L’Almanach international

Parce que chaque jour est important quelque part dans le monde

1980, Espagne, Andalousie, autonomie régionale, 28 février Bruno Teissier 1980, Espagne, Andalousie, autonomie régionale, 28 février Bruno Teissier

28 février : la Journée de l’Andalousie

La Journée de l’Andalousie commémore le référendum de 1980 qui a rendu région pleinement autonome. Pour cette région du sud de l’Espagne, c’est une véritable fête nationale.

 

La Journée de l'Andalousie (Día de Andalucia), célébrée chaque 28 février par un jour férié, commémore le référendum de 1980 qui a rendu région pleinement autonome. Ce jour-là, les rues des villes et des villages sont pavoisées de vert et de blanc, les couleurs de la région (comunidad) d’Andalousie.

La fin de la dictature du général Franco qui permis une transition vers la démocratie et l’annonce de l’autonomie de certaines régions (Catalogne, Navarre, Pays basque et Galice). L'article 2 de la Constitution espagnole reconnaît et garantit le droit à l'autonomie des nationalités et des régions espagnoles. Les Andalous voulurent eux aussi bénéficier de ce nouveau régime. Ainsi, le 4 décembre 1977, autre grande date du peuple andalou, près d'un million et demi d'Andalous dans les huit départements (provincia) andalous descendirent dans la rue pour exiger l'autonomie de l'Andalousie.

Cette manifestation massive avait été convoquée par l'Assemblée des parlementaires. À Malaga, cette journée s'est terminée par une tragédie : la mort de Manuel José García Caparrós, un jeune syndicaliste de CCOO, ouvrier de l'usine Cervezas Victoria, décédé après avoir été abattu par la police pendant la manifestation. Le jeune Caparrós est considéré comme l'un des symboles de la lutte du peuple andalou et de son autonomie. 

La manifestation du 4 décembre a abouti à la convocation du référendum du 28 février 1980, qui a permis la constitution d’un gouvernement local, la Junta de Andalucía en juin 1979. Ce processus a été le premier et le seul référendum en Espagne proposé de cette manière. Toutes les provincia ont voté oui, à l’exception de celle d’Alméria, où l’autonomie a été instituée d’une autre manière.

Le soulèvement révolutionnaire de Topete à Cadix, au XIXe siècle, considéré comme le germe historique de l'autonomie, et la signature du Manifeste andalou de Cordoue (1919), qui décrivait l’Andalousie comme une réalité nationale, auraient pu aussi servir de date au Día de Andalucia. Les autorités ont préféré célébrer un événement contemporain.

Le Statut d’autonomie a été approuvé en 1981 comme la norme la plus importante pour les Andalous après la Constitution espagnole et qui accorde à l'Andalousie le statut de nationalité historique. En avril 1983, le Parlement d'Andalousie a reconnu Blas Infante comme Père de la Patrie andalouse. Vingt-six ans plus tard, en 2007, les Andalous ont ratifié par référendum un nouveau Statut d'autonomie , dont le préambule reconnaît la réalité nationale andalouse telle que décrite dans le Manifeste andalou de Cordoue de 1919. Le texte final compte au total 250 articles, 11 titres, cinq dispositions complémentaires, deux dispositions transitoires, une disposition abrogatoire et trois dispositions finales.

Depuis 1981, les écoles sont fermées à l'occasion du 28F et de la Semaine Blanche dans certaines régions d'Andalousie. Le vendredi précédant la Semaine Blanche est souvent une fête culturelle dans les écoles. Le traditionnel petit-déjeuner composé de pain à l'huile d'olive est servi et une grande variété d'activités culturelles est proposée.

On chante également l' hymne , une composition de José del Castillo Díaz avec des paroles de Blas Infante inspirées du Saint Dieu, un chant religieux populaire que les paysans et les journaliers de certaines régions andalouses chantaient pendant les récoltes.

Depuis 1983, c’est le jour de la remise des médailles d'Andalousie. Lors d’une cérémonie dans le théâtre de la Maestranza de Séville, le gouvernement local nomme les « fils (ou filles) andalous (es) préférés (es) » d’Andalousie. Les noms des personnes récompensées par le titre sont inscrits dans un registre appelé « Livre d'Or de l'Andalousie ». Le prix consiste en une médaille avec l'inscription Fils préféré d'Andalousie et une plaque d'argent gravée expliquant en détail le motif du prix. Dix médailles au maximum sont attribuées annuellement. Les lauréats porteront le titre de Son Excellence Monsieur (ou Madame). Pour 2024, sont notamment distingués : José Mercé, chanteur de flamenco, et Jerez de la Frontera Santiago Muñoz Machado, le directeur de l'Académie royale espagnole.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 février 2024

Le parlement andalou

Remise des médailles d'Andalousie par Susana Díaz (au centre, en rouge) un 28 février, jour de l'Andalousie

 
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1287, Espagne, Minorque, 17 janvier Bruno Teissier 1287, Espagne, Minorque, 17 janvier Bruno Teissier

17 janvier : la fête nationale minorquine

L’effigie de saint Antoine est promenée dans les rues Mahon, la capitale de la deuxième île des Baléares. C’est la fête de Minorque (Diada de Menorque). L’île célèbre sa conquête par le roi Alphonse III d'Aragon le 17 janvier 1287, une étape de la Reconquista.

 

L’effigie de saint Antoine est promenée dans les rues Mahon, la capitale de la deuxième île des Baléares. C’est la fête de Minorque (Diada de Menorque). L’île célèbre sa conquête par le roi Alphonse III d'Aragon le 17 janvier 1287. La date est devenue la fête locale et Antoine le Grand (dit l’Ermite), le saint patron de l’île.

Alors que Palma de Majorque avait été conquise au début du XIIIe siècle, Minorque était restée un émirat musulman gouverné par Abû 'Uthman Sa'îd ibn Hakam al Qurashi de 1234 jusqu'à sa mort en 1282 puis par son fils Abû 'Umar ibn Sa'îd de 1282 à 1287. La prise de l’île est une étape de la Reconquista.

La Diada del Poble de Menorca est une fête institutionnelle célébrée en commémoration de la fin de la Minorque musulmane, marquant ainsi le début de l'incorporation de l'île à la couronne d'Aragon.

Traditionnellement, la journée commence par la célébration de l'Eucharistie dans la Cathédrale à 11 heures du matin. Puis c’est le défilé d’Els Tres Tocs (les trois touches) qui rejoue l'arrivée d'Alphonse III à Ciudatella en janvier 1287. La procession traverse le centre historique de la ville et arrive sur la Place de Ses Palmeres, où le plus jeune conseiller reçoit le drapeau de l'ancienne Université de l'Île. L’'évêque chante le Te Deum, puis le Salve Regina et prononce la prière finale. Le soir, sur la Place de Sant Andoni, on peut assister à un concert de l'Orchestre Musical Municipal.

La fête a été instituée du temps du royaume d’Aragon, puis interdite en raison de l’intégration des Baléares au royaume d’Espagne. La diada réapparaît en 1887, pour le 600e anniversaire de la conquête de l’île, et a survécu jusqu’au début du XXe siècle. Elle réapparaît après la chute de la dictature de Franco, puis est officialisée en 1992,. La fête nationale de Minorque est largement célébrée dans toute l'île , mais ce n'est pas un jour férié dans la communauté autonome des îles Baléares.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 16 janvier 2024

 
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Espagne, Madrid, Nouvel an, 30 décembre Bruno Teissier Espagne, Madrid, Nouvel an, 30 décembre Bruno Teissier

30 décembre : le nouvel An avec un jour d’avance pour les Madrilènes

La veille du jour de l’An, les horlogers de la ville de Madrid viennent vérifier le fonctionnement des carillons de la Puerta del Sol. L’habitude a été prise de venir assister à la répétition avec des amis et et de trinquer (avec des verres en carton), sans toutefois gober les 12 grains de raisin, mais prévoir des confettis !

 

Ce soir, à Madrid, la place de la Puerta del Sol sera noire de monde et il convient de venir avant 18h, avant que la police ne ferme l’accès à la place, car par prudence, il convient de ne pas dépasser 15 000 personnes. Ce qui est tout de même le double de l’an dernier, puisque la place est en rénovation. La veille du jour de l’An, les horlogers de la ville viennent vérifier le fonctionnement des carillons. Le mécanisme de l'horloge est activé 28 secondes avant minuit. À ce moment-là, une grosse boule de cuivre descend pour avertir que l'année est sur le point de se terminer. Si le test fonctionne bien, les douze carillons retentissent avec un intervalle de trois secondes, puisque l'horloge de la Puerta del Sol, située sur la façade de l'ancienne Poste et aujourd'hui siège de la Présidence du Gouvernement de la Communauté de Madrid, est synchronisé avec l'Observatoire Astronomique National. Cette horloge a été construite à Londres à la fin du XIXe siècle, mais par un horloger espagnol, José Rodríguez de Losada, qui en a fait don à la ville de Madrid.

L’habitude a été prise de venir assister à la répétition avec des amis et de trinquer (avec des verres en carton) mais sans gober les 12 grains de raisin comme il est d’usage en Espagne, au moment du changement d’année.  Cela porterait malheur ! Un substitut comme des bonbons feront l’affaire. Prévoir aussi des confettis ! Chaque 30 décembre, une première répétition a eu lieu à midi, mais c’est celle du soir qui attire le plus de monde. Une autre répétition a aussi lieu à midi le 31 décembre. Ces répétitions sont appelées las preuvas de Nochevieja. Elles ont de plus en plus de succès. voir une vidéo.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 29 décembre 2023

 

photo : Jacinta Lluch Valero

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Espagne, Chili, Colombie, Venezuela, 16 juillet, Bolivie Bruno Teissier Espagne, Chili, Colombie, Venezuela, 16 juillet, Bolivie Bruno Teissier

16 juillet : Notre-Dame du Mont Carmel, divinité hispanique

L'Espagne et une partie de l'Amérique latine fête aujourd’hui Notre-Dame du Mont Carmel (Nuestra Señora del Carmen), patronne de nombreux pays comme le Chili ou la Bolivie.

 

L'Espagne et une partie de l'Amérique latine fête Notre-Dame du Mont Carmel (Nuestra Señora del Carmen). Son nom vient de sa vénération sur le Mont Carmel, près de Haïfa. Carmelo ou Carmen vient du mot hébreu Karmel ou Al-Karem qui pourrait être traduit par « jardin de Dieu ». La vénération de cette dédicace mariale a été difusée dans le monde par les ordres de Notre-Dame du Mont-Carmel, dit Carmes.

En Espagne, c'est la patronne de la mer et de la marine espagnole. Au Chili, elle est aussi la patronne du pays, de ses forces armées ainsi que de ses carabiniers. En Colombie, c'est celle de la police ; au Pérou, de la ville de Lima et de la créolité ; au Vénézuela, de l'armée... En Bolivie, au temps des luttes pour l'indépendance, les patriotes l’ont pris pour protectrice. Le 16 juillet 1809, une révolution eut lieu dans la ville de La Paz , menée par Don Pedro Domingo Murillo contre le gouvernement espagnol, profitant de la procession de la fête de la Virgen del Carmen. Après avoir limogé les autorités royalistes, la  Junte Tuitiva. Il a proclamé la libération de ces terres du pouvoir de la couronne espagnole. Quelques jours plus tard, les patriotes ont de nouveau brandi l'image de la Virgen del Carmen en procession, en action de grâce pour le triomphe du soulèvement, mais cette fois avec le bonnet phrygien de la liberté au lieu de la couronne et avec un sabre dans la tête.

À Tarragone, en Espagne, les pêcheurs et marins font naviguer cérémonieusement la statue de Notre-Dame du Mont-Carmel sur la Méditerranée, en l’embarquant sur un bateau du quartier du Serrallo. Toutes les villes de la côte espagnole rendent un culte religieux à la Virgen del Carmen, organisant des processions et des pèlerinages maritimes colorés portant son effigie ou son image chaque 16 juillet. Notre-Dame du Mont Carmel est aussi la patronne de la capitale maltaise, La Valette.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1983, Espagne, fête régionale, 31 mai Bruno Teissier 1983, Espagne, fête régionale, 31 mai Bruno Teissier

31 mai : la fête de la Castille-La Manche, le pays de Don Quichotte

Il y a 40 ans jour pour,  s’ouvrait première session des Cortès de la communauté autonome de Castille-La Manche, dans le centre l’Espagne. Cela donne lieu chaque 31 mai, à un jour férié. Cette année le Parti socialiste local qui gouverne la région peut fêter sa victoire électorale avec d’autant d’ardeur que le PSOE a perdu aux élections de dimanche au moins 10 des régions qu’il gouvernait jusque-là.

 

Cette Journée de la Castilla–La Mancha (Día de Castilla-La Mancha ) est un jour férié régional célébré chaque année depuis 1984. Les écoles, les universités, les bureaux du gouvernement et certaines entreprises sont fermés pour la journée.

La première élection régionale dans la communauté autonome espagnole nouvellement créée avait eu lieu en mai 1983. Les sièges des Cortes régionales (l’assemblée locale) avaient été remportés par deux partis, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, gauche) et la Coalition populaire (droite). La première session des Cortès s'ouvrit le 31 mai 1983, il y a 40 ans jour pour jour.

Cette journée est aussi l’occasion d’une fête partisane. Alors que la gauche a subi une déroute aux élections de ce dimanche, La Castille-La Manche est la seule région espagnole où le PSOE se maintienne seul au pouvoir sans avoir besoin d’une coalition. C’est le triomphe du baron socialiste Emiliano García-Page, le président sortant de la région qui sera reconduit sans problème, fort de ses 17 sièges sur 33 dont 12 au PP (droite) et 4 à Vox (extrême droite). Localement le PSOE a obtenu 45% des voix (contre 28% au niveau national, le 29 mai). Emiliano García-Page Sánchez président la communauté autonome (région) depuis 2015.

La Journée de la Castille-La Manche est marquée par des cérémonies de lever du drapeau, des défilés, des cérémonies de remise de prix et de décorations, des concerts, des expositions, des foires, des compétitions sportives, des concours… Chaque année, une nouvelle ville ou village devient le centre des célébrations à l'échelle de la communauté. Cette année c’est à Manzanares, dans la province (département) de Ciudad Real que se déroulent les principales festivités.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 

La Manche, le pays de Don Quichotte

Le président de la Castilla-La Mancha, Emiliano García-Page, un 31 mai (photo : José Ramón Márquez) 

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1808, Espagne, révolte populaire, 2 mai Bruno Teissier 1808, Espagne, révolte populaire, 2 mai Bruno Teissier

2 mai : Madrid en fête pour le Dos de Mayo, le souvenir d'une révolte antifrançaise

Ce jour férié rappelle le soulèvement des Espagnols contre les Français mais c’est aussi moment de réjouissance dont le cœur est le quartier madrilène de Malasana, autour de la plaza del Dos de Mayo, place baptisée en souvenir du 2 mai 1808, les habitants de Madrid se révoltaient contre l’occupant français.

 

Le Dos de Mayo (2 mai) est jour de fête à Madrid, il rappelle le 2 mai 1808, quand les habitants de Madrid se révoltaient contre l’occupant français, en l’occurrence Joseph Bonaparte, frère de Napoléon, pressenti pour occuper le trône d’Espagne. Murat lançait l’offensive et fit des milliers de morts parmi la foule après avoir fait abattre les leaders de la rébellion, scène qui sera immortalisée par Goya. S’ensuivent six années d’une guerre d’indépendance qui s’achèvera par la victoire du peuple espagnol et le retour sur le trône de Ferdinand VII.

C’est le jour férié officiel de la Communauté de Madrid (Fiesta de la Comunidad de Madrid), un jour férié symbolique s’il en est, le Dos de mayo est aussi un moment de réjouissance dont le cœur est le quartier madrilène de Malasaña, autour de la plaza del Dos de Mayo. Autrefois lieu de combat, il est, par la suite, devenu le centre de la movida madrilène dans les années 1980 puis, à partir de mai 2011, le lieu de ralliement des « Indignés » (extrême gauche). Mais, en ce 2 mai, les rues de Madrid sont plutôt occupées par des orchestres improvisés, du théâtre de rue et une grande kermesse qui draine une foule venue souvent de loin. Quant à la police, on dit qu’elle fermerait les yeux sur la consommation d’alcool qui atteindrait des sommets en quelques heures !

Dans toute la région de Madrid, des reconstitutions historiques, des bals, des foires taurines et autres événements sportifs sont également organisés pour célébrer ce qui fut une victoire et reste une cause de fierté pour tout un pays. Le Dos de mayo est un mythe qui a été utilisé pour création du sentiment d'appartenance à la nation espagnole.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Le Tres de mayo, par Francisco Goya, 1814, représentant la fusillade du 3 mai 1808Pour nous aider à faire vivre l’Almanach BiblioMonde, pensez à un petit don de temps en temps, vous pouvez le faire sur Tipeee

Le Tres de mayo, par Francisco Goya, 1814, représentant la fusillade du 3 mai 1808

Aujourd’hui encore, sur la place du Dos de mayo de Madrid se dressent les statues de Daoiz et Velarde, deux héros du 2 mai 1808 qui sont morts durant l'attaque française du Cuartel de Monleon dont il ne reste que le porche. Photo : Nicolas Vigier

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1937, Espagne, Nazisme, 26 avril, massacre Bruno Teissier 1937, Espagne, Nazisme, 26 avril, massacre Bruno Teissier

26 avril : la mémoire de Guernica

Ce 26 avril était jour de marché, en deux heures quelque 22 tonnes de bombes ont été lâchées sur la ville par l’aviation allemande venue tester de nouveaux appareils et surtout une méthode de guerre inédite : un raid de terreur destiné à anéantir une partie de la population et d’en terroriser l’autre. Une stratégie adoptée par Vladimir Poutine en Tchétchénie, en Syrie et aujourd’hui en Ukraine.

 

Volodimir Zelenski n’a manqué de le faire remarquer quand il s’est adressé aux députés espagnols, ce que la petite ville de Guernica a vécu en 1937, de nombreuses localités d’Ukraine sont en train de le vivre tant l’acharnement des forces russe à tout détruire pour soumettre l’enemi parait sans limite. L’armée russe a d’ailleurs aussi à son palmarès la destruction presque totale de Grozny et d’une bonne partie d’Alep… Dans plusieurs décennies toutes ces villes commémorent leur anéantissement comme le fait Guernica chaque 26 avril.

Cet après-midi, 15h45 toutes les cloches de la petite ville de Guernica vont sonner et à 16h15 précise, une sirène retentira en souvenir du terrible bombardement de 1937 qui fit 1650 morts (selon le gouvernement basque) sur les 5000 habitants que comptait la petite ville de Biscaye (Pays basque espagnol).

Pour la Commémoration du bombardement de Guernica (Conmemoracion del bombardeo de guernica) les autorités procèdent à un dépôt de gerbes au cimetière de Zallo pour rendre hommage aux morts et ce soir, à 21h30, une marche silencieuse va parcourir comme chaque année les rues de la ville. L’an dernier, pour le 85e anniversaire, le président du gouvernement, Pedro Sánchez, avait participé aux commémorations, lui aussi avait cité Vladimir Poutine sans son message.

Ce 26 avril était jour de marché, en deux heures quelque 22 tonnes de bombes ont été lâchées sur la ville par l’aviation allemande venue tester de nouveaux appareils et surtout une méthode de guerre inédite : un raid de terreur destiné à anéantir une partie de la population et d’en terroriser l’autre. Le Pays basque était resté fidèle à la république (voir 14 avril). Sa soumission était une aide appréciable, réclamée par le général Franco en train d’imposer sa dictature à l’ensemble de l’Espagne. Par miracle, l’arbre de Guernica, symbole de l’autonomie du Pays basque, est sorti indemne des bombardements, mais le pays n’allait pas tarder à être soumis par les franquistes. Dès le début du XVIIIe siècle, Guernica était devenue un véritable emblème de la démocratie et de la liberté, surtout après la fin de la Première Guerre carliste (1833-1840). C’est aussi cela que Franco avait demandé à Hitler d’abattre.

Un Musée de la paix a été inauguré en 2003 et l’on décerne, aujourd’hui, un Prix Guernica pour la paix et la réconciliation. En 2020, un hommage particulier avait été fait à José de Laubaria, le maire de la ville à l’époque et à George L. Steer, journaliste sud-africain arrivé à Guernica quelques heures après le bombardement et qui câbla dans la nuit même son reportage de la ville martyre. C’est son article publié le 28 avril 1937, à la une du Times et du New York Times, qui a frappé l'opinion publique mondiale en révélant l'implication secrète de l’Allemagne nazie dans la destruction de la ville.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
Mural reproduisant le célèbre tableau de Picasso, commandé par la république espagnole pour l’exposition de 1937 à Paris.

Mural reproduisant le célèbre tableau de Picasso, commandé par la république espagnole pour l’exposition de 1937 à Paris.

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1931, Espagne, Démocratie, 14 avril, Catalogne, république Bruno Teissier 1931, Espagne, Démocratie, 14 avril, Catalogne, république Bruno Teissier

14 avril : la célébration d'une république espagnole ou catalane, désormais

Une nouveauté, le gouvernement de Barcelone a instauré une Journée de la République catalane, le 14 avril, date à laquelle la gauche espagnole célèbre chaque année, l’anniversaire de l’instauration de la République espagnole le 14 avril 1931. Une occasion de sortir le drapeau républicain : rouge, jaune et mauve !

 

En Espagne, les partisans de la république ne manquent pas une occasion de réclamer l’abolition de la monarchie et l’instauration d’une IIIe république. Chaque 14 avril, Jour de la République espagnole (Dia de la Republica española), l’acte militant consiste à porter une violette à la boutonnière, couleur de la révolution démocratique. Mieux, on sortira le drapeau républicain rouge, jaune et mauve. Cette année, on célèbre les 91 ans de l’instauration de la Seconde république espagnole, le 14 avril 1931. Depuis la fin de la dictature (1977), des festivités et manifestations ont lieu chaque 14 avril dans de nombreuses villes espagnoles.

La nouveauté, l’an dernier, c’est que le gouvernement de Catalogne a décidé désormais de commémorer le Jour de la République catalane (Dia de la República catalana), également le 14 avril. L’argument est que la première déclaration républicaine a été prononcée sur le sol catalan quelques heures avant la proclamation de la république espagnole. La proclamation a été faite à la mairie de Barcelone, par Lluís Companys, après une victoire électorale écrasante de l'ERC (gauche républicaine). Et elle sera confirmée le même jour par Francesc Macià, celui qui deviendra, quelques jours plus tard, le 17 avril 1931, le premier président de la Generalitat de Catalogne.

En 2022, la première célébration catalane du 14 avril, a eu lieu au Palau de la Generalitat, à Barcelone, en présence du président de la Catalogne, Pere Aragonès (ERC), et de la ministre de la Justice, Lourdes Ciuró. Ce geste avait pour but de rapeller la proclamation de la « République catalane comme État intégré de la Fédération ibérique », faite par Francesc Macià à cette date en 1931. La Gauche républicaine de Catalogne (Esquerra Republicana de Catalunya, ou ERC) est redevenue en 2019, la première force politique de Catalogne. Il n’est pas étonnant qu’elle relance le projet républicain, une autre manière d’affirmer le particularisme catalan qui s’exprime aussi chaque 11 septembre.

On le sait, beaucoup de républicains espagnols ont fui vers la France, en 1939, ayant perdu la partie face à la conquête du pouvoir par un général d’extrême droite, Francisco Franco. En France, la date du 14 avril a toujours un certain retentissement, des célébrations ont, d’ordinaire, lieu à Toulouse, Bordeaux ou Paris. Cette année, c’est à Montauban, le 15 mars 2023, profitant d’un sommet franco-espagnol qu’Emmanuel Macron et Pedro Sánchez, chef du gouvernement espagnol, se sont recueillis en se rendant ensemble sur la tombe de Manuel Azaña, dernier président de la IIe République espagnole qui avait trouvé refuge en France. Le président Macron a terminé son discours par ces mots : « Nous n’oublierons jamais les nombreux républicains espagnols qui se sont joints à la Résistance française et nous ont permis de rester libres". Car exilés en France, après avoir connu les camps de concentration et le travail forcé beaucoup de républicains espagnols s’engagèrent dans la Résistance et participèrent à la libération du pays (notamment celle de Paris) avec l’espoir d’abattre ensuite la dictature franquiste en Espagne. Mais cette espérance fut trompée.

Un gouvernement républicain espagnol en exil a survécu jusqu’en 1977. Il s’est dissous avec le retour de la démocratie en Espagne la même année, soit quelques mois après la mort du dictateur Franco. Le compromis historique avec la droite espagnole qui soutenait le régime franquiste a été le retour du roi, non celui d’Alphonse XIII qui avait fui en 1931 sans avoir abdiqué, mais l’intronisation de son petit-fils Juan Carlos, éduqué par le général Franco. La gauche espagnole qui a accepté en 1977 cet état de fait en garde une certaine amertume. La fin peu glorieuse du règne de Juan Carlos, accusé de corruption et de blanchiment d’argent n’a fait qu’alimenter ce sentiment. La justice espagnole soupçonne notamment Juan Carlos d’avoir reçu de l’Arabie saoudite 65 millions d’euros, après l’adjudication d’un contrat sur la construction d’un TGV à un consortium d’entreprises espagnoles. Juan Carlos aurait fait don de ces 65 millions à son ancienne maîtresse et l’argent aurait fini aux Bahamas.

Les scandales multiples qui ont éclaboussé la famille royale (en particulier la fille de l’ex-roi et son gendre), ont ravivé la revendication d’un retour à la république. Le régime légal instauré le 14 avril 1931, n’a été aboli que par un putsch. C’est ce que vient rappeler cette commémoration annuelle du 14 avril. Lors de l’abdication de Juan Carlos, au profit de son fils, une grande manifestation avait rassemblé plusieurs dizaines de milliers de républicains place de la Puerta del Sol, à Madrid, comme le monde la photo illustrant cet article. C’était le 2 juin 2014. Ils n’ont pas dit leur dernier mot.

Selon un sondage, réalisé en 2021 auprès de 3 000 personnes dans l’ensemble du pays par l’institut d’études d’opinion 40dB, si un référendum avait lieu, 40,9 % des Espagnols voteraient en faveur d’une république, contre 34,9 % qui préféreraient le statu quo actuel de la monarchie parlementaire. Toute la différence se jouerait donc sur les 24,2 % qui annonçaient voter blanc ou qui se déclaraient sans opinion.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 13 avril 2023

 
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Catholiques, Italie, Espagne, Mexique, animaux Bruno Teissier Catholiques, Italie, Espagne, Mexique, animaux Bruno Teissier

17 janvier : les animaux s'invitent à l'église pour la Saint-Antoine

Animaux de la ferme, chiens, chats, oiseaux… c’est un peu l’arche de Noé qui se presse ce matin sur le parvis de l’église Sant’ Eusebio de Rome pour y être bénie chaque 17 janvier. Un peu partout dans le monde catholique, on bénit les animaux le jour de la Saint-Antoine.

 

Animaux de la ferme, chiens, chats, oiseaux, poissons rouges… c’est un peu l’arche de Noé qui se presse ce matin sur le parvis de l’église Sant’ Eusebio de Rome pour y être bénie chaque 17 janvier. En ce jour de la Saint-Antoine, les chevaux des carabiniers ainsi que les chiens de la Protection civile assistent aussi à la cérémonie qui se termine par une procession. C’est une tradition qui perdure depuis 1437, ce mardi les bénédictions ont lieu à 9h30 et 11h30 ; à 18h30, puis, ce sera la messe de Sant'Antonio Abate.

Depuis quelques années, le Vatican organise une cérémonie concurrente  une bénédiction des animaux sur la place Pie XII, après un défilé Via della Conciliazione organisé par l’Association italienne des éleveurs qui en profite pour faire connaitre ses produits.

La bénédiction de San Antón aux animaux, le 17 janvier, est très populaire en Espagne et surtout à Madrid où elle est célébrée dans l'église de San Antón, rue de Hortaleza. On s’y presse dès 9 heures le matin, accompagné de son animal. Toujours à Madrid, à cinq heures de l'après-midi, a lieu la Vueltas de San Antón, une procession qui parcourt les rues environnantes. Beaucoup d'enfants viennent avec des chiens, des chats ou des cochons d'Inde dans leurs cages. Il n'est pas rare de voir même des iguanes ou des serpents. L'une des images les plus impressionnantes est peut-être celle des faucons de la Garde civile qui, perchés sur un bâton, à l'arrière de la camionnette ouverte et les yeux découverts, regardent le panorama. Dans le cortège participe un escadron à cheval de la police municipale, les unités canines de la police municipale, nationale et de la garde civile et les chiens guides ONCE.

À Mexico, ce 17 janvier, les animaux sont bénis à l’issue de chacune des messes dans la cathédrale :  9h30, 10h30, 12h, 13h et 18h. Dans la paroisse de San Miguel Arcángel Chapultepec, le père José Luis Ávalos bénit les animaux de compagnie à l'occasion de la fête liturgique de San Antonio abad.

Antoine le Grand est aussi le fondateur de l’érémitisme qu’il pratiqua en passant sa vie dans le désert égyptien, à proximité de la mer rouge. L’ordre des Antonins, corps hospitalier créé à la fin du XIe siècle, était connu pour élever des porcs utilisés pour nourrir les malades et les affamés. C’est de là que vient peut-être ce culte des animaux pratiqué le jour de sa fête. L’autre hypothèse est la découverte de sa tombe en 561 (200 ans après sa mort) grâce à deux léopards. On dit aussi que les démons qui l’assaillaient durant ses prières apparaissaient sous la forme d’animaux sauvages.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 15 janvier 2022

 
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1492, Espagne, Extrême droite, 2 janvier, Andalousie Bruno Teissier 1492, Espagne, Extrême droite, 2 janvier, Andalousie Bruno Teissier

2 janvier : la Toma de Granada, la fête locale qui divise l’Espagne

Ce 2 janvier, pour la 530e fois, la municipalité de Grenade (Espagne) commémore la conquête de la cité andalouse par les souverains d’Aragon et de Castille. Chaque année, la gauche locale dénonce cette cérémonie aux relents racistes et appelle à manifester contre ce qui est devenu une célébration rassemblant toute l’extrême droite espagnole.

 

Ce jour est férié à Grenade, en Espagne, pour la 530e Fête de la prise de la ville (Festividad de la Toma de Granada). Chaque année, la municipalité de Grenade commémore la conquête de la cité andalouse par les souverains d’Aragon et de Castille. La reddition de la ville a abouti à l’expulsion d’une partie de ses habitants et à l’éradication de leur culture. Comme tous les ans, la gauche locale a appelé à manifester Plaza del Carmen où se déroule la cérémonie.

Cette cérémonie controversée commence, chaque année, par un dépôt de gerbes sur les tombes de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille qui reposent dans la Chapelle royale. La ville de Grenade, assiégée depuis le 9 juin 1491, n’a pas été prise par les armes, mais livrée aux Espagnols par le dernier émir de Grenade, Boabdil. Celui-ci, après négociations, a quitté la ville le 2 janvier 1492 contre l’engagement des futurs Rois catholiques de respecter les différents cultes. Cette promesse ne fut jamais tenue, puisque dans les semaines qui ont suivi les musulmans et les juifs n’ont eu d’autres choix que la conversion ou l’exil. S’en était fini de l’Espagne des trois religions évoquée jusque-là par Ferdinand II lui-même, l’Inquisition allait désormais avoir le champ libre. Le souvenir de cette trahison plane sur cette fête traditionnelle que l’extrême droite est en train de transformer en célébration identitaire. Vox, le parti néo-franquiste, a fait son entrée au parlement andalou en 2019, une première depuis le retour à la démocratie en 1976. Il milite aujourd’hui pour que le 2 janvier devienne la fête nationale de l’Andalousie en remplacement du 28 février, peu évocateur ; voire de la fête nationale de l’Espagne tout entière. Déjà, la date du 2 janvier se substitue progressivement au 18 juillet, la journée où les nostalgiques du dictateur Franco célèbrent sa conquête du pouvoir, par les armes, en 1936. Les slogans n’évoquent plus Franco, mais une « nueva reconquista».

La cérémonie commence Plaza del Carmen, vers 10h30. Les autorités municipale se rendent ensuite à La Chapelle royale à 11h30, puis assiste à une messe dans la cathédrale à 12h. Après la messe est prévu un défilé militaire de la Légion espagnole. La ville est quadrillée par 500 policiers anti-émeutes pour séparer les militants de l’extrême droite espagnole qui ont fait de cette date l’un de leurs rendez-vous annuels, du reste de la foule qui écoute le plus jeune conseiller municipal crier trois fois « Grenade ! », au son de l’hymne national, après avoir rendu hommage aux Rois très catholiques.  En 2009, la municipalité (socialiste) avait invité des musulmans, habillés en costume d’époque, à se joindre au cortège, mais ce symbole n’a pas convaincu les associations espagnoles qui militent pour le rapprochement des trois cultures. Le nouveau maire centriste droit (cuidadanos), élu avec les voix des conservateurs (PP) et de l’extrême droite (Vox) se montre beaucoup moins audacieux. De fait, une manifestation alternative est organisée par la gauche (un défilé de Maures et de chrétiens en costume d’époque) à l’initiative des municipalités voisines de Zujan, Cullar et Benamaurel. La procession abouti à l’ermitage Saint-Sébastien, lieu de la dernière rencontre entre Baobdil et les Rois très catholiques.

Les détracteurs de cette fête régionale sont chaque année plus nombreux. Ils parlent d’un hommage rendu aux bourreaux et de l’oubli des victimes. Cette « Journée de la ville de Grenade » se termine néanmoins par un Festival des cultures où l’accent est mis sur la tolérance. À la suite du rétablissement de la liberté de culte, en… 1978, Grenade avait été, cette année-là, la première ville d’Espagne à inaugurer officiellement une mosquée.

S’il s’agit de trouver une autre date pour la Journée de l’Andalousie, la gauche et les libéraux proposent le 26 mai, en hommage à Mariana Pineda, native de Grenade, exécutée le 26 mai 1831 pour son militantisme en faveur des libertés. Cette célébration du 26 mai a été toutefois ravivée en 2022 après 86 ans d’interruption.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 1er janvier 2023

mise à jour 2024 : le PSOE (gauche) qui dirige la mairie a voté contre la célébration en tant que telle, mais est il est tout de même présent à la cérémonie prise en charge par le PP (droite) et Vox (extrême droite) qui dirigent le gouvernement andalou.

Pour faire contre-point à la commémoration de la conquête de Grenade, la plateforme Granada Abierta réunit des intellectuels et des artistes à la Fondation euro-arabe, à partir de 11 heures du matin, sous la devise « Pour la coexistence, pas pour la prise de pouvoir » afin de souligner une fois de plus leur rejet de cet événement. Cette réunion rend aussi un hommage au peintre Juan Antonio Díaz, promoteur de l’association Artistes pour la tolérance.

 
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Le drapeau du royaume d’Espagne (rouge et jaune) associé à celui de Vox (vert) et à celui de la Phalange espagnole (en noir) brandi par les nostalgiques du franquisme.

En haut le drapeau du royaume d’Espagne (rouge et jaune) associé à celui de vox (vert) et à celui de la phalange espagnole (en noir) ; en bas le drapeau de l’Andalousie (vert et blanc) et celui de la république d’Espagne (rouge-jaune-mauve), symbole…

Le drapeau de l’Andalousie (vert et blanc) et celui de la république d’Espagne (rouge-jaune-mauve), symbole de la gauche

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Espagne, Fêtes traditionnelles, 28 décembre, Autriche Bruno Teissier Espagne, Fêtes traditionnelles, 28 décembre, Autriche Bruno Teissier

28 décembre : le 1er avril des Espagnols

En Espagne, dans le monde hispanique et jusqu’aux Philippines,  c’est le jour des farces, à l’instar du 1er avril dans d’autres pays. Derrière cette journée un peu folle se cache une référence biblique et une fête dédiée aux Saints Innocents.

 

En Espagne, dans le monde hispanique et jusqu’aux Philippines,  c’est le jour des farces, à l’instar du 1er avril dans d’autres pays.  De la plaisanterie anodine au véritable canular, cette journée de la malice est aujourd’hui incontournable. En Espagne, une grande soirée télévisée très populaire met en scène des farces faites à des personnalités du showbiz. C’est l’occasion d’un gala de charité destiné à collecter des fonds pour différentes organisations qui se consacrent au traitement des problèmes des enfants. Au Mexique, les journaux participent à la fête en publiant de fausses nouvelles sur un ton ironique ou humoristique. 

Cette fête est connue sous le nom de Jour des Saints Innocents (Día de los Santos Inocentes), référence biblique à la mise à mort de tous les enfants de moins de deux ans nés à Bethléem sur ordre du roi Hérode le Grand. Cette légende a profondément marqué le discours religieux catholique et inspiré de nombreux peintres. On raconte que des mages se sont présentés à Hérode en lui demandant où était le futur roi des Juifs qui venait de naître. Celui-ci craignant pour son trône envoya des soldats passer par l’épée tous les nouveau-nés. L’Église catholique se souvient de ce massacre chaque 28 décembre. Au Mexique, c’est même considéré comme l'une des fêtes religieuses les plus importantes. Chaque paroisse la célèbre à sa manière, des cadeaux (vêtements) et de la nourriture (souvent des bonbons) sont offerts ce jour-là à l’enfant Jésus. Dans certaines villes espagnoles, la célébration prend l’allure d’un carnaval.

En France, la tradition de la « fête des fous » a disparu, mais on en trouve des traces dans des récits comme celui de Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris. Les origines de cette fête sont bien antérieures puisqu’on les fait remonter aux Saturnales de l’époque romaine (rythmées par le calendrier julien).

Le matin du 28 décembre, en Carinthie et en Styrie (Autriche), les enfants (de moins de 12 ans) vont traditionnellement de maison en maison en souhaitant santé et bonheur pour le Nouvel An en chantant « Schapp, schapp, frisch und g'sund, s'ganze Jahr gsund bleibn, nit klunzn nit klagn, bis i wieder kumm schlagn. » ["Snap, snap, frais et en bonne santé, restez en bonne santé toute l'année sans vous plaindre jusqu'à ce que je revienne frapper à la porte."] En échange, ils reçoivent des bonbons ou quelques sous. Ils doivent toutefois être de retour chez eux avant midi, sous peine d’être tués nous dit cette très ancienne coutume qui s’est perdue dans le reste du monde germanique. En Carinthie, elle est connue sous le nom de Schappen et en Styrie de Frisch & Gsund. Autrefois, la tradition voulait que les enfants frappent symboliquement avec une petite branche les adultes des maisons visitées. L’Église a fait de cette tradition une punition symbolique des adultes pour le massacre ordonné par Hérode. La tradition païenne, les enfants participaient, sans le savoir, à une magie favorisant la fertilité.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 27 décembre 2022

 
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Espagne, Noël, 22 décembre Bruno Teissier Espagne, Noël, 22 décembre Bruno Teissier

22 décembre : la fameuse loterie de Noël des Espagnols

Le tirage de Noël (El Gordo de Navidad) du 22 décembre en Espagne est la plus grande loterie du monde et l’une des plus anciennes.

 

S’il est une institution immuable en Espagne, c’est la loterie de Noël dont le tirage est organisé chaque année le 22 décembre. Le nombre de billets vendus est en hausse par rapport à l’an dernier et on totalise 3,5 milliards d’euros à répartir. Comme le Trésor public en prélève 30%, la somme mise en jeu est de 2,4 milliards d’euros. Les premiers prix sont de 4 millions d’euros, mais les chances de gagner sont limitées car vous serez sans doute plus de 20 millions à avoir acheté un billet. Ce serait aujourd'hui la plus grande loterie du monde. Presque toutes les familles espagnoles participent à cet événement national. Le billet coûte 200 euros, mais on peut acheter un dixième de billet, à 20 euros. 

Depuis plusieurs semaines, la presse élabore des pronostics. Le chiffre apparaissant le plus souvent serait le 5, qui l’a emporté 32 fois en 127 ans d’existence de la loterie de Noël. La finale 85 serait sortie 7 fois gagnante… Certains numéros de séries sont très convoités lors des ventes sur internet. Cette année c’est le 14320 qui a été le plus demandé, il a été épuisé en 48h lors des ventes de billets en ligne. Pourquoi ce numéro  ? Parce qu’il correspond à la date de 14 mars 2020, jour où le gouvernement a décrété l’état d’urgence sanitaire ! Comme quoi, une mauvaise nouvelle peut aussi porter chance. Du moins, on l’espère ! L’an dernier, c’était la date de l’exhumation, tant attendue, du dictateur Franco…  En 2020, le 31120 a aussi été très demandé, c’est le jour où le premier cas positif de la covid a été confirmé en Espagne ; comme le 21520 (le premier jour, le masque est devenu obligatoire sur la voie publique) ou le  03820 (le jour où le Juan Carlos a annoncé qu’il quittait le pays)… Si on ne fait pas figurer l’année, on a aussi le 02511 (le jour de la mort de Diego Armando Maradona) qui s’est arraché ou encore, le 01711 (le jour où l'Espagne a battu l'Allemagne 6-0)… toutes les nouvelles, bonnes comme mauvaises, sont un moyen de tenter sa chance. Bien sûr, comme dans toutes les loteries, certains se contentent de tenter leur chance avec leur date de naissance ou de celle de leurs enfants. Cette bourse aux bons numéros, est un résumé de toutes les passions du moment dans le pays.

À l’inverse, les superstitieux devraient éviter certaines fins de série, car il n'est jamais tombé de numéros qui se terminent par 09, 10, 21, 25, 31, 34, 41, 42, 43, 51, 54, 59, 67 , 78 et 82. De plus, le 1 est la fin la moins chanceuse, puisqu'il n'est sorti que 8 fois. On notera également qu’aucun jackpot n'a jamais commencé par 27, 37, 39, 41, 44, 51, 64, 67 à 75, 77 ou même des nombres entre 80 et 99…

On raconte que cette tradition remonterait au règne de Carlos III, lorsqu’un premier tirage a été organisé, en 1763, pour récolter des fonds pour les hôpitaux et les œuvres caritatives.  La Lotería  est une institution depuis 1812, elle a été créée pour renflouer les caisses de l’État. Ce qui fonctionne très bien puisque qu’en 2020, l’État espagnol empochera plus d’un milliard d’euros, soit vingt fois plus que ce plus que rapporte le téléthon en France ! Le tirage de Noël (El Gordo de Navidad), tel qu’il existe aujourd’hui, existe que depuis 1892. Et il n’a jamais cessé, même pendant la guerre civile. Toutefois, en 1938, deux tombolas avaient eu eu lieu : une républicaine, à Barcelone; et une autre, pour camp fasciste, à Burgos.

Depuis 2011, le tirage se déroule au Teatro Real de Madrid, il est effectué par des élèves du Colegio de San Ildefonso (une école fondée en 1543 qui accueille des orphelins). Il aura lieu mercredi : débutera dès 9 heures et durera environ 4 heures. Il est bien sûr diffusé en direct à la télévision (sur la première chaîne de la RTVE). Le résultat est publié sur internet 45 minutes plus tard.

Le site pour savoir si vous avez gagné : www.laloterianavidad.com/buscar-numeros/

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 21 décembre 2022

 
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1492, 1992, Espagne, Argentine, Guatemala, Venezuela, Mexique, 12 octobre Bruno Teissier 1492, 1992, Espagne, Argentine, Guatemala, Venezuela, Mexique, 12 octobre Bruno Teissier

12 octobre : la fête de l'Espagne et du monde hispanique

Christophe Colomb ayant « découvert », sans le savoir, l’Amérique un 12 octobre, cette date a été choisie pour célébrer l’Hispanité. C’est un jour férié en Espagne, mais c’est aussi une célébration contestée par les descendants des populations autochtones qui, eux, célèbrent cette année 530 ans de résistance.

 

« L’orgueil d’être Espagnol » affirme un slogan, « Il n’y a rien à célébrer » répond un autre, les deux affiches, l’une espagnole, l’autre latino-américaine, font figurer la silhouette d’une caravelle, celle de Christophe Colomb « découvrant », sans le savoir, l’Amérique le 12 octobre 1492. Cette date a été choisie pour célébrer l’Hispanité, dès 1914 en Espagne (Día de la Fiesta Nacional de España y Día de la Hispanidad), en 1917 en Argentine, puis dans tous les pays de langue espagnole. En 1958, le régime de Franco en fait une célébration officielle : le Dia de la Raza (race). En 1987, le 12 octobre devient la fête nationale de l’Espagne, pays dont l’identité est indissociable de son rapport au monde hispanophone. Parlée dans de très nombreux États, la langue espagnole est la deuxième langue la plus influente au monde. Ainsi, cette fête est à la fois celle de l’Espagne et celle de sa culture exportée par-delà les mers. Au cours du XXe siècle, 12 octobre est même devenu un jour férié dans toute l’Amérique de langue espagnole. Un renversement de perspective a commencé à s’opérer en 1992, l’année du 5e centenaire de la découverte. La découverte de quoi ? et pour qui ? s’est interrogée une partie de la population du sous-continent qui commence, cinq siècles après le traumatisme de la conquête, à réémerger. Au Mexique, la date est marquée par des manifestations contradictoires qui se sont souvent terminées par des violences. En Argentine, le Dia de la Raza est devenu, prudemment, celui de « la diversité culturelle ». Au Venézuela, comme au Guate­mala, c’est depuis 2002, celui de la « résistance indigène »…

Ce Jour de l’hispanité (Dia de la hispanidad) est donc férié en Espagne mais, du fait de l’ambiguïté de la date choisie, la gauche espagnole aurait préféré comme fête nationale de l’Espagne le 6 décembre, en référence à ce jour de 1978 où fut adoptée la constitution qui a mis définitivement fin à la dictature du général Franco.

En dépit des critiques, la date du 12 octobre est, depuis 1987,  la fête nationale de l’Espagne sous l’appellation de Fiesta de España y la Hispanidad. Chaque année une région est invitée à Madrid (cette année, les villes autonomes de Ceuta et Melilla) ainsi qu’un pays marqué par la culture hispanique est invité, en 2022, c’est le Mexique. Bien que cela ait peu à voir avec la célébration, un défilé militaire est organisé ce jour-là, auquel participent le roi, les pouvoirs de l'État et de nombreux chefs régionaux, bien qu'il y ait aussi des absences notables parmi ces derniers.

Depuis 1980, le Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques (CSIA-Nitassinan) célèbre chaque année une Journée de solidarité avec des représentants autochtones des trois Amériques.  Un hommage sera fait aux victimes de 530 ans de résistance dans les Amériques. À Paris, cette année 2022, elle sera célébrée le 16 octobre à 15h, salle Jean Dame, 17 Rue Léopold Bellan, Paris 2e. Elle se déroulera dans le cadre des célébrations des 15 ans de l’adoption de la Déclaration des droits des peuples autochtones par les Nations Unies et de la Première année de la Décennie internationale des langues autochtones de l’UNESCO (2022 - 2032).

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 11 octobre 2022

 
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1778, Espagne, fête régionale, 28 juillet Bruno Teissier 1778, Espagne, fête régionale, 28 juillet Bruno Teissier

28 juillet : la fête régionale de la Cantabrie

La Journée des institutions de Cantabrie est un jour férié de la communauté autonome espagnole de Cantabrie, célébrée chaque année le 28 juillet. Elle commémore la création de la province de Cantabrie ce jour-là en 1778.

 

La Journée des institutions de Cantabrie (Día de las Instituciones de Cantabria ) est un jour férié de la communauté autonome espagnole de Cantabrie, célébrée chaque année le 28 juillet. Elle commémore la création de la province de Cantabrie ce jour-là en 1778. Les festivités se déroulent pour l’essentiel à Puente San Miguel.

Le 28 juillet 1778 , des représentants de la plupart des vallées et villages de Cantabrie se sont réunis à Puento San Miguel à l'initiative de l'Assemblée générale de la province des Neuf Vallées ( Junta General de la Provincia de los Nueve Valles ) et ont proclamé la création de la province de Cantabrie. Malheureusement, la province a été de courte durée; elle a été remplacée par la province de Santander en 1801.

La création de  la communauté autonome de Cantabrie est devenue possible grâce à la chute du régime de Francisco Franco et aux réformes démocratiques initiées par le roi Juan Carlos I. La Constitution espagnole de 1978 a réorganisé l'Espagne en un pays unitaire décentralisé composé de communautés autonomes. La province de Santander est officiellement devenue la communauté autonome de Cantabrie le 11 janvier 1982.

 
Le président de la Cantabrie, Miguel Ángel Revilla, lève le drapeau régional, le 28 juillet 2015

Le président de la Cantabrie, Miguel Ángel Revilla, lève le drapeau régional, le 28 juillet 2015

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1863, Espagne, Langues, 17 mai, Littérature Bruno Teissier 1863, Espagne, Langues, 17 mai, Littérature Bruno Teissier

17 mai : la journée de la langue et de la littérature galicienne

Cette année, la Journée des lettres galiciennes est dédiée à Florencio Delgado Gurriarán, un écrivain qui a terminé sa vie au Mexique, mais qui a toujours écrit en galicien.

 

Le 17 mai est férié en Galice, la région la plus occidentale de l’Espagne ibérique. Ce qui, cette année, permet de prendre un pont de quatre jours. C’est la Journée des lettres galiciennes (Día das  Letras Galegas), anniversaire de la publication en 1863 de Cantares gallegos, recueil de poésie en langue galicienne de la poétesse Rosalía de Castro. Elle est l'une des figures les plus marquantes du Rexurdimento de la literatura en Gallego (renaissance de littérature en galicien). Car cette journée est aussi celle de la langue galicienne, proche du portugais et reconnue officielle dans cette province située juste au nord du Portugal. Elle est parlée par quelque deux millions et demi de personnes.

La Journée a été instituée en 1963, à l’occasion du centenaire de la publication de l’œuvre poétique de Rosalía de Castro. Mais chaque année, elle est dédiée à un auteur différent, choisi par l'Académie royale galicienne, pourvu qu’il ait publié dans cette langue et qu’il soit décédé depuis au moins dix ans. En 2022, un hommage est rendu à Florencio Delgado Gurriarán (1903-1987), figure de la diaspora galicienne au Mexique. Engagé dans le camp républicain, il s’était exilé au Mexique à la fin de la guerre civile, où il a terminé sa vie.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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5 janvier : les Espagnols accueillent les Rois mages

Ce soir en cette veille d'Épiphanie, il convient de bien recevoir les Rois mages, car dans la nuit, ce sont eux qui vont distribuer les cadeaux aux enfants, du moins c’est ce qu’on leur raconte en Espagne.

 

Ce soir, en cette veille d'Épiphanie, il convient de bien recevoir les Rois mages, car dans la nuit, ce sont eux qui vont distribuer les cadeaux aux enfants, du moins c’est ce qu’on leur raconte en Espagne. Depuis la fin du XIXe siècle, les municipalités organisent chaque année une « cavalcade des Rois mages » (cabalgata de los Reyes Mágos) particulièrement populaire à Barcelone où le défilé est suivi par des milliers de personnes.

Les figurants arrivent par bateau vers 15h30 heures, à ce moment, 21 coups de canons sont tirés du fort de Monjuic. Les Rois mages et leur suite composée de musiciens en costumes, de saltimbanques en tout genre, remontent les Ramblas jusqu’à la place de Catalogne, tout en distribuant des friandises.

Voici l’itinéraire pour ce 5 janvier 2022 : Le public ne pourra pas assister à cette arrivée, ceci étant l'une des restrictions du défilé 2022. Pour le public, le défilé débute à 18.15, avenue Marqués de l'Argentera - Pla de Palau- Paseo de Isabelle II - Via Laietana - Place Urquinaona - Fontanelle - Place de Catalogne - Pelai - Place de l'Université - Ronda de Sant Antoni - Sépulvéda - Avenida del Paral - Place d'Espagne - arrivée : Avenida de la Reina Maria Cristina (Avenida de Rius i Taulet), vers 21h.

En France, Perpignan organise aussi sa cavalcade qui va du Castillet au parvis de la cathédrale où l'on distribue des chocolats chauds.

À Madrid, chaque quartier a son défilé auquel participent aussi les maires d'arrondissement et le personnel politique. La télévision publique (TVE)  en diffuse les images en direct.

Ce soir, les enfants sont invités à se coucher tôt, en laissant leurs chaussures près de la fenêtre, sans oublier de prévoir un bol d’eau pour les chameaux et quelques friandises pour les Rois mages. Demain, au réveil, ils trouveront des cadeaux, en complément de ceux qu’ils ont déjà reçus à Noël, et mangeront du Roscon de Reyes, une brioche aux fruits confits.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 4 janvier 2022

 
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1552, Inde, Vies de saint, Espagne, France, Langues, 3 décembre Bruno Teissier 1552, Inde, Vies de saint, Espagne, France, Langues, 3 décembre Bruno Teissier

3 décembre : François-Xavier, le basque voyageur

C’est jour de fête et de célébration aujourd’hui à Goa (Inde) où la population, toutes religions confondues, vient honorer les reliques de son saint-patron, François Xavier, à la fois le saint patron des missionnaires, du tourisme, de la langue langue et également de la Mongolie…

 

C’est jour de fête et de célébration aujourd’hui à Goa (Inde) où la population, toutes religions confondues, vient honorer les reliques de son saint-patron, conservées dans l’église du Bon-Jésus. Mais l’exposition des reliques de saint François Xavier n'a lieu que tous les dix ans et attire pendant un mois et demi des millions de pèlerins (la prochaine est prévue en 2024). Rarement homme, à son époque, aura voyagé autant que François Xavier, ce qui lui vaut d’être à la fois le saint patron des missionnaires, du tourisme et également de...  la Mongolie.

Né en 1506, en Navarre dans une famille noble, c’est au cours de ses études de théologie à la Sorbonne qu’il rencontre Ignace de Loyola. Ensemble ils fondent la Compagnie de Jésus (les Jésuites) en 1534. Puis François Xavier est ordonné prêtre en 1537. Trois ans plus tard, il embarque pour Goa d’où il parcourra, dix ans durant, une partie du sous-continent indien et de l’Asie du sud-est, jusqu’à Taïwan et au Japon. Partout, il établit des communautés chrétiennes. Il meurt en 1552 et l’on dit qu’il aurait prononcé ses dernières paroles dans sa langue maternelle, le basque. C’est pour cette raison que le 3 décembre est aussi la fête de l’euskara, la langue basque.

La Journée internationale de la langue basque (Euskararen Nazioarteko Eguna) a été institutionnalisée en 1995 par le gouvernement basque espagnol et l’Académie basque.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 3 décembre 2021

 
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1936, 1975, Espagne, 20 novembre, Extrême droite, fascisme Bruno Teissier 1936, 1975, Espagne, 20 novembre, Extrême droite, fascisme Bruno Teissier

20 novembre : le rendez-vous des nostalgiques du fascisme en Espagne

La journée du 20-N, pour 20 novembre, est l’anniversaires du décès de deux personnages controversés de l'histoire du pays, José Antonio Primo de Rivera et Francisco Franco.

 

Commémorée par l’extrême droite espagnole, la journée du 20-N, pour 20 novembre, est l’anniversaires du décès de deux personnages controversés de l'histoire du pays, José Antonio Primo de Rivera et Francisco Franco. Le premier, fils de l’ex-dictateur Miguel Primo de Rivera, est le fondateur du parti fasciste la Phalange espagnole. Il a été fusillé le 20 novembre 1936 à Alicante après avoir été jugé par un tribunal de la deuxième république espagnole pour complot et rébellion. La guerre civile espagnole avait déjà commencé, suite au coup de force du général Franco, figure de l’extrême droite. Celui-là même qui imposera son pouvoir autoritaire à l’issue de la guerre d’Espagne, avec l’aide de la phalange et des nazis. Sa dictature ne se terminera que le 20 novembre 1975, jour de son décès. La date était déjà célébrée sous le régime franciste, comme le “Jour de la douleur”. On se demande si l’annonce du décès de Franco dont l’agonie a duré des semaines, n’a pas été repoussée de quelques heures pour coïncider avec cette date déjà mythique pour le monde fasciste.

Chaque 20 novembre, parfois la veille ou le lendemain, tout ce qui reste de nostalgiques du régime du général Franco ou de la phalange espagnole manifeste dans diverses villes du pays, en particulier à Alicante et à Madrid. Cette année, dans la capitale, c’est dimanche 21 novembre à 12h, place d’Orient que les franquistes se rassembleront. Chaque année, des militants de gauche se mobilisent pour protester contre ces manifestations hors la loi. Longtemps ces manifestations ont été tolérées par les autorités, aujourd’hui, elles tombent sous le coup des lois mémorielles qui interdisent toute promotion du fascisme et du franquisme, sa variante locale. Ce qui n’a pas dissuadé un certain nombre d’églises partout en Espagne, et même en France, d’annoncer des messes à la mémoire de ces deux héros de l’extrême droite espagnole. La Conférence des évêques espagnols est totalement muette sur le sujet, car divisée. On se souvient que l’Église catholique, avec l’armée, a été un des principaux soutiens du régime franquiste et une partie du clergé n’a toujours pas renié cet engagement en dépit d’une levée des tabous sur les crimes du franquisme et l’ouverture des fosses communes où reposent plus de 100 000 victimes. 

Chaque année, le Mouvement catholique espagnol (MCE) appelle à un pèlerinage à la Vallée des morts (la Valle de los Caídos) d’où la dépouille de Franco a été retirée en 2019 mais où repose toujours José Antonio Primo de Rivera. Chaque 20 novembre, la Phalange organise sa traditionnelle Marche bleue en l’honneur de son héros. Le bleu en référence à la division des volontaires espagnols, mieux connue sous le nom  de Division bleue , qui était la contribution de  l'Espagne de Franco  à  l' armée allemande d' Hitler  pendant la  Seconde Guerre mondiale .

La date du 20 novembre demeure une date symbole pour l’extrême droite espagnole. Est-ce un hasard si le nationaliste basque Santiago Brouard a été assassiné le 20 novembre 1984, puis à nouveau cinq ans plus tard, Jusu Muguruza, à nouveau un 20 novembre. En 1992, c’est une fusillade contre un groupe d’immigrés qui cause la mort de la dominicaine Lucrecia Pérez, encore un 20 novembre… Chaque année se rejoue ce jour-là les affrontements politiques qui ont ensanglantés l’Espagne, il y a plus de 80 ans. Longtemps, les nostalgiques du fascisme sont restés discrets et très minoritaires. Depuis peu tout a changé, les tabous sont tombés aussi bien du côté des républicains qui osent évoquer les victimes et demander réparation, que du côté de l’extrême droite, aujourd’hui représenté par Vox, un parti qui en quatre années s’est imposé comme la quatrième force politique du pays.

#N20

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde, 19 novembre 2021

 

Le fasciste espagnol José Antonio Primo de Rivera lors d'un congrès de la Phalange à Madrid

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1967, Gibraltar, Royaume-Uni, Espagne, 10 septembre Bruno Teissier 1967, Gibraltar, Royaume-Uni, Espagne, 10 septembre Bruno Teissier

10 septembre : la fête de Gibraltar sur fond d’incertitudes liées au Brexit

Le Gibraltar National Day est l’anniversaire premier référendum sur la souveraineté de Gibraltar en 1967. Gibraltar célèbre sa fête nationale sans que ses relations avec l’UE ne soient définitivement fixées.

 

Gibraltar célèbre sa fête nationale dans l’incertitude. Le sort de ce territoire britannique qui avait voté  contre le Brexit à 96% n’est pas encore totalement fixé. La date du Gibraltar National Day est l’anniversaire premier référendum sur la souveraineté de Gibraltar en 1967. On avait demandé aux électeurs s'ils voulaient passer sous souveraineté espagnole ou rester sous souveraineté britannique. L’Espagne était à l’époque dirigé par le dictateur Franco. Le résultat avait été sans appel : plus de 99% des Gibraltariens avaient souhaité rester britanniques. En réponse, Franco a fait fermer la frontière entre l’Espagne et le rocher. Celle-ci restera bouclée jusqu’au 1er janvier 1985. Les Gibraltariens ne veulent à aucun prix revivre cette époque. 

Des négociations difficiles ont eu lieu au cours de l’année 2020. Et, la veille du divorce officiel entre l’UE et le Royaume-Uni, le 31 décembre 2020, Madrid et Londres sont parvenus à un accord in extremis dans le but de garder la frontière terrestre de Gibraltar ouverte afin de faciliter le passage quotidien de 15 000 travailleurs frontaliers. Mais ce traité de décembre doit être transposé en un traité UE-GB, étant donné que la Commission européenne est responsable du bon fonctionnement de l’espace Schengen. Or la libre circulation a une contrepartie, celle d’intégrer l’Union douanière en matière de normes juridiques, douanières, environnementales, fiscales (dont l’adoption d’une TVA qui n’existe pas à Gibraltar). Quant au contrôle et la surveillance des frontières extérieures il devra être effectués au port, à l’aéroport et dans les eaux de Gibraltar par l’Espagne, dans le respect des normes européennes adéquates… rien n’est encore réglé. Pour rester pleinement européen, le rocher va devoir se normaliser.

Les événements officiels de la fête nationale de Gibraltar commencent par un concours de déguisements pour enfants organisé dans le hall du bâtiment du Parlement sur Main Street, suivi d'une fête de rue sur la place John Mackintosh où des stands de nourriture traditionnelle, telle que la calentita. Plus tard, une chorale d'école sélectionnée chante des chansons sur le thème de Gibraltar, à savoir Llévame Donde Nací et Virgencita de Europa. Vient ensuite l'événement principal, l’énumération par le maire des noms des récipiendaires de la Médaille d'honneur de Gibraltar et la lecture de la Déclaration de la fête nationale de Gibraltar depuis le balcon de l'hôtel de ville. En attendant, la chorale de l'école entraîne le grand public dans le chant de l' hymne de Gibraltar. La journée se termine par un feu d’artifice tiré depuis le Detached Mole, dans le port de Gibraltar, suivi par un concert de rock.

Un article de l'Almanach international des éditions BiblioMonde

 
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1521, Espagne, Bataille célèbre, 23 avril Bruno Teissier 1521, Espagne, Bataille célèbre, 23 avril Bruno Teissier

23 avril : il y a 500 ans, l'Empereur écrasait le peuple de Castille à la bataille de Villalar

C’est la fête de Castille-et-León (Día de Castilla y León), en mémoire de la bataille de Villalar, qui s’est déroulé le 23 avril 1521, dans la province de Valladolid.

 

Ce 23 avril est férié en Castille-Léon (Espagne) pour commémorer la défaite du peuple espagnol contre l’empereur d’Allemagne. Cette date est marquée chaque année depuis la mort de Franco. Cette année aurait dû être celle d’une grande célébration, car on fête les 500 ans de la bataille de Villalar. Mais, en 2021, pour la deuxième année consécutive, en raison de la pandémie, la fête de Castille-et-León (Día de Castilla y León) du 23 avril se déroule sans le peuple. Tout un symbole.

La bataille de Villalar s’est déroulée le 23 avril 1521, dans la province de Valladolid. Si l’on se place du point de vue de la population, cette bataille est une terrible défaite pour les insurgés, les comuneros. La population en révolte contre son souverain, Charles Quint, l’empereur d’Allemagne, a été écrasée. Entre 500 et 1 000 comuneros ont été tués, 6 000 sont faits prisonniers, les chefs de la rébellion ont été arrêtés puis décapités.

Pour comprendre, il faut remonter à la mort de la reine Isabelle de Castille et de León, en 1504. Sa fille Joanna lui succéda, mais sous la régence de son père, Ferdinand II, qui était roi d'Aragon. Après la mort de ce dernier, en 1516, Joanna étant réputée folle, c’est son fils, Charles, qui devient roi à la fois de l’Aragon et de Castille-Léon. Il avait 16 ans à l'époque et avait grandi aux Pays-Bas. Trois ans plus tard, Charles est élu empereur romain germanique. Il va donc quitter la Castille pour l’Allemagne, en nommant le cardinal Adrian (futur pape Adrian VI) comme régent. Profitant de l'absence du roi, les citoyens de Castille se sont rebellés contre son administration (en particulier la pression fiscale) et même sa couronne de Castille et Léon, puisque Jeanne sa mère était toujours vivante et aurait dû en hériter.

Les comuneros déclarèrent donc que leur souveraine était Joanna et non son fils Charles, le roi lointain qui se contentait de piller le trésor du royaume Castille et d’écraser d’impôt la population. La révolte a été initialement soutenue par des personnes de différents groupes sociaux, mais comme elle a pris un caractère anti-féodal, la noblesse foncière, effrayée s’est mise à soutenir Charles. Ayant réalisé la gravité de la situation, Charles Quint a envoyé des troupes pour réprimer la rébellion. La bataille décisive entre les comuneros et les royalistes eut lieu le 23 avril 1521 près de Villalar. Les rebelles ont subi une défaite écrasante, qui a mis fin à la révolte.

Cette bataille a été longtemps oubliée, mais deux siècle plus tard, les libéraux espagnols ont commencé à faire du 23 avril leur date de ralliement. Au XXe siècle siècle ce sont les historiens qui ont ravivé la mémoire de cette bataille désormais une défaite du peuple contre les puissants. Le 23 avril 1976, Franco venant de mourir, 400 personnes se sont rassemblées à Villalar pour célébrer l'anniversaire de la bataille. Ils ont été vite dispersés par la Garde civile. L’année suivante, le 23 avril 1977, ils étaient environ 20 000 réunis pour commémorer la bataille. Pendant quelques années, la Journée de Villalar a été célébrée officieusement. En 1986, le gouvernement de Castille-et-León l'a finalement déclaré jour férié appelé c’est le Jour de Castille-et-León, la fête régionale.

La célébration commence généralement le soir du 22 avril par un concert en plein air. La cérémonie officielle a lieu le lendemain matin au monument aux comuneros à Villalar, avec un dépôt de gerbes et des discours prononcés par des politiciens locaux. Les événements festifs organisés tout au long de la journée comprennent des rassemblements politiques, des concerts, du théâtre de rue, des sports, des expositions et d'autres activités mettant en valeur la culture de Castille-et-León. Tout ce qui ne pourra pas être organisé pour ce 500e anniversaire en raison de la pandémie de covid-19.

Il a été demandé aux citoyens de ne pas se rendre aux rassemblements qui se déroulent traditionnellement ce jour-là. La municipalité de Villalar de los Comuneros  les invite seulement à allumer des bougies chez eux ou à déposer des fleurs au pied de l'obélisque, sans s’y attarder pour ne pas former des groupes. Les spectacles musicaux seront pour l’année prochaine.

 
La photo date de 2019, bien avant la covid

La photo date de 2019, bien avant la covid

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