiste à une messe dans la cathédrale à 12h. Après la messe est prévu un défilé militaire de la Légion espagnole. La ville est quadrillée par 500 policiers anti-émeutes pour séparer les militants de l’extrême droite espagnole qui ont fait de cette date l’un de leurs rendez-vous annuels, du reste de la foule qui écoute le plus jeune conseiller municipal crier trois fois « Grenade ! », au son de l’hymne national, après avoir rendu hommage aux Rois très catholiques.  En 2009, la municipalité (socialiste) avait invité des musulmans, habillés en costume d’époque, à se joindre au cortège, mais ce symbole n’a pas convaincu les associations espagnoles qui militent pour le rapprochement des trois cultures. Le nouveau maire centriste droit (cuidadanos), élu avec les voix des conservateurs (PP) et de l’extrême droite (Vox) se montre beaucoup moins audacieux. De fait, une manifestation alternative est organisée par la gauche (un défilé de Maures et de chrétiens en costume d’époque) à l’initiative des municipalités voisines de Zujan, Cullar et Benamaurel. La procession abouti à l’ermitage Saint-Sébastien, lieu de la dernière rencontre entre Baobdil et les Rois très catholiques.

Les détracteurs de cette fête régionale sont chaque année plus nombreux. Ils parlent d’un hommage rendu aux bourreaux et de l’oubli des victimes. Cette « Journée de la ville de Grenade » se termine néanmoins par un Festival des cultures où l’accent est mis sur la tolérance. À la suite du rétablissement de la liberté de culte, en… 1978, Grenade avait été, cette année-là, la première ville d’Espagne à inaugurer officiellement une mosquée.

S’il s’agit de trouver une autre date pour la Journée de l’Andalousie, la gauche et les libéraux proposent le 26 mai, en hommage à Mariana Pineda, native de Grenade, exécutée le 26 mai 1831 pour son militantisme en faveur des libertés. Cette célébration du 26 mai a été toutefois ravivée en 2022 après 86 ans d’interruption.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er janvier 2023

mise à jour 2024 : le PSOE (gauche) qui dirige la mairie a voté contre la célébration en tant que telle, mais est il est tout de même présent à la cérémonie prise en charge par le PP (droite) et Vox (extrême droite) qui dirigent le gouvernement andalou.

Pour faire contre-point à la commémoration de la conquête de Grenade, la plateforme Granada Abierta réunit des intellectuels et des artistes à la Fondation euro-arabe, à partir de 11 heures du matin, sous la devise « Pour la coexistence, pas pour la prise de pouvoir » afin de souligner une fois de plus leur rejet de cet événement. Cette réunion rend aussi un hommage au peintre Juan Antonio Díaz, promoteur de l’association Artistes pour la tolérance.

 
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Le drapeau du royaume d’Espagne (rouge et jaune) associé à celui de Vox (vert) et à celui de la Phalange espagnole (en noir) brandi par les nostalgiques du franquisme.

En haut le drapeau du royaume d’Espagne (rouge et jaune) associé à celui de vox (vert) et à celui de la phalange espagnole (en noir) ; en bas le drapeau de l’Andalousie (vert et blanc) et celui de la république d’Espagne (rouge-jaune-mauve), symbole…

Le drapeau de l’Andalousie (vert et blanc) et celui de la république d’Espagne (rouge-jaune-mauve), symbole de la gauche

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1922, Italie, 28 octobre, fascisme, Extrême droite, 1944 Bruno Teissier 1922, Italie, 28 octobre, fascisme, Extrême droite, 1944 Bruno Teissier

28 octobre : le centenaire de la Marche sur Rome

Chaque année, depuis la chute du fascisme, des nostalgiques de l’État totalitaire défilent par milliers dans les rues de la ville de Predappio, la ville natale de Benito Mussolini, en Émilie-Romagne. Cette année, le centenaire de l’événement coïncide, hélas, avec la formation d’un gouvernent comprenant des héritiers politiques du régime du Duce. Aujourd’hui, pourtant, une manifestation antifasciste se déroule dans le village natal de Mussolini. On célèbre la libération du village, le 28 octobre 1944. Une date qui n’avait pas été choisie au hasard.

 

Triste coïncidence, alors que vient de se former le gouvernement italien le plus à droite depuis 1946, un cabinet dont une partie des membres a milité jadis au MSI, le parti des héritiers du fascisme, l’Italie commémore le centenaire de la marche sur Rome du 28 octobre 1922 qui a porté le fascisme au pouvoir.

Aujourd’hui, pourtant, c’est une manifestation antifasciste qui se déroule dans le village natal de Mussolini. On célèbre la libération de Predappio, le 28 octobre 1944. Une date qui n’avait pas été choisie au hasard.

Chaque année, depuis la chute du fascisme, des nostalgiques de l’État totalitaire défilent par milliers dans les rues de la ville de Predappio, la ville natale de Benito Mussolini, en Émilie-Romagne.

Dimanche, des centaines d'autobus venus toute la péninsule vont converger vers la petite ville de 6 000 habitants, avec à leur bord des skinheads à tête rasée et des hommes de tous âges abordant une chemise noire. On se rassemble devant la maison natale du Duce et l’ancien siège du parti fasciste. Un temps fort est la visite de la crypte où se trouve la tombe de Mussolini. Celle-ci est visitée chaque année par quelque 100 000 personnes au grand désespoir des habitants de la petite ville qui d’ordinaire votent majoritairement à gauche.

Comme chaque année, à Predappio, pour l’anniversaire de la marche sur Rome (anniversario della marcia su Roma), les slogans fusent, les propos xénophobes ou fustigeant la démocratie s’expriment sans complexe lors de ce pèlerinage des nostalgiques de l'Italie fasciste. En 2017, aux termes d'un débat très âpre, le Parlement a adopté une nouvelle législation contre l'apologie du fascisme. Le parti Fratelli d'Italia de la nouvelle première ministre, Giorgia Meloni reste prudent dans ses discours, mais arbore toujours la flamme tricolore, symbole hérité du Mouvement social italien , les parties fondées par Giorgio Almirante et d'autres anciens représentants du Parti fasciste de Mussolini. Comme lors de l’anniversaire du Duce, le 31 juillet dernier, les organisateurs de la manifestation ont demandé de remplacer le salut fasciste par une "main sur le cœur", plus neutre politiquement.

La piteuse expédition du 28 octobre 1922, sous une pluie battante, n’aurait peut-être abouti à rien si le roi Emmanuel III n’avait pas refusé de signer l’état d’urgence demandé par le gouvernement libéral que Mussolini cherchait à intimider, et offert ensuite le pouvoir aux fascistes.

Le travail de mémoire sur cette époque n’est pas terminé, loin de là. Un électeur un quatre a voté pour Fratelli d’Italia, la formation d’extrême droite qui arrive pour la première fois au pouvoir depuis l’instauration de la république en 1946. Sa cheffe, Giorgia Meloni ne compte pas modifier le symbole de son parti et il a fallu de multiples protestations pour que le banquet prévu aujourd’hui à Piacenza pour célébrer la marche sur Rome soit finalement annulé à la dernière minute, en dépit de dizaines de réservations venues de toute l’Italie.

Mise a jour 31 octobre 2022 : En dépit des recommandations des organisateurs, une partie des participants à la commémoration de la marche sur Rome, organisée par l’extrême droite, le 30 octobre à Predappio, a bien fait le salut fasciste.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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Frères d’Italie, le parti qui domine le gouvernement italien formé cette semaine à Rome. Un électeur un quatre a voté pour cette formation d’extrême droite qui arrive pour la première fois au pouvoir.

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1954, Taïwan, anticommunisme, Extrême droite Bruno Teissier 1954, Taïwan, anticommunisme, Extrême droite Bruno Teissier

23 janvier : la Journée « mondiale » de la liberté

Une date qui n’a rien de mondiale, quant à la défense des libertés et de la démocratie, on est loin du compte. La date, toutefois, est célébrée à Taïwan chaque année.

 

En 1953, la guerre de Corée s’achevait par un simple armistice. Quelques mois plus tard, on libérait les prisonniers de guerre retenus par chaque camp. La Chine communiste avait appuyé la Corée du Nord contre le Sud, au côté duquel tout le camp occidental, États-Unis en tête, s’était engagé. Les prisonniers devaient retrouver leur pays d’origine or quelques milliers de Chinois choisirent de s’embarquer pour l’île de Formose (ancien nom de Taïwan) et non pour la Chine continentale aux mains des communistes depuis 1949. Le 23 janvier 1954, ils étaient plus de 14000 à débarquer dans le port de Keelung, au sud de l’île rebelle, qualifié à l’époque de « Chine libre ». Ils ont aussitôt été désignés comme des « martyrs du communisme ». C’est cet événement symbolique de la guerre froide qui est commémoré aujourd’hui sous le nom de « Journée 123 de la liberté » (1 pour janvier, 23 pour le jour).

La même année, des représentants de Taïwan, des Philippines et de la Corée du Sud fondaient l'Asian People's Anticommunist League (APACL). Ensuite, l'organisation a été rebaptisée Ligue mondiale pour la liberté et la démocratie (WLFD). La WLFD est une ONG internationale dédiée, en principe, à la promotion des valeurs de démocratie et de liberté. En réalité, cette organisation va, dans le contexte de la guerre froide, s’appliquer à appuyer tous les régimes dictatoriaux d’extrême droite, en particulier en Amérique latine ou en Asie, perçus comme les champions de l’anticommunisme. C’est la section taïwanaise de l'APACL, en 1993, qui a rebaptisé le 23 janvier, Journée mondiale de la liberté (世界自由日). Taïwan, longtemps dominé par l’extrême droite nationaliste chinoise, est devenu une authentique démocratie. C’est d’ailleurs, aujourd’hui, le principal grief que lui fait Pékin, à cause du mauvais exemple donné à l’ensemble du monde chinois.

Le problème, c’est que le 23 janvier, au plus fort de la guerre froide a été le rendez-vous des extrêmes droites du monde entier et qu’il est largement resté.  L’événement est supervisé par la Ligue mondiale pour la liberté et la démocratie (WLFD), fondée en 1966 par Tchang Kaï-chek, le chef du parti nationaliste chinois (Kuomintang) et président (autoritaire) de Taïwan, jusqu’à sa mort en 1975. La WLFD est dans les années 1990 et 2000 la seule ONG liée à Taïwan qui soit accréditée auprès de l'ONU. Même si Taïwan est aujourd’hui une démocratie et si le Pari démocrate au pouvoir n’a rien à avoir avec cette mouvance, la WLFD est toujours subventionnée par Taipeh et le président de la République de Chine (nom officiel de Taïwan)  se fend d’un message de félicitation adressé à l’organisation chaque 23 Janvier, Journée mondiale de la liberté.

 
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1936, 1975, Espagne, 20 novembre, Extrême droite, fascisme Bruno Teissier 1936, 1975, Espagne, 20 novembre, Extrême droite, fascisme Bruno Teissier

20 novembre : le rendez-vous des nostalgiques du fascisme en Espagne

La journée du 20-N, pour 20 novembre, est l’anniversaires du décès de deux personnages controversés de l'histoire du pays, José Antonio Primo de Rivera et Francisco Franco.

 

Commémorée par l’extrême droite espagnole, la journée du 20-N, pour 20 novembre, est l’anniversaires du décès de deux personnages controversés de l'histoire du pays, José Antonio Primo de Rivera et Francisco Franco. Le premier, fils de l’ex-dictateur Miguel Primo de Rivera, est le fondateur du parti fasciste la Phalange espagnole. Il a été fusillé le 20 novembre 1936 à Alicante après avoir été jugé par un tribunal de la deuxième république espagnole pour complot et rébellion. La guerre civile espagnole avait déjà commencé, suite au coup de force du général Franco, figure de l’extrême droite. Celui-là même qui imposera son pouvoir autoritaire à l’issue de la guerre d’Espagne, avec l’aide de la phalange et des nazis. Sa dictature ne se terminera que le 20 novembre 1975, jour de son décès. La date était déjà célébrée sous le régime franciste, comme le “Jour de la douleur”. On se demande si l’annonce du décès de Franco dont l’agonie a duré des semaines, n’a pas été repoussée de quelques heures pour coïncider avec cette date déjà mythique pour le monde fasciste.

Chaque 20 novembre, parfois la veille ou le lendemain, tout ce qui reste de nostalgiques du régime du général Franco ou de la phalange espagnole manifeste dans diverses villes du pays, en particulier à Alicante et à Madrid. Cette année, dans la capitale, c’est dimanche 21 novembre à 12h, place d’Orient que les franquistes se rassembleront. Chaque année, des militants de gauche se mobilisent pour protester contre ces manifestations hors la loi. Longtemps ces manifestations ont été tolérées par les autorités, aujourd’hui, elles tombent sous le coup des lois mémorielles qui interdisent toute promotion du fascisme et du franquisme, sa variante locale. Ce qui n’a pas dissuadé un certain nombre d’églises partout en Espagne, et même en France, d’annoncer des messes à la mémoire de ces deux héros de l’extrême droite espagnole. La Conférence des évêques espagnols est totalement muette sur le sujet, car divisée. On se souvient que l’Église catholique, avec l’armée, a été un des principaux soutiens du régime franquiste et une partie du clergé n’a toujours pas renié cet engagement en dépit d’une levée des tabous sur les crimes du franquisme et l’ouverture des fosses communes où reposent plus de 100 000 victimes. 

Chaque année, le Mouvement catholique espagnol (MCE) appelle à un pèlerinage à la Vallée des morts (la Valle de los Caídos) d’où la dépouille de Franco a été retirée en 2019 mais où repose toujours José Antonio Primo de Rivera. Chaque 20 novembre, la Phalange organise sa traditionnelle Marche bleue en l’honneur de son héros. Le bleu en référence à la division des volontaires espagnols, mieux connue sous le nom  de Division bleue , qui était la contribution de  l'Espagne de Franco  à  l' armée allemande d' Hitler  pendant la  Seconde Guerre mondiale .

La date du 20 novembre demeure une date symbole pour l’extrême droite espagnole. Est-ce un hasard si le nationaliste basque Santiago Brouard a été assassiné le 20 novembre 1984, puis à nouveau cinq ans plus tard, Jusu Muguruza, à nouveau un 20 novembre. En 1992, c’est une fusillade contre un groupe d’immigrés qui cause la mort de la dominicaine Lucrecia Pérez, encore un 20 novembre… Chaque année se rejoue ce jour-là les affrontements politiques qui ont ensanglantés l’Espagne, il y a plus de 80 ans. Longtemps, les nostalgiques du fascisme sont restés discrets et très minoritaires. Depuis peu tout a changé, les tabous sont tombés aussi bien du côté des républicains qui osent évoquer les victimes et demander réparation, que du côté de l’extrême droite, aujourd’hui représenté par Vox, un parti qui en quatre années s’est imposé comme la quatrième force politique du pays.

#N20

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 novembre 2021

 

Le fasciste espagnol José Antonio Primo de Rivera lors d'un congrès de la Phalange à Madrid

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1943, Italie, Extrême droite, 28 avril Bruno Teissier 1943, Italie, Extrême droite, 28 avril Bruno Teissier

28 avril : pèlerinage fasciste à Predappio, petite ville d'Émilie-Romagne

C'est l'anniversaire de l'exécution de Mussolini, en 1945. Les nostalgique affluent en masse chaque année à Predappio, en Émilie-Romagne, devant la maison natale de Mussolini ou dans a crypte où repose le corps du dictateur italien…

 

C'est l'anniversaire de l'exécution de Mussolini, en 1945. Chaque année, les nostalgiques du fascisme affluent en masse à Predappio, en Émilie-Romagne, devant la maison natale de Mussolini ou dans la crypte où repose le corps du dictateur italien, ouverte exceptionnellement quelques jours par an. Ces deux lieux sont les étapes obligatoires du pèlerinage des néofascistes en chemise noire. Cette année les mesures sanitaires perturbent ces célébrations annuelles de l’extrême droite italienne.

Lorsqu'il a compris qu'il avait perdu la guerre, Benito Mussolini a d'abord tenté de se réfugier en Suisse et de négocier sa reddition, en vain. Le 27 avril 1945, il a été capturé par une unité de partisans communistes à Dongo, près du lac de Côme. Et avec lui, son amante Clara Petacci et d'autres chefs fascistes. Le lendemain, ils ont tous été exécutés dans la ville de Giulino di Mezzegra, sans que l'on sache très clairement qui a donné l'ordre, et les corps ont été transportés par camion à Milan et exposés sur la place de Loreto, soumis à toutes sortes d'outrages et d'humiliations de la part de la foule. Ils ont ensuite été suspendus la tête en bas au chapiteau d'une station-service, à l’endroit même où, quelques mois plus tôt, 15 partisans avaient été pendus.

Quelques jours plus tard, on décide d'enterrer les cadavres dans une tombe anonyme au cimetière Musocco de Milan. Et ils y sont restés jusqu'à ce que dans la nuit du 23 au 24 avril 1946, trois militants néo-fascistes localisent la tombe, volent les dépouilles mortelles et les conservent pendant plusieurs mois, avec le soutien de prêtres catholiques de Milan. Les restes n'ont été retrouvés qu'en août, à Pavie, puis il a été décidé de les cacher dans un lieu inconnu, même de la famille. En fait, dans un couvent des capucins au Cerro Maggiore, à une vingtaine de kilomètres de Milan.

Ils y sont restés onze ans, jusqu'à ce que le Premier ministre chrétien-démocrate Adone Zoli, ayant besoin du vote des élus néo-fascistes du MSI, autorise le transfert des restes de Mussolini dans sa ville natale de Predappio. Cela devait se faire dans la discrétion, mais ce 31 aout 1957, des journalistes et des militants néo-fascistes en chemises noires étaient tout de même présents à la cérémonie funéraire au cours de laquelle il a été inhumé dans une crypte. Les dépouilles mortelles de sa femme Rachele et de leurs quatre enfants y ont inhumées par la suite.

Cette année, l'Association nationale Arditi d'Italie (Anai), un groupuscule de l’ultra droite, organise la commémoration de la mort de Benito Mussolini à Predappio ce dimanche 2 mai à 11 heures. Toutefois, en raison de la réglementation anti Covid, il n’y aura pas de procession de la Piazza Sant'Antonio au cimetière de San Cassiano. Ce pèlerinage fasciste se produit trois fois par an, pour la commémoration de la naissance (29 juillet) et de la mort de Mussolini (28 avril), ainsi que pour l'anniversaire de la Marche sur Rome (28 octobre).

Déplorant que sa ville soit vue comme le symbole de la nostalgie fasciste, le précédent maire de la ville, un élu de gauche, a lancé la construction d’un musée dans sa commune pour montrer aux visiteurs le vrai visage du fascisme pour ne pas laisser le terrain aux nostalgiques du régime. Ce musée du fascisme sera le premier du genre en Italie. Le lieu choisi est on ne peut plus symbolique : un grand bâtiment de 2000 m² qui abritait le siège du parti de Benito Mussolini à Predappio. Une ville nouvelle édifiée sur ordre du dictateur dans les années 1920, autour de sa maison natale. Cependant, le nouveau maire, divers droite, élu en 2019, fait traîner le projet.

 
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1940, Lettonie, Extrême droite, Nazisme, 16 mars Bruno Teissier 1940, Lettonie, Extrême droite, Nazisme, 16 mars Bruno Teissier

16 mars : manifestation ambiguë à Riga

Dans les rues de Riga, d’anciens légionnaires des Waffen-SS défilent pour commémorer leur résistance à l’URSS. Bras armé des nazis, ils ont été quelque 85 000 à avoir été enrôlés, de force pour la plupart, dans les rangs de l’armée allemande et ils ont activement participé à l’extermination de 70 000 juifs de Lettonie.

 

Dans les rues de Riga, d’anciens légionnaires des Waffen-SS défilent pour commémorer leur résistance à l’URSS. Bras armé des nazis, ils ont été quelque 85 000 à avoir été enrôlés, de force pour la plupart, dans les rangs de l’armée allemande et ils ont activement participé à l’extermination de 70 000 juifs de Lettonie. Ils ne sont plus que quelques survivants très âgés à être encore en vie. Cette commémoration très controversée, appelée Jour des légionnaires (Leģionāru piemiņas diena), n’est plus une date officielle depuis 2001 en Lettonie, même si des ministres y ont encore participé jusqu’en 2016, mais elle reste autorisée, faute d’être en mesure de l’interdire.

La date du 16 mars a été choisie car en 1944 les deux divisions de la Légion lettone, ont combattu côte à côte, pour la première et unique fois, contre l'Armée rouge. Traditionnellement, un service commémoratif a lieu dans la cathédrale de Riga , après quoi les participants se rendent en procession de l’église Saint-Jean de Riga au monument de la Liberté, à Riga, où ils déposent des fleurs. Une autre cérémonie, beaucoup moins médiatisée, a lieu au cimetière de guerre de Lestene , dans la dans la municipalité de Tukums.

Beaucoup de Lettons ne voient pas le défilé du 16 mars comme une manifestation pro nazie, mais comme une occasion de protester contre la colonisation russe de leur pays opérée après la guerre. Eux qui représentaient plus des trois quarts de la population avant 1940, ne sont plus aujourd’hui qu’un peu plus de la moitié face aux quelque 40 % de Russophones. Ces derniers réagissent vivement à cette journée du 16 mars. Les autorités craignent des provocations de la part des pro-Kremlin.

Si les autorités n’y prenaient pas garde les deux manifestations se termineraient pas des affrontements. À partir de 2015, ils ont accepté de décaler l’horaire de leur défilé, frustrant la horde des journalistes venue couvrir l’événement d’images d’échange d’insultes, voire de coups, entre les deux groupes. Chaque année, les télévisons russes dressent le portrait d’une Lettonie acquise au nazisme et V. Poutine se plaît à vanter les mérites du pacte Molotov-Ribbentrop qui avait permis à Staline d’occuper la Lettonie. Ce petit pays aujourd’hui membre de l’OTAN, appartient à la ligne de front face à Moscou.

Pour couper l’herbe sous le pied de l’extrême droite lettone, le gouvernement de Riga a créé en 2021, une Journée de commémoration du mouvement de résistance nationale (Nacionālās pretošanās kustības piemiņas diena), placée le 17 mars et liée aux événements de 1944, mais aussi à ceux de 1940.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1995, France, racisme, Extrême droite, 21 février Bruno Teissier 1995, France, racisme, Extrême droite, 21 février Bruno Teissier

21 février : avenue Ibrahim Ali, Marseille, en mémoire d'un adolescent victime du racisme

Chaque 21 février la famille et les amis d’Ibrahim Ali, jeune français d’origine comorienne assassiné par des militants du Front National, se réunissent pour honorer sa mémoire. Cette année pour la première fois la commémoration est officielle.

 

Chaque 21 février la famille et les amis d’Ibrahim Ali, jeune français d’origine comorienne assassiné par des militants du Front National, se réunissent pour honorer sa mémoire. L’habitude avait été prise ce jour-là de fabriquer des plaques de rue à son nom et de les accrocher avenue des Aygalades, un axe du 15e arrondissement de Marseille où il vivait et où il a été tué d’une balle dans le dos alors qu’il courrait pour attraper son bus le 21 février 1995.

Ce dimanche 21 février 2021, ce sera chose faite très officiellement, en présence du maire de Marseille, Benoît Payan (PS) : l’avenue des Aygalades devient l’avenue Ibrahim Ali. La demande avait été relayée par Sami Ghali, alors sénatrice PS, et aujourd’hui maire de l’arrondissement et maire adjointe de Marseille. C’est le dénouement d'un long combat, entamé par la famille et les proches de la victime.

Le 21 février 1995, en pleine campagne présidentielle, trois militants du Front national collent des affiches pour le candidat Jean-Marie Le Pen : Robert Lagier, Mario d’Ambrosio et Pierre Giglio. Deux des colleurs sont armés. L’un d’eux fait feu sur un jeune qui court. C’était Ibrahim Ali, un lycéen qui sortait d’une répétition de son groupe de rap, B.Vice. Le tireur sera puni de 15 ans de prison.

Pendant 26 ans la mairie de Marseille fait la sourde oreille à toute commémoration. Jean-Claude Gaudin, maire (LR) de 1995 à 2020, ne répond a aucune des lettres. Il faut attendre 2015, pour qu’une plaque soit finalement posé à l’endroit de l’assassinat, mais la mairie n’organise aucune cérémonie. Le lycée de l'Estaque, ancien établissement scolaire de l'adolescent, a également dévoilé une plaque hommage en 2018. 

En 2020, la mairie de Marseille est passée de justesse à gauche, mais le Rassemblement national a tout de même obtenu 26% des voix aux municipales de 2020 dans le 15e arrondissement. Quant à l’avocat des parties civiles, Gilbert Collard, il s’est engagé par la suite au Front National ! Il est aujourd’hui eurodéputé RN. Finalement, le 8 février 2021, le conseil municipal de Marseille vote le changement de nom de l’avenue, les élus LR se sont résignés à voter la motion avec la gauche, mais contre le RN, l’héritier du FN qui continue a coller ses affiches dans le quartier sans se poser de question. Hommage est rendu à un adolescent de 17 ans victime d’un crime purement gratuit et surtout raciste.

 
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1948, Inde, Extrême droite, 15 novembre Bruno Teissier 1948, Inde, Extrême droite, 15 novembre Bruno Teissier

15 novembre : en Inde, les suprémacistes hindous vouent un culte à l’assassin de Gandhi

La frange la plus nationaliste du mouvement hindouiste voue aujourd’hui un culte à l’assassin du Mahatma Gandhi, Nathuram Godse. Celui-ci avait été aussitôt arrêté, emprisonné et condamné à la pendaison. Celle-ci a eu lieu le 15 novembre 1949.

 

Le 30 janvier 1948, le Mahtama Gandhi, apôtre de la non violence, était assassiné. La date est toujours commémorée officiellement en Inde mais peu à peu vidée de son sens. Le BJP au pouvoir mentionne toujours Gandhi comme le père de la nation. Celui-ci figure toujours sur les billet de banque indien mais, son discours est complètement détourné puisque la politique menée depuis quelques années par le premier ministre Modi est faite en son nom. Pire, la frange la plus nationaliste du mouvement hindouiste voue aujourd’hui un culte à son assassin, Nathuram Godse. Celui-ci avait été aussitôt arrêté, emprisonné et condamné à la pendaison. Celle-ci a eu lieu le 15 novembre 1949. En ce jour anniversaire, le mémorial qui lui est dédié à Pune (ville située près de Bombay) accueille la foule des sympathisants de la cause. La famille ouvre l’urne contenant ses cendres pour les fidèles désireux d’obtenir la bénédiction du « patriote » en contemplant ses restes. Le 15 novembre est commémoré par la Hindu Mahasabha, parti extrémiste hindou, comme « jour de sacrifice ». 

Il est reproché à Gandhi d’avoir été trop conciliant à l’égard des musulmans et d’avoir favorisé la création du Pakistan en 1947. C’est donc un traitre à la patrie que Godse a exécuté. Le BJP au pouvoir n’a pas (encore) repris ce discours mais laisse dire les franges les plus nationalistes, comme le RSS, dont justement Nathuram Godse était membre à l’époque. Ce mouvement fasciste a été dissous après l’assassinat de Gandhi, il a aujourd’hui à nouveau pignon sur rue et il est responsable de nombreux faits de violence envers les musulmans et les chrétiens, notamment ces derniers mois. Sans toutefois  cautionner la violence, nombre d’intellectuels, souscrivant à l'idéologie de l'Hindutva,   s’applique aujourd’hui à expliquer son geste, à en réévaluer la portée. Considérant qu’il allait dans le sens de l’histoire, que la patrie était en danger après la partition de l’Inde. Même des médias anglophones, comme The Indian Express, publié à Bombay, ont publié cette année des éditoriaux en ce sens.

Dans tout le pays, plus d’une douzaine de statues du meurtrier de Gandhi ont déjà été érigées. Plusieurs temples hindous sont en cours de conversion en temples à la mémoire de Nathuram Vinayak Godse. Parallèlement, ces derniers mois, des suprémacistes hindous dégradent des représentations de Gandhi, attaqué ses mémoriaux et griffonné le mot traître sur sa photo. En juin 2019, une statue de Gandhi a même été décapitée publiquement dans l'est de l'Inde… Le  phénomène est récent, il date de l’arrivée au pouvoir du BJP en 2014. Nathuram Godse est également célébré le jour anniversaire de sa naissance, le 19 mai ainsi que chaque 30 janvier.

Un tel culte est à rapprocher de celui d’Ygal Amir, l’assassin de Yitzhak Rabin, premier ministre israélien et prix Nobel de la paix. Les suprémacistes juifs réclame régulièrement sa libération alors qu’il a été condamné à la prison à vie. Quant à Anders Breivik, l’auteur du massacre d’Oslo et d’Utøya, il est devenu l’égérie de nombre de néonazis et de suprémacistes blancs de par le monde.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 14 novembre 2020

 
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Pooja Shakun Pandey, l’une des dirigeantes du Hindu Mahasabha, rejoue la scène de l’assassinat——————————————————————————————————————————————————-Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouv…

Pooja Shakun Pandey, l’une des dirigeantes du Hindu Mahasabha, rejoue la scène de l’assassinat

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Belgique, Extrême droite Bruno Teissier Belgique, Extrême droite Bruno Teissier

25 août : rassemblement flamingant et néo-nazi

Le traditionnel pèlerinage de l’Yser (Flandre), commémorant la première guerre mondiale, ayant été déplacé au 11 novembre prochain, seule la dissidence la plus nationaliste, dominée par l’extrême droite flamande (ou flamingante) organise désormais un rassemblement à la fin de l’été…

 

Le traditionnel pèlerinage de l’Yser (Flandre), commémorant la première guerre mondiale, ayant été déplacé au 11 novembre prochain, seule la dissidence la plus nationaliste, dominée par l’extrême droite flamande (ou flamingante) organise désormais un rassemblement à la fin de l’été, comme c’était le cas depuis 1920. Cette « Veillée de l’Yser » (Ijzerwake) qui attire traditionnellement quelque 5000 personnes est l’occasion, sous prétexte de commémorer les morts de la Grande guerre, de réclamer haut et fort l’indépendance de la Flandre. Elle permet en outre aux différentes composantes de la mouvance néo-nazi en Flandre de compter leurs forces.

La journée débute à Ypres (Ieper, en flamand), Van Raemdonckstraat à 11 heures, par des discours politiques enflammés et un buffet. La marche proprement dite commence à 13h30.

 
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